ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

RECHERCHE Accueil Mises en garde Documentation ATILF ARTFL Courriel

Previous page

"115"> parties égales & symmétriques. Ils reçoivent plusieurs dénominations des parties auxquelles ils servent, comme droit de l'abdomen, droit de la cuisse, droit latéral de la tête, grand droit postérieur, petit droit postérieur, grand droit antérieur long, droit antérieur court, droit de l'oeil, &c.

Le droit de l'abdomen est un muscle du bas - ventre qui est attaché au sternum, à l'extrémité des deux dernieres côtes, & va s'insérer en droite ligne à l'os pubis. Voyez Abdomen, Anatomie, & nos Plan<-> ches anatomiques.

Il a trois ou quatre, & rarement cinq énervations ou coarctations tendineuses de ses fibres charnues, qui divisent son corps comme en autant de muscles séparés.

Le droit antérieur de la jambe est un muscle qui sortant de l'épine inférieure & antérieure des os des iles & du rebord de la cavité cotyloïde; & passant entre les deux vastes, va s'insérer à la rotule. Voyez Fémur, & nos Planches anatomiques.

Droits latéraux de la tête; ce sont deux muscles épais & charnus qui sortent de la partie supérieure de l'apophyse transversale de la premiere vertebre du cou, & vont s'insérer à l'occiput. Voyez Tête.

Le grand droit postérieur de la tête; c'est une paire de muscles de la tête, qui naît tendineuse & charnue de la partie supérieure de l'apophyse épineuse de la seconde vertebre du cou, d'où il monte un peu obliquement en - dehors, & s'attache à la partie postérieure de la ligne transversale inférieure de l'os occipital, à quelque distance de la crête ou épine de cet os.

Le petit droit postérieur de la tête; il sort de la partie postérieure de la premiere vertebre du cou, & va s'insérer à la partie moyenne de l'os occipital.

Le grand droit antérieur de la tête, ou le long, vient de la partie antérieure des apophyses transverses des cinq ou six premieres vertebres du cou, & va s'insérer sous l'apophyse cunéïforme de l'occipital.

Le petit droit antérieur naît de la partie antérieure de la 1ere vertebre du cou, & va s'insérer devant la racine de l'appendice de l'apophyse condyloïde de l'occipital, immédiatement au - dessous du premier.

Les muscles droits de l'oeil prennent leur attache au fond de l'orbite, proche le trou optique; ils viennent de - là tous charnus, jusqu'à la plus grande circonférence de la convexité de l'oeil; & s'élargisiant par des tendons fort plats, ils se prolongent jusqu'à la cornée transparente, où ils se terminent. Ils forment par leur union depuis la grande circonférence jusqu'à la cornée, une espece de membrane circulaire, à laquelle on a donné le nom de membrane al<-> buginée. Voyez Albuginée.

Les muscles droits de l'oeil sont distingués les uns des autres, par rapport à leur situation, en supérieur, inférieur, latéral interne, latéral externe; par rapport à leur usage, en releveur, abaisseur, adducteur & abducteur; enfin par rapport aux passions, en superbe, humble, liseur ou bûveur, & dédaigneur.

Le droit antérieur de la cuisse vient de l'épine antérieure - inférieure de l'os des iles de la membrane capsulaire, & va se terminer, en s'unissant intimement avec les vastes & le crural, à la rotule. (L).

Droit naturel (Page 5:115)

* Droit naturel, (Morale.) L'usage de ce mot est si familier, qu'il n'y a presque personne qui ne soit convaincu au - dedans de soi - même que la chose lui est évidemment connue. Ce sentiment intérieur est commun au philosophe & à l'homme qui n'a point réfléchi; avec cette seule différence qu'à la question, qu'est - ce que le droit? celui - ci manquant aussi - tôt & de termes & d'idées, vous renvoye au tribunal de la conscience & reste muet; & que le premier n'est réduit au silence & à des réflexions plus profondes, qu'après avoir tourné dans un cercle vicieux qui le ramene au point même d'où il étoit parti, ou le jette dans quelqu'autre question non moins difficile à resoudre que celle dont il se croyoit débarrassé par sa définition.

Le philosophe interrogé dit, le droit est le fonde<-> ment ou la raison premiere de la justice. Mais qu'est - ce que la justice? c'est l'obligation de rendre à chacun ce qui lui appartient. Mais qu'est - ce qui appartient à l'un plûtôt qu'à l'autre dans un état de choses où tout seroit à tous, & où peut - être l'idée distincte d'obligation n'existeroit pas encore? & que devroit aux autres celui qui leur permettroit tout, & ne leur demanderoit rien? C'est ici que le philosophe commence à sentir que de toutes les notions de la Morale, celle du droit naturel est une des plus importantes & des plus difficiles à déterminer? Aussi croirions - nous avoir fait beaucoup dans cet article, si nous réussissions à établir clairement quelques principes à l'aide desquels on pût résoudre les difficultés les plus considérables qu'on a coûtume de proposer contre la notion du droit naturel. Pour cet effet il est nécessaire de reprendre les choses de haut, & de ne rien avancer qui ne soit évident, du moins de cette évidence dont les questions morales sont susceptibles, & qui satisfait tout homme sensé.

I. Il est évident que si l'homme n'est pas libre, ou que si ses déterminations instantanées, ou même ses oscillations, naissant de quelque chose de matériel qui soit extérieur à son ame, son choix n'est point l'acte pur d'une substance incorporelle & d'une faculté simple de cette substance; il n'y aura ni bonté ni méchanceté raisonnées, quoiqu'il puisse y avoir bonté & méchanceté animales; il n'y aura ni bien ni mal moral, ni juste ni injuste, ni obligation ni droit. D'où l'on voit, pour le dire en passant, combien il importe d'établir solidement la réalité, je ne dis pas du volontaire, mais de la liberté qu'on ne confond que trop ordinairement avec le volontaire. Voy. les articles Volonté & Liberté.

II. Nous existons d'une existence pauvre, contentieuse, inquiete. Nous avons des passions & des besoins. Nous voulons être heureux; & à tout moment l'homme injuste & passionné se sent porter à faire à autrui ce qu'il ne voudroit pas qu'on lui fît à lui - même. C'est un jugement qu'il prononce au fond de son ame, & qu'il ne peut se dérober. Il voit sa méchanceté, & il faut qu'il se l'avoue, ou qu'il accorde à chacun la même autorité qu'il s'arroge.

III. Mais quels reproches pourrons - nous faire à l'homme tourmenté par des passions si violentes, que la vie même lui devient un poids onéreux, s'il ne les satisfait, & qui, pour acquérir le droit de disposer de l'existence des autres, leur abandonne la sienne? Que lui répondrons - nous, s'il dit intrépidement: « Je sens que je porte l'épouvante & le trouble au milieu de l'espece humaine; mais il faut ou que je sois malheureux, ou que je fasse le malheur des autres; & personne ne m'est plus cher que je me le suis à moi - même. Qu'on ne me reproche point cette abominable prédilection; elle n'est pas libre. C'est la voix de la nature qui ne s'explique jamais plus fortement en moi que quand elle me parle en ma faveur. Mais n'est - ce que dans mon coeur qu'elle se fait entendre avec la même violence? O hommes, c'est à vous que j'en appelle! Quel est celui d'entre vous qui sur le point de mourir, neracheteroit pas sa vie aux dépens de la plus grande partie du genre humain, s'il étoit sûr de l'impunité & du secret »? Mais, continuera - t - il, « je suis équitable & sincere. Si mon bonheur demande que je me défasse de toutes les existences qui me seront importunes; il faut aussi qu'un individu, quel qu'il soit, puisse se défaire de la mienne, s'il en est importuné. La raison le veut, & j'y souscris. Je ne suis pas [p. 116] assez injuste pour exiger d'un autre un sacrifice que je ne veux point lui faire ».

IV. J'apperçois d'abord une chose qui me semble avoüée par le bon & par le méchant, c'est qu'il faut raisonner en tout, parce que l'homme n'est pas seulement un animal, mais un animal qui raisonne; qu'il y a par conséquent dans la question dont il s'agit des moyens de découvrir la vérité; que celui qui refuse de la chercher renonce à la qualité d'homme, & doit être traité par le reste de son espece comme une bête farouche; & que la vérité une fois découverte, quiconque refuse de s'y conformer, est insensé ou méchant d'une méchanceté morale.

V. Que répondrons - nous donc à notre raisonneur violent, avant que de l'étouffer? que tout son discours se réduit à savoir s'il acquiert un droit sur l'existence des autres, en leur abandonnant la sienne; car il ne veut pas seulement être heureux, il veut encore être équitable, & par son équité écarter loin de lui l'épithete de méchant; sans quoi il faudroit l'étouffer sans lui répondre. Nous lui ferons donc remarquer que quand bien même ce qu'il abandonne lui appartiendroit si parfaitement, qu'il en pût disposer à son gré, & que la condition qu'il propose aux autres leur seroit encore avantageuse, il n'a aucune autorité légitime pour la leur faire accepter; que celui qui dit, je veux vivre, a autant de raison que celui qui dit, je veux mourir; que celui - ci n'a qu'une vie, & qu'en l'abandonnant il se rend maître d'une infinité de vies; que son échange seroit à pcine équitable, quand il n'y auroit que lui & un autre méchant sur toute la surface de la terre; qu'il est absurde de faire vouloir à d'autres ce qu'on veut; qu'il est incertain que le péril qu'il fait courir à son semblable, soit égal à celui auquel il veut bien s'exposer; que ce qu'il permet au hasard peut n'être pas d'un prix proportionné à ce qu'il me force de hasarder; que la question du droit naturel est beaucoup plus compliquée qu'elle ne lui paroît; qu'il se constitue juge & partie, & que son tribunal pourroit bien n'avoir pas la compétence dans cette affaire.

VI. Mais si nous ôtons à l'individu le droit de décider de la nature du juste & de l'injuste, où porterons - nous cette grande question? où? devant le genre humain: c'est à lui seul qu'il appartient de la décider, parce que le bien de tous est la seule passion qu'il ait. Les volontés particulieres sont suspectes; elles peuvent être bonnes ou méchantes, mais la volonté générale est toûjours bonne: elle n'a jamais trompé, elle ne trompera jamais. Si les animaux étoient d'un ordre à - peu - près égal au nôtre; s'il y avoit des moyens sûrs de communication entr'eux & nous; s'ils pouvoient nous transmettre évidemment leurs sentimens & leurs pensées, & connoître les nôtres avec la même évidence: en un mot s'ils pouvoient voter dans une assemblée générale, il faudroit les y appeller; & la cause du droit naturel ne se plaideroit plus par - devant l'humanité, mais pardevant l'animalité. Mais les animaux sont séparés de nous par des barrieres invariables & éternelles; & il s'agit ici d'un ordre de connoissances & d'idées particulieres à l'espece humaine, qui émanent de sa dignité & qui la constituent.

VII. C'est à la volonté générale que l'individu doit s'adresser pour savoir jusqu'où il doit être homme, citoyen, sujet, pere, enfant, & quand il lui convient de vivre ou de mourir. C'est à elle à fixer les limites de tous les devoirs. Vous avez le droit natu<-> rel le plus sacré à tout ce ne vous est point contesté par l'espece entiere. C'est elle qui vous éclairera sur la nature de vos pensées & de vos desirs. Tout ce que vous concevrez, tout ce que vous méditerez, sera bon, grand, élevé, sublime, s'il est de l'intérêt général & commun. Il n'y a de qualité essentielle à votre espece, que celle que vous exigez dans tous vos semblables pour votre bonheur & pour le leur. C'est cette conformité de vous à eux tous & d'eux tous à vous, qui vous marquera quand vous sortirez de votre espece, & quand vous y resterez. Ne la perdez donc jamais de vûe, sans quoi vous verrez les notions de la bonté, de la justice, de l'humanité, de la vertu, chanceler dans votre entendement. Dites - vous souvent: Je suis homme, & je n'ai d'autres droits naturels véritablement inaliénables que ceux de l'humanité.

VIII. Mais, me direz - vous, où est le dépôt de cette volonté générale? Où pourrai - je la consulter? ... Dans les principes du droit écrit de toutes les nations policées; dans les actions sociales des peuples sauvages & barbares; dans les conventions tacites des ennemis du genre humain entr'eux; & même dans l'indignation & le ressentiment, ces deux passions que la nature semble avoir placées jusque dans les animaux pour suppléer au défaut des lois sociales & de la vengeance publique.

IX. Si vous méditez donc attentivement tout ce qui précede, vous resterez convaincu, 1°. que l'homme qui n'écoute que sa volonté particuliere, est l'ennenri du genre humain: 2°. que la volonté générale est dans chaque individu un acte pur de l'entendement qui raisonne dans le silence des passions sur ce que l'homme peut exiger de son semblable, & sur ce que son semblable est en droit d'exiger de lui: 3°. que cette considération de la volonté générale de l'espece & du desir commun, est la regle de la conduite relative d'un particulier à un particulier dans la même société; d'un particulier envers la société dont il est membre, & de la société dont il est membre, envers les autres sociétés: 4°. que la soûmission à la volonté générale est le lien de toutes les sociétés, sans en excepter celles qui sont formées par le crime. Hélas, la vertu est si belle, que les voleurs en respectent l'image dans le fond même de leurs cavernes! 5°. que les lois doivent être faites pour tous, & non pour un; autrement cet être solitaire ressembleroit au raisonneur violent que nous avons étouffé dans le paragr. v. 6°. que, puisque des deux volontés, l'une générale, & l'autre particuliere, la volonté générale n'erre jamais, il n'est pas difficile de voir à la quelle il faudroit pour le bonheur du genre humain que la puissance législative appartînt, & quelle vénération l'on doit aux mortels augustes dont la volonté particuliere réunit & l'autorité & l'infaillibilité de la volonté générale: 7°. que quand on supposeroit la notion des especes dans un slux perpétuel, la nature du droit na<-> turel ne changeroit pas, puisqu'elle seroit toûjours relative à la volonté générale & au desir commun de l'espece entiere: 8°. que l'équité est à la justice comme la cause est à son effet, ou que la justice ne peut être autre chose que l'équité déclarée: 9°. enfin que toutes ces conséquences sont évidentes pour celui qui raisonne, & que celui qui ne veut pas raisonner, renonçant à la qualité d'homme, doit être traité comme un être dénaturé.

Droit (Page 5:116)

Droit, (Jurispr.) jus, s'entend de tout ce qui est conforme à la raison; à la justice & à l'équité, ars oequi & boni; on fait cependant à certains égards quelque différence entre la justice, le droit, l'équité & la jurisprudence.

La justice est prise ici pour une vertu, qui consiste à rendre à chacun ce qui lui appartient: le droit est proprement la pratique de cette vertu: la jurisprudence est la science du droit.

L'équité est quelquefois opposée au droit, lorsque par ce dernier terme on entend la loi prise dans sa plus grande rigueur; au lieu que l'équité, supérieure à toutes les lois, s'en écarte lorsque cela paroît plus convenable.

Next page


The Project for American and French Research on the Treasury of the French Language (ARTFL) is a cooperative enterprise of Analyse et Traitement Informatique de la Langue Française (ATILF) of the Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), the Division of the Humanities, the Division of the Social Sciences, and Electronic Text Services (ETS) of the University of Chicago.

PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.