ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"1061"> tura oris, & qui répond à l'action volontaire de tordre la bouche.

Le mot de distorsion est donc un nom générique, par lequel on exprime toutes ces différentes dépravations de la figure du visage.

La distorsion de la bouche, lorsque cette partie en est affectée des deux côtés, est toûjours causée par la convulsion des muscles qui servent à mouvoir les levres dans l'action du rire naturel, & sur - tout des grands zygomatiques & des buccinateurs: la cause de la convulsion de ces muscles en particulier, est la même que la cause des convulsions en général, qui, dans ce cas - ci, n'affecte que les nerfs qui se distribuent aux organes contractés. Voyez Convulsion ou Spasme.

La distorsion de la bouche, qui n'a lieu que d'un côté, peut provenir de deux causes bien différentes, savoir de convulsion ou paralysie: la premiere a lieu lorsqu'un des zygomatiques ou des buccinateurs, ou les deux ensemble sont affectés d'un mouvement spasmodique; les antagonistes ne pouvant pas contrebalancer l'action des premiers, sont eux - mêmes tiraillés avec toute la bouche du côté opposé. Le même effet arrive par la seconde cause: si un des deux zygomatiques devient paralytique, est coupé ou relaché par quelque cause que ce soit, la force de contractilité naturelle dans l'antagoniste n'étant plus contrebalancée, celui - ci tire la bouche de son côté, pendant que le muscle paralysé se laisse allonger: il n'y a ni contraction volontaire, ni convulsion dans ce cas - ci; le muscle raccourci n'est point dur, la joue de ce côté est molle, les levres ne retiennent pas la salive; ce qui le distingue du premier cas, dans lequel les parties en distorsion sont dures, résistantes, & serrent les levres de maniere que la salive ne s'écoule pas au - dehors de la bouche comme dans la distorsion, à cause de paralysie; dans celle - ci, les parties qui cedent & qui sont tirées vers le côté sain sont presque sans sentiment: le malade en riant ou en prononçant la lettre O, ne remue qu'une partie de la bouche, & le plus souvent la paupiere du côté affecté est comme per dante, parce que toute cette partie du visage est aussi dans le relâchement: ce qui a lieu sur - tout dans l'hémiplégie.

La distorsion de la bouche qui n'est occasionnée par le vice d'aucune autre partie (dit Hippocrate dans son second livre des prédictions) « se guérit promptement ou d'elle - même, ou en ramenant par force les parties dans leur situation naturelle ».

Si la distorsion de la bouche, du nez ou de l'oeil, survient dans une siévre continue, c'est un signe de mort prochaine secz. jv. aph. 49. Elle est assez souvent l'avant - coureur des plus fâcheuses maladies, comme l'épilepsie, l'apoplexie.

La curation de cette maladie doit être différente, selon la différente cause qui la produit. Ainsi on doit employer les médicamens antispasmodiques ou antiparalytiques, selon les diverses indications: mais on peut plus particulierement avoir recours à un bandage en forme de chevêtre, pour réduire le visage à sa forme naturelle & l'y retenir, pendant qu'on travaille à corriger le vice dominant, qui a produit la distorsion; voyez Sennert, qui traite assez au long de cette maladie; voyez aussi les art. Paralysie, Spasme.

Distorsion de l'oeil (Page 4:1061)

Distorsion de l'oeil, spasmus oculi, vulgò strabismus, oeil louche; voyez Oeil, Strabisme. (d)

DISTRACTION (Page 4:1061)

* DISTRACTION, s. f. (Morale.) application de notre esprit à un autre objet que celui dont le moment présent exigeroit que nous continuassions de nous occuper. La distraction a sa source dans une excellente qualité de l'entendement, une extrème fa<cb-> cilité dans les idées de se réveiller les unes les autres. C'est l'opposé de la stupidité qui reste sur une même idée. L'homme distrait les suit toutes indistinctement à mesure qu'elles se montrent; elles l'entraînent & l'écartent de son but; celui au contraire qui est maître de son esprit, jette un coup - d'oeil sur les idées étrangeres à son objet, & ne s'attache qu'à celles qui lui sont propres. Un bon esprit doit être capable de distractions, mais ne doit point être distrait. La distraction est presque toûjours un manque d'égards pour ceux avec qui nous nous entretenons. Elle leur fait entendre très - clairement que ce qui se passe dans notre ame nous intéresse plus que ce qu'ils nous disent. On peut avec un peu d'attention sur soi - même, se garantir de ce libertinage d'esprit, qui fait tenir tant de discours déplacés, & commettre tant d'actions ridicules. L'homme dans la distraction perd de vûe tout ce qui l'environne; & quand il revient de son délire, il agit comme si rien n'avoit changé autour de lui; il cherche des objets où ils ne sont plus; il s'entretient de choses dont il n'est plus question; il se croit à tout & il n'est plus à rien; parce que la distraction est une absence dont souvent on ne s'apperçoit pas, & dont on ne connoît presque jamais exactement la durée. Il n'y a qu'un moyen d'apprétier l'intervalle de la distraction; c'est d'en pouvoir rapporter le commencement & la fin à deux instans différens d'une action continue, dont la durée nous soit connue par expérience.

Distraction (Page 4:1061)

Distraction, (Jurisprud.) signifie en général la séparation d'une chose d'avec une autre; il y a plusieurs sortes de distractions, sçavoir:

Distraction de dépens (Page 4:1061)

Distraction de dépens, est la faculté que le procureur demande de toucher ses frais & salaires sur les dépens adjugés à sa partie, comme les ayant avancés pour elle.

Le procureur est en droit de former cette demande malgré sa partie; & des qu'elle est signifiée à la partie qui a succombé, elle tient lieu de saisie; & lorsque le procureur a obtenu la distraction, elle opere la décharge de sa partie envers lui.

Celui qui a été condamné aux dépens envers un autre, & qui est en état de lui opposer quelque compensation, ne peut pas l'opposer au procureur qui demande la distraction des dépens; mais si cette partie a fait saisir entre ses mains avant que la demande en distraction sût formée, la saisie prévaudroit sur cette demande. (A)

Distraction de Jurisdiction (Page 4:1061)

Distraction de Jurisdiction; c'est quand on ôte à un juge la connoissance d'une affaire pour la donner à un autre; ce qui arrive en différentes manieres, comme par des attributions, commissions, évocations, que le roi accorde ou par des renvois en vertu de privileges de committimus, garde gardienne. (A)

Distraction de ressort (Page 4:1061)

Distraction de ressort, c'est lorque le roi par des lettres patentes distrait un lieu du ressort ordinaire ou d'appel d'une justice, & l'annexe à une autre justice: ces sortes de distractions arrivent lors de l'érection des terres en duchés - pairies, marquisats, comtés, baronies, &c. la distraction de ce ressort ne se fait qu'à la charge d'indemniser les justices dont on démembre quelque portion. (A)

Distraction d'une saisie réelle (Page 4:1061)

Distraction d'une saisie réelle, c'est ce qui retire d'une saisie réelle quelque héritage qui n'a pas dû y être compris.

Voyez Opposition à fin de distraire . (A)

DISTRAIRE (Page 4:1061)

DISTRAIRE, (Jurisprudence.) c'est retirer quelqu'un ou quelque chose d'un lieu.

Distraire quelqu'un de son juge naturel, c'est l'assigner devant un autre juge que le sien. Voyez ci - devant Distraction.

On forme opposition à fin de distraire à une saisie réelle pour en retirer quelque héritage ou portion [p. 1062] d'héritage qui ne doit pas y être compris. Voyez Opposition a fin de distraire . (A)

Distraire (Page 4:1062)

Distraire, retrancher, déduire. Il faut distraire de son mémoire les articles de marchandises qui ont été fournies sans ordre. Dictionn. de Comm. & de Trév.

DISTRAITS ou DISTRATS (Page 4:1062)

DISTRAITS ou DISTRATS, (Jurisprud.) dans les anciennes ordonnances signifient les actes par lesquels on s'est départi ou désisté d'un contrat ou autre acte, ou de quelque droit ou prétention. (A)

DISTRIBUER (Page 4:1062)

DISTRIBUER dans le Commerce, partager une chose entre plusieurs personnes, donner à chacun la part qu'il doit avoir ou qui lui peut appartenir dans un tout.

Les effets mobiliers d'un marchand qui fait faillite se distribuent à ses créanciers au sol la livre, & les immeubles suivant le privilege de l'hypotheque. Dict. de Comm. & de Tiév. (G)

Distribuer (Page 4:1062)

Distribuer, se dit aussi en Anatomie, des vaisseaux & des nerfs. Telle artere se distribue à telle partie. La huitieme paire se distribue au larynx, au pharynx, au coeur, à l'estomac, &c.

Distribuer (Page 4:1062)

Distribuer, (Imprimerie) ce verbe a deux significations particulieres à la pratique de l'Imprimerie: on dit distribuer de la lettre, & distribuer les balles.

Distribuer de la lettre, c'est remplir une casse, en remettant dans chaque cassetin les lettres d'une forme, sur laquelle on a tiré le nombre d'exemplaires que l'on s'étoit proposé.

Distribuer les balles, c'est après avoir pris de l'encre en appuyant légerement une des deux balles sur le bord de l'encrier, les frotter l'une contre l'autre dans tous les sens, pour l'étendre également sur les cuirs, & éviter une inégalité qui empliroit l'oeil de la lettre.

Distribuer (Page 4:1062)

Distribuer en Peinture, c'est disposer, arranger les objets & les effets de lumiere dans un tableau, de façon qu'il en résulte un grand effet. On dit le peintre entend bien à distribuer ses groupes, ses lumieres. (R)

DISTRIEUTIF (Page 4:1062)

DISTRIEUTIF, adj. (Gram.) sens distributif, qui est opposé au sens collectif. Dislributif vient du latin distribuere distribuer, partager, la justice distributive qui rend à chacun ce qui lui appartient. Collectif vient de colligere recueillir, assembler. Saint Pierre étoit apôtre. Apôtre est là dans le sens distributif, c'est - à - dire que S. Pierre étoit l'un des apôtres. Il y a des propositions qui passent pour vraies dans le sens collectif, c'est - à - dire quand on parle en général de toute une espece; & qui seroient très - fausses si l'on en faisoit l'application à chaque individu de l'espece, ce qui seroit le sens distributif. Par exemple on dit des habitans de certaines provinces qu'ils sont vifs, emportés, ou qu'ils ont tel ou tel défaut: ce qui est vrai en général & faux dans le sens distributif; car on y trouve des particuliers qui sont exempts de ces défauts & doüés des vertus contraires. (F)

Distributif (Page 4:1062)

Distributif, (Jurisprud.) ce terme ne s'applique guere en Droit qu'à la justice, que l'on distingue en justice distributive & commutative. Voyez Justice. (A)

DISTRIBUTION (Page 4:1062)

DISTRIBUTION méthodique, (Hist. Nat.) Voyez Méthode.

DISTRIBUTION (Page 4:1062)

DISTRIBUTION, s. f. (Gram. & belles Lettres.) en général c'est l'action de diviser une chose en plusieurs parties pour les ranger chacune à la place qui lui est propre. Voyez Division.

Un poëte dramatique doit distribuer son sujet en actes, & les actes en scenes, avant que de les mettre en vers. Voyez Acte & Scene, &c.

Les orateurs distribuent leurs discours en exorde, narration, confirmation & peroraison. Voyez Discours & Disposition.

Le peuple Juif étoit distribué en douze tribus, l'empire d'Allemagne est distribué en dix cercles, un royaume est distribué en provinces ou gouvernemens. Voyez Tribu, Cercles, Provinces , & c.

Le digeste est distribué en cinquante livres. Une armée en bataille est distribuée en premiere, seconde, troisieme ligne, corps de réserve, ou en centre, aîle droite & aîle gauche; dans une marche elle est distribuée en avant - garde, corps d'armée & arrieregarde, ou en colonnes, dont les unes sont formées des troupes, les autres de l'artillerie, des bagages, des caissons; dans un siége & dans un camp elle est distribuée par quartiers. A la fin de la campagne on distribue les troupes en quartier d'hiver ou de rafraichissement. Voyez Armée, Bataille, Marche & c.

La distribution de la nourriture dans toutes les parties du corps est une des plus admirables merveilles de la nature. Voyez Digestion & Nourriture. Voilà les différentes acceptions du mot distribuer, ou du moins plusieurs de ces acceptions. Chambers. (G)

Distribution (Page 4:1062)

Distribution, figure de Rhétorique, par laquelle on fait avec ordre la division & l'énumération des qualités d'un sujet: telle est cette peinture que David fait des méchans. « Leur gosier est comme un fépulcre ouvert; ils se sont servi de leurs langues pour tromper avec adresse; ils ont sur leurs levres un venin d'aspic; leur bouche est remphe de malédiction & d'amertume, leurs piés sont vites & legers pour répandre le sang ». Voyez Enumération & Description. (G)

Distribution (Page 4:1062)

Distribution, (Jurisprud.) signifie plusieurs choses différentes.

Distribution de Conseillers (Page 4:1062)

Distribution de Conseillers, est la répartition qui est faite des conseillers dans les différentes chambres ou services d'une même compagnie. Au parlement tous les conseillers nouvellement reçus, sont d'abord comme en dépôt à la premiere des enquêtes; ensuite on les distribue dans une des cinq chambres des enquêtes, en leur distribuant un procès à rapporter dans cette chambre. (A)

Distributions manuelles (Page 4:1062)

Distributions manuelles ou quotidiennes, sont les menues distributions qui se font journellement & en détail à chacun des chanoines qui ont assisté aux offices: Chopin les appelle diaria vel diurna annona.

Le relâchement s'étant introduit parmi les chanoines, après qu'ils eurent quitté la vie commune, on fut obligé de mettre une partie de leurs revenus en distributions manuelles & journalieres, afin de les rendre plus assidus à l'office divin. Ce fut ce motif qui engagea Yves de Chartres à établir de telles distributions pour ses chanoines, comme il l'écrit au pape Paschal, epist. 219.

Par le concile de Trente, sess. XXI. ch. iij. il est permis aux évêques, comme délégués du saint siége, d'assigner aux églises, tant cathédrales que collégiales qui n'ont point de distributions ordinaires, la troisieme portion des fruits & revenus, pour l'appliquer aux diverses distributions.

Les statuts qui changeroient la qualité des distributions manuelles, & qui les accorderoient aux chanoines pour de rares & légeres assistances, seroient déclarés abusifs; elles ne sont dûes qu'à ceux qui ont réellement été présens aux offices.

On ne répute présens que ceux qui ont assisté du moins aux trois grandes heures canoniales, qui sont matines, la messe & vêpres. Les statuts qui réputent présens pour toute la journée ceux qui assistent à l'une des trois grandes heures, sont déclarés abusifs; & pour être réputé présent aux grandes heures, il faut y avoir assisté depuis le commencement jusqu'à la fin: le chanoine - pointeur marque les absens,

Ceux qui entrent au choeur après le venite exulte -

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