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Mais c'est la raison qui écarte ce nuage; & la raison clairvoyante & active dans le calme, perd dans le trouble & ses lumieres & son activité: étourdie par le tumulte, elle ne voit, elle n'agit plus que foiblement. Pour découvrir la vérité qui se cache, il faudroit examiner, discuter, comparer, peser: la précipitation, fille de l'emportement, laisse - t - elle assez de tems & de flegme pour les opérations difficiles? dans cet état, saisira - t - on les clartés décisives que la aispute fait éclore? C'étoient peut - être les seuls guides qui pouvoient conduire à la vérité; c'étoit la vérité même: elle a paru, mais à des yeux distraits & inappliqués qui l'ont méconnue; pour s'en venger, elle s'est peut - être éclipsée pour toûjours.
Nous ne le savons que trop, les forces de notre ame sont bornées; elle ne se livre à une espece d'action, qu'aux dépens d'une autre; la réflexion attiédit le sentiment, le sentiment absorbe la raison; une émotion trop vive épuise tous ses mouvemens; à force de sentir, elle devient peu capable de penser; l'homme emporté dans la dispute paroît sentir beaucoup, il n'est que trop vraissemblable qu'il pense peu.
D'ailleurs l'emportement né du préjugé, ne lui prete - t - il pas à son tour de nouvelles forces? Soûtenir une opinion erronée, c'est contracter un engagement avec elle; la soûtenir avec emportement, c'est redoubler cet engagement, c'est le rendre presque indissoluble: intéressé à justifier son jugement, on l'est beaucoup plus encore à justifier sa vivaciré. Pour la justifier auprès des autres, on deviendra inépuisable en mauvaises raisons; pour se la justifier à soi - même, on s'affermira dans la prévention qui les fait croire bonnes.
Ce n'est qu'à l'aide des preuves & des raisons qu'on découvre la vérité à des yeux fascinés qui la méconnoissent; mais ces preuves & ces raisons, quelque connues qu'elles nous soient dans le calme, ne nous sont plus présentes dans l'accès de l'emportement. L'agitation & le trouble les voilent à notre esprit; la chaleur de l'emportement ne nous permet ni de nous appliquer, ni de réfléchir. Prodigues de vivacités, & avares de raisonnemens, nous querellons l'adversaire sans travailler à le convaincre; nous l'insultons au lieu de l'éclaircir: il porte doublement la peine de notre impatience.
Mais quand même notre emportement ne nous déroberoit point l'usage des preuves & des raisonnemens qui pourroient convaincre, ne nuiroit - il pas à ces preuves? la raison même dans la bouche de l'homme emporté, n'est - elle pas prise pour la passion? Le préjugé souvent faux qu'on nous attribue, en fait naître un véritable dans l'esprit de l'adversaire; il y empoisonne toutes nos paroles; nos inductions les plus justes sont prises pour des subtilités hasardées, nos preuves les plus solides pour des piéges, nos raisonnemens les plus invincibles pour des sophismes; renfermé dans un rempart impénétrable, l'esprit de l'adversaire est devenu
Enfin l'emportement dans la dispute est contagieux;
la vivacité engendre la vivacité, l'aigreur naît
de l'aigreur, la dangereuse chaleur d'un adversaire
se communique & se transmet à l'autre: mais la modération
leve tous les obstacles à l'éclaircissement de
la vérité; en même tems elle écarte les nuages qui
la voilent, & lui prete des charmes qui la rendent
chere. Article de M.
DISPUTER LE VENT (Page 4:1045)
DISPUTER LE VENT, voyez
DISQUE (Page 4:1045)
DISQUE, (Hist. anc.) c'est le nom d'une sorte de bouclier rond que l'on consacroit à la mémoire de quelque héros, & que l'on suspendoit dans le temple des dieux pour servir de trophée: il s'en voit un d'argent dans le cabinet des antiques de S. M. & qui a été trouvé dans le Rhône.
On appelloit aussi disque, discus, un palet dont les
Grecs & les Romains faisoient usage dans leurs divertissemens,
& sur - tout dans leurs jeux publics;
les Astronomes ont pris de - là ce terme si usité parmi
eux, le disque du soleil ou de la lune. Voyez
Disque (Page 4:1045)
Le disque des anciens étoit plat & rond, & de forme lenticulaire.
Le jeu du disque étoit un de ceux qui se pratiquoient chez les Grecs dans les solennités des jeux publics. Il consistoit à jetter un disque en haut ou en long, & celui qui le jettoit ou plus haut ou plus loin remportoit le prix.
On s'exerçoit à lancer le disque, non - seulement pour le plaisir, mais encore pour la santé. Galien & Aretée le conseillent pour prévenir ou guérir les vertiges, & faciliter la fluidité & la circulation du sang.
Ceux qui s'exerçoient à ce jeu s'appelloient discoboles,
discoboli, c'est - à - dire jetteurs, lanceurs de
disque; & ils étoient à demi - nuds selon quelques-uns,
& selon d'autres tout nuds, puisqu'ils se faisoient
frotter d'huile comme les athletes. Voyez l'art.
Hyacinthe favori d'Apollon, joüant au disque avec ce dieu, fut tué d'un coup de disque, que le Zéphire son rival détourna & poussa sur la tête d'Hyacinthe. (G)
Disque (Page 4:1045)
Le disque se divise en douze parties qu'on appelle doigts, & c'est par - là qu'on mesure la grandeur d'une éclipse, qu'on dit être de tant de doigts ou de tant de parties du disque du soleil ou de la lune. Ces doigts au reste ne sont autre chose que les parties du diametre du disque, & non de sa surface.
Dans l'éclipse totale de l'un ou l'autre de ces deux
astres, tout le disque est caché ou obscurci; au lieu
que dans une éclipse partiale il n'y en a qu'une partie
qui le soit. Voyez
Disque (Page 4:1045)
Disque (Page 4:1045)
Disque (Page 4:1046)
DISQUISITION (Page 4:1046)
DISQUISITION, s. f. (Philos.) est la recherche de la solution d'une question, ou en général l'action d'approfondir un sujet, pour en acquérir une connoissance exacte & en parler clairement. Ce mot formé du latin disquisitio, a vieilli, & on n'employe plus guere que le mot de recherche, qui a le même sens. On peut néanmoins s'en servir ironiquement. Que l'on regarde, dit M. Racine, dans une de ses lettres à MM. de P. R. tout ce que vous avez fait depuis dix ans, vos disquisitions, vos dissertations, vos réflexions, vos considérations, vos observations; on n'y trouvera autre chose, sinon que les cinq propositions ne sont pas dans Jansénius. (O)
DISSECTION (Page 4:1046)
DISSECTION, s. f. (Anatom.) Le mot dissection
pris dans son sens particulier, se dit d'une opération
d'Anatomie par laquelle on divise, au moyen de différens
instrumens propres à cet effet, les parties solides
des corps animés dans des cadavres propres à
ces usages, pour les considérer chacune à part: d'où
il suit que la dissection a deux parties; la préparation
qui doit suivre l'examen, & la séparation. L'examen
est une recherche exacte & une étude réfléchie de
tout ce qui appartient aux différentes parties du
corps humain. Cet examen a pour objet la situation
de ces parties, leur figure, leur couleur, leur grandeur,
leur surface, leurs bords, leurs angles, leur
sommet, leur division, leur connexion, leur tissu,
leur structure, leur distinction, leur nombre, & c.
Voyez
Le but des dissections est différent, suivant les différentes personnes qui les pratiquent, les unes ne cherchant qu'à s'instruire, & d'autres à porter plus loin les connoissances acquises sur les parties solides. La fin des dissections doit être, ou de se procurer des moyens plus sûrs pour connoître les maladies, ou au moins d'entendre mieux le jeu & la méchanique des parties solides que l'on disseque. La dissection considérée sous ces deux points de vûe, demande différentes connoissances sur l'état le plus ordinaire des parties, sur les variétés dont elles sont susceptibles, les especes de monstruosités dans lesquelles elles dégénerent, la maniere dont elles sont affectées dans les maladies.
Avant qu'on eût autant disséqué qu'on a fait jusqu'à présent, il falloit de nécessité fouiller au hasard dans les cadavres, non - seulement pour connoître la structure des corps animés, mais encore pour s'assûrer du desordre que les maladies avoient produit dans les différentes parties qu'elles avoient particulierement affectées. Aujourd'hui que la description des parties est pour ainsi dire portée à son dernier degré de perfection, qu'on est instruit d'un grand nombre de variétés & de monstruosités dont les parties sont susceptibles, qu'on sait la maniere dont différentes maladies peuvent les changer, les altérer, les bouleverser; rien ne seroit plus avantageux pour ceux qui sont obligés par état de faire des dissections, que d'être bien instruits, avant que de s'y livrer, de l'histoire complete des parties solides, soit qu'on la leur fît de vive voix, comme cela devroit se pratiquer chez les démonstrateurs en Anatomie, soit par le moyen de bons traités, de figures exactes, de préparations bien faites, &c. ils auroient alors en bien peu de tems des connoissances, qu'ils n'acquerent qu'à la longue & imparfaitement par les voies ordinaires. L'Anatomie pour celui qui l'apprend, ne demande que de bons yeux, de l'attention, & de la mémoire; pour celui qui l'enseigne, de l'acquis, de
Les anciens medecins, pourroit - on dire, quoique
peu versés dans ces sortes de dissections, en ont - ils
été moins bons guérisseurs? & même ceux qui de
nos jours se sont plus attachés & qui ont suivi de
plus près ces dissections, en ont - ils mieux réussi dans
la pratique de la Medecine? Voilà deux difficultés
que nous ne pouvons nous arrêter à résoudre ici; elles
demandent trop de discussion, & cela nous con<pb->
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