ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"1047"> duiroit trop loin: les bons juges au reste ne doutent point que toutes choses d'ailleurs égales, ceux qui connoissent mieux le corps humain ne soient plus à portée d'en appercevoir les dérangemens: plus cette connoissance est portée loin, plus ces dérangemens deviennent sensibles. Ce qu'il y a de constant, c'est que dans les premiers tems de la Medecine, les dissections n'étoient pas assez fréquentes ni assez bien pratiquées pour qu'on puisse dire qu'elles ayent beaucoup influé sur la perfection de la Medecine de ces tems; aussi est - elle bien défectueuse de ce côté; & si les anciens medecins ont été regardés & le sont encore de nos jours, comme d'excellens observateurs, la facilité qu'il y auroit à faire voir l'accord de leurs actions avec ce qu'il y a de connu sur les différentes parties de cet accord, en constateroit la vérité, en feroit appercevoir les défauts, & jusqu'où ces medecins auroient pû aller avec ce genre d'observations, s'ils avoient eu les connoissances nécessaires.

Quoique la coûtume d'embaumer les corps morts fût très - ancienne chez les Egyptiens, qu'ils fussent pour cela obligés de les ouvrir, & qu'ils eussent conséquemment occasion d'observer la position de certaines parties; la dissection grossiere qu'ils faisoient de ces corps n'a nullement rapport à celle dont il est question ici; & on ne peut dire que cette espece de dissection ait beaucoup contribué à la perfection de leur medecine: il y a cependant tout lieu de présumer qu'Esculape l'égyptien devoit avoir quelques connoissances plus particulieres, puisque, comme quelques - uns l'ont cru, toute sa medecine se réduisoit presqu'à la chirurgie, & que Podalire & Machaon ses deux fils qui accompagnoient Agamemnon à la guerre de Troie, furent d'un grand secours à l'armée, parce qu'ils guérissoient les blessures en se servant du fer & des médicamens. D'ailleurs, s'il est vrai que Podalire ait pratiqué la saignée, il n'est guere probable qu'il se soit exposé à ouvrir des vaisseaux qu'il ne connoissoit pas.

Esculape ayant été mis au rang des dieux, on lui bâtit des temples: toute la Medecine passa en même tems entre les mains des Asclépiades & ces Asclépiades ont passé pour de grands anatomistes. Voyez Anatomie. Dans le tems, dit Galien, que la Medecine étoit toute renfermée dans la famille des Asclépiades, les peres enseignoient l'Anatomie à leurs enfans, & les accoûtumoient dès l'enfance à disséquer des animaux; ensorte que cela passant de pere en fils comme par une tradition manuelle, il étoit inutile d'écrire comment cela se faisoit, &c. Il paroît avec tout cela qu'ils n'ont pas poussé la dissection bien loin. Hippocrate un de leurs descendans, qui est le premier qui nous ait laissé quelqu'écrit sur l'Anatomie, en a traité si superficiellement qu'il y a tout lieu de présumer qu'il ne s'y étoit pas beaucoup appliqué. Ce qu'il y a de constant, c'est qu'avant Erasistrate & Hérophile on n'avoit pas disséqué de corps humains comme ils le firent; & c'est aux connoissances que leur procurerent les dissections, qu'ils dûrent sans doute une grande partie des succès qu'ils eurent dans la pratique de la Medecine; c'est ce que confirme assez l'histoire de ces deux grands medecins.

Dans quelqu'état qu'ait été la dissection jusqu'à Galien, il est sûr que ses écrits sur les administrations anatomiques sont les premiers qui soient parvenus jusqu'à nous, ceux de Dioclès n'y étant pas arrivés. Il composa d'abord ces administrations pour Boëtius consul romain, qui l'en pria avant son départ de Rome où il avoit appris de lui l'Anatomie. Galien lui donna effectivement un traité en deux livres, & quelques autres ouvrages: mais comme dans la suite Galien ne put recouvrer cette copie ni celle qu'il avoit à Rome, il en composa de nouveau quinze autres livres, dont nous ne connoissons que neuf. Thomas Bartholin dit cependant qu'il y a une traduction en arabe des six autres. L'ordre que suit Galien est admirable; & s'il n'a pas toute l'exactitude qu'on pourroit desirer, c'est au tems qu'il faut s'en prendre: du reste on peut le regarder comme le premier qui ait rompu la glace; & Vesale sans Galien n'eût probablement pas été un aussi grand anatomiste.

On trouve dans la plûpart des anatomistes qui ont écrit depuis Galien jusqu'à Vesale, des énoncés généraux sur la maniere de découvrir les parties; car c'étoit là leur façon de l'enseigner: après avoir découvert telle partie & l'avoir ôtée, on en découvre telle autre, & c. Voyez Mundini, Massa, Carpi, Alexander Beneaictus, &c. Il seroit à souhaiter qu'on s'assujettît à cette méthode plus qu'on ne fait de nos jours; car c'est la plus essentielle pour la pratique de la Medecine.

Vesale, ce génie formé pour se frayer de nouvelles routes, en dégageant, pour ainsi dire, la description des parties de la maniere de les découvrir, a ajoûté dans son ouvrage, à la fin de la description de chaque partie, la maniere de s'y prendre pour la devoiler par le moyen de la dissection. C'est aussi ce qu'a fait Charles Etienne, & ce qu'auroit probablement fait Eustachi, s'il eût donné lui - même l'explication de ses planches anatomiques.

On a dans la suite reconnu si unanimement l'utilité de l'Anatomie, qu'on imagina différens moyens de découvrir les parties, soit par rapport à leur ensemble, leur structure, leur action, & c. par le moyen des injections, de la transfusion, des ligatures, des microscopes, de différentes préparations, & c. Voyez les articles Injection, Transfusion, Microscope, Préparation . C'est sans doute à cette émulation que sont dûs les différens traités qui parurent dans la suite sur la dissection: la brieve collection de l'administration anatomique d'Ambroise Paré; la maniere de préparer le cerveau par Varole, Sylvius, Willis, Duncan, Hebenstreit; ce qu'ont dit Carcanus, Hilden, Halicot, sur la dissection des parties dans leur traité d'Anatomie; le manual of dissection d'Alexandre Read; le bon traité de Lyser sur la maniere de disséquer les cadavres humains; l'excellent ouvrage de Cassebohm sur la maniere de disséquer, imprimé en allemand à Berlin en 1746; ce qu'a dit M. Lieutaud sur la maniere de préparer les différentes parties, dans ses essais d'Anatomie; ce qu'en a rapporté Mischer, dans ses institutions anatomiques; l'anthropotomie, ou l'art de disséquer toutes les parties solides du corps humain, de les préparer, de les conserver préparées, &c. avec figures, à Paris, chez Briasson, 1750; nous conseillons ce dernier ouvrage comme le plus complet en ce genre, & nous y renvoyons pour y trouver ce qui concerne le manuel de la dissection, la maniere de préparer chaque partie, &c. (L)

DISSEMBLABLE (Page 4:1047)

DISSEMBLABLE, adj. en Géométrie, est l'opposé de semblable: ainsi triangles dissemblables, sont des triangles dont les angles ne sont point égaux. Voyez Semblable. (O)

DISSENTANS ou OPPOSANS (Page 4:1047)

DISSENTANS ou OPPOSANS, s. m. pl. (H st. ecclés.) nom général qu'on donne en Angleterre à différentes sectes, qui, en matiere de religion, de discipline, & de cérémonies ecclésiastiques, sont d'un sentiment contraire à celui de l'église anglicane, & qui néanmoins sont tolérées dans le royaume par les lois civiles. Tels sont en particulier les Presbytériens, les Indépendans, les Anabaptistes, les Quakers ou Trembleurs. Voyez Presbytériens, Indépendans, &c. On les nomme aussi Nonconformistes. Voyez Nonconformistes. (G)

DISSENZANO (Page 4:1047)

DISSENZANO, (Géogr. mod.) ville de l'état de Venise, en Italie: elle est située sur le lac de Garde. [p. 1048]

DISSÉQUEUR (Page 4:1048)

DISSÉQUEUR, s. m. en Anatomie, celui qui disseque. C'est un fort mauvais disséqueur. Tout bon disséqueur n'est pas pour cela bon anatomiste. (L)

DISSERTATION (Page 4:1048)

* DISSERTATION, s. f. ouvrage sur quelque point particulier d'une science ou d'un art. La dissertation est ordinairement moins longue que le traité. D'ailleurs le traité renferme toutes les questions générales & particulieres de son objet; au lieu que la dissertation n'en comprend que quelques questions générales ou particulieres. Ainsi un traité d'Arithmétique est composé de tout ce qui appartient à l'Arithmétique: une dissertation sur l'Arithmétique n'envisage l'art de compter que sous quelques - unes de ses faces générales ou particulieres. Si l'on compose sur une matiere autant de dissertations qu'il y a de différens points de vûes principaux sous lesquels l'esprit peut la considérer: si chacune de ces dissertations est d'une étendue proportionnée à son objet particulier, & si elles sont toutes enchaînées par quelqu'ordre méthodique, on aura un traité complet de cette matiere.

DISSIDENS (Page 4:1048)

DISSIDENS, (Hist. ecclésiast. mod.) l'on nomme ainsi en Pologne ceux qui font profession des religions Luthérienne, Calviniste, & Greque: ils doivent joüir en Pologne du libre exercice de leur religion, qui, suivant les constitutions, ne les exclut point des emplois. Le roi de Pologne promet par les pacta - conventa de les tolérer, & de maintenir la paix & l'union entr'eux; mais les dissidens ont eu quelquefois à se plaindre de l'inexécution de ces promes ses. Les Ariens & Sociniens ont aussi voulu être engagés au nombre des dissidens, mais ils en ont toûjours été exclus.

DISSIMILAIRE (Page 4:1048)

DISSIMILAIRE, adj. en Anatomie, se dit des parties qui sont diversement composées de différentes parties similaires sensibles, & dont la structure n'est pas la même par - tout dans ces parties; par exemple, le bras qui est autrement composé que la jambe, & dont la structure n'est pas uniforme, ne peut pas être mis au rang des parties similaires Voyez Similaire. (L)

DISSIMILITUDE (Page 4:1048)

DISSIMILITUDE, s. m. en Rhétorique, ou comme s'expriment les Rhéteurs, à dissimili, lieu commun d'où l'on tire des argumens de choses dissemblables ou différentes, pour en établir d'autres d'une nature aussi différente.

Tel est l'argument de Cicéron, lorsqu'il dit: si barbarorum est in diem vivere, nostra consilia tempus spectare debent. On diroit dans le même sens, s'il appartient au libertin de ne penser qu'au présent, l'homme sage doit s'occuper de l'avenir.

On trouve dans Catulle un argument à dissimili d'une grande beauté:

Soles occidere & redire possunt, Nobis cum semel occidit brevis lux, Nox est perpetua una dormienda. (G)

DISSIMULATION (Page 4:1048)

DISSIMULATION, s. f. (Morale.) il y a de la différence entre dissimuler, cacher, & déguiser. On cache par un profond secret ce qu'on ne veut pas manifester. On dissimule par une conduite réservée ce qu'on ne veut pas faire appercevoir. On déguise par des apparences contraires ce qu'on veut dérober à la pénétration d'autrui. L'homme caché veille sur lui - même pour ne se point trahir par indiscrétion. Le dissimulé veille sur les autres pour ne les pas mettre à portée de le connoître. Le déguisé se montre autre qu'il n'est pour donner le change. On ne parleici que de la dissimulation.

Rien ne donne une idée plus avantageuse de la société, que ce que rapporte l'évangile de l'état où elle se trouvoit parmi les premiers Chrétiens. Ils n'avoient, dit - on, qu'un coeur & qu'une ame, erat cor unum & anima una. Dans cette disposition d'esprit, avoit - t - on besoin de la dissimulation? Un homme se dissimule - t - il quelque chose à lui - même? & ceux qui vivroient les uns par rapport aux autres, dans la même union où chacun de nous est avec soi - même, auroient - ils besoin des précautions du secret?

Aussi voyons - nous que dans le caractere d'un homme propre à faire le bonheur de la société, le premier trait que l'on exige, est la franchise & la sincérité. On lui préfere un caractere opposé, par rapport à ce qu'on appelle les grandes affaires, ou les négociations importantes; mais tout ce qu'on en peut conclure, c'est que ces occasions particulieres ne sont pas ce qui contribue au bonheur de la société en général. Toute négociation légitime ne devroit rouler que sur un point, qui est de faire voir à celui avec qui on négocie, que nous cherchons à réunir son avantage avec le nôtre.

Les bons princes ont regardé la dissimulation comme un mal nécessaire: les tyrans, tels que Tibere, Loüis XI. &c. s'en paroient comme d'une vertu.

Il n'est pas douteux que le secret est souvent nécessaire contre la disposition de ceux qui voudroient interrompre nos entreprises légitimes. Mais la nécessité de la précaution deviendroit incomparablement plus rare, si l'on ne formoit d'entreprises que celles qu'on peut avoüer sans être exposé à aucun reproche. La candeur avec laquelle on agiroit alors, mettroit beaucoup de gens dans nos intérêts. Le maréchal de Biron auroit sauvé sa vie, en parlant avec plus de franchise à Henri IV.

Ce que j'ai voulu dire dans cet article sur le secret de la dissimulation, par rapport à la douceur de la lociété, se réduit donc à trois ou quatre choses.

1°. Ne point estimer le caractere de ceux qui, sans choix & sans distinction, sont réservés & secrets: 2°. ne faire des secrets que sur des choses qui le méritent bien: 3°. avoir une telle conduite, qu'elle n'ait besoin du secret que le moins qu'il soit possible. Article de M. Formey.

DISSIPATION (Page 4:1048)

DISSIPATION, s. f. terme de Physique, signifie proprement une perte ou déperdition insensible qui se fait de petites parties d'un corps, ou plùtôt l'écoulement invisible par lequel elles se détachent & se per dent. Voyez Ecoulement & Transpiration.

Ainsi on ne dit point que le sang se dissipe, mais se perd, en parlant du sang qu'un homme perd par une plaie, ou de quelqu'autre maniere sensible.

Au contraire, on dit fort bien: la dissipation des esprits se - fait beaucoup plus abondamment que celle des parties solides. Chambers.

Dissipation (Page 4:1048)

Dissipation, (Jurispr.) lorsqu'elle va jusqu'à la prodigalité, c'est une cause d'interdiction, parce qu'on la regarde comme une espece d'aliénation d'esprit.

C'est aussi un moyen de séparation de biens pour la femme; & pour cela il n'est pas nécessaire que la dissipation soit totale, il suffit que le mari vergat ad inopiam, & que la dot de la femme soit en péril. Voyez Interdiction, Prodigue, & Séparation. (A)

DISSOLVANT (Page 4:1048)

DISSOLVANT, adj. (Chimie.) Voyez Menstrue.

DISSOLUTION (Page 4:1048)

DISSOLUTION, s. f. (Chimie.) l'action du menstrue. Voyez Menstrue. On appelle aussi dissolution en Chimie le corps résultant de l'union chimique de deux substances. C'est ainsi qu'on dit une dissolution de savon par l'eau; une dissolution de cuivre par un certain menstrue, &c. pour exprimer la liqueur composée par l'union de l'eau & du savon, d'un menstrue quelconque, du cuivre & de ce métal, &c. Dans le langage chimique ordinaire, ou lorsqu'on parle aux gens de l'art, on se dispense souvent d'énoncer le menstrue employé à la dissolution: on

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