ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"1009"> véritablement dans l'esprit du législateur, puisque enfin le sabbat est fait pour eux, & qu'ils ne sont point faits pour le sabbat. (Marc. 2. 27.)

On l'a déja dit: on peut estimer à plus de vingt millions par an le gain que feroient les pauvres par cette liberté du travail. Une telle oeconomie mérite bien, ce me semble, l'attention du ministere, puisque souvent pour de moindres considérations l'on permet de travailler les fêtes & dimanches, comme nous l'avons remarqué plus haut. Mais en attendant qu'il se fasse là - dessus un réglement avantageux aux pauvres familles, ne peut - on pas proposer dans le même esprit, d'employer quelques heures de ce saint jour pour procurer à tous les villages & hameaux certaines commodités qui leur manquent assez souvent; un puits, par exemple, une fontaine, un abreuvoir, une laverie, & c. & sur - tout pour rendre les chemins beaucoup plus aisés qu'on ne les trouve d'ordinaire dans les campagnes éloignées. En effet, quoique les grandes routes soient en bon état presque par tout le royaume, il reste encore plusieurs chemins de traverse où il y a beaucoup à refaire, & dont la réparation seroit très - utile aux peuples.

A peine est - il une paroisse dans les campagnes où il n'y ait quelques passages difficiles; ici des marres & des eaux sans écoulement, là une fondriere profonde & dangereuse; ailleurs une colline trop inégale & trop roide: c'en est assez pour rendre certains endroits impraticables, & pour faire périr de tems à autre quelque malheureux. Cependant tout cela peut se corriger sans grande dépense, & sans qu'il y faille autre chose que le travail & l'industrie des peuples intéressés.

J'en dis autant des travaux qu'il faudroit entreprendre pour avoir des fontaines, des abbreuvoirs & autres commodités dans les lieux où l'on en manque. Il est certain que la plûpart de ces choses pourroient s'exécuter à peu de frais: il n'y faudroit que le concours unanime des habitans; & avec un peu de tems & de persévérance, il en résulteroit pour tout le monde des utilités sensibles.

Or puisque Jesus - Christ fait entendre clairement qu'il est permis de relever un animal tombé dans une fosse, & de faire toute autre bonne oeuvre le jour du sabbat, licet sabbatis bene facere (Matth. ch. 12.), ne peut - on pas regarder comme oeuvre de bienfaisance, & par conséquent oeuvre des plus licites, le travail qu'on employeroit à ces sortes d'ouvrages? Et après les instructions & les offices de paroisse, que peut - on faire de plus chrétien que de consacrer quelques heures à des entreprises si utiles & si loüables? De telles occupations ne vaudroient - elles pas bien les délassemens honnêtes qu'on nous accorde sans difficulté, pour ne rien dire des excès & des abus que l'oisiveté des fêtes entraîne infailliblement?

Qu'il me soit permis de placer ici un trait d'érudition prophane. Virgile, l'un des grands maîtres de la théologie payenne, approuve hautement certaines occupations champêtres usitées de son tems aux jours de fêtes; il assûre même que la religion & les lois les autorisent également:

Quippe etiam festis quoedam exercere diebus Fas & jura sinunt, rivos deducere nulla Relligio vetuit; segeti proetendere sepem, Insidias avibus moliri, incendere vepres, Balantumque gregem fluvio mersare salubri. Soepe oleo tardi costas agitator aselli Vilibus aut onerat pomis, lapidemque revertens Incusum, aut atroe massam picis urbe reportat. Georg. lib. I. v. 268. & il l'assûre avec d'autant plus de raison, que les travaux aisés qu'il admet ces jours - là, rentrent dans l'esprit dé délassement, qui est comme on a vû, un des principes du sabbat.

Je crois donc qu'un curé intelligent, un gentilhomme, & toute autre personne de poids & de mérite en chaque village, pourroient, sans s'éloigner des vûes de la religion, se mettre en quelque sorte à la tête de ces petits travaux, les conseiller & les conduire, & qu'ainsi l'on pourroit engager tous les habitans de la campagne à se procurer par un travail mutuel & légitime, la facilité des voyages & des charrois, & tant d'autres commodités publiques dont ils sont communément dépourvûs Get article est de M. Faiguet, maitre de pension à Paris.

DIMENSION (Page 4:1009)

DIMENSION, s. f. (Physique & Géométrie.) c'est l'étendue d'un corps considéré en tant qu'il est mesurable, ou susceptible de mesure. Voyez Extension & Mesure.

Ainsi, comme nous concevons que les corps sont étendus en longueur, largeur, & profondeur ou épaisseur, nous concevons aussi ces trois dimensions dans la matiere; la longueur toute seule s'appelle ligne; la longueur combinée avec la largeur prend le nom de surface: enfin la longueur, la largeur, & la profondeur ou l'épaisseur, combinées ensemble, produisent ce que l'on nomme un solide. Voyez Ligne, Surface, Solide .

On se sert particulierement du mot dimension pour exprimer les puissances des racines ou valeurs des quantités inconnues des équations, que l'on appelle les dimensions de ces racines. Voyez Racine.

Ainsi dans une équation simple ou du premier degré, la quantité inconnue n'a qu'une dimension, comme x = a + b. Dans une équation du second degré, l'inconnue est de deux dimensions, comme x2 = a2 + b2. Dans une équation cubique, telle que x3 = a3 - b3, elle a trois dimensions. Voyez Equation, Puissance, &c.

En général on dit, en Algebre, qu'une quantité comme a b c d, a b c, a b, & c. est d'autant de dimensions qu'il y a de lettres ou de facteurs dont elle est composée. Ainsi a b c d est de quatre dimensions, a b c de trois, & c. On sent assez la raison de cette dénomination prise de la Géométrie. Si, par exemple, les produisans ou facteurs a, b, c, du produit a b c, sont représentés par des lignes, le produit a b c sera représenté par un solide ou parallelelipede, dont l'une des dimensions est a, l'autre b, l'autre c; de même le produit a b est de deux dimensions, parce qu'il peut représenter une surface ou figure rectangle de deux dimensions a, b, &c. Au reste il ne peut y avoir proprement que des quantités de trois dimensions; car passé le solide, on n'en peut concevoir d'autre. Qu'est - ce donc que les quantités comme a4, a5, qu'on employe dans l'application de l'Algebre à la Géométrie? Ces quantités peuvent être considérées sous deux points de vûe. Ou la ligne a est représentée par un nombre arithmétique, & en ce cas a4 est la quatrieme puissance de ce nombre; ou bien on doit supposer a4 divisé par une certaine ligne à volonté, qui réduise le nombre des dimensions à 3. Par exemple, soit x5 + a x4 + b5 = o, je dis que cette équation est la même chose que [omission: formula; to see, consult fac-similé version], ce qui réduit les dimensions à trois.

Remarquez qu'on peut toûjours faire cette division; car dans la Géométrie tout se réduit toûjours à des équations. On ne considere a4 que pour le comparer à quelque autre quantité de même dimension; & il est visible qu'une équation continue d'avoir lieu, lorsqu'on divise tous ses termes par une quantité constante quelconque. Ou bien on peut regarder a & b dans l'équation comme des nombres, qui soient entr'eux comme les lignes représentées par a & b, [p. 1010] & alors x sera un nombre, & on n'aura que faire de division. Cette maniere de considérer les quantités. de plus de trois dimensions, est aussi exacte que l'autre; car les lettres algébriques peuvent toûjours être regardées comme représentant des nombres, rationels ou non. J'ai dit plus haut qu'il n'étoit pas possible de concevoir plus de trois dimensions. Un homme d'esprit de ma connoissance croit qu'on pourroit cependant regarder la durée comme une quatrieme dimension, & que le produit du tems par la solidité seroit en quelque maniere un produit de quatre dimensions; cette idée peut être contestée, mais elle a, ce me semble, quelque mérite, quand ce ne seroit que celui de la nouveauté.

Dans les fractions algébriques la dimension est égale à celle du numérateur moins celle du dénominateur, ainsi [omission: formula; to see, consult fac-similé version] ou [omission: formula; to see, consult fac-similé version] est de deux dimensions. En effet on peut supposer [omission: formula; to see, consult fac-similé version] Par la même raison [omission: formula; to see, consult fac-similé version] ou [omission: formula; to see, consult fac-similé version] est de dimension nulle; & on appelle ainsi en général toute fraction où le numérateur a une dimension égale à celle du dénominateur. [omission: formula; to see, consult fac-similé version] seroit de la dimension - 1; ce qui ne signifie autre chose, sinon que cette quantiré étant multipliée par une quantité de dimension positive m, le produit seroit de la dimensionm - 1; car voilà tout le mystere des dimensions négatives & des exposans négatifs. Voyez Exposant. (O)

DIMESSES (Page 4:1010)

DIMESSES, s. m. pl. (Hist. ecclés.) congrégations de personnes du sexe, établies dans l'état de Venise. Elles ont eu pour fondatrice Déjanira Valmarana en 1572. Ou y reçoit des filles & des veuves; mais il faut qu'elles soient libres de tout engagement, même de tutelle d'enfans. On y fait, à proprement parler, cinq ans d'épreuves: on ne s'y engage par aucun voeu: on y est habillé de noir ou de brun, & l'on s'occupe à enseigner le catéchisme aux jeunes filles, & à servir dans les hôpitaux les femmes malades.

DIMINUE (Page 4:1010)

DIMINUE, adj. intervalle diminué, est, en Musique, tout intervalle mineur, dont on retranche un semi - ton par un dièse à la note inférieure, ou par un bémol à la supérieure. Voyez Intervalle. (S)

DIMINUTIF, IVE (Page 4:1010)

DIMINUTIF, IVE, adj. terme de Grammaire, qui se prend souvent substantivement. On le dit d'un mot qui signifie une chose plus petite que celle qui est désignée par le primitif: par exemple, maisonette est le diminutif de maison, monticule l'est de mont ou montagne; globule est le diminutif de globe: ce sont - là des diminutifs physiques. Tels sont encore perdreau de perdrix, faisandeau de faisan, poulet & poulette de poule, &c. Mais outre ces diminutifs physiques, il y a encore des diminutifs de compassion, de tendresse, d'amitié, en un mot de sentiment. Nous sommes touchés d'une sorte de sentiment tendre à la vûe des petits des animaux, & par une suite de ce sentiment, nous leur donnons des noms qui sont autant de diminutifs; c'est une espece d'interjection qui marque notre tendresse pour eux. C'est à l'occasion de ces sentimens tendres, que nos Poëtes ont fait autrefois tant de diminutifs; rossignolet, tendrelet, agnelet, herbette, fleurette, grassette, Janette, &c.

Viens ma bergere sur l'herbette, Viens ma bergere viens seulette, Nous n'aurons que nos brebietes Pour témoins de nos amouretes. Boursaut.

Les Italiens & les Espagnols sont plus tiches que nous en diminutifs; il semble que la langue françoise n'aime point à être riche en babioles & en colifichets, dit le P. Bouhours. On ne se sert plus aujourd'hui de ces mots qui ont la terminaison de diminutifs, comme hommelet, rossignolet, montagnette, campagnette, tendrelet, doucelet, nymphelette, larmelette, &c. « Ronsard, dit le P. Bouhours, remarques, tom. I. p. 199. la Noue auteur du dictionnaire des rimes, & mademoiselle de Gournai, n'ont rien négligé en leur tems pour introduire ces termes dans notre langue. Ronsard en a parsemé ses vers, la Noue en a rempli son dictionnaire, mademoiselle de Gournai en a fait un recueil dans ses avis, & elle s'en déclare hautement la protectrice; cependant notre langue n'a point reçu ces diminutifs; ou si elle les reçut en ce tems - là, elle s'en défit aussi - tôt. Dès le tems de Montagne on s'éleva contre tous ces mots si mignons, favoris de sa fille d'alliance: elle eut beau entreprendre leur défense & crier au meurtre de toute sa force, avec tout cela la pauvre demoiselle eut le déplaisir de voir ses chers diminutifs bannis peu - à - peu; & si elle vivoit encore, je crois, poursuit le P. Bouhours, qu'elle mourroit de chagrin de les voir exterminés entierement ».

Les Italiens & les Espagnols font encore d'autres diminutifs des premiers diminutifs; par exemple, de bambino, un petit enfant, ils ont fait bambinello, bamboccio, bambocciolo, &c. C'est ainsi qu'en latin de homo on a fait homuncio, & d'homuncio, homunculus, & encore homulus. Ces trois mots sont dans Cicéron. Le P. Bouhours dit que ce sont des pygmées qui multiplient, & qui font des enfans encore plus petits qu'eux. Remarques, tom. I. p. 199. (F)

DIMINUTION (Page 4:1010)

DIMINUTION, s. f. figure de Rhetorique, ainsi nommée par antiphrase; c'est une exagération ou augmentation de ce que l'on veut dire, en se servant néanmoins d'expressions qui semblent l'affoiblir & le diminuer, comme, par exemple, lorsqu'on dit d'une femme ou d'une étoffe, qu'elle n'est pas laide, pour faire entendre qu'elle est belle, ou d'un homme, qu'il n'est pas petit ou léger, pour marquer qu'il est grand ou pesant.

Quelques auteurs employent diminution dans un sens propre & plus strict, pour exprimer quelque chose de moins que ce qu'on dit; par exemple, dire à un militaire, vous n'êtes point propre au commandement, c'est sous - entendre un reproche encore plus grand, & le soupçonner ou d'ignorance dans son métier ou de lâcheté. (G)

Diminution (Page 4:1010)

Diminution d'especes, (Jurisprud.) tombe sur celui auquel appartiennent les deniers, suivant la regle générale res domino perit. Le débiteur qui veut se libérer & ne pas supporter les diminutions d'especes qui peuvent arriver, ne doit pas se contenter de faire des offres réelles, il faut que les offres soient suivies d'une consignation effective. Voyez Argent, Especes, Monnoies . (A)

Diminution (Page 4:1010)

Diminution de feux, (Hist. anc. & Jurisprud.) étoit une réduction du nombre de feux ou portions d'un pays, qui contribuoient aux foüages & autres subsides. Dans l'origine par le terme de feux on entendoit chaque ménage ou famille; dans la suite un feu comprenoit une certaine étendue de pays, & pouvoit comprendre plusieurs ménages. La diminution de feux s'accordoit aux pays dont la fertilité ou le commerce étoient diminués, ou lorsque le pays se trouvoit ruiné par la guerre ou par quelqu'autre accident. Lorsqu'une ville ou autre lieu demandoit une diminution de feux, on faisoit une information sur les lieux, qui étoit envoyée à la chambre des comptes, & en conséquence de laquelle on expédioit des lettres royaux portant diminution de feux: mais avant l'expédition de ces lettres il falloit payer un florin d'or pour chaque lieu, suivant l'ancien nombre des feux: ce droit étoit reçu par le payeur des bâtimens, & devoit être employé aux bâtimens. Il y a beaucoup de ces lettres portant diminution de feux, accordées à diverses villes & autres lieux du Languedoc, où l'imposition par feux avoit princi<pb->

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