ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"949"> & en excite les contractions plus fortement, d'où résulte toûjours l'évacuation.

La mucosité trop abondante, les croûtes des aphthes peuvent couvrir les orifices des veines absorbantes, de maniere que rien ne peut pénétrer dans ces vaisseaux: les cicatrices qui se font à la surface des boyaux à la suite des excoriations dans la dyssenterie, peuvent produire le même effet.

Ces trois classes générales des causes de la diarrhée, renferment un très - grand nombre de différentes causes qui s'y rapportent: par exemple, la transpiration insensible arrêtée par le froid de la nuit, dans un homme qui s'y expose au sortir d'un lit bien chaud, détermine une plus grande quantité d'humeurs vers les intestins, qui fournit bien - tôt matiere à une diarrhée. La bile trop acre ou corrompue dans les maladies aiguës, l'acrimonie acide dans les enfans ou dans les adultes d'une constitution foible, donne souvent lieu à la diarrhée par l'irritation causée aux intestins: l'inflammation des intestins, les convulsions qui resserrent les orifices des vaisseaux absorbans, produisent souvent le même effet: les grandes agitations du corps & de l'esprit, la colere sur - tout, la douleur, comme dans la dentition difficile, la trop grande quantité d'alimens qui ne peuvent pas être digérés, ou dont le chyle est trop abondant pour être tout reçû dans les veines lactées, ce qui est la même chose que si l'orisice en étoit bouché en partie, sont aussi souvent des causes de diarrhée; de même que l'usage immodéré de la viande, les fruits verds & cruds, le moût & le vin nouveau, le cidre, l'eau de riviere pour ceux qui n'y sont pas accoûtumés, l'usage trop continué des eaux minérales, celui des alimens acres, les liqueurs ardentes, les purgatifs trop actifs, les poisons, les exercices immodérés qui tendent à dissoudre les humeurs, à leur donner de l'acrimonie, par la même raison la fievre ardente, &c. ainsi d'une infinité d'autres causes qui ont du rapport à quelqu'une de celles dont il vient d'être fait mention.

On peut conclure de tout ce qui vient d'être dit, que toutes les humeurs du corps, tant saines que morbisiques, les alimens, les remedes. les poisons, peuvent être la matiere de la diarrhée. peuvent être portés dans les boyaux par toutes scrtes de voies, & peuvent causer des diarrhées d'une infinité d'especes différentes, & entierement opposées

La diarrhée admet aussi bien des différences par rapport à ses effets: car elle peut être salutaire, si elle sert à évacuer des humeurs surabondantes, quoique de bonne nature, ou des humeurs viciées, quand les forces du malade n'en souffrent aucune diminution: c'est le contraire s'il se fait une déperdition de bonnes humeurs, ou si les forces du malade ne comportent pas une grande évacuation. Ainsi on doit beaucoup avoir égard au tempérament du malade, au caractere, & aux différens tems de sa maladie.

Hippocrate, aphor. ij. sect. 1. donne une maxime de pratique très - propre à diriger le medecin dans le jugement qu'il a à porter touchant l'évenement d'une diarrhée. « Dans le réglement du ventre, ditil, & dans les vomissemens qui surviennent d'eux - mêmes, si les matieres qui doivent être évacuées pour le bien du malade le sont, il en est soulagé, & il supporte sans peine l'évacuation, sinon le contraire arrive ».

Quelquefois la matiere de la diarrhée est d'une si grande malignité, & se porte en si grande quantité dans les boyaux, que tous les secours de l'art deviennent inutiles. C'est sur ce fondement que le pere de la Medecine a dit, « que dans tous les commencemens de maladie, s'il survient par le haut ou par le bas une grande évacuation de bile noire, de matiere atrabilaire, c'est un signe de mort, Aphor. xxij. sect. 4 Et dans les prénotions il dit dans les coaques, « que le cours de ventre copieux dans une fievre ardente est mortel ».

La diarrhée colliquative est aussi presqu'incurable; tous les cours de ventre qui durent long - tems, & dans lesquels les déjections sont abondantes, causent à la suite l'exténuation du corps par la grande perte qui se fait des fluides. Ils ne doivent cependant pas tous être appellés colliquatifs, quoique cet effet ait lieu; on doit entendre par diarrhées colliquatives, celles dans lesquelles après de longues maladies, & sur - tout après des suppurations de visceres ou une hydropisie invétérée, les humeurs dissoutes se portent abondamment, & se précipitent, pour ainsi dire, dans lés entrailles. Telle est la diarrhée, qui dans la phthysie consommée met fin à la maladie & à la vie, comme le dit Hippocrate, aphor. xij. xjv. sect. 5. telle est celle qui arrive aux hydropiques, lorsque les eaux se corrompent & pourrissent les visceres qui y sont plongés; les misérables se croyent mieux, quand ils sont plus près de leur fin.

La diarrhée aqueuse n'est salutaire dans l'hydropisie, que quand elle est commençante.

La diarrhée, telle qu'elle puisse être, dans quelque maladie que ce soit, si elle continue trop, ne peur qu'être nuisible: Hippocrate ne veut pas qu'on la laisse subsister au - delà des sept jours, sans y remédier par le régime & de la maniere convenable; car si on la néglige, elle dispose de plus en plus les visceres abdominaux à en fournir la matiere; étant toûjours plus abreuvés d'humeurs qu'à l'ordinaire, ils se relâchent, i's résistent toûjours moins à leurs efforts: elle détruit peu - à - peu la mucosité des boyaux, ceuxci s'excorient, d'où la dyssenterie: tous les autres visceres s'épuisent, se dessechent; d'où suivent la foiblesse, la maigreur, l'atrophie, par la perte du chyle, du suc nourricier même qui suit le torrent: les déperditions de substance, effet naturel de la vie saine, n'étant pas réparées, les fibres se relâchent dans toutes les parties dti corps: aussi le trop grand embonpoint peut - il être corrigé par les purgations du ventre; les parties les plus fluides des humeurs se perdent continuellement, il ne reste plus que les plus grossieres qui s'épaississent, & ne sont plus propres qu'à causer des obstructions, des inflammations; les humeurs arrêtées se pourrissent dans toutes les parties du corps, d'où la soif qui excite à boire beaucoup, ce qui fournit dequoi achever le relâchement des fibres; d'où la leucophlegmatie, les différentes hydropisies, la consomption, le marasme, & la mort.

Après avoir parcouru ce qui regarde la matiere, l'origine, les causes, les effets de la diarrhée, il reste à dire quelque chose de la curation de cette maladie; & d'abord il faut examiner s'il convient de l'arreter ou non: car comme il a été dit, elle sert souvent à décharger le corps d'humeurs nuisibles; ce que l'on connoît aux signes ci - dessus mentionnés. Il arrive souvent que les malades dont on arrête mal - à - propos le cours de ventre, deviennent phrénétiques ou léthargiques, ou bien qu'il leur survient des maux de tête violens, des parotides très - funestes, &c.

Mais dans les cas où il est bien décidé qu'il faut travailler au traitement de la diarrhée, il faut avoir égard à la cause qui la produit, qui peut être de bien différente nature, comme il a été suffisamment établi; & attendu qu'on a réduit les diverses causes à trois classes générales, on proposera trois sortes de curations qui leur conviennent; car il ne peut y avoir de méthode générale pour toutes sortes de diarrhées.

Ainsi dans celle qui provient d'une trop grande abondance d'humeurs qui se portent dans les entrailles & qui n'y sont pas absorbées, ensorte qu'el<pb-> [p. 950] les sont évacuées par les déjections en tout ou en partie, il convient d'abord de tâcher de les détourner, en diminuant l'action qui les pousse vers ces visceres, par la saignée plus ou moins répétée, selon les forces du malade; en leur faisant prendre un autre cours par la voie des sueurs ou des urines, au moyen des remedes appropriés; en hâtant l'évacuation des matieres contenues dans les premieres voies, par les émétiques, les purgatifs; en travaillant à corroborer les vaisseaux, les tuniques des intestins, qui se laissent engorger par leur relâchement: c'est pour remplir les dernieres indications que l'on employe contre cette maladie l'hypecacuanha, qui joint à la vertu vomitive & purgative la propriété de resserrer, de rendre le ressort aux parties qui l'ont perdu. La rhubarbe produit aussi à - peu - près le même effet; elle purge & elle est astringente; c'est ce qui l'a fait regarder comme un remede très - efficace contre les cours de ventre. On peut mettre en usage bien d'autres remedes corroborans, tels que les martiaux astringens, le diascordium, la thériaque, la conserve de roses rouges, de kinorrhodon, &c. Selon Baglivi, la canelle mâchée pendant tout un jour, avec soin d'avaler la salive qui s'y mêle, a guéri des diarrhées, des dyssenteries, des langueurs d'estomac invétérées. Forestus, liv. XXII. rapporte s'être servi avec succès de nefles qui n'étoient pas mûres, qu'il avoit fait manger en grande quantité pour arrêter une diarrhée opiniâtre. Le vin chauffé avec des aromates pris intérieurement, donné en lavement, appliqué en fomentation, a souvent produit de bons effets. On doit observer pour le régime, de n'user que d'alimens secs, de boire, peu, & du vin pur, dans les cas où la diarrhée n'est pas accompagnée d'autres symptomes qui exigent une diete plus sévere. On doit éviter soigneusement tous les remedes huileux, émolliens, relâchans, dans les diarrhées du genre dont il s'agit.

Dans les diarrhées qui proviennent des causes de la seconde classe, c'est - à - dire des matieres irritantes qui accélerent le mouvement des boyaux, on doit employer des remedes délayans, adoucissans, calmans; les aqueux en doivent être la base. L'eau de poulet très - legere, la tisane de ris émulsionnée, sont recommandées dans ce cas; & quoique par la boisson il semble que l'on augmente la matiere de l'évacuation, ce qui est vrai, il ne l'est pas moins aussi que l'on corrige la cause de l'irritation, en émoussant & noyant pour ainsi dire les âcres. C'est pour cet effet que l'on peut aussi faire usage des huiles douces, des graisses récentes, & quelquefois du lait: si l'acrimonie acide est dominante, on peut employer les correctifs spécifiques, tels que les absorbans terrestres & animaux. Après avoir diminué l'irritation des boyaux par ces différens remedes, on doit avoir recours aux purgatifs minoratifs, aux lavemens laxatifs, aux eaux minérales douces & en quantité modérée, pour évacuer entierement les humeurs viciées qui entretiennent la cause du mal. On peut aussi travailler au - dehors à relâcher, à détendre l'abdomen, par le moyen des fomentations avec des décoctions émollientes: à la suite des évacuations, on place avec succès les narcotiques, pour rallentir le mouvement des boyaux, pour détendre les fibres & diminuer leur sensibilité à l'irritation.

On employera contre les causes de la diarrhée de la troisieme classe, dans laquelle les orifices des vaisseaux absorbans des intestins sont couverts par la mucosité trop abondante & trop épaisse, ou par des croûtes d'aphthes, dans le premier cas, des remedes aqueux, savoneux, qui dissolvent la matiere gluante qui enduit les parois des boyaux, & ensuite des purgatifs propres à l'évacuer: dans le second cas la diarrhée est presque toûjours incurable; il ne se présente d'autre indication à remplir, que de favoriser la séparation, la chûte des croûtes aphtheuses; ce que l'on pourra tenter par le moyen de la boisson chaude, copieuse, de différentes tisanes appropriées, qui serve à détremper, à déterger, à résoudre. Les lavemens, les fomentations, les bains, peuvent être employés pour la même fin; & lorsqu'on y est parvenu, on doit placer un purgatif doux, un peu astringent, comme la rhubarbe, & ensuite quelques remedes un peu corroborans. Voyez Aphthes.

Il est facile d'appliquer ce qui vient d'être dit de la curation de la diarrhée, selon les différentes causes générales qui la produisent, aux causes particulieres qui participent plus ou moins de celles - là: l'essentiel est de bien distinguer de quelle nature est le vice dominant dans la diarrhée; l'indication des remedes propres à combattre est en conséquence facile à saisir.

La diarrhée comme symptome de la fievre, exige beaucoup d'attention avant qu'on entreprenne de la faire cesser. Il faut avoir égard à la nature de la fievre en général, & suivre le traitement qu'elle indique.

Si on rend dans le cours de ventre des matieres grasses, huileuses, qui ne proviennent pas des alimens qu'on a pris, c'est un signe de la fonte de la graisse du corps, qui caractérise la colliquation, qui annonce la consomption, le marasme.

Les causes des diarrhées colliquatives doivent être rapportées à celles de la premiere classe; ordinairement elles demandent la même curation. Extr. du comment. des aphor. de Boerhaave par Wanswieten. Voyez Déjection, Dyssenterie, Fluxion . (d)

DIARRHODON (Page 4:950)

DIARRHODON, s. m. (Pharmacie.) c'est ainsi qu'on appelloit certaines préparations officinales, où entroit la rose rouge, dont le nom grec est RODON.

On trouve dans presque tous les dispensaires anciens trois compositions officinales surnommées diarrhodon; savoir, la poudre diarrhodon Abbatis, les pilules diarrhodon de Mesué, les trochisques diarrhodon de Nicolas: mais aujourd'hui ces préparations ne sont d'aucun usage. Cependant nous allons donner ici la description de la poudre diarrhodon, parce qu'elle est quelquefois elle - même un ingrédient de certaines compositions usitées; alors on la prescrit sous le nom d'espece diarrhodon, species diarrhodon.

Poudre diarrhodon Abbatis, de la Pharmacopée de Paris. roses rouges séchées, une once; sental citrin, sental rouge, de chaque [omission: formula; to see, consult fac-similé version] gros; gomme arabique, spode d'ivoire, mastic, de chaque deux scrupules; semences de fenouil, de basilic, de laitue sauvage, de pourpier, de plantain, de chaque [omission: formula; to see, consult fac-similé version] gros; des pepins de berberis, un scrupule; de la canelle, du bol d'armenie, de la terre sigillée, des yeux d'écrevisses préparés, de chaque un scrupule: faites du tout une poudre selon l'art. Les anciens attribuoient à cette poudre, donnée jusqu'à deux scrupules, les vertus de fortifier le coeur, l'estomac, d'aider la digestion, d'empêcher le vomissement: mais, comme nous l'avons déjà dit, on ne s'en sert plus du tout. Voyez Rose. (b)

DIARTHROSE (Page 4:950)

DIARTHROSE, s. f. terme d'Anatomie, espece d'articulation ou d'assemblage des os, un peu relâchée, & dans lesquelles les pieces articulées sont mobiles. Voyez Articulapion. Ce mot vient de DI/A, par, & A/RQRON, jointure, assemblage.

Elle est opposée à la synarthrose, dans laquelle l'articulation est si étroite qu'il n'y a point de mouvement. Voyez Synarthrose.

La diarthrose ou articulation mobile est ou manifeste avec grand mouvement, ou obscure avec petit mouvement: l'une & l'autre est encore de trois sortes: 1°. quand la tête de l'os est grosse & longue, &

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