ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"903"> l'application des suppuratifs & des digestifs, dont l'usage porté plus loin, relâcheroit trop les orifices des vaisseaux, & feroit croître des chairs fongueuses. La fin curative des ulceres consiste dans leur dessiccation; mais il n'est pas possible de passer des remedes simplement pourrissans aux moyens purement dessiccatifs: il faut suivre une gradation, & observer dans l'administration des remedes toutes les nuances, si j'ose parler ainsi, qui se trouvent entre les propriétés opposées des médicamens suppuratifs & desséchans. C'est cette gradation qui établit l'usage successif des digestifs, des détersifs, des sarcotiques, & des épulotiques ou cicatrisans. Voyez Incarnation & Ulcere.

Ambroise Paré, & depuis lui Fabrice d'Aquapendente, cet excellent chirurgien - medecin, appuyé sur l'autorité d'Hippocrate & de Galien, dit que les vûes générales qu'on doit avoir dans le traitement des ulceres, sont de les dessécher: on voit par - là que les premiers détersifs dont on puisse faire usage, doivent être des digestifs rendus desséchans par le mêlange de quelques médicamens qui ayent cette derniere vertu. Les premiers détersifs sont nommés mondificatifs; ils sont composés de substances digestives & suppurantes, telles que le suif, les graisses & les huiles grasses, auxquelles on joint dominamment des substances résineuses; telles sont la térébenthine, la poix, la myrrhe, la gomme - lacque, le styrax, l'encens, le mastic, le laudanum, le sapagenum, le baume de Copahu, de Canada, &c. Toutes ces huiles balsamiques, tant solides que fluides, sont remplies de paities actives & irritantes; elles contiennent beaucoup de sels volatils - huileux, & des parties terrestres qui moderent la suppuration, préservent les humeurs de la pourriture, & donnent de l'astriction aux solides sur lesquels elles agissent: Employées seules, elles seroient puissamment dessiccatives; mais de leur mêlange avec des substances grasses & huileuses, il résulte des mondificatifs capables d'exciter les chairs à une douce suppuration qui les débarrasse des humeurs dont elles pourroient être encore infiltrées.

Les plantes balsamiques fournissent au di des détersifs doux, lorsqu'elles sont infusées dans les huiles, ou que leur suc exprimé est uni à des substances onctueuses; telles sont l'hypericum, la menthe, le lierre terrestre, la véronique, &c.

Lorsque les chairs ont beaucoup de sensibilité, elles sont fort susceptibles d'irritation: dans ce cas on se sert de mondificatifs les plus doux. Mais lorsque le sentiment des chairs n'est point vif, & qu'il n'y a aucun ménagement à garder à cet égard, on pourra se servir des huiles de méla, d'absinthe, de camomille, d'armoise, d'aigremoine, de petite centaurée, &c. lesquelles ont plus d'activité que les premiers. Parmi ces plantes nous ne devons point oublier l'ache, dont on fait un onguent nommé mondificatif, dont la préparation est décrite dans toutes les pharmacopées.

Le traitement des ulceres est fort aisé, lorsque la nature se trouve favorablement disposée, & qu'elle ne trouve aucun obstacle à ses opérations; mais le moindre vice, soit de la part des humeurs, soit de la part des solides, exige dans le chirurgien des vûes plus profondes & des lumieres plus étendues.

Lorsque les chairs sont blaffardes, le pus est épais & glutineux, parce qu'il s'épaissit dans les chairs par le défaut d'action des solides: dans ce cas il faut avoir recours à des remedes plus actifs que les mon difians, & employer une aurre sorte de détersifs qu'on peut appeller atténuans & incisifs, parce qu'ils excitent l'action des solides, & qu'ils dissolvent les humeurs. Les médicamens de la premiere classe peuvent remplir cette indication sous une combinaison différente, c'est - à dire en augmentant la proportion des substances balsamiques, ou, ce qui est la même chose, en diminuant la quantité des substances onctueuses & relâchantes, qui réprimoient leur qualité astringente.

Les détersifs salins ont aussi la vertu atténuante & incisive; telles sont les douches d'eaux thermales, & principalement celles de balaruc, auxquelles on substitue très efficacement la lessive, les cendres de sarment, de genêt, de chêne, ou les sels lixiviels de ces plantes, le sel fixe de tartre, &c. dans une quantité d'eau suffisante, pour qu'elle ne soit pas trop irritante & cathérétique.

L'urine est un détersif salin, atténuant & incisif, de même que les remedes savoneux, naturels & artificiels: les naturels sont la bile des animaux, dont on peut corriger l'acrimonie en la mêlant avec un jaune d'oeuf, le miel, la manne, le sucre, le suc de saponaire, &c.

Le miel a particulierement la vertu détersive. Cette substance végéto - animale est laxative dans l'usige intérieur; c'est le sel tartareux qu'elle conient, qui lui donne cette vertu, & c'est probablement ce sel qui rend le miel détersif ou purgatif des ulceres. Parmi les préparations usitées, le miel rosat est la principale. On pourroit déterger efficacement de, ulceres avec le miel préparé avec les sommités de romarin, & connu sous le no n de mel anthosatum. Les oximels sont de très - bons atténuans & incisifs. L'ox mel simple & l'oximel scillitique s'opposent à la pourriture, & sont de très - bons détersifs dans les ulceres d'où découlent des sucs putrides.

Parmi les détersifs antiputrides on peut ranger les remedes spiritueux, comme l'esptit de - vin, le baume de Fioraventi, le sel armoniac, le campre. Ces remedes agissent en donnant beaucoup de fermeté aux solides, & en préservant les liqueurs de l'action des causes putrides, que l'on sait être dissolvantes.

Les ulceres vénériens & scorbutiques exigent des attentions particulieres. Dans la cure des premiers on mêle aux remedes convenables à leur état l'onguent napolitain, qui par sa vertu spécisique borne puissamment les effets du vice local. Les ulceres scorbutiques qui attaquent d'autres parties que celles de l'intérieur de la bouche, se détergent fort bien aussi par les mondificatifs ordinaires, dans lesquels on fait dominer l'onguent de stirax ou la gomme lacque. La dissolution de cette gomme dans l'espritde - vin, passe même pour un spécifique contre les ulceres scorbutiques des gencives. Voyez Scorbut.

L'usage des détersifs diminue la suppuration, rend les chairs vives & fermes, & prépare les ulceres à l'administration des remedes qui dessechent & consolident. Voyez Dessiccatifs. Mais si l'on n'a pû réussir à réprimer les chairs; si par la négligence des soins convenables elles sont devenues flasques, il faut employer des détersifs plus actifs encore que tous ceux dont nous avons parlé jusqu'ici; nous les nommerons détersifs irritans: il faut qu'ils ayent la vertu d'enlever les fibres inanimées, & de les détacher des chairs vives sans causer de douleur. C'est même cette séparation des fibres mollasses & fongueuses, qui a fait que quelques auteurs ont regarde les détersifs comme des remedes qui ratissent & raclent, pour ainsi dire, la surface des chairs, en emportant les matieres purulentes. Boerhaave dit expressément que les détersifs sont des médicamens qui ont la vertu de délayer & de faire sortir les matieres endurcies, & d'enlever les fibres inanimées, sans douleur. Pour produire cet effet sur les solides, il faut que les détersifs soient en quelque façon des caustiques imperceptibles: aussi sont - ce les remedes corrosifs qui fournissent les détersifs les plus forts. La propriété détersive irritante dépend du mêlange & de la prépara<pb-> [p. 904] tion des corrosifs avec des matieres onctueuses & relâchantes, capables de modérer & d'adoucir leur causticité.

Les détersifs irritans ont plus ou moins d'activité, suivant la combinaison des substances qui les composent; c'est au chirurgien à en régler les proportions suivant les indications que lui fournit l'état de l'ulcere qu'il veut déterger.

Le verd - de - gris sert à la préparation de plusieurs compositions détersives très - recommandables, telles que sont le baume verd de Metz, le collyre de Lamfranc, l'onguent aegyptiac, &c. On peut faire des lotions détersives irritantes avec de fortes lessives des plantes vulnéraires. On voit par ce qui a été dit, que le chirurgien dans l'administration des remedes convenables pour la détersion des ulceres, doit raisonner sur les indications avec autant de discernement que le medecin dans celle des remedes intérieurs, pour les maladies qui sont du ressort de la Medecine; que la variété des circonstances exige autant dans l'un que dans l'autre un esprit de combinaison & beaucoup de sagacité. Si cependant la difficulté de saisir le vrai ajoûte au mérite de celui qui le rencontre, il faut convenir que le chirurgien en a moins; mais dans les choses obscures, & où l'on ne pourroit que conjecturer, il est difficile qu'un homme ait beaucoup d'avantage sur un autre formé par les mêmes études fondamentales. La Chirurgie même a paru fournir, par la certitude de ses principes, des lumieres pour s'égarer moins dans les routes difficiles de la Medecine interne. C'étoit le sentiment du grand Boerhaave, qui dit, aphor. 557. internos morbos externis reapse congruere; externos, chirurgicos primò pertractandos; nec aliter ordinati quid, vel veri, in praxi medica fieri posse, aut doceri. (Y)

DETHMOLT (Page 4:904)

DETHMOLT, (Géog.) ville d'Allemagne; elle est située sur la Wehra, dans le cercle de Westphalie.

DÉTONATION (Page 4:904)

DÉTONATION, s. f. (Chimie.) inflammation violente & soudaine, avec bruit & explosion du nitre mêlé, ou touchant à des matieres phlogistiques embrasées. Voyez Nitre.

DETONNER (Page 4:904)

DETONNER, en Musique, c'est sortir du ton où l'on doit être; c'est altérer mal - à - propos la justesse des intervalles. On dit en plaisantant, de quelqu'un qui a chanté faux dès le commencement d'un air, qu'il n'a pas détonné: car pour sortir du ton il faudroit y être entré. (S)

DETORSE (Page 4:904)

DETORSE, terme de Chirurgie. Voyez Entorse.

DETOUPILLONNER (Page 4:904)

DETOUPILLONNER, v. act. (Jardinage.) c'est ôter les toupillons de dessus un oranger. Voy. Toupillons. (K)

DETOURNER (Page 4:904)

DETOURNER, v. act. on dit, en terme de Commerce, qu'un négociant, qu'un banquier, qu'un marchand a détourné ses effets, lorsque dans le dessein de faire une banqueroute frauduleuse, il les a cachés & mis à couvert chez des personnes affidées, pour en frustrer ses créanciers. Voyez Banqueroute. Dict. de Comm. & de Trév.

Détourner les aiguilles (Page 4:904)

Détourner les aiguilles, (Aiguill.) c'est mettre toutes les pointes d'un même côté, afin de pouvoir les affiner plus facilement, c'est - à - dire les adoucir sur la pierre d'émeril. Voyez Aiguille.

Détourner (Page 4:904)

Détourner, (Vénerie.) c'est découvrir par le moyen du limier, le lieu où le cerf est à sa reposée, & en marquer l'enceinte.

DETRANCHÉ (Page 4:904)

DETRANCHÉ, adj. terme de Blason, se dit de l'écu dans lequel est une ligne en bande, qui ne part pas précisément de l'angle dextre, mais de quelque partie du bord supérieur, & qui par conséquent tombe en biais ou diagonalement; ou bien qui part de quelque point du côté dextre.

On dit tranché, détranché, & retranché, pour signi<cb-> fier qu'il y a deux lignes diagonales qui font deux partitions dans l'écu, partant des angles, & une troisieme partant de quelque autre point. Voyez Tranché. Menet. & Trév. (V)

DETRANGER (Page 4:904)

DETRANGER, v. act. (Jard.) c'est chasser des animaux qui nuisent aux végétaux. (K)

DETRAQUE (Page 4:904)

DETRAQUE, adj. terme de Manege. Un cheval est détraqué, lorsque le cavalier par négligence ou autrement, lui a gâté & corrompu ses allures. (V)

Detraquer un cheval (Page 4:904)

Detraquer un cheval, en termes de Manege, c'est lui faire perdre ses bonnes allures, ses leçons de manege. Les mauvais écuyers détraquent les chevaux, leur font perdre leur train ordinaire. Voyez Allure. (V)

DETREMPE (Page 4:904)

DETREMPE, s. f. en bâtiment, est une couleur employée à l'eau & à la colle, dont on imprime & peint les lambris des appartemens: aquaria pictura. (P)

DETREMPER la chaux (Page 4:904)

DETREMPER la chaux, en Bâtiment, c'est la délayer avec de l'eau & le rabot dans un petit bassin, d'où elle coule ensuite dans une fosse en terre, pour y être conservée avec du sable par - dessus. Lat. calcem diluere. (P)

Détremper (Page 4:904)

Détremper, en termes de Pâtissier, c'est brouiller de la farine avec de l'eau, ou du lait, ou du beurre, ou des jaunes d'oeufs, ou autre chose pareille.

Détremper (Page 4:904)

Détremper, chez les ouvriers en ser, c'est faire perdre la trempe à un morceau d'acier, à un outil, &c. ce qui se fait en le mettant rougir dans le feu.

DETROIT (Page 4:904)

DETROIT, s. m. en Hydrogr. est une mer étroite, ou boyau resserré des deux côtés par les terres, & qui ne laisse qu'un petit passage pour aller d'une mer à une autre. Voyez Mer & Océan.

Le détroit le plus fréquenté est celui de Gibraltar qui sépare l'Espagne de l'Afrique, & joint la Méditerranée avec l'océan Atlantique ou mer du Nord.

Le détroit de Magellan qui fut découvert en 1520 par Magellan, fut quelque tems fréquenté par ceux qui vouloient passer de la mer du Nord à celle du Sud: mais en 1616, on découvrit le détroit de le Maire, & on abandonna celui de Magellan, tant à cause de sa longueur, qui est plus que double de celle du détroit de Gibraltar, que parce que la navigation y est dangereuse, à cause des vagues des deux mers qui s'y rencontrent & s'entrechoquent.

Le détroit qui est à l'entree de la mer Baltique, se nomme le Sund. Il ne faut pas le confondre avec le détroit de la Sonde, qui sépare les îles de Sumatra & de Java. Varenius croit que les golfes & les détroits ont été formés pour la plûpart par l'irruption de la mer dans les terres. Une des preuves qu'il en apporte, c'est qu'on ne trouve presque point d'îles dans le milieu des grandes mers, & jamais beaucoup d'îles voisines les unes des autres. On peut aussi voir les autres preuves aux articles Continent, Terraqué; voyez aussi l'hist. naturelle de M. de Buffon, tom. I. On y remarque que la direction de la plûpart des détroits est d'Orient en Occident, ce qu'on attribue à un mouvement ou effort genéral des eaux de la mer dans ce sens. V. Mer.

Le détroit qui sépare la France d'avec l'Angleterre, s'appelle le pas de Calais. Voyez sur la jonction de l'Angleterre à la France, & sur le pas de Calais, la dissertation de M. Desmarets, qui a remporté le prix de l'académie d'Amiens en 1752. Voyez aussi Courant. (O)

Détroit (Page 4:904)

Détroit, (Droit polit.) On fait en Droit politique, trois grandes questions sur les détroits & les golfes, qu'il importe de résoudre.

On demande 1°. à qui appartiennent légitimement les détroits & les golfes. La réponse est unanime. Ils appartiennent à celui qui s'est le premier établi sur les côtes du détroit, qui y domine de dessus terre, & qui en conserve la propriété, soit par

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