ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"895"> plus mince qu'on pourra, avec un instrument qu'on nomme boutoir. Ce même instrument servira aussi à faire une incision tout - autour de l'union de la sole avec le sabot, jusqu'au bord des deux talons, à un demi - pouce du bord, en diminuant cette distance à mesure que l'on approchera des talons. Cette incision doit être assez profonde en sa totalité, pour que le sang commence à se manifester. Après avoir allongé le bout des éponges du fer d'un bon pouce, en les rendant minces & un peu pointues, on attache le fer avec tous ses clous, sans les rogner, & on met une emmiellure dans le pié.

Opération. 2°. Au moment de l'opération, on met le cheval dans le travail, pour l'assujettir le plus qu'on peut, tant pour sa conservation que pour la commodité de l'opérateur. On met une plate - longe au pié malade, pour l'attacher à la traverse du travail, si c'est un pié de derriere; & à la main de fer, si c'est un pié de devant.

On ôte le fer; on lie le paturon avec un cordon de moyenne grosseur, pour arrêter l'effusion du sang, crainte de troubler l'attention de celui qui opere. L'on commence par détacher la sole du petit pié avec la pointe du bistouri, tout autour de l'incision qu'on a faite la veille, en penchant cet instrument du côté du quartier du sabot, & en frappant sur le dos de la lame avec le manche du brochoir: on se sert ensuite du leve - sole, qui fait ici l'office du levier; on introduit le bout le plus mince sous la sole du côté de la pince, ce qui fait la résistance. Le bord du sabot sert de point d'appui, & la main de l'opérateur, en appuyant sur l'autre bout de l'instrument, en fait la puissance. Cette manoeuvre fait soulever la sole, ce qui donne la facilité à un garçon maréchal de la prendre avec des pinces qu'on nomme tricoises: il la tire fortement à lui en la soûlevant, & l'arrache. L'opérateur conduit son opération à sa perfection avec un bistouri appellé feuille de sauge, en détachant les lames de la corne qui sont adhérantes au sabot, & en extirpant les corps viciés qui se trouvent dans la substance du petit pié.

Ensuite on attache le fer avec tous ses clous, sans les rogner, & on lâche le pié à terre; on le délie de la petite ligature, pour le laisser saigner un volume de sang à - peu - près égal à une saignée du cou.

Pansement. 3°. On reprend le pié pour l'assujettir de nouveau au travail; on lie le paturon avec la petite ligature, pour la même raison que nous avons dite ci - dessus: on bassine la plaie avec un plumasseau de filasse trempé dans de l'eau - de - vie ou de l'eau vulnéraire. L'appareil doit être tout prêt; il consiste en une quantité suffisante de bourdonnets & plumasseaux de filasse de différente longueur & grosseur.

On choisit deux des bour donnets mollement roulés de la longueur à - peu - près du fer, & d'une grosseur à pouvoir entrer sous les branches; on les introduit dessous avec une spatule, après les avoir trempés dans de la térébenthine fine un peu tiede. On prend un troisieme bourdonnet d'une longueur & d'une grosseur à pouvoir remplir le vuide qui se trouve entre les deux autres; on en prend un quatrieme de la longueur de deux pouces, & assez gros pour remplir la fente de la fourchette, & pour en conserver la figure naturelle; on le trempe, comme les trois autres, dans le même liniment: & on les place tous de façon qu'ils compriment également toute la plaie, afin que la régénération de la corne se fasse avec une juste proportion, conforme à celle de la nature.

On a trois éclisses de bois, deux desquelles jointes ensemble, font la longueur, la largeur & la rondeur de l'intérieur du pié; on les met l'une après l'autre sous le fer, pour comprimer l'appareil. La troisieme éclisse, égale en longueur à la largeur du fer, & épaisse d'un bon pouce, doit être posée transversalement sous les éponges, pour arrêter les deux autres.

On rogne ensuite les clous, & on les rive en les frappant légerement, pour donner moins d'ébranlement à la partie affligée. On prend après un cinquieme bourdonnet de la longueur de l'éclisse qui sert de traverse, qu'on trempe dans la même térébenthine, & qu'on met transversalement aux talons sous les bouts des éclisses. On applique enfin aux deux talons, aux parties latérales du sabot, de l'onguent de pié étendu sur de la filasse: la grosseur d'un oeuf suffit pour le tout. On entoure le pié d'une bande de toile de la largeur de quatre pouces, que l'on lie & que l'on arrête avec du ruban de fil.

Quatre heures après l'opération on fait une saignée au cou du cheval, & on la répete le lendemain matin.

Au bout de six jours en été, & de sept en hyver, si la maladie est simple, & plûtôt, si le cas l'exige, on leve l'appareil, en ôtant la bande, les éclisses & les bourdonnets, que l'on fait resservir en les trempant dans la térébenthine, & en observant les mêmes précautions & la même méthode. On continue ce pansement tous les six ou sept jours pendant trois semaines ou un mois, tems à - peu - près nécessaire pour la guérison, si la maladie est simple; si elle ne l'est pas, on ne sauroit en fixer le terme. Dans tous les cas, il faut attendre que le pié du cheval soit parfaitement raffermi avant de le faire travailler.

Quelques critiques trouveront peut - être qu'on peut dessoler un cheval sans tant de préparations, comme les emmiellures & les lavemens qui précedent & suivent l'opération; mais les gens sensés & experts jugeront de la conséquence de ces précautions dans une opération aussi douloureuse. Cet article est de M. Genson.

DESSOUDER (Page 4:895)

DESSOUDER, v. act. (Orfév.) Comme il arrive quelquefois que dans les ouvrages montés, quelques pieces d'ornement se dérangent au feu, ou que l'ouvrier ne les trouve pas placées comme il desireroit, il faut alors les dessouder, sans nuire au reste de l'ouvrage. Cette opération se fait en garnissant d'une terre délayée, à laquelle on aura joint un peu de sel, pour lui donner plus de consistance, tous les endroits soudés, à l'exception de celui que l'on veut dessouder. On gratte bien les à - l'entours de cette partie, & on la garni de borax, comme si on vouloit la souder. On place la piece au feu, & on assujettit tout le corps de l'oavrage, soit avec un poids, soit avec des liens, de façon qu'il soit difficile à émouvoir. On donne à sa piece ensuite tout le feu dont elle a besoin pour mettre la soudure en fusion; & dès qu'on l'y voit, on happe la partie que l'on veut détacher avec une pince, & on l'enleve: l'action de la soudure qui est en fusion, & qui cherche à se gripper, fait qu'il faut un certain effort pour opérer cette disjonction. Si la partie que l'on veut dessouder n'est pas de nature à pouvoir être happée, on l'attache préliminairement avec un fil - d'archal un peu fort & un peu long, avec lequel on puisse l'enlever commodément.

DESSUS du vent, être au - dessus du vent (Page 4:895)

DESSUS du vent, être au - dessus du vent, (Marine.) on dit qu'un vaisseau a gagné le dessus du vent, pour dire qu'il a pris l'avantage du vent. (Z)

Dessus (Page 4:895)

Dessus, & en italien soprano; (Musique) est la plus haute & la plus aigue des parties de la Musique, celle qui regne dans un concert au - dessus de toutes les autres. C'est dans ce sens que nous disons dessus de violon, dessus de flûte, de hautbois, & en général, dessus de symphonie.

Dans la musique vocale le dessus s'exécute par des voix de femmes, par des enfans, & encore par des [p. 896] castrati, dont la voix gagne une octave en - haut au moyen de cette mutilation. Voyez Castrati.

Le dessus se divise ordinairement en premier & second dessus, & même quelquefois en trois. La partie des voix qui exécute le second dessus, s'appelle basdessus; & l'on fait aussi des récits à voix seule pour cette partie. Un beau bas - dessus plein & sonore est plus estimé en Italie pour voix de femme, que les voix claires & aiguës; mais on n'en fait aucun cas en France. Voyez Partie, Voix. (S)

Dessus (Page 4:896)

Dessus, (Opera.) voyez l'article précedent. On dit d'une actrice de l'opera & d'une chanteuse de concert, c'est un beau dessus, pour dire une belle voix de dessus. Les choeurs de femmes à l'opera sont composés de dessus & de bas - dessus; les premieres sont placées du côté du Roi, les autres du côté de la Reine. Voyez Choeurs. La partie des dessus à la chapelle du Roi, est chantée par des castrati. Voyez Chanteur. (B)

Dessus de flûte à bec (Page 4:896)

Dessus de flûte à bec, (Luth.) instrument à vent, dont la forme & la tablature est semblable à celle de la flùte à bec décrite à son article. Cet instrument sonne l'octave au - dessus de la flùte à bec, appellée taille. Voyez Flûte à bec, & la table du rapport de l'étendue des instrumens.

Dessus de flute traversiere (Page 4:896)

Dessus de flute traversiere, (Luth.) est un instrument de musique semblable à la flùte traversiere, mais la moitié plus petit, & qui ne se démonte qu'en deux ou trois parties. La tablature de cet instrument qui sonne l'octave au - dessus de la flûte traversiere ordinaire, est tout - à - fait semblable à celle de ce dernier instrument. Voyez Flute traversiere, & la Pl. VIII. fig. 8. de Lutherie.

Dessus de viole (Page 4:896)

Dessus de viole, (Luth.) instrument de musique à cordes & archet, en tout semblable à la viole, dont il ne differe qu'en ce qu'il est plus petit & n'a que six cordes, lesquelles sonnent l'octave an - dessus des six premieres de la viole. Voyez Viole La facture & la tablature de cet instrument, que les Italiens appellent alto viola, est en tout semblable à celle de la viole. Voyez Pl. Il. fig. 2. de Lutherie.

Dessus de porte (Page 4:896)

Dessus de porte, (Archit.) on entend sous ce nom tous les revêtissemens de pierre, de bois ou de plâtre, susceptibles d'ornemens, de peinture, sculpture & architecture, à l'usage de la décoration des appartemens. (P)

Dessus (Page 4:896)

Dessus, en terme de Bijoutier, est proprement le couverture d'une tabatiere, qui joue sur le fond & la base par le moyen d'une charniere.

DESTIN (Page 4:896)

DESTIN, s. m. (Morale & Métaphysique.) est proprement l'ordre, la disposition ou l'enchaînement des causes secondes, ordonné par la Providence, qui emporte l'infaillibilité de l'évenement. V. Fatalité

Selon quelques philosophes payens, le destin étoit une vertu secrete & invisible, qui conduit avec une sagesse incompréhensible ce qui nous paroît fortuit & déréglé; & c'est ce que nous appellons Dieu. Voyez Dieu.

Les Stoïciens entendoient par la destinée, un certain enchaînement de toutes choses qui se suivent nécessairement & de toute éternité, sans que rien puisse interrompre la liaison qu'elles ont entr'elles. Cette idée confond le nécessaire avec l'infaillible. Voyez Providence & Nécessité.

Ils soûmettoient les dieux mêmes à la nécessité de cette destinée; mais ils définissent plûtôt ce que le mot de destinée devoit signifier, que ce qu'il signifie dans le langage commun: car les Stoïciens n'avoient nulle idée distincte de cette puissance à qui ils attribuoient ces évenemens. Ils n'avoient qu'une idée vague & confuse d'un je ne sai quoi chimérique, & d'une cause inconnue à laquelle ils rapportoient cette disposition invariable & cet enchaînement éter<cb-> nel de toutes choses. Il ne peut y avoir aucun être réel qui soit le destin des Stoïciens. Les philosophes payens qui en avoient fabriqué l'idée, supposoient qu'elle existoit, sans savoir pourtant précisément ce qu'ils entendoient par cette fatalité inévitable. Les hommes n'osant d'un côté imputer à la Providence les malheurs qu'ils prétendoient leur arriver injustement, & de l'autre ne voulant point reconnoître que c'étoit leur faute, formerent le phantôme du destin pour le charger de tout le mal. V. Fortune. Chambers.

DESTINATION (Page 4:896)

DESTINATION, s. f. (Jurisprud.) est la disposition que l'on entend faire de quelque chose. L'effet de la simple destination, quoique non remplie, ne laisse pas de produire son effet quand elle est bien prouvée.

Ainsi des deniers que l'on a stipulés qui seroient employés en achat d'héritages, seront réputés propres à l'égard de la communauté.

Un bâtiment commencé en forme de collége ou d'hôpital, est acquis au public par sa seule destination, qui dans ce cas forme ce que l'on appelle une pollicitation. Voyez Pollicitation. (A)

Destination de pere de famille (Page 4:896)

Destination de pere de famille, est l'arrangement qu'un propriétaire a fait dans son héritatage, soit pour les jours, soit pour égoûts, entrées, passages, & autres dispositions; soit dans un même corps de bâtiment ou dans deux maisons à lui appartenantes & se joignantes l'une l'autre. Ce proprietaire n'a pas besoin de titre pour disposer ainsi une partie de son héritage par rapport à l'autre, parce que ce n'est point à titre de servitude qu'il fait ces dispositions, mais par droit de propriété. Ces arrangemens faits dans un tems où la totalité des héritages appartient au même propriétaire, sont ce que l'on entend par destination du pere de famille. Cette destination vaut titre pour les servitudes qui se trouvent imposées sur une partie de l'héritage en faveur de l'autre, lorsque ces deux portions d'héritage se trouvent ensuite entre les mains de deux différens propriétaires: mais pour que la destination vaille titre, dans ce cas il faut qu'elle soit par écrit, c'est - à - dire que l'arrangement du pere de famille soit expliqué dans quelqu'acte. Lorsqu'il met hors de ses mains une partie de son héritage, il doit en le faisant, déclarer quelles servitudes il y retient, ou quelles servitudes il constitue sur la portion qu'il reserve, & cela nommément, tant pour l'endroit, grandeur, hauteur, mesure, qu'espece de servitudes; autrement elles ne peuvent valoir: ce qui est conforme à la disposition des lois 3. 7. & 10. ff. communia proediorum, & c.

Il faut du moins que cette destination ait été par écrit, auquel cas si l'acte ne subsistoit plus, on pourroit faire preuve qu'il a existé.

Tellessont les dispositions de la coûtume de Paris, art. 215. & 216. Avant la réformation de cette coûtume, il n'étoit pas nécessaire que la destination du pere de famille fût par écrit; & cela s'observe encore pour les servitudes qui étoient constituées dès le tems de l'ancienne coutume, suivant les arrêts rapportés par les commentateurs sur l'art. 216. (A)

Destination (Page 4:896)

Destination, (Marine.) On dit le lieu de la destination d'un vaisseau, pour désigner le port & le pays où le vaisseau va. (Z)

DESTINÉE (Page 4:896)

DESTINÉE, s. f. (Métaph.) en général, signifie un évenement infaillible qui dépend d'une cause supérieure. Les Latins se servoient du mot fatum.

Fatum est un terme fort en usage parmi les anciens philosophes. Il vient de fando, parler, & signifie proprement la même chose que effatum, c'est - à - dire mot, decret prononcé par Dieu, ou une déclaration fixe par laquelle la Divinité a reglé l'ordre

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