ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"867"> contemnere, est ne faire aucun cas d'une chose: dépriser, depretiare, dans la basse latinité, & dans Cicéron deprimere, c'est ôter du prix, du mérite, de la valeur d'une chose: mépriser dit donc infiniment plus que dépriser. Un acheteur peut dépriser une bonne marchandise que le vendeur prise trop haut. On peut dépriser les choses au - delà de l'équité, mais on méprise les vices bas & honteux. On déprise souvent les choses les plus estimables, mais on ne sauroit les mépriser. Tout le monde méprise la sordide avarice, & quelques gens seulement déprisent les avantages de la science; le premier sentiment est fondé dans la nature, l'autre est une folle vengeance de l'ignorance. En vain une parodie tenteroit de jetter du ridicule sur une belle scene de Corneille; tous ses traits ne sauroient la dépriser. En vain s'attache - t - on quelquefois à dépriser certaines personnes, pour faire croire qu'on les méprise; cette affectation est au contraire le langage de la jalousie, un chagrin de ne pouvoir mépriser ceux contre lesquels on déclame avec hauteur. La grandeur d'ame méprise la vengeance; l'envie s'efforce à dépriser les belles actions; l'émulation les prise, les admire, & tâche de les imiter.

Notre langue dit estimer & estime, mépriser & mépris; mais elle ne dit que dépriser, & n'a point adopté dépris. Cependant ce substantif nous manque dans quelques occasions où il seroit nécessaire, pour désigner le sentiment qui tient le milieu entre l'estime & le mépris, & pour exprimer comme fait le verbe cette différence. Par exemple, le dépris des richesses, des honneurs, &c. seroit un terme plus juste, plus exact, que celui de mépris des richesses, des honneurs, &c. que nous employons, parce que le mot de méptis ne doit tomber que sur des choses basses, hontemes, & que ni les richesses ni les honneurs ne sont point dans ce cas, quoiqu'on puisse les trop estimer & les priser au - delà de leur valeur. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

DÉPURATION (Page 4:867)

DÉPURATION, s. f. (Pharm.) ce terme qui est proprement synonyme de purification, de clarification, est cependant particulierement consacré pour les sues exprimes des plantes & des fruits.

La dépuration se fait pour séparer du suc exprimé, ou la partie colorante verte de la plante, ou une partie du parenchime du fruit, qui s'y sont mêlées & qui le troublent.

La dépuration ordinaire des sucs des fruits, comme coings, oranges, citrons, groseilles, &c. se fait par défecation. Voyez Défécation.

Quant au suc des plantes, la dépuration s'en fait par divers moyens. Les sucs des plantes purement extractives, par exemple, c'est - à - dire de celles qui no contiennent aucun principe volatil, se dépurent en leur faisant prendre un bouillon, qui sur le champ amene sur la liqueur les parties hétérogenes ou non dissoutes qui la troubloient; & il n'est plus question alors que de les en séparer, en versant le tout sur une étamine (voyez Étamine). Si au contraire les plantes étoient aromatiques ou alkalines, il faudroit avoir recours à la défécation (voy. Défécation), ou bien à la filtration (voyez Filtration). Voyez attssi Suc de plantes.

DÉPUTATION (Page 4:867)

DÉPUTATION, s. f. (Hist. mod.) est l'envoi de quelques personnes choisies d'une compagnie ou d'un corps, vers un prince ou à une assemblée, pour traiter en leur nom ou poursuivre quelqu'affaire. Voyez Député.

Les députations sont plus ou moins solennelles, suivant la qualité des personnes à qui on les fait, & les affaires qui en font l'objet.

Députation ne peut point être proprement appliqué à une seule personne envoyée auprès d'une autre pour exécuter quelque commission, mais seulement lorsqu'il s'agit d'un corps. Le parlement en An<cb-> gleterre députe un orateur & six membres pour présenter sés adresses au roi. Le chapitre députe deux chanoines pour solliciter ses affaires au conseil.

En France l'assemblée du clergé nomme des députés pour complimenter le Roi. Le parlement fait aussi par députés ses remontrances au souverain; & les pays d'états, Languedoc, Bourgogne, Artois, Flandres, Bretagne, &c. font une députation vers le Roi à la fin de chaque assemblée. Chambers. (G)

Députation (Page 4:867)

Députation, (Histoire mod.) sorte d'assemblée des états de l'empire, différente des dietes. C'est un congrès où les députés ou commissaires des princes & états de l'empire discutent, reglent & concluent les choses qui leur ont été renvoyées par une diete; ce qui se fait aussi quand l'électeur de Mayence, au nom de l'empereur, convoque les députés de l'empire, à la priere des directeurs d'un ou de plusieurs cercles, pour donner ordre à des affaires, ou pour assoupir des contestations auxquelles ils ne sont pas eux - mêmes en état de remédier.

Cette députation ou forme de regler les affaires, fut instituée par les états à la diete d'Augsbourg en 1555. On y nomma alors pour commissaires perpétuels celui que l'empereur y envoyeroit, les députés de chaque électeur, excepté celui du roi de Boheme, parce qu'il ne prenoit part aux affaires de l'empire, qu'en ce qui concernoit l'élection d'un empereur ou d'un roi des Romains; mais les choses ont changé à cet égard depuis l'empereur Joseph. On y admet aussi ceux de divers princes, prélats & villes impériales. Chaque député donne son avis à part, soit qu'il soit de la chambre des électeurs, ou de celle des princes. Que si les sufsrages de l'une & de l'autre chambre s'accordent avec celui du commissaire de l'empereur. alors on conclud, & l'on forme un résultat qui se nomme constitution, comme on fait dans les dietes; mais une seule chambre qui s'accorde avée le commissaire de l'empereur, ne peut pas faire une cenclusion, si l'autre est d'un avis contraire. Heiss. hist. de l'Empire, tome III. (G)

DÉPUTE, AMBASSADEUR, ENVOYÉ (Page 4:867)

* DÉPUTE, AMBASSADEUR, ENVOYÉ. L'ambassadeur & l'envoyé parlent au nom d'un souverain, dont l'ambassadeur représente la personne, & dont l'envoyé n'explique que les sentimens. Le député n'est que l'interprete & le représentant d'un corps particulier, ou d'une société subalterne. Le titre d'ambassadeur se présente à notre esprit avec l'idée de magnificence; celui d'envoyé, avec l'idée d'habileté; & celui de député, avec l'idée d'élection. On dit le député d'un chapitre, l'envoyé d'une république, l'ambassadeur d'un souverain.

Député (Page 4:867)

Député, adj. pris subst. (Hist. mod.) est une ou plusieurs personnes envoyées ou députées au nom & en faveur d'une communauté. Voyez Député.

Plusieurs provinces de France envoyent tous les ans des députés au Roi, pour lui présenter le cahier des états. Ces députés sont toûjours au nombre de trois; un pour le clergé, l'autre pour la noblesse, & le dernier pour le peuple ou le tiers - état. Le député du clergé porte toûjours la parole.

Dans toutes les villes de Turquie il y a toûjours des députés, pour traiter ainsi avec les officiers du grand - seigneur, des impôts & de toutes leurs autres affaires. Ces députés sont trois ou quatre des plus riches & des plus considérables d'entre les bourgeois.

Nous avons de même en France des députés du Commerce, qui sont des négocians extremement versés dans cette matiere, résidans à Paris, de la part des principales villes maritimes & commercantes du royaume, telles que Nantes, Bordeaux, Lyon, avec des appointemens de la part de ces villes, pour veiller aux intérêts & poursuivre les affaires de ces négocians au conseil du Commerce. [p. 868]

Député, chez les Anglois, ne suppose souvent qu'une commission ou emploi, & non une dignité; ensorte qu'on s'en sert indifféremment pour un vice ou lieutenant. Voyez Lieutenant.

Chez les anciens, deputatus a premierement été appliqué aux Armuriers ou ouvriers que l'on employoit dans les forges à fabriquer les armes, &c. & secondement à ces hommes actifs qui suivoient l'armée, & qui étoient chargés de retirer de la mêlée & de soigner les blessés.

Deputatus, *D*E*P*O*G*T*A*T*O*S, étoit aussi dans l'église de Constantinople un officier subalterne, dont les fonctions étoient d'aller chercher les personnes de condition auxquelles le patriarche vouloit parler, & d'empêcher la presse sur le passage de ce prélat.

Il paroît que cet officier étoit une especé d'huissier, qui étoit outre cela chargé du soin des ornemens sacrés; en quoi son office ressembloit en quelques parties à celui de sacristain. Chambers & Trév. (G)

Députés du Clergé (Page 4:868)

Députés du Clergé: ils sont tirés tant du premier que du second ordre, qui dans les assemblées de ce corps représentent les provinces ecclésiastiques, & en stipulent les intérêts: ceux de l'université ou des cours souveraines vont au lieu de la députation présenter le voeu de leur ordre ou compagnie: ainsi après la victoire de Fontenoy, le Roi fut complimenté par des députés de toutes les cours, souveraines, qui se rendirent pour cet effet au camp devant Tournay. (G)

Député du Tiers - état (Page 4:868)

Député du Tiers - état, (Histoire mod.) nous traduisons ainsi le mot anglois commoner; nom qu'on donne aux membres de la chambre des communes, en opposition à celui de pair ou de seigneur, que l'on donne aux membres de la chambre - haute. Ces députés peuvent être choisis parmi toutes sortes de personnes au - dessous du rang de baron, c'est - à - dire parmi les chevaliers, les écuyers, les gentilshommes, les fils de la noblesse, &c. Voyez chacun de mots sous son propre article, Chevalier, Écuyer, &c. (G)

Député du Commerce (Page 4:868)

Député du Commerce, (Comm.) c'est un marchand, négociant, faisant actuellement le commerce, ou qui l'a exercé pendant plusieurs années, qui est élû à la pluralité des voix ou par le scrutin dans l'assemblée générale des chambres particulieres de Commerce établies dans quelques - unes des principales villes de France, pour assister au nom de la chambre dont il est député, au bureau général du Commerce établi à Paris, ou en poursuivre les affaires au conseil royal de Commerce.

Il n'y a que le député des états de la province de Languedoc qui soit dispensé de la profession actuelle du négoce, ou du moins exercée pendant long - tems; le Roi ayant trouvé bon que le syndic des états en tour de député à la cour, de quelque condition qu'il se trouve, puisse aussi faire les fonctions de député de la chambre du Commerce de la province.

Il y a treize députés du Commerce; savoir deux de Paris, & un de chacune des villes de Lyon, Roüen, Bordeaux, Marseille, la Rochelle, Nantes, Saint - Malo, Lille, Bayonne, Dunkerque, & celui de la province de Languedoc.

Les appointemens de ces députés du Commerce ne sont pas les mêmes pour ceux de toutes les villes; car celui de Lyon, par exemple, a 8000 liv. celui de Roüen en a autant: & dans la plûpart des autres chambres les appointemens de ces députés sont fixés plus ou moins haut, à la volonté du Roi. Dictionn. de Comm. & de Trév. & Regl. du Comm. (G)

DÉRAC (Page 4:868)

DÉRAC, s. m. (Histoire anc.) c'étoit l'ancienne coudée des Egyptiens & même des Hébreux. Gréaves dans son traité du pié romain, l'évalue à 1824 milliemes du pié de Langres.

DÉRADER (Page 4:868)

DÉRADER, v. act. (Mar.) se dit d'un vaisseau que le gros tems force de quitter la rade où il étoit mouillé, en le faisant chasser sur son ancre. (Z)

DÉRANGER (Page 4:868)

DÉRANGER, DÉMAILLER LA BONNETTE, (Marine.) c'est - à - dire déboutonner la bonnette du corps de la voile.

DÉRAPER (Page 4:868)

DÉRAPER, v. n. (Marine.) se dit de l'ancre qui quitte le fond où elle étoit mouillée, soit qu'on la leve pour appareiller, soit qu'un mauvais tems tourmente le vaisseau, & roidisse assez le cable pour le forcer de quitter le fond.

DERAS (Page 4:868)

DERAS, (Géograph. mod.) ville de Perse en Asie. Long. 79. 30. lat. 31. 32.

DÉRAYURE (Page 4:868)

* DÉRAYURE, s. f. (OEconom. rustiq.) le dernier sillon d'un champ, celui qui le distingue d'un champ voisin, & qui leur est commun à l'un & à l'autre

DERBENT (Page 4:868)

DERBENT, (Géog. mod.) ville de Perse en Asie; elle est située au pié du Caucase, proche la mer Caspienne. Lat. 42. 8. long. 67. 35.

DERBY (Page 4:868)

DERBY, (Géog. mod.) voyez DARBY.

DERBISHIRE (Page 4:868)

DERBISHIRE, (Géog. mod.) province d'Angleterre, qui a Derby pour capitale.

DERCÉTO (Page 4:868)

* DERCÉTO, s. f. (Myth.) idole moitié femme & moitié poisson, adorée dans la Palestine: les uns la confondent avec Dagon, d'autres avec Atergatis.

DERHEM (Page 4:868)

DERHEM, s. m. (Comm.) petit poids de Perse qui vaut la cinquieme partie d'une livre; il n'en faut pas tout - à - fait trois cents pour faire le batman de Tauris. Les Persans regardent le derhem comme leur dragme. Voyez Batman. Dictionn. de Comm. & de Trév. & Dish. (G)

DÉRIBANDS (Page 4:868)

DÉRIBANDS, s. m. pl. (Comm.) toiles de coton de différentes longueurs & largeurs, qui viennent des Indes orientales en pieces de cinq & neuf aulnes. Voyez le dictionn. de Comm.

DÉRIVATIF (Page 4:868)

DÉRIVATIF, adj. m. terme de Medecine, par lequel on exprime un moyen de procurer la dérivation des humeurs vers une partie plus que vers une autre. On dit une saignée dérivative, un purgatif dérivatif, un bain, un topique dérivatif. Voyez Dérivation, Saignée. (d)

Dérivatif (Page 4:868)

Dérivatif, terme de Commerce. Voy. Dérivé, qui est plus en usage.

DÉRIVATION (Page 4:868)

DÉRIVATION, s. f. terme de Grammaire; c'est un terme abstrait pour marquer la descendance, &, pour ainsi dire, la généalogie des mots. On se trompe souvent sur la dérivation des mots.

Dérivé, ée, part. pass. de dériver, terme de Grammaire: ce mot se prend substantivement, comme quand on dit le dérivé suppose un autre mot dont il dérive. On appelle dérivé, un mot qui vient d'un autre qu'on appelle primitif. Par exemple, mortalité est dérivé de mort, légiste de lex. Ce mot dérivé vient lui - même de rivus, ruisseau, source, fontaine où l'on puise. Notre poésie ne souffre pas la rime du dérivé avec le primitif, comme d'ennemi avec ami. (F)

Dérivation (Page 4:868)

Dérivation, terme de Medecine, par lequel on exprime le cours des humeurs qui sont détournées d'une partie vers une autre, où elles se portent en plus grande abondance, respectivement à l'état naturel; en sorte que celle - ci en soit plus chargée, à proportion de ce que celle - là n'en reçoit point: ainsi la dérivation est opposée à la révulsion. Voyez Révulsion.

L'un & l'autre terme sont employés particulierement pour donner l'idée des effets de la saignée, au moyen de laquelle le sang se portant par les lois d'Hydraulique observées dans la machine humaine, vers l'endroit où il y a moins de résistance, est dérivé des autres parties voisines, & des rameaux mêmes, vers le tronc du vaisseau ouvert. Il s'est fait une grande révolution dans la doctrine de la dérivation & de la révulsion, à l'égard des saignées, sur<pb->

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