ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"725"> thenticité. Erasme & plusieurs avec lui la révoquerent en doute, sur - tout M. le Conte dans sa préface sur le decret de Gratien, voyez l'article Decret; de même Antoine Augustin, quoiqu'il se soit servi de ces fausses decrétales dans son abregé du droit canonique, insinue néanmoins dans plusieurs endroits qu'elles lui sont suspectes; & sur le capitule 36 de la collection d'Adrion I, il dit expressément que l'épître de Damase à Aurelius de Cartage, qu'on a mise à la tête des conciles d'Afrique, est regardée par la plúpart comme apocryphe, aussi - bien que plusieurs épîtres de papes plus anciens. Le cardinal Bellarmin qui les défend dans son traité de romano pontifice, ne nie pas cependant lib. II. cap. xjv. qu'il ne puisse s'y être glissé quelques erreurs, & n'ose avancer qu'elles soient d'une autorité incontestable. Le cardinal Baronius dans ses annales, & principalement ad annum 865, num. 8 & 9, avoue de bonne foi qu'on n'est point sûr de leur authenticité. Ce n'étoit encore là que des conjectures; mais bien - tôt on leur porta de plus rudes atteintes: on ne s'arrêta pas à telle ou telle piece en particulier, on attaqua la compilation entiere: voici sur quels fondemens on appuya la critique qu'on en fit. 1°. Les decrétales rapportées dans la collection d'Isidore, ne sont point dans celles de Denis le Petit, qui n'a commencé à citer les decrétales des souverains pontifes qu'au pape Sirice. Cependant il nous apprend lui - même dans sa lettre à Julien, prêtre du titre de Ste Anastase, qu'il avoit pris un soin extrème à les recueillir. Comme il faisoit son séjour à Rome, étant abbé d'un monastere de cette ville, il étoit à portée de fouiller dans les archives de l'église romaine; ainsi elles n'auroient pû lui échapper si elles y avoient existé. Mais si elles ne s'y trouvoient pas, & si elles ont été inconnues à l'église romaine elle - même à qui elles étoient favorables, c'est une preuve de leur fausseté. Ajoûtez qu'elles l'ont été également à toute l'Eglise; que les peres & les conciles des huit premiers siecles, qui alors étoient fort fréquens, n'en ont fait aucune mention. Or comment accorder un silence aussi universel avec leur authenticité? 2°. La matiere de ces épîtres que l'imposteur suppose écrite; dans les premiers siecles, n'a aucun rapport avec l'état des choses de ces tems - là: on n'y dit pas un mot des persécutions, des dangers de l'Eglise, presque rien qui concerne la doctrine: on n'y exhcrte point les fideles à confesser la foi: on n'y donne aucune consolation aux martyrs: on n'y parle point de ceux qui sont tombés pendant la persécution, de la pénitence qu'ils doivent subir. Toutes ces choses néanmoins étoient agitées alors, & sur - tout dans le troisieme siecle, & les véritables ouvrages de ces tems - là en sont remplis: enfin, on ne dit rien des hérétiques des trois premiers siecles, ce qui prouve évidemment qu'elles ont été fabriquées postérieurement. 3°. Leurs dates sont presque toutes fausses: leur auteur suit en géneral la chronologie du livre pontifical, qui, de l'aveu de Baronius, est très - fautive. C'est un indice pressant que cette collection n'a été composée que depuis le livre pontifical. 4°. Ces fausses decrétales dans tous les endroits des passages de l'Ecriture, employent toûjours la version des livres saints appellée vulgate, qui, si elle n'a pas été faite par S. Jérome, a du moins pour la plus grande partie été revûe & corrigée par lui: donc elles sont plus résentes que S. Jérome. 5°. Toutes ces lettres sont écrites d'un même style, qui est très - barbare, & en cela très - conforme à l'ignorance du huitieme siecle. Or il n'est pas vraissemblable que tous les différens papes dont elles portent le nom, ayent affecté de conserver le même style. Il n'est pas encore vraissemblable qu'on ait écrit d'un style aussi barbare dans les deux premiers siecles, quoique la pureté de la lan<cb-> gue latine eût déjà souffert quelqu'altération. Nous avons des auteurs de ces tems - là qui ont de l'élégance, de la pureté, & de l'énergie, tels sont Pline, Suétone, & Tacite. On en peut conclure avec assûrance, que toutes ces decrétales sont d'une même main, & qu'elles n'ont été forgées qu'après l'irruption des barbares & la décadence de l'empire romain. Outre ces raisons générales, David Blondel nous fournit dans son faux Isidore de nouvelles preuves de la fausseté de chacune de ces decrétales; il les a toutes examinées d'un oeil severe, & c'est à lui principalement que nous sommes redevables des lumieres que nous avons aujourd'hui sur cette compilation. Le P. Labbe savant Jésuite, a marché sur ses traces dans le tome I, de sa collection des conciles. Ils prouvent tous deux sur chacune de ces pieces en particulier, qu'elles sont tissues de passages de papes, de conciles, de peres, & d'auteurs plus récens que ceux dont elles portent le nom; que ces passages sont mal cousus ensemble, sont mutilés & tronqués pour mieux induire en erreur les lecteurs qui ne sont pas attentifs. Ils y remarquent de très - fréquens anacronismes; qu'on y fait mention de choses absolument inconnues à l'antiquité: par exemple, dans l'épître de S. Clément à S. Jacques frere du Seigneur, on y parle des habits dont les prêtres se servent pour célebrer l'office divin, des vases sacrés, des calices, & autres choses semblables qui n'étoient pas en usage du tems de S. Clément. On y parle encore des portiers, des archidiacres, & autres ministres de l'Eglise, qui n'ont été établis que depuis. Dans la premiere decrétale d'Anaclet, on y décrit les cérémonies de l'Eglise d'une façon qui alors n'étoit point encore usitée: on y fait mention d'archevêques, de patriarches, de primats, comme si ces titres étoient connus dès la naissance de l'Eglise. Dans la même lettre on y statue qu'on peut appeller des juges séculiers aux juges ecclésiastiques; qu'on doit reserver au saint siége les causes majeures, ce qui est extrèmement contraire à la discipline de ce tems. Enfin chacune des pieces qui composent le recueil d'Isidore, porte avec elle des marques de supposition qui lui sont propres, & dont aucune n'a échappé à la critique de Blondel & du P. Labbe: nous ne pouvons mieux faire que d'y renvoyer le lecteur.

Au reste les fausses decrétales ont produit de grandes altérations & des maux pour ainsi dire irréparables dans la discipline ecclésiastique; c'est à elles qu'on doit attribuer la cessation des conciles provinciaux. Autrefois ils étoient fort fréquens; il n'y avoit que la violence des persécutions qui en interrompît le cours. Si - tôt que les évêques se trouvoient en liberté, ils y recouroient, comme au moyen le plus efficace de maintenir la discipline: mais depuis qu'en vertu des fausses decrétales la maxime se fut établie de n'en plus tenir sans la permission du souverain pontife, ils devinrent plus rares, parce que les évêques souffroient impatiemment que les légats du pape y présidassent, comme il étoit d'usage depuis le douzieme siecle; ainsi on s'accoûtuma insensiblement à n'en plus tenir. En second lieu, rien n'étoit plus propre à fomenter l'impunité des crimes, que ces jugemens des évêques réservés au saint siége. Il étoit facile d'en imposer à un juge éloigné, difficile de trouver des accusateurs & des témoins. De plus, les évêques cités à Rome n'obéissoient point, soit pour cause de maladie, de pauvreté ou de quelqu'autre empêchement; soit parce qu'ils se sentoient coupables. Ils méprisoient les censures prononcées contr'eux; & si le pape, après les avoir déposés, nommoit un successeur, ils le repoussoient à main armée; ce qui étoit une source intarissable de rapines, de meurtres & de séditions dans l'état, de troubles & de scandales dans l'Eglise. Troisiemement, [p. 726] c'est dans les fausses decrétales que les papes ont puisé le droit de transférer seuls les évêques d'un siége à un autre, & d'ériger de nouveaux évêchés. A l'égard des translations, elles étoient en général sévérement défendues par les canons du concile de Sardique & de plusieurs autres conciles: elles n'étoient tolérées que lorsque l'utilité évidente de l'église les demandoit, ce qui étoit fort rare; & dans ce cas elles se faisoient par l'autorité du métropolitain & du concile de la province. Mais depuis qu'on a suivi les fausses decrétales, elles sont devenues fort fréquentes dans l'église latine. On a plus consulté l'ambition & la cupidité des évêques, que l'utilité de l'Eglise; & les papes ne les ont condamnées que lorsqu'elles étoient faites sans leur autorité, comme nous voyons dans les lettres d'Innocent III. L'érection des nouveaux évêchés, suivant l'ancienne discipline, appartenoit pareillement au concile de la province, & nous en trouvons un canon précis dans les conciles d'Afrique; ce qui étoit conforme à l'utilité de la religion & des fideles, puisque les évêques du pays étoient seuls à portée de juger quelles étoient les villes qui avoient besoin d'évêques, & en état d'y placer des sujets propres à remplir dignement ces fonctions. Mais les fausses decrétales ont donné au pape seul le droit d'éiger de nouveaux évêchés; & comme souvent il est éloigné des lieux dont il s'agit, il ne peut être instruit exactement, quoiqu'il nomme des commissaires & fasse faire des informations de la commodité & incommodité, ces procédures ne suppléant jamais que d'une maniere très - imparfaite à l'inspection oculaire & à la connoissance qu'on prend des choses par soi - même. Enfin une des plus grandes plaies que la discipline de l'Eglise ait reçue des fausses decrétales, c'est d'avoir multiplié à l'infini les appellations au pape: les indociles avoient par - là une voie sûre d'éviter la correction, ou du moins de la différer. Comme le pape étoit mal informé, à cause de la distance des lieux, il arrivoit souvent que le bon droit des parties étoit lésé; au lieu que dans le pays même, les affaires eussent été jugées en connoissance de cause & avec plus de facilité. D'un autre côté, les prélats rebutés de la longueur des procédures, des frais & de la fatigue des voyages, & de beaucoup d'autres obstacles difficiles à surmonter, aimoient mieux tolérer les desordres qu'ils ne pouvoient réprimer par leur seule autorité, que d'avoir recours à un pareil remede. S'ils étoient obligés d'aller à Rome, ils étoient détournés de leurs fonctions spirituelles; les peuples restoient sans instruction, & pendant ce tems - là l'erreur ou la corruption faisoit des progrès considérables. L'église romaine elle - même perdit le lustre éclatant dont elle avoit joüi jusqu'alors par la sainteté de ses pasteurs. L'usage fréquent des appellations attirant un concours extraordinaire d'étrangers, on vit naître dans son sein l'opulence, le faste & la grandeur: les souverains pontifes qui d'un côté enrichissoient Rome, & de l'autre la rendoient terrible à tout l'univers chrétien, cesserent bientôt de la sanctifier. Telles ont été les suites funestes des fausses decrétales dans l'église latine; & par la raison qu'elles étoient inconnues dans l'église greque, l'ancienne discipline s'y est mieux conservée sur tous les points que nous venons de marquer. On est effrayé de voir que tant d'abus, de relâchement & de desordres, soient nés de l'ignorance profonde où l'on a été plongé pendant l'espace de plusieurs siecles: & l'on sent en même tems combien il importe d'être éclairé sur la critique, l'histoire, &c. Mais si la tranquillité & le bonheur des peuples, si la paix & la pureté des moeurs dans l'Eglise, se trouvent si étroitement liées avec la culture des connoissances humaines, les princes ne peuvent témoigner trop de zele à protéger les Lettres & ceux qui s'y adonnent, comme étant les défenseurs nés de la religion & de l'état. Les sciences sont un des plus solides remparts contre les entreprises du fanatisme, si préjudiciables à l'un & à l'autre, & l'esprit de méditatation est aussi le mieux disposé à la soumission & à l'obéissance. Cet article est de M. Bouchaud, docteur aggrégé de la faculté de Droit.

DECRETE (Page 4:726)

DECRETE, adj. (Jurispr.) se dit communément de celui contre qui on a ordonné un decret. On dit, par exemple, l'accusé a été decrété de prise de corps.

En Normandie le decrété c'est la partie saisie, c'est - à - dire celui sur qui on poursuit l'adjudication par decret d'un bien saisi réellement. Coûtume de Normandie, art. 567. (A)

DECRETER (Page 4:726)

DECRETER, v. act. (Jurispr.) signifie ordonner un decret. On decrete l'accusé d'assigné pour être oui, ou d'ajournement personnel, ou de prise de corps. (A)

Decreter les informations, c'est ordonner un decret sur le vû des charges & informations. (A)

Decreter une coûtume, c'est l'autoriser, la revêtir de lettres patentes pour lui donner force de loi. (A)

DECRETISTE (Page 4:726)

DECRETISTE, s. m. (Histoire mod.) canoniste chargé d'expliquer dans une école de Droit à de jeunes éleves dans cette partie de la Jurisprudence, le decret de Gratien.

Decretiste (Page 4:726)

Decretiste, (Jurisp.) dans quelques provinces, comme en Languedoc, est celui qui poursuit la vente & adjudication par decret d'un bien saisi réellement. (A)

DECRI (Page 4:726)

DECRI, s. m. (Comm.) défenses faites par les édits, ordonnances & déclarations du Roi, par arrêt du conseil, ou autorité des juges à qui la connoissance en appartient, d'exposer en public & de se servir dans le Commerce de certaines especes de monnoie d'or, d'argent, de billon ou de cuivre. Voy. Monnoie.

Décri se dit aussi des défenses faites par la même autorité, de fabriquer, vendre ou porter certaines étoffes, dorures & autres choses semblables, comme le décri des toiles peintes, mousselines & étoffes des Indes, &c. Dict. du Comm. & de Trév. (G)

DECRIE (Page 4:726)

DECRIE, adj. (Comm.) ce qui est défendu par autorité supérieure. Les toîles, étoffes & autres marchandises étrangeres qui sont décriées, sont sujettes à confiscation, quelques - unes même à être brûlées. Dict. du Comm.

DECRIER (Page 4:726)

DECRIER, v. act. (Comm.) défendre le commerce de quelques marchandises, ou l'exposition en public de quelques especes de monnoies. Voyez Decri. Dict. du Comm. (G)

DECRIRE (Page 4:726)

DECRIRE, verbe act. On dit en Géométrie qu'un point décrit une ligne droite ou courbe par son mouvement, lorsqu'on suppose que ce point se meut, & trace en se mouvant la ligne droite ou courbe dont il s'agit On dit de même qu'une ligne par son mouvement décrit une surface, qu'une surface décrit un solide. Voyez Description, Génération. (O)

DECRIVANT (Page 4:726)

DECRIVANT, adj. terme de Géométr. qui signifie un point, une ligne ou une surface dont le mouvement produit une ligne, une surface, un solide. Ce mot n'est plus guere en usage; on se sert le plus ordinairement du mot générateur. Voyez Générateur ou Genération. Voyez aussi Directrice. (O)

DECROCHER (Page 4:726)

DECROCHER, v. act. terme de Fondeur de caracteres d'Imprimerie; c'est séparer la lettre du moule dans lequel elle a été fondue. Pour cet effet l'ouvrier se sert d'un des crochets de fer qui sont ou bout du moule: l'ayant ouvert, l'ouvrier accroche la lettre par le jet, & il la fait tomber sur le banc qui est vis - à - vis de lui; après quoi il referme le moule, fond une nouvelle lettre, & recommence l'opération.

Décrocher (Page 4:726)

Décrocher, (Hydraul.) On décroche une ma<pb->

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