ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"839"> que les intervalles des feuilles dont la dent est composée, ce qui rend ces dents plus propres à moudre & à broyer que si elles étoient parfaitement polies; de même que l'on a soin d'entretenir des inégalités dans les meules de moulin, en les piquant de tems en tems; comme ces trous pénetrent assez avant dans la dent, ils ont toûjours assez de profondeur pour entretenir ces inégalités, quoique la dent s'use un peu.

La structure des dents de l'homme fait connoître qu'il peut vivre de toutes sortes d'alimens; il y a à chaque mâchoire quatre incisives, deux canines, & dix molaires. Ses incisives sont taillées en biseau, & elles sont tranchantes comme celles des animaux carnaciers, pour déchirer & couper les viandes.

Ses dents canines sont plus rondes, plus épaisses, & plus solides que les incisives; leur extrémité est taillée en pointe, & leurs racines sont un peu plus longues & enchâssées plus avant dans celles des incisives.

Les dents canines des animaux sont beaucoup plus longues que leurs incisives: elles passent ordinairement les unes à côté des autres; & il y a dans chaque mâchoire des espaces vuides pour en loger les bouts, ce qui n'est pas ainsi dans l'homme; cependant la figure des dents canines de l'homme les rend très - propres à percer & à ronger les corps durs; d'où vient que l'on porte naturellement sous ces dents les os qu'on veut ronger & le corps qu'on veut percer: & en cela l'homme tient encore des animaux carnaciers.

Les molaires dans l'homme sont plates & quarrées: leurs bases ont des éminences & des cavités qui sont reçues les unes dans les autres quand les mâchoires sont fermées; & la mâchoire ayant ses appuis formés de têtes plates enchassées dans des cavités presque rondes & fort larges, elle a la liberté de remuer en tous sens: en tout cela l'homme ressemble aux animaux qui vivent de grain & d'herbe.

Cette articulation permet aussi aux dents incisives de rencontrer tantôt à la maniere des tenailles, & tantôt à la maniere des ciseaux, les dents d'enbas pouvant aisément couler sous celles d'en - haut, & pouvant aussi passer un peu par - dessus; & en cela l'homme ressemble aux animaux qui rongent les fruits & les racines.

Le singe est celui de tous les animaux dont les visceres & toutes les parties intérieures approchent le plus de celles de l'homme; c'est aussi celui dont les dents sont le plus semblables à celles de l'homme: il a quatre incisives à chaque mâchoire comme l'homme, & il a de même les dents plates & quarrées; aussi mange - t - il de toute sorte d'alimens de même que l'homme. Pour ce qui est des canines dans la plûpart des singes, elles sont longues en maniere de défenses, & il y a des espaces vuides en chaque mâchoire pour les loger; en quoi le singe ressemble aux animaux carnaciers. Cependant M. Duverney a fait voir quelques têtes de singes dont les dents canines n'étoient pas plus longues que les incisives, y ayant seulement dans chaque mâchoire des espaces vuides pour les loger: il a encore montré la tête d'un petit singe, où les dents canines étoient rangées & disposées comme à l'homme.

Les mâchoires de l'éléphant n'ont point de dents incisives ni de canines: elles ont deux molaires de chaque côté: la base par où ces dents se touchent en mâchant est fort large; elle est aussi très - égale & très lisse, parce que ces dents s'usent par leur frottement mutucl. Chaque dent paroît composée de plusieurs feuilles de substance blanche, qui sont collées & jointes ensemble par une matiere grisâtre; elles sont de grandeur différente à la mâchoire d'en - haut: celles de devant sont les plus longues, au lieu qu'à la mâchoire d'en - bas les plus longues sont celles de derriere. Dans la mâchoire de l'éléphant dissequée par MM. de l'académie royale des Sciences, lequel avoit environ dix - sept ans, on a trouvé les germes des dents qui devoient repousser. La mâchoire inférieure de cet animal est fort pesante, & beaucoup plus courte que la supérieure.

Les défenses de l'éléphant sont appellées dents par quelques auteurs; mais on peut dire que l'origine & la situation de ces défenses décident la question & ne laissent aucun doute sur ce sujet; car l'os dont elles sortent est distinct & séparé de celui d'où sortent les véritables dents: leur substance a aussi beaucoup plus de rapport à celle des cornes qu'à celle des dents; car l'ivoire qui n'est autre chose que les défenses de l'éléphant, est aisé à couper & à travailler, & il s'amollit au feu de même que la corne; au lieu que les dents ne s'amollissent point au feu, & qu'elles sont d'une si grande dureté que les burins les plus tranchans n'y sauroient mordre: le seul rapport que ces défenses ont avec les dents, est qu'elles se nourrissent de la même maniere.

L'éléphant prend sa nourriture d'une maniere qui lui est particuliere.

L'homme se sert de ses mains pour porter les alimens à sa bouche; & les animaux à quatre piés se servent pour le même usage, ou de leurs levres, ou de leur langue, ou de leurs piés de devant: pour ce qui est de la boisson, l'homme pour la prendre se sert de ses mains; les chiens se servent de leur langues; les oiseaux de leur bec: mais les chevaux & les anes la tirent en suçant. L'éléphant ne prend rien immédiatement avec sa bouche, si ce n'est qu'on y jette quelque chose quand elle est ouverte; il se sert seulement de sa trompe qui lui tient lieu de main, & même, pour ainsi dire, de gobelet; car c'est par le moyen d'un rebord, en forme de petit doigt, qui est à l'extrémité de sa trompe, qu'il fait tout ce qu'on peut faire avec la main: il dénoue des cordes, il prend avec adresse les choses les plus petites, & il en enleve de fort pesantes quand il peut y appliquer cerebord qui s'y attache fermement par la force de l'air que l'éléphant attire par sa trompe. C'est aussi en attirant l'air qu'il fait entrer sa boisson dans la cavité de sa trompe qui contient environ un demi - seau; ensuite recourbant en dessous l'extrémité de sa trompe, il la met fort avant dans sa bouche, & il y fait passer la liqueur que la trompe contient, la poussant à l'aide du souffle de la même haleine qui l'a attirée; aussi quand il prend l'herbe, dont il se nourrit, de même que de grain & de fruit, il l'arrache avec sa trompe, & il en fait des paquets qu'il fourre bien avant dans sa bouche.

Cette maniere si singuliere de prendre la nourriture est fondée sur la structure de la trompe & sur celle du nez. La trompe a tout de son long dans le milieu deux conduits qui vont en s'élargissant vers sa racine, afin que la liqueur qui y est contenue soit poussée dehors avec plus de force par le souffle de l'haleine, le retrécissement que ces conduits ont vers leur sortie augmentant ce mouvement: ces conduits sont environnés de fibres charnues qui forment diverses couches, & qui servent à l'alongement, à l'accourcissement, & aux différentes inflexions de la trompe: ils sont comme deux narines prolongées qui s'ouvrent dans les deux cavités du crane, où sont enfermés les organes immédiats de l'odorat, & qui sont situées vers la racine de cette trompe. De - là il est aisé de voir que l'usage de ces conduits est de donner passage à l'air pour la respiration & pour l'odorat, & de recevoir la boisson pour la porter dans la bouche de l'éléphant par [p. 840] le même endroit par où la trompe l'a reçue, ainsi qu'il a été dit.

Dans les autres animaux, les narines sont ordinairement proches & au - dessus de l'endroit par où l'animal reçoit sa nourriture, afin que la bonne ou la mauvaise odeur des alimens le détermine à les prendre ou à les rejetter. L'éléphant qui a l'ouverture des narines à la racine de sa trompe, & bien loin de sa bouche, n'a dû rien prendre qu'avec sa trompe, autrement il seroit en danger d'avaler ce qui lui seroit nuisible; mais la trompe avec laquelle il prend les choses dont il a besoin, étant sensible aux bonnes & aux mauvaises odeurs, cet animal a l'avantage de pouvoir sentir ce qu'il doit mettre dans sa bouche, pendant tout le tems qu'il employe à rouler & à tourner sa trompe autour de ce qu'il veut choisir & enlever.

On remplace les dents naturelles qui manquent à l'homme par des dents artificielles. On les fait ordinairement d'ivoire: mais comme l'ivoire jaunit bientôt dans la bouche, Fabricius conseille de les faire de l'os de la jambe d'un jeune taureau, qui conserve sa couleur blanche. Nos dentistes se servent des dents de cheval marin.

La coûtume de porter des dents d'ivoire, & de les attacher avec un fil d'or, est fort ancienne: Lucien & Martial en parlent comme d'une chose pratiquée parmi les Romains.

Guillemeau nous donne la composition d'une pâte pour faire des dents artificielles, qui ne jaunissent jamais: c'est de belle cire blanche fondue avec un peu de gomme élémi, où l'on ajoûte une poudre de mastic blanc, de corail, & de perle. (L)

Après avoir traité des différentes affections des dents en particulier, il est à - propos de ne pas omettre les présages que le medecin peut tirer des dents en général, par l'effet du vice des organes qui les font choquer entr'elles, craquer, grincer, sans que la volonté ait aucune part à ces mouvemens irréguliers, & par les changemens qu'elles éprouvent dans les maladies aiguës.

Hippocrate regarde comme un signe d'un délire prochain, les mouvemens convulsifs de la mâchoire inférieure, qui cause des grincemens de dents; lorsque cela n'arrive pas à un enfant, ou à une personne qui ait retenu depuis l'enfance l'habitude de grincer les dents. Si ce signe se joint au délire, il est absolument funeste; le malade touche à sa fin. Prosper Alpin confirme par sa propre expérience le jugement d'Hippocrate àcet égard. C'est aussi un très - mauvais signe, selon ce grand medecin, que les dents paroissent desséchées. Dans tous ces cas, le cerveau est considérablement affecté, desséché: ce qui ne peut avoir lieu que par la violence de la fievre & de la chaleur dont elle est accompagnée; le fluide nerveux qui se sépare alors est presque de nature ignée; les muscles les plus voisins de ce viscere éprouvent les premiers effets de l'altération des nerfs: ceux - ci agités, tiraillés par le liquide qu'ils contiennent, causent d'abord des secousses convulsives dans les muscles qui environnent la tête; elles sont plus sensibles dans ceux qui servent à mouvoir une partie libre qui n'est point pressée, comprimée par les corps ambians, telle que la mâchoire: cette sécheresse du cerveau est une suite de celle de la masse des humeurs, qui fait cesser toutes les secrétions dont elle ne peut pas fournir la matiere; c'est en conséquence que la bouche est âpre, brûlée: mais particulierement les dents sont noires, seches, parce qu'il ne se fait aucune séparation de salive pour les humecter. Un tel état ne peut qu'avoir les suites les plus fâcheuses, par l'altération générale qu'il suppose nécessairement dans toute l'oeconomie animale. (d)

Dents (Page 4:840)

Dents, (Maréchal.) les chevaux en ont de deux sortes; savoir 1°. les dents mâchelieres au nombre de vingt - quatre, dont douze sont à la mâchoire inférieure, six de chaque côté: & douze à la mâchoire supérieure, 6 de chaque côté: ces dents servent à mâcher les alimens. 2°. Les dents de devant ou incisives au nombre de douze; savoir six en - haut, & six enbas: celles qui sont tout - à - fait au - devant de la bouche, s'appellent les pinces; celles qui les cotoyent, les mitoyennes; & celles d'après, les coins: les crocs viennent entre les dents mâchelieres & les dents de devant. Voyez Crocs. Ces dents de devant servent à couper l'herbe & le foin, & elles sont éloignées des mâchelieres de quatre à cinq pouces: cet intervalle s'appelle la barre. Les dents de devant servent à faire connoître l'âge du cheval jusqu'à sept ans. Les dents de lait sont celles de devant qui poussent au cheval aussitôt qu'il est né, & tombent au bout d'un certain tems pour faire place à d'autres, que le cheval garde toute sa vie. Avoir la dent mauvaise, se dit d'un cheval qui mord ceux qui l'approchent. Mettre, pousser, prendre, jetter, percer, ôter ses dents; voyez ces mots à leurs lettres.

Un cheval dangereux du pié ou de la dent, doit être coupé, cela l'empêche de mordre & de ruer. Voyez Chatrer. (V)

Dent, Dentelé (Page 4:840)

Dent, Dentelé, (Botaniq.) on dit d'une feuille qu'elle est dentelée, quand elle est entourée dans son bord de petites échancrures appellées dents, & qui forme de la dentelle. (K)

Dent de chien (Page 4:840)

Dent de chien, dens canis, (Hist. nat. botan.) genre de plantes à fleurs liliacées, composées de sept pétales inclinées en bas & recoquillées en - dehors; le pistil sort du milieu de la fleur, & devient dans la suite un fruit arrondi, divisé en trois loges qui renferment des semences oblongues: ajoûtez aux caracteres de ce genre que la racine est charnue, & faite en forme de dent de chien. Tournefort, inst. rei herb. Voyez Plante. (I)

Dent de lion (Page 4:840)

Dent de lion, dens leonis, (Hist. nat. botaniq.) genre de plante à fleurs, composées de plusieurs demi - fleurons qui tiennent à des embryons, & qui sont entourés par le calice; ces embryons deviennent dans la suite des semences garnies d'une aigrette, rassemblées en un bouquet rond, & attachées sur la couche: ajoûtez aux caracteres de ce genre que les fleurs naissent sur des pédicules, qui sont creux pour l'ordinaire, & qui ne sont point branchus. Tournefort, inst. rei herb. Voy. Plante. (I)

Dent (Page 4:840)

Dent, se dit aussi, en Méchanique, des petites parties saillantes qui sont à la circonférence d'une roue, & par lesquelles elle agit sur les ailes de son pignon pour le faire tourner.

La figure des dents des roues est une chose essentielle, & à laquelle on doit faire beaucoup d'attention dans l'exécution des machines. On peut avoir parfaitement calculé le rapport des roues aux pignons, & en conséquence l'effet que doit faire telle ou telle puissance dans une machine; mais si la figure des dents des roues & des ailes des pignons sur lesquelles elles agissent, n'est pas telle qu'il en résulte un mouvement uniforme de ces pignons, c'est - à - dire que l'effort que font les roues pour les faire tourner, ne soit pas constamment le même, un pareil calcul n'apprendra rien du véritable effet de la machine: car l'effort des roues étant tantôt plus grand, tantôt plus petit, on ne pourra tabler que sur l'effet de la machine dans le cas le plus desavantageux; effet qui sera souvent très - difficile à connoître. On voit donc de quelle nécessité il est, que ces dents ayent une figure convenable. Cependant, quoiqu'il y ait plusieurs siecles que l'on fasse des machines où l'on employe des roues dentées, les Méchaniciens avoient entierement négligé ces considé<pb->

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