ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"833"> stitués n'en ont pas besoin. Tous les obstacles sont dans le noeud, toutes les solutions dans le dénouement. Dans la Comédie l'action finit heureusement par un trait de caractere. Et moi, dit l'Avare, je vais revoir ma chere cassette. J'aurois mieux fait, je crois, de prendre Célimene, dit l'Irrésolu. La tragédie qui n'est qu'un apologue devroit finir par un trait frappant & lumineux, qui en seroit la moralité; & nous ne craignons point d'en donner pour exemple cette conclusion d'une tragédie moderne, où Hécube expirante dit ces beaux vers:

Je me meurs: rois, tremblez, ma peine est légitime; J'ai chéri la vertu, mais j'ai souffert le crime.
Article de M. Marmontel.

DENRÉE (Page 4:833)

DENRÉE, (Hist. mod. & Jurisprud.) est une certaine mesure ou étendue de terre, usitée dans quelques pays, comme en Champagne. Ce terme vient du latin denarium, denier; d'où on a fait denariatoe, denrées; nom que l'on a donné à certaines marchandises, parce qu'on les achetoit au prix de quelques deniers. On a aussi donné ce nom, en quelques endroits, à une certaine quantité de terre, qui n'est ordinairement chargée que d'un ou deux deniers de cens ou redevance. La denrée de terre est une portion d'une plus grande mesure, qui contient plus ou moins de denrées selon l'usage du pays. Dans la prevôté de Vitry - le - François le journal ou journel de terre ne contient que six denrées: en d'autres endroits, comme dans le comté de Brienne, dans celui de Rosnay, & ailleurs, il en contient huit. La denrée est de 80 perches. Voyez le glossaire de Ducange, au mot Denariatoe. (A)

Denrées (Page 4:833)

Denrées, esculenta, s. f. pl. (Comm.) est le nom qu'on donne aux plantes propres à notre nourriture, comme artichaux, carotes, navets, panets, choux.

On peut distinguer de grosses & de menues denrées: les grosses, comme le blé, le vin, le foin, le bois; les menues, comme les fruits, les légumes, &c. Ce sont ordinairement les Regrattiers qui vendent les menues denrées. Les grosses ont des marchands considérables qui en font le négoce. Voyez le dictionn. du Comm. & Chambers. (G)

DENSE (Page 4:833)

DENSE, adj. (Phys.) ce mot est relatif. On dit en Physique qu'un corps est plus dense qu'un autre, lorsqu'il contient plus de matiere sous un même volume. Le mot dense s'employe pourtant quelquefois absolument, lorsqu'il s'agit des corps qui ont beaucoup plus de matiere que la plûpart des autres. Ainsi on dit que l'or, le mercure, le plomb, sont des corps denses: mais tout cela bien entendu, n'a qu'un sens relatif. Voyez Densité. (O)

DENSITÉ (Page 4:833)

DENSITÉ, s. f. (Physique.) est cette propriété des corps, par laquelle ils contiennent plus ou moins de matiere sous un certain volume, c'est - à - dire dans un certain espace. Ainsi on dit qu'un corps est plus dense qu'un autre, lorsqu'il contient plus de matiere sous un même volume. La densité est opposée à la rareté, Voyez Rareté & Condensation.

Par conséquent, comme la masse est proportionnelle au poids, un corps plus dense est d'une pesanteur spécifique plus grande qu'un corps plus rare; & un corps est d'autant plus dense, qu'il a une plus grande pesanteur spécifique. La densité & le volume des corps sont deux des points principaux sur lesquels sont appuyées les lois de la méchanique: c'est un axiome, que les corps d'une même densité contiennent une quantité de masse égale sous un même volume. Si les volumes de deux corps sont égaux, leurs densités sont comme leurs masses; par conséquent les densités de deux corps d'un égal volume, sont entr'elles comme leur poids. Si deux corps ont la même densité, leurs masses sont comme leurs volu<cb-> mes; & par conséquent les poids des corps de même densité, sont entr'eux comme leurs volumes. Les masses de deux corps sont entr'elles en raison composée de leurs densités & de leurs volumes: par conséquent leurs poids sont aussi entr'eux dans ce même rapport; & si leurs masses ou leurs poids sont les mêmes, leurs densités sont en raison inverse de leurs volumes. Les densités de deux corps sont entr'elles en raison composée de la directe de leurs masses & de l'inverse de leurs volumes. Toutes ces propositions sont aisées à démontrer par les équations suivantes. La densité d'un corps est le rapport de sa masse (c'est à - dire de l'espace qu'il occuperoit, s'il étoit absolument sans pores) à son volume, c'est - à - dire à l'espace qu'il occupe réellement. Donc nommant D la densité, M la masse, V le volume, on a D = M/V; donc pour un autre corps on a d = m/u; donc D : d : : M/V: m/u, & D V m = d u M; d'où l'on tire toutes les propositions précédentes. Voyez Masse.

Les Péripatéticiens définissent la densité une qualité secondaire, par laquelle un corps est plein de lui - même, ses parties étant adhérentes les unes aux autres sans aucun interstice. Ainsi la forme de la densité consiste, selon ces philosophes, dans l'adhérence immédiate que les parties ont entr'elles: c'est pour cela que Porphyre dans ses prédicamens définit un corps dense, celui dont les parties sont si près l'une de l'autre, qu'on ne peut interposer aucun corps entr'elles: mais il n'y a point de tel corps.

Ces philosophes attribuent ordinairement la cause de la densité au froid; Scaliger & quelques autres l'attribuent à l'humidité. Ne seroit - il pas plus sage d'avoüer son ignorance? Plusieurs d'entre les philosophes modernes prétendent que la petitesse des parties des corps contribue beaucoup à leur densité, parce que les pores deviennent par ce moyen plus petits. Cependant ces philosophes ajoûtent que la densité des corps ne dépend pas seulement de la petitesse des pores, mais aussi de leur petit nombre, &c.

En effet, on est si éloigné aujourd'hui d'admettre des corps absolument denses dans le sens des anciens, que l'or même, qui est le plus dense & le plus pesant de tous les corps, contient, selon l'observation de M. Newton, beaucoup plus de vuides & de pores, que de substance. Voyez Pore, Or, &c.

Quand les pressions de deux liquides contenus dans des vases cylindriques sont égales, les quantités de matiere sont égales: par conséquent si les colonnes ont des bases égales, les volumes des fluides, c'est - à - dire les hauteurs des colonnes sont en raison réciproque des densités. On peut déduire de ce principe une méthode pour comparer ensemble des liqueurs différentes; car si on verse différens fluides dans des tuyaux qui communiquent entr'eux, & que ces fluides s'y mettent en équilibre, leurs pressions sont égales; & on trouve par conséquent le rapport des densités, en mesurant les hauteurs.

On peut comparer aussi les densités des fluides, en y plongeant un corps solide; car si on plonge successivement dans les liquides qu'on veut comparer un corps solide qui soit plus leger qu'aucun de ces liquides, les parties de ce solide s'enfonceront entr'elles en raison inverse des densités des liquides. En effet il est évident par les principes de l'Hydrostatique, que la partie déplacée dans chaque fluide sera toûjours d'un poids égal au solide qui y est plongé; ainsi cette partie déplacée, qui est égale à la partie enfoncée du corps, sera du même poids dans tous ces fluides, & sera par conséquent en raison inverse de la densité. Voyez Fluide, Aréometre, Balance hydrostatique .

La densité de l'air a été l'objet des recherches des Philosophes depuis l'expérience de Toricelli & [p. 834] l'invention de la machine pneumatique. Voyez Air, Raréfaction, & Condensation.

Il est démontré que dans le même vaisseau ou dans des vaisseaux différens qui communiquent entr'eux, l'air est de la même densité à la même distance du centre de la terre. La densité de l'air en général est en même raison que les poids dont on le charge, ou les puissances qui le compriment. Voyez Pression.

C'est pour cette raison que l'air d'ici - bas est plus dense que l'air supérieur; cependant la densité de l'air d'ici - bas n'est pas proportionnelle au poids de l'atmosphere, à cause du froid & du chaud qui alterent sensiblement sa densité & sa rareté. Si l'air devient plus dense, le poids des corps qui s'y trouvent diminue; si l'air devient plus rare, ce même poids augmente, par la raison que les corps perdent plus de leur poids dans un milieu plus pesant que dans un autre plus leger.

Par conséquent, si la densité de l'air est sensiblement altérée, des corps qui étoient également pesans dans un air plus leger, & dont la pesanteur spécifique est considérablement différente, ne seront plus en équilibre dans un air plus dense, & celui qui est spécifiquement plus pesant l'emportera. C'est sur ce principe qu'est fondé le manometre ou instrument pour mesurer les changemens de densité de l'air. V. Manometre. (O)

DENTS (Page 4:834)

DENTS, s. m. (Anatomie.) dentes, quasi edentes, parce qu'elles servent à manger, sont les os les plus durs & les plus compacts de tous ceux du corps humain. Voyez Mastication & Squelete.

L'homme, & la plûpart des animaux, ont deux rangs de dents, l'un à la mâchoire supérieure, l'autre à la mâchoire inférieure. Voyez Gencive, & Machoire.

Dans l'homme, le nombre ordinaire des dents est de trente - deux, seize à chaque mâchoire: elles sont toutes placées dans des loges particulieres, qu'on nomme alvéoles; elles y sont affermies par une articulation en forme de cheville, appellée gomphose. Voyez Alvéole & Gomphose.

Il y a de trois sortes de dents: celles qui sont à la partie antérieure de chaque mâchoire, se nomment incisives; elles sont larges, minces, & plates, & au nombre de quatre à chaque mâchoire. Quelques - uns les appellent dents de primeur, en latin primores, parce qu'elles paroissent les premieres: d'autres les nomment dents de lait, lactei; & d'autres rieuses, ridentes, parce qu'elles se montrent les premieres quand on rit. Voyez Incisives.

Derriere les dents incisives de chaque côté de chaque mâchoire, il y en a deux qui sont pointues & un peu plus éminentes; on les appelle canines, & le peuple ailleres ou dents de l'oeil, parce qu'une partie du nerf qui fait mouvoir les yeux s'y distribue; & de - là le danger de les tirer.

Derriere les canines sont les molaires, cinq de chaque côté, qui, dans l'homme, servent principalement à la mastication. Voyez Molaire & Mastication.

Les incisives n'ont ordinairement qu'une racine: les canines en ont quelquefois deux, & les molaires trois ou quatre, & quelquefois cinq, sur - tout les plus postérieures qui agissent avec le plus de force.

Les ouvertures des alvéoles ne sont pas toutes sensibles dans le foetus; il n'en paroît que dix ou douze à chaque mâchoire, elles ont peu de profondeur; les cloisons qui les séparent sont très - minces: ces alvéoles se font connoître avant la sortie des dents par autant de bosses; le bord de ces cavités est très - mince, & leur ouverture est alors fermée par la gencive qui paroît tendineuse.

A mesure que les dents font quelques progrès, la gencive devient molle & vermeille; elle demeure dans cet état jusqu à six ou sept mois: si après l'avoir coupée on examine ce qui est contenu dans les alvéoles, on reconnoîtra que dès les premiers tems de la formation, chaque alvéole renferme un amas de matiere visqueuse & molle, figurée à - peu - près comme une dent; cette matiere est renfermée dans une membrane vésiculaire, tendre, poreuse, & parsemée d'un grand nombre de vaisseaux, qui se distribuent au germe pour y porter la nourriture & la matiere suffisante à l'accroissement de la dent, dans laquelle ils se distribuent ensuite. Quelques Anatomistes ont appellé cette membrane chorion. Voyez Chorion.

Cet amas de matiere molle & visqueuse s'appelle communément le noyau de la dent; quelques - uns le nomment la coque, & d'autres le germe de la dent. Voyez Germe.

On trouve ordinairement dans chaque alvéole deux germes, & rarement trois, placés l'un sur l'autre, & séparés par une cloison membraneuse, qui paroît être une production de celle qui revêt l'alvéole. Voyez Alvéole.

Les dents, selon Peyer, sont formées de pellicules repliées, durcies, & jointes ensemble par une mucosité visqueuse. Si l'on examine les dents du cerf, du cheval, du mouton, &c. on trouvera que le sentiment de cet auteur est bien fondé.

D'autres auteurs expliquent autrement la formation des dents. Quincy observe que les alvéoles sont tapissés d'une tunique mince, sur laquelle on voit plusieurs vaisseaux par où passe une humeur épaisse & transparente, qui à mesure que l'enfant croît se durcit & prend la forme des dents; & vers le septieme ou le huitieme mois après la naissance, les dens percent le bord de la mâchoire, déchirent le périoste & la gencive, qui étant fort sensibles, occasionnent une violente douleur & d'autres symptomes qui surviennent aux enfans dans le tems de la naissance des dents.

Les dents ne commencent pas toutes à la fois à paroître: les incisives de la mâchoire supérieure paroissent les premieres, & ensuite celles de la mâchoire inférieure, parce que les incisives sont les plus minces & les plus pointues. Après celles - là sortent les canines, parce qu'elles sont plus pointues que les molaires, mais plus épaisses que les incisives. Les molaires paroissent les dernieres de toutes, parce qu'elles sont les plus épaisses & les plus fortes.

Les dents incisives paroissent vers le septieme, le dixieme, & quelquefois le douzieme mois après la naissance: les canines, le neuvieme ou le dixieme mois; les molaires, à la fin de la premiere ou de la seconde année.

Il tombe ordinairement dix dents de chaque màchoire vers la quatrieme, cinquieme, sixieme année, quelquefois même plus tard; savoir, les incisives, les canines, & les quatre petites molaires; ce sont ces dents qu'on appelle dents de lait. Celles qui leur succedent percent ordinairement entre la septieme & la quatorzieme année.

Les auteurs ne sont pas d'accord sur les racines des dents de lait; quelques - uns prétendent qu'elles n'en ont point; d'autres, comme Diemmerbroek, veulent que les secondes dents soient produites par les racines des dents de lait. On s'est assûré de la fausseté de ces deux sentimens par la dissection; car non seulement on a remarqué dans le foetus les deux germes distinctement séparés, mais encore dans les sujets de quatre, cinq à six ans avant la chûte des dents de lait, on voit les deux dents, savoir la dent de lait & celle qui doit lui succéder, parfaitement bien formées, avec un corps & une racine.

Si l'on a vû des gens faire des dents jusqu'à trois

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