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Cette dénonciation n'est pas nécessaire pour autoriser
le ministere public à rendre plainte, il le peut
faire d'office. Mais quand il lui vient quelque dénonciation, il ne lui suffit pas de la recevoir verbalement,
elle doit être rédigée par écrit, & signée.
Voyez ci - devant
Dénonciation de nouvel oeuvre (Page 4:831)
Cette action est ce que les Romains appelloient novi operis nuntiatio, dont il y a un titre au digeste, liv. XXXIX. tit. j. & un au code, liv. VIII. tit. xj.
Celui contre qui cette demande est formée, ne peut passer outre, sans avoir obtenu un jugement qui l'y autorise. Comme on le fait quelquefois par provision, lorsque son droit paroît évident, ou que l'ouvrage est si avancé qu'il y auroit de l'inconvénient à le surseoir, en ce cas on lui permet de l'achever, à la charge de donner caution de le démolir, si cela est ordonné en fin de cause.
La dénonciation de nouvel oeuvre est différente de la complainte, en ce que celle - ci est pour un trouble qui est fait au demandeur en sa possession; au lieu que la dénonciation de nouvel oeuvre peut être intentée pour un fait qui ne trouble pas le plaignant dans sa possession, mais qui pourroit néanmoins lui causer quelque préjudice; par exemple, si le voisin éleve sa maison si haut, qu'il ôte par - là le jour au demandeur en dénonciation. (A)
DÉNOUEMENT (Page 4:831)
DÉNOUEMENT, s. m. (Belles - Lettres.) c'est le point où aboutit & se résout une intrigue épique ou dramatique.
Le dénouement de l'épopée est un événement qui
tranche le fil de l'action par la cessation des périls
& des obstacles, ou par la consommation du malheur.
La cessation de la colere d'Achille fait le dénouement de l'Iliade, la mort de Pompée celui de la Pharsale, la mort de Turnus celui de l'Enéide. Ainsi l'action
de l'Iliade finit au dernier livre, celui de la
Pharsale au huitieme, celui de l'Enéidc au dernier
vers. Voyez
Le dénouement de la tragédie est souvent le même que celui du poêmê épique, mais communément amené avec plus d'art. Tantôt l'évenement qui doit terminer l'action, semble la noüer lui - même: voyez Alzire. Tantôt il vient tout - à - coup renverser la situation des personnages, & rompre à la fois tous les noeuds de l'action: voyez Mithridate. Cet évenement s'annonce quelquefois comme le terme du malheur, & il en devient le comble: voyez Inès. Quelquefois il semble en être le comble, & il en devient le terme: voyez Iphigénie. Le dénouement le plus parfait est celui où l'action long - tems balancée dans cette alternative, tient l'ame des spectateurs incertaine & flotante jusqu'à son achevement; tel est celui de Rodogune. Il est des tragédies dont l'intrigue se résout comme d'elle - même par une suite de sentimens qui amenent la derniere révolution sans le secours d'aucun incident; tel est Cinna. Mais dans celles - là même la situation des personnages doit changer, du moins au dénouement.
L'art du dénouement consiste à le préparer sans l'annoncer. Le préparer, c'est disposer l'action de maniere que ce qui le précéde le produise. Il y a, dit Aristote, une grande différence entre des incidens qui naissent les uns des autres, & des incidens qui viennent simplement les uns après les autres. Ce passage lumineux renferme tout l'art d'amener le dénouement: mais c'est peu qu'il soit amené, il faut encore qu'il
Le dénouement, pour être imprévû, doit donc être le passage d'un état incertain à un état déterminé. La fortune des personnages intéressés dans l'intrigue, est durant le cours de l'action comme un vaisseau battu par la tempête: ou le vaisseau fait naufrage ou il arrive au port: voilà le dénouement.
Aristote divise les fables en simples, qui finissent
sans reconnoissance & sans péripétie ou changement de
fortune; & en implexes, qui ont la péripétie ou la reconnoissance,
ou toutes les deux. Mais cette division
ne fait que distinguer les intrigues bien tissues, de
celles qui le sont mal. Voyez
Par la même raison, le choix qu'il donne d'amener la peripétic ou nécessairement ou vraissemblablement, ne doit pas être pris pour regle. Un dénouement qui n'est que vraissemblable, n'en exclut aucun de possible, & entretient l'incertitude en les laissant tous imaginer. Un dénouement nécessité ne peut laisser prévoir que lui; & l'on ne doit pas attendre qu'un succès assûré, qu'un revers inévitable, échappe aux yeux des spectateurs. Plus ils se livrent à l'action, & plus leur attention se dirige vers le terme où elle aboutit; or le terme prévû, l'action est finie. D'où vient que le dénouement de Rodogune est si beau? c'est qu'il est aussi vraissemblable qu'Antiochus soit empoisonné, qu'il l'est que Cléopatre s'empoisonne. D'où vient que celui de Britannicus a nui au succès de cette belle tragédie? c'est qu'en prévoyant le malheur de Britannicus & le crime de Néron, on ne voit aucune ressource à l'un, ni aucun obstacle à l'autre; ce qui ne seroit pas (qu'on nous permette cette réflexion), si la belle scene de Burrhus venoit après celle de Narcisse.
Un défaut capital, dont les anciens ont donné l'exemple & que les modernes ont trop imité, c'est la langueur du dénouement. Ce défaut vient d'une mauvaise distribution de la fable en cinq actes, dont le premier est destiné à l'exposition, les trois suivans au noeud de l'intrigue, & le dernier au dénouement. Suivant cette division le fort du péril est au quatrieme acte, & l'on est obligé pour remplir le cinquieme, de dénoüer l'intrigue lentement & par degrés. ce qui ne peut manquer de rendre la fin traînante & froide; car l'intérêt diminue dès qu'il cesse de croître. Mais la promptitude du dénouement ne doit pas nuire à sa vraissemblance, ni sa vraissemblance à son incertitude; conditions faciles à remplir séparément, mais difficiles à concilier.
Il est rare, sur - tout aujourd'hui, qu'on évite l'un de ces deux reproches, ou du défaut de préparation ou du défaut de suspension du dénouement. On porte à nos spectacles pathétiques deux principes opposés, le sentiment qui veut être émû, & l'esprit qui ne veut pas qu'on le trompe. La prétention à juger de tout, fait qu'on ne jouit de rien. On veut en même tems prévoir les situations & s'en pénétrer, combi<pb-> [p. 832]
De toutes les péripéties, la reconnoissance est la
plus favorable à l'intrigue & au dénouement: à l'intrigue,
en ce qu'elle est précédée par l'incertitude
& le trouble qui produisent l'intérêt: au dénouement,
en ce qu'elle y répand tout - à - coup la lumiere, &
renverse en un instant la situation des personnages &
l'attente des spectateurs. Aússi a - t - elle été pour les
anciens une source féconde de situations intéressantes
& de tableaux pathétiques. La reconnoissance
est d'autant plus belle, que les situations dont elle
produit le changement sont plus extrèmes, plus opposées,
& que le passage en est plus prompt: par - là
celle d'OEdipe est sublime. Voyez
A ces moyens naturels d'amener le dénouement, se joint la machine ou le merveilleux, ressource dont il ne faut pas abuser, mais qu'on ne doit pas s'interdire. Le merveilleux a sa vraissemblance dans les moeurs de la piece & dans la disposition des esprits. Il est deux especes de vraissemblance, l'une de réflexion & de raisonnement; l'autre de sentiment & d'illusion. Un évenement naturel est susceptible de l'une & de l'autre: il n'en est pas toûjours ainsi d'un évenement merveilleux. Mais quoique ce dernier ne soit le plus souvent aux yeux de la raison qu'une fable ridicule & bisarre, il n'est pas moins une vérité pour l'imagination séduite par l'illusion & échauffée par l'intérêt. Toutefois pour produire cette espece d'enivrement qui exalte les esprits & subjugue l'opinion, il ne faut pas moins que la chaleur de l'enthousiasme. Une action où doit entrer le merveilleux demande plus d'élevation dans le style & dans les moeurs, qu'une action toute naturelle. Il faut que le spectateur emporté hors de l'ordre des choses humaines par la grandeur du sujet, attende & souhaite l'entremise des dieux dans des périls ou des malheurs dignes de leur assistance.
C'est ainsi que Corneille a préparé la conversion de Pauline, & il n'est personne qui ne dise avec Polieucte:
On ne s'intéresse pas de même à la conversion de
Félix. Corneille, de son aveu, ne savoit que faire
de ce personnage; il en a fait un chrétien. Ainsi tout
sujet tragique n'est pas susceptible de merveilleux:
il n'y a que ceux dont la religion est la base, & dont
l'intérêt tient pour ainsi dire au ciel & à la terre qui
comportent ce moyen; tel est celui de Polieucte que
nous venons de citer; tel est celui d'Athalie, où les
prophéties de Joad sont dans la vraissemblance, quoique
peut - être hors d'oeuvre; tel est celui d'OEdipe, qui
ne porte que sur un oracle. Dans ceux - là, l'entremise
des dieux n'est point étrangere à l'action, & les Poëtes
n'ont eu garde d'y observer ce faux principe d'Aristote: Si l'on se sert d'une machine, il faut que ce soit toûjours
hors de l'action de la tragédie; (il ajoûte) ou pour
expliquer les choses qui sont arrivées auparavant, & qu'il
Le dénouement doit - il être affligeant ou consolant?
nouvelle difficulté, nouvelles contradictions. Aristote exclut de la tragédie les caracteres absolument
vertueux & absolument coupables. Le dénouement,
à son avis, ne peut donc être ni heureux pour les
bons, ni malheureux pour les méchans. Il n'admet
que des personnages coupables & vertueux à demi,
qui sont punis à la fin de quelque crime involontaire;
d'où il conclut que le dénouement doit être malheureux.
Socrate & Platon vouloient au contraire
que la tragédie se conformât aux lois, c'est - à - dire
qu'on vît sur le théâtre l'innocence en opposition
avec le crime; que l'une fût vengée, & que l'autre
fût puni. Si l'on prouve que c'est là le genre de tragédie,
non - seulement le plus utile, mais le plus intéressant,
le plus capable d'inspirer la terreur & la
pitié, ce qu'Aristote lui refuse, on aura prouvé que
le dénouement le plus parfait à cet égard est celui où
succombe le crime & où l'innocence triomphe, sans
prétendre exclure le genre opposé. V.
Le dénouement de la comédie n'est pour l'ordinaire qu'un éclaircissement qui dévoile une ruse, qui fait cesser une méprise, qui détrompe les dupes, qui démasque les fripons, & qui acheve de mettre le ridicule en évidence. Comme l'amour est introduit dans presque toutes les intrigues comiques, & que la comédie doit finir gaiement, on est convenu de la terminer par le mariage: mais dans les comédies de caractere, le mariage est plûtôt l'achevement que le dénouement de l'action. Voyez le Misantrope & l'Ecole des Maris, &c.
Le dénouement de la Comédie a cela de commun
avec celui de la Tragédie, qu'il doit être préparé de
même, naître du fond du sujet & de l'enchaînement
des situations. Il a cela de particulier, qu'il exige à
la rigueur la plus exacte vraissemblance, & qu'il n'a
pas besoin d'être imprévû; souvent même il n'est
comique, qu'autant qu'il est annoncé. Dans la Tragédie, c'est le spectateur qu'il faut séduire: dans la
Comédie, c'est le personnage qu'il faut tromper; &
l'un ne rit des méprises de l'autre, qu'autant qu'il
n'en est pas de moitié. Ainsi lorsque Moliere fait tendre
à Georges Dandin le piége qui amene le dénouement, il nous met de la confidence. Dans le Comique attendrissant, le dénouement doit etre imprévû
comme celui de la Tragédie, & pour la même raison.
On y employe aussi la reconnoissance; avec
cette différence que le changement qu'elle cause est
toûjours heureux dans ce genre de Comédie, & que
dans la Tragédie il est souvent malheureux. La reconnoissance
a cet avantage, soit dans le comique de
raractere, soit dans le comique de situation, qu'elle
laisse un champ libre aux méprises, sources de la
bonne plaisanterie, comme l'incertitude est la source
de l'intérêt. Voyez
Après que tous les noeuds de l'intrigue comique
ou tragique sont rompus, il reste quelquefois des
éclaircissemens à donner sur le sort des personnages,
c'est ce qu'on appelle achevement; les sujets bien con<pb->
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