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Mais comment accorder toutes les parties de ce
système, & cette égalité prétendue de la surface de
la terre, avec le texte de l'Ecriture que l'on vient
de citer? il est expressément parlé des montagnes
comme d'un point qui sert à déterminer la hauteur
des eaux; & avec cet autre passage de la Genese,
viij. 22. où Dieu promettant de ne plus envoyer de
déluge & de rétablir toutes choses dans leur ancien
état, dit que le tems des semences & la moisson, le
froid & le chaud, l'été & l'hvver, le jour & la nuit,
ne cesseront point de s'entre - suivre.
D'autres auteurs supposant dans l'abysme ou la mer une quantité d'eau suffisante, ne sont occupés que du moyen de l'en faire sortir; en conséquence quelques - uns ont recours à un changement du centre de la terre, qui entraînant l'eau après lui, l'a fait sortir de ses reservoirs, & a inondé successivement plusieurs parties de la terre.
Le savant Whiston, dans sa nouvelle théorie de la terre, donne une hypothèse extrèmement ingénieuse & tout - à - fait nouvelle: il juge par beaucoup de circonstances singulieres qu'une comete descendant sur le plan de l'écliptique vers son périhélie, passa directement au - dessus de la terre le premier jour du déluge. Les suites qui en résulterent furent premierement que cette comete, lorsqu'elle se trouva au - des<cb->
De plus, il fait voir que cette même comete s'approchant du soleil, se trouva si serrée dans son passage par le globe de la terre, qu'elle l'enveloppa pendant un tems considérable dans son atmosphere & dans sa queue, obligeant une quantité prodigieuse de vapeurs de s'étendre & de se condenser sur sa surface; que la chaleur du soleil en ayant raréfié ensuite une grande partie, elles s'éleverent dans l'atmosphere & retomberent en pluie violente; ce qu'il prétend être la même chose que ce que Moyse veut faire entendre par ces mots, les cataractes du ciel furent ouvertes, & sur - tout par la pluie de quarante jours: car quant à la pluie qui tomba ensuite, dont la durée forme avec la premiere un espace de cent cinquante jours, Whiston l'attribue à ce que la terre s'est trouvée une seconde fois enveloppée dans l'atmosphere de la comete, lorsque cette derniere est venue à s'éloigner du soleil. Enfin pour dissiper cet immense volume d'eau, il suppose qu'il s'éleva un grand vent qui en dessécha une partie, & força le reste de s'écouler dans les abysmes par les mêmes ouvertures qu'elles en étoient sorties, & qu'une boune partie resta dans le sein du grand océan qui venoit d'être formé, dans les autres petites mers, & dans les lacs dont la surface des continens est couverte & entrecoupée aujourd'hui.
Cette curieuse théorie ne fut d'abord proposée
que comme une hypothèse, c'est - à - dire que l'auteur
ne supposa cette comete que dans la vûe d'expliquer
clairement & philosophiquement les phénomenes
du déluge, sans vouloir assûrer qu'il ait effectivement
paru dans ce tems une comete si près de la terre. Ces
seuls motifs firent recevoir favorablement cette hypothèse.
Mais l'auteur ayant depuis approfondi la
matiere, il prétendit prouver qu'il y avoit eu en
effet dans ce tems une comete qui avoit passé très près
de la terre, & que c'étoit cette même comete
qui avoit reparu en 1680; ensorte qu'il ne se contenta
plus de la regarder comme une hypothèse, il donna
un traité particulier intitulé la cause du déluge
démontrée. Voyez
On peut juger par les seuls systèmes de Burnet
& de Whiston, qui ont été adoptés en tout ou en
partie par beaucoup d'autres physiciens après eux,
combien cette question des causes physiques du
déluge est embarrassante. On pourroit cependant
soupçonner que ces savans se sont rendus à eux - mêmes
ce problème plus difficile qu'il n'est peut - être
én effet, en prenant avec trop d'étendue ce
que dit la Genese des quinze coudées d'élevation
dont les eaux du déluge surpasserent les plus hautes
montagnes. Sur cette expression ils ont presque
tous imaginé que la terre avoit dû par conséquent
être environnée en entier d'un orbe d'eau qui s'étoit
élevé à pareille hauteur au - dessus du niveau
ordinaire des mers; volume énorme qui les a obligé
tantôt de rompre notre globe en morceaux
pour le faire écrouler sous les eaux, tantôt de le
dissoudre & de le rendre fluide, & presque toûjours
d'aller emprunter au reste de l'univers les
eaux nécessaires pour remplir les vastes espaces
qui s'étendent jusqu'au sommet de nos montagnes.
Mais pour se conformer au texte de la Genese,
est - il nécessaire de se jetter dans ces embarras, &
de rendre si composés les actes qui se passerent alors
dans la nature? La plûpart de ces auteurs ayant
conçu qu'il y eut alors des marées excessives, ne
pouvoient - ils pas s'en tenir à ce moyen simple &
puissant, qui rend si vraissemblable la souplesse
qu'on a lieu de soupçonner dans les continens de
la terre? souplesse dont l'auteur d'une mappemonde
nouvelle vient d'expliquer les phénomenes &
les effets dans les grandes révolutions.
Si cette flexibilité des couches continues de la
terre est une des principales causes conspirantes
au mouvement périodique dont nos mers sont régulierement
agitées dans leurs bassins, il est donc
très - possible que le ressort de la voûte terrestre
fortement agitée au tems du déluge, eût permis
aux mers entieres de se porter sur les continens,
& aux continens de se porter vers le centre de la
terre en se submergeant sous les eaux avec une alternative
de mouvement toute semblable à celui
de nos marées journalieres; mais avec une telle
action & une telle accélération, que tantôt l'hémisphere
maritime étoit à sec quand l'hémisphere
terrestre étoit submergée, & que tantôt celui - ci
reprenoit son état naturel en repoussant les eaux
dans leurs bassins ordinaires. La surface du globe
est assez également divisée en continens & en
mers, pour que les eaux de ces mers ayent seules
suffi à couvrir une moitié du globe dans les tems
où l'agitation du corps entier de la terre lui faisoit
abandonner l'autre. Le physicien ne doit concevoir
rien d'impossible dans une telle opération, &
le théologien rien de contraire au texte de la Genese; il n'aura point fallu d'autres eaux que celles
de notre globe, & aucun homme n'aura pû échapper à ces marées universelles.
La troisieme question sur le déluge roule sur ses
effets, & les savans sont extrèmement partagés
là - dessus: ils se sont tous accordés pendant longtems
à regarder la dispersion des corps marins comme
un des effets de ce grand évenement; mais la
difficulté est d'expliquer cet effet d'une maniere
conforme à la disposition & à la >ation des bains,
des couches & des contrées > on les trouve; &
c'est on quoi les Naturalistes ne s'accordent guere ».
Ceux qui suivent le systeme de Deseartes, comme Stenon, &c. prétendent que ces restes d'animaux de la terre & des eaux, ces branches d'arbres, ces feuil<cb->
Scheuchzer est du sentiment de ceux qui prétendent qu'après le déluge Dieu, pour faire rentrer les eaux dans leurs réservoirs soûterrains, brisa & ôta de sa main toute - puissante un grand nombre de couches qui auparavant étoient placées hor sontalement, & les entassa sur la surface de la terre; raison, dit - il, pour laquelle toutes les couches qui se trouvent dans les montagnes, quoique concentriques, ne sont jamais horisontales.
Woodward regarde ces différentes couches comme
les sédimens du déluge; & il tire un grand nombre
de conséquences des poissons, des coquillages,
& des autres débris qui expliquent assez clairement
selon lui les effets du déluge. Premierement que les
corps marins & les dépouilles des poissons d'eau
douce ont été entraînés hors des mers & des fleuves
par le déluge universel, & qu'ensuite les eaux venant
à s'écouler les ont laissés sur la terre. 2°. Que
pendant que l'inondation couvroit le globe de la
terre, tous les solides, tels que les pierres, les métaux,
les mineraux, ont été entierement dissous, à
l'exception cependant des fossiles marins; que ces
corpuscules se sont trouvés ensuite confondus avec
les coquillages & les végétations marines & terrestres,
& ont formé des masses communes. Troisiemement que toutes ces masses qui nageoient dans les
eaux pêle - mêle, ont été ensuite précipitées au fond;
& suivant les lois de la pesanteur, les plus lourdes
ont occupé les premieres places, & ainsi des autres
successivement: que ces matieres ayant de cette maniere
pris consistance, ont formé les différentes couches
de pierre, de terre, de charbon, &c. Quatriemement que ces couches étoient originairement toutes
paralleles, égales & régulieres, & rendoient la
surface de la terre parfaitement sphérique; que toutes
les eaux étoient au - dessus, & formoient une sphere
fluide qui enveloppoit tout le globe de la terre.
Cinquiemement que quelque tems après par l'effort
d'un agent renfermé dans le sein de la terre, ces
couches furent brisées dans toutes les parties du globe,
& changerent de situation; que dans certains endroits
elles furent élevées, & que dans d'autres elles
s'enfoncerent, & de - là les montagnes, les vallées,
les grottes, &c. le lit de la mer, les îles, &c. en un
mot tout le globe terrestre arrangé par cette rupture
& ce déplacement de couches, selon la forme que
nous lui voyons présentement. Sixiemement que par
cette rupture des couches, l'enfoncement de quelques
parties & l'élevation d'autres qui se firent vers
la fin du déluge, la masse des eaux tomba dans les
parties de la terre qui se trouverent les plus enfoncées
& les plus basses, dans les lacs & autres cavités,
dans le lit de l'océan, & remplit l'abysme par
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