RECHERCHE | Accueil | Mises en garde | Documentation | ATILF | ARTFL | Courriel |
"795">
Diodore de Sicile, Strabon, Pausanias, & Plutarque, racontent que des chevres qui paissoient dans les vallées du mont Parnasse, s'étant avancées vers une espece d'antre peu connue, firent des bonds étonnans, & pousserent des cris extraordinaires. Bientôt les pâtres, les villageois, & tous les habitans du lieu, furent à leur tour saisis des mêmes mouvemens, & se persuaderent que quelque dieu étoit venu se cacher dans le fond de l'abysme, afin d'y rendre ses oracles. On attribua d'abord l'oracle à Neptune & à la Terre; de la Terre, l'oracle passa à Thémis sa fille: ensuite elle s'en démit en faveur d'Apollon, qu'elle chérissoit particulierement. Enfin celui - ci par ses lumieres dans la science de deviner, à laquelle il s'appliqua dès sa plus tendre jeunesse, demeura maître de l'oracle, & l'éleva au plus haut point de célébrité. Le singulier de ce détail fabuleux, est qu'on le puise dans les Historiens comme dans les Poëtes.
Apollon fut donc le dernier possesseur de l'oracle de Delphes, & s'y maintint avec plus ou moins de gloire, suivant les conjonctures, le degré de superstition des peuples ou de l'industrie des prêtres, jusqu'au tems que les Thraces pillerent son dernier temple, & le brûlerent vers l'an 670 de la fondation de Rome. Pendant ce long espace de siecles, le temple d'Apollon regorgea de présens qu'on y envoyoit de toutes les parties du monde. Les rois, les potentats, les républiques, & les particuliers, n'entreprenoient rien qu'ils ne l'eussent consulté; tout ce qu'il y avoit d'habitans à Delphes travailloient à l'envi à lui procurer des consultations, & à lui attirer les étrangers, afin de leur vendre les oracles au prix des plus somptueux sacrifices & des plus magnifiques offrandes; tous étoient occupés ou de l'entretien du temple, ou des sacrifices, ou des cérémonies qui concernoient les oracles; tous briguoient avec zele l'honneur d'être les ministres d'un dieu qui les combloit chaque jour de nouveaux bienfaits. Voyez l'article précédent.
Parmi ces ministres se distinguoient ceux qu'on
nommoit les prophetes,
C'est à l'oracle d'Apollon que la ville de Delphes dut sa naissance & son aggrandissement; elle
lui dut sa réputation, & ce grand éclat qui la fit regarder
comme le centre de la religion, comme le séjour
favori des dieux. Quoique cette ville n'eût que
des précipices & des rochers pour pourvoir à ses besoins,
l'oracle d'Apollon lui tenoit lieu des plus riches
côteaux & des plaines les plus fertiles: mais ce
dieu n'étoit pas toûjours en humeur de le rendre;
d'ailleurs il étoit très - friand de sacrifices, & très - difficile à cet égard. Si l'on entroit dans le sanctuaire
de son temple sans avoir sacrifié, le dieu étoit sourd,
la Pythie étoit muette. Voyez, sur cette matiere, Plutarque; les mém. de l'acad des Inscript. Van - Dale,
de oraculis Ethnicorum, & l'histoire des oracles de M.
de Fontenelle. J'ai parcouru tous ces ouvrages la
plume à la main; & le faisant dans les mêmes vûes
que Montagne, je pratique sa méthode:
lis je m'en dégorge, non sans dessein de publique
instruction; je prete attentivement l'oreille aux livres
de ce genre, en guettant si j'en puis friponner
beaucoup de choses pour émailler ou étayer
celui - ci ».
DELPHINIES (Page 4:795)
* DELPHINIES, (Hist. anc. & Myth.) fêtes que les habitans d'Egine célébroient en l'honneur d'Apollon delphinius. Ce dieu avoit été ainsi appellé, sur ce qu'on prétendoit qu'il avoit pris la forme d'un dauphin pour conduire Castalius & sa colonie, depuis l'île de Crete jusqu'au sinus Crissoeus, aux environs duquel on bâtit dans la suite la ville de Delphes, si fameuse par l'oracle d'Apollon.
DELPHINIUM (Page 4:795)
* DELPHINIUM, (Hist. anc.) une des cours de judicature des Athéniens; on y écoutoit ceux qui ne desavoüoient point un meurtre, mais qui prétendoient l'avoir commis innocemment. On en attribue l'institution à Egée; & son fils accusé de la mort de Pallante fut, à ce qu'on dit, le premier coupable qu'on y jugea. On l'appella delphinium, de la proximité du lieu où elle tenoit ses séances, & du temple d'Apollon delphinius.
DELPHINUS (Page 4:795)
DELPHINUS, en Astronomie, nom d'une constellation.
Voyez
DELSPERG ou DELEMORES (Page 4:795)
DELSPERG ou DELEMORES, (Géog. mod.) ville de Suisse. Long. 28. 58. lat. 47. 18.
DELTOIDE (Page 4:795)
DELTOIDE, s. m. (Anat.) est le nom que les
Anatomistes ont donné au muscle triangulaire de
l'épaule; ils l'ont appellé ainsi, à cause de la ressemblance
avec le
Ce muscle, directement opposé au trapese, s'attache
à un tiers du rebord antérieur de la clavicule,
vers sa portion humérale, à l'acromium & à l'épine
de l'omoplate, & il s'insere par un tendon fort à la
partie moyenne de l'humerus. Il éleve le bras. Voy.
nos
DÉLUGE (Page 4:795)
DÉLUGE, s. m. (Hist. sacrée, prosane, & natur.)
c'est un débordement ou une inondation tres - considérable,
qui couvre la terre en tout ou en partie.
Voyez
L'Histoire sacrée & profane parle de plusieurs déluges. Celui qui arriva en Grece du tems de Deucalion, appelle diluvium Deucalidoneum, est fort renommé.
Le déluge d'Ogyges est arrivé, selon plusieurs savans,
environ 300 ans avant celui de Deucalion,
1020 avant la premiere olympiade, & 1796 avant
J. C. C'est en particulier le sentiment du même auteur.
Rat. temp. part. I. liv. I. ch. jv. part. II. liv. II.
ch. v.
On rencontre souvent dans les anciens auteurs grecs ces deux déluges, désignés par les noms de cataclysmus prior, & catàclysmus posterior.
Dans nos siecles modernes nous avons eu les
inondations des Pays - Bas, qui ensevelirent toute
cette partie appellée aujourd'hui le golfe Dossart
dans la Hollande, entre Groningue & Embden, &
en 1421, toute cette étendue qui se trouve entre le
Brabant & la Hollande.
Mais le déluge le plus mémorable dont l'histoire ait parlé, & dont la mémoire restera tant que le monde subsistera, est celui qu'on nomme par excellence le déluge, ou le déluge universel, ou le déluge de Noé: ce fut une inondation générale que Dieu permit pour punir la corruption des hommes, en détruisant tout ce qui avoit vie sur la face de la terre, excepté Noé, sa famille, les poissons, & tout ce qui fut renfermé dans l'arche avec Noé.
Cet évenement mémorable dans l'histoire du monde, est une des plus grandes époques de la chronologie. Moyse nous en donne l'histoire dans la Genese, ch. vj. & vij. Les meilleurs chronologistes le fixent à l'an de la création 1656, 2293 ans av. J. C. Depuis ce déluge, on distingue le tems d'avant & d'après le dèluge.
Ce déluge, qu'on eût dû se contenter de croire, a fait & fait encore le plus grand sujet des recherches & des réflexions des Naturalistes, des Critiques, &c. Les points principalement contestés peuvent être réduits à trois: 1° son étendue, c'est - à - dire s'il a été général ou partiel: 2° sa cause: & 3° ses effets.
1°. L'immense quantité d'eau qu'il a fallu pour former un déluge universel, a fait soupçonner à plusieurs auteurs qu'il n'étoit que partiel. Selon eux un déluge universel étoit inutile, eu égard à sa fin, qui étoit d'extirper la race des méchans; le monde alors étoit nouveau, & les hommes en très - petit nombre; l'Ecriture - sainte ne comptant que huit générations depuis Adam, il n'y avoit qu"une partie de la terre habitée; le pays qui arrose l'Euphrate, & qu'on suppose avoir été l'habitation des hommes avant le déluge, étoit suffisant pour les contenir: or, disent - ils, la providence qui agit toûjours avec sagesse & de la maniere la plus simple, n'a jamais disproportionné les moyens à la fin, au point que pour submerger une petite partie de la terre, elle l'ait inondée toute entiere. Ils ajoûtent que dans le langage de l'Ecriture, la terre entiere ne signifie autre chose que tous ses habitans; & sur ces principes, ils avancent que le débordement du Tigre & de l'Euphrate, avec une pluie considérable, peut avoir donné lieu à tous les phénomenes & les détails de l'histoire du déluge.
Mais le déluge a été universel. Dieu déclara à Noé, Gen. vj. 17. qu'il avoit resolu de détruire par un déluge d'eau tout ce qui respiroit sous le ciel & avoit vie sur la terre. Telle fut sa menace. Voyons son exécution. Les eaux, ainsi que l'atteste Moyse, couvrirent toute la terre, ensevelirent les montagnes, & surpasserent les plus hautes d'entr'elles de quinze
On peut alléguer, en faveur de l'universalité
du déluge mosaïque, les traditions presque universelles
qui en ont été conservées chez tous les peuples
des quatre parties du monde, quoique les nations
ayent donné à leurs déluges des dates & des
époques aussi différentes entr'elles qu'elles le sont
toutes avec la date du déluge de Noé. Ces différences
n'ont point empêché un grand nombre d'historiens
chrétiens de faire peu de cas de la chronologie
des tems fabuleux & héroïques de la Grece
& de l'Egypte, & de ramener tous ces faits particuliers
à l'époque & à l'évenement unique que
nous a transmis l'historien des Hébreux.
Si ce système dérange beaucoup les idées des
chronologistes de bonne foi, néanmoins on doit
reconnoître combien il est fondé en raison, puisqu'il n'y a pas un de ces déluges, quoique donnés
comme particuliers par les anciens, où l'on ne reconnoisse
au premier coup d'oeil les anecdotes &
les détails qui sont propres à la Genese. On y voit
la même cause de ce terrible châtiment, une famille
unique sauvée, une arche, des animaux, &
& cette colombe que Noé envoya à la découverte,
messager qui n'est autre chose que la chaloupe
ou le radeau dont parlent quelques autres
traditions profanes. Enfin on y reconnoît jusqu'au
sacrifice qui fut offert par Noé au Dieu qui l'avoit
sauvé. Sous ce point de vûe, tous ces déluges particuliers
rentrent donc dans le récit & dans l'époque
de celui de la Genese. Deucalion dans la famille
duquel on trouve un Japet, Promethée,
Xisuthrus, tous ces personnages se réduisent au
seul Noé; & ce sont - là les témoignages qui ont
paru les plus convaincans de l'universalité de notre
déluge. Aussi cette preuve a - t - elle été déja très souvent
employée par les défenseurs de traditions
Next page
The Project for American and French Research on the Treasury of the
French Language (ARTFL) is a cooperative enterprise of Analyse et
Traitement Informatique de la Langue Française (ATILF) of the
Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), the Division
of the Humanities, the Division of the Social Sciences, and Electronic
Text Services (ETS) of the University of Chicago.