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DÉLIVREUR (Page 4:793)
DÉLIVREUR, s. m. (Manege.) On appelle ainsi
un domestique d'écurie, dont la fonction est d'avoir
la clé du coffre à avoine, & de la distribuer aux
heures marquées. Voyez
DELMENHORST (Page 4:793)
DELMENHORST, (Géogr. mod.) ville d'Allemagne au cercle de Westphalie, capitale du comté de même nom: elle est au roi de Danemark; elle est située sur le Delm. Long. 26. 12. lat. 53. 10.
DDÉLOGER (Page 4:793)
DDÉLOGER, v. act. (Art milit.) c'est un terme
qui étoit autrefois en usage parmi les militaires,
pour dire décamper: M. de Turenne s'en sert dans
plusieurs endroits de ses mémoires. Voyez
DÉLONGER (Page 4:793)
DÉLONGER ou DÉLONGIR, (Fauconn.) c'est ôter la longe à un oiseau, soit pour le faire voler, soit pour quelqu'autre besoin.
DÉLOS (Page 4:793)
DÉLOS, (Géog. & Hist. anc.) île de la mer Egée,
l'une des Cyclades, célebre chez les poëtes par la
naissance d'Apollon & de Diane. L'île de Délos appartient
aux Turcs, & on l'appelle présentement
Sdile. Les meilleurs endroits de cette île sont couverts
de ruines & de recoupes de marbre. Tous les
maçons des îles voisines y viennent comme à une
carriere, choisir les morceaux qui les accommodent.
On casse une belle colonne pour faire des marches
d'escalier, des appuis de fenêtres, ou des linteaux
de portes; on brise un pié - d'estal pour en tirer un
mortier ou une saliere. Les Turcs, les Grecs, les
Latins y rompent, renversent, enlevent tout ce qui
leur plaît; & ce qui prouve les révolutions du monde,
c'est que les habitans de Myconé ne payent que
30 écus de taille au grand - seigneur, pour posséder
une île qui étoit autrefois le plus riche pays de l'Europe, une île si chere aux Athéniens, une île où l'on
tenoit le thrésor public de la Grece. Voy. les auteurs
grecs, & les relations des voyageurs modernes. Art. de
M. le Chevalier
DELPHES (Page 4:793)
DELPHES, (Géog. anc. Littér. Hist.) ville de la Grece dans la Béotie, ou plutôt dans la Phocide, autrefois très - célebre par son temple, son oracle, la Pythie, le mont Parnasse, &c. & qui n'est plus aujourd'hui qu'un amas de ruines sur lesquelles on a bâti un petit village appellé Castri, entre Salone & Livadia.
Les Grecs croyoient que Delphes étoit le milieu de toute la terre; & ce ne sont pas les seuls qui ont cherché un milieu à la terre, quoique ce soit à - peu - près vouloir trouver la droite ou la gauche d'une colonne.
Cette ville comprenoit seize stades dans son circuit, c'est - à - dire 2000 pas géométriques; elle devoit toutes ses fortifications à la nature, & rien au travail des hommes. Un des sommets du mont Parnasse, dont la pointe suspendue avoit la forme d'un dais, la couvroit du côté du nord: deux vastes rochers l'embrassoient par les côtés, & la rendoient inaccessible: un troisieme rocher que l'on appelloit Cirphis, en défendoit l'abord du côté du midi; de sorte qu'on n'y pouvoit arriver que par des sentiers étroits qu'on avoit pratiqués pour la commodité des citoyens. Entre la basse - ville & la roche que je viens de nommer Cirphis, couloit le fleuve Plistus. Les rochers qui environnoient la ville, s'abaissoient doucement & comme par degrés, ce qui a fait dire à Strabon qu'elle avoit la figure d'un théatre.
Elle se découvroit dans toutes fes parties; & à
Nous avons encore des médailles de Delphes,
Pour ne pas entrer dans un plus grand détail, je
renvoye le lecteur à Strabon, Pausanias, Pindare,
Justin; parmi les modernes, à Vigenere dans son
commentaire sur César; & à la dissertation de M.
Hardion sur l'origine, la situation & les divers noms
de cette ville: cependant comme elle dut sa naissance
& sa splendeur à son oracle, V. le second des deux
articles suiv. Article de M. le Chevalier
Delphes (Page 4:793)
Le premier temple d'Apollon à Delphes, si l'on en croit les anciens, fut construit de branches de laurier entrelacées, qu'on apporta de la vallée de Tempé. Ce temple avoit précisément la forme d'une cabane, & le laurier étoit particulierement consacré à Apollon; il se l'appropria lorsque Daphné, ses premieres amours, fut métamorphosée en cet arbre.
Ce temple rustique ayant été détruit, des abeilles,
selon la tradition populaire, en formerent un autre
avec leur cire & des plumes d'oiseaux. Quelques-uns aiment mieux supposer que ce second temple
avoit été construit d'une plante appellée
Le troisieme temple se ressent bien encore du récit fabuleux. Il étoit, dit - on, l'ouvrage de Vulcain, qui, pour le rendre plus durable, l'avoit fait d'airain, & avoit placé sur son frontispice un groupe de figures d'or qui charmoient les oreilles par d'agréables concerts. Pausanias se déclare contre cette tradition, & observe que ce ne seroit pas grande merveille qu'Apollon eût eu un temple d'airain, puisqu'<-> Acrisius roi d'Argos fit faire une tour de ce metal pour enfermer sa fille. On ne sait pas trop de quelle maniere ce temple d'airain fut détruit: les uns prétendent qu'il fut abysmé dans un tremblement de [p. 794]
Le quatrieme temple exista réellement, & fut bâti tout de pierre la premiere année de la cinquieme olympiade, par Trophonius & Agamedès excellens architectes. Apollon, au rapport d'Homere qui embellit tous les sujets qu'il traite, en jetta lui - même les fondemens. Ce beau temple s'embrasa dans la cinquante - huitieme olympiade, 548 ans avant l'ére vulgaire.
Le cinquieme fut construit 513 ans avant J. C. environ
44 ans après que celui de Trophonius & d'Agamedès eut été brûlé. Les Amphyctions, ces juges
si célebres de la Grece, qui s'étoient rendus les protecteurs
de l'oracle de Delphes, se chargerent du
soin de rebâtir ce cinquieme temple. Ils firent marché
avec l'architecte (c'étoit un Corinthien nommé
Spinthare) à 300 talens, environ soixante mille louis.
Toutes les villes de Grece furent taxées, & Amasis,
alors roi d'Epire, donna pour sa part mille talens
d'alun. Les Alcméonides, famille puissante d'Athenes, chassés de leur patrie par les Pisistratides, vinrent
à Delphes en ce tems - là, & s'offrirent de conduire
l'édifice: ils le rendirent beaucoup plus magnifique
qu'on ne se l'étoit proposé dans le modele. Entre
les autres embellissemens qu'ils ajoûterent, ils firent
à leurs dépens un frontispice de marbre de Paros.
Le reste du temple étoit d'une pierre qu'Herodote
appelle
Il n'est pas possible de détailler les offrandes dont
les divers temples de Delphes furent successivement
enrichis. Ces trésors ont été si vantés, que les Grecs
les désignoient par le seul mot
Ne soyons pas surpris que des thrésors si considérables ayent excité successivement la convoitise & la cupidité des rois & des nations. Le premier qui tenta de s'en rendre maître, fut un fils de Crius roi des Eubéens: cet évenement est si ancien, qu'il n'est pas possible d'en fixer l'époque. Le second pillage se fit par Danaüs roi d'Argos, qui étant entré à main armée dans la Grece, vola & brula le temple de Delphes, l'an 1509 avant J. C. Ensuite les Dryopes s'emparerent des richesses du temple d'Apollon, sous la conduite de Phylas leur roi: Hercule défit ce roi, & le tua l'an 1295 avant J. C. Phlégias frere d'Ixion & roi des Phlégiens, fut le quatrieme qui pilla le temple de Delphes, environ 1295 ans avant N. S. Soixante & dix - huit ans après, Pyrrhus fils d'Achille, tenta la même dépouille. Les Crisséens porterent leurs mains impies sur les richesses du même temple,
Les Phocéens proches voisins de Delphes, pillerent le temple à trois différentes reprises, dont la premiere s'exécuta 365 ans avant l'ere chrétienne. Les Gaulois qui n'avoient pas moins d'avidité que les Phocéens, tenterent deux fois le même projet; la premiere fois l'an 279 avant J. C. sous Brennus qui y fut tué, desespéré d'avoir manqué son coup: & la seconde fois 114 ans avant N. S. avec un succès plus heureux, mais non pas sans avoir perdu beaucoup de monde à cette expédition. Trente ans après, c'est - à - dire 84 ans avant l'ere vulgaire, les Thraces porterent leurs mains sacriléges sur le temple de Delphes, & le brûlerent l'an 670 de Rome.
Enfin l'an 819 de la fondation de cette capitale du monde, Néron voyageant en Grece n'oublia pas de visiter le temple d'Apollon; & y ayant trouvé à son gré 500 belles statues de bronze, tant d'hommes illustres que de dieux, il les enleva, les chargea sur ses vaisseaux, & les emporta avec lui à Rome. Ce sont - là les principaux pillages qu'essuya le fameux temple de Delphes, avant & même depuis la cessation de ses oracles.
On conçoit bien qu'un temple de cet ordre demandoit un grand nombre de ministres pour le desservir, & jamais son autel n'en manqua. Il y avoit d'abord plusieurs colléges de devins; cinq sacrificateurs perpétuels en chef qui immoloient les victimes, faisoient passer la sacrificature à leurs enfans, & avoient sous eux quantité de sacrificateurs subalternes; un nombreux cortége de grands & de petits prêtres étoient chargés, les uns du dehors, & les autres de l'intérieur du temple: ceux qui passoient pour être les mieux instruits de ses antiquités, les expliquoient aux étrangers, & leur montroient soigneusement toutes les offrandes que la piété des peuples avoit consacrées; ils leur apprenoient par qui telle statue, tel tableau avoit été envoyé, quel en étoit le statuaire ou le peintre, dans quel tems & à quelle occasion on l'avoit envoyé.
A l'entrée du sanctuaire habitoit le gardien de l'or d'Apollon; emploi de constance, mais des plus étendus & des plus pénibles. Les prophetes désignés pour accompagner la Pythie dans le sanctuaire, & pour être assis autour du trépié sacré, tenoient un des premiers rangs entre les ministres d'Apollon, parce que c'étoit à eux que l'on adressoit les demandes, & que c'étoit d'eux que l'on recevoit les réponses de l'oracle.
En sortant du sanctuaire se trouvoient les femmes consacrées au service du dieu, & qui se rangeoient en haie sur le perron, pour empêcher que les profanes n'approchassent du trépié. D'autres prêtresses étoient occupées à la garde & à l'entretien du feu sacré qui brûloit jour & nuit. Il y avoit encore des hommes & des femmes préposées uniquement pour les bains & les purifications du temple.
Si nous ajoûtons à tout ce monde, les joüeurs
d'instrumens, les hérauts qui annonçoient les festins
publics, les choeurs de jeunes garçons & de jeunes
filles choisis pour chanter les loüanges, & pour danser
les danses en usage dans le temple d'Apollon,
nous conclurons sans peine que la plus grande partie
des habitans de Delphes étoient employés à le
servir. Article de M. le Chevalier
Delphes (Page 4:794)
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