ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

RECHERCHE Accueil Mises en garde Documentation ATILF ARTFL Courriel

Previous page

"783"> préteur qui accordoit ce délai; que si l'esclave appartenoit à plusieurs maîtres, tous avoient le délai.

L'édit du préteur portoit que si on lui demandoit un délai pour délibérer, il l'accorderoit; ce qui fait connoître que l'on n'avoit point ce délai sans le demander.

La durée de ce délai n'étant point fixée par l'édit, il étoit au pouvoir du juge de le fixer: on ne devoit pas accorder moins de cent jours, ce qui revient à trois mois & quelques jours. Le premier délai n'étant pas suffisant, on en accordoit quelquefois un second, & même un troisieme; mais cela ne se devoit faire que pour une cause importante.

Le délai pour délibérer fut introduit non - seulement en faveur des créanciers, mais aussi pour l'héritier institué; c'est pourquoi le juge devoit accorder aux uns & aux autres la facilité de voir les pieces, pour connoître s'ils accepteroient ou non.

Si l'hérédité étoit considérable, & qu'il y eût des choses sujettes à dépérir, comme certaines provisions de bouche; ou de trop grande dépense, comme des chevaux, on permettoit à l'héritier qui délibéroit, de les vendre.

Quand c'étoit pour un pupille que l'on donnoit du tems pour délibérer, on ne devoit point pendant ce délai permettre aucune aliénation, ni d'exercer aucune action qu'en grande connoissance de cause, ou pour une nécessité absolue.

Le fils héritier de son pere, devoit être nourri aux dépens de l'hérédité, pendant qu'il délibéroit.

Enfin s'il y avoit plusieurs degrés d'héritiers institués au défaut les uns des autres, on devoit observer dans chaque degré les mêmes regles par rapport au délai pour délibérer.

Les lois du code veulent qu'on accorde un délai modéré pour délibérer; que le droit de délibérer se transmette à toutes sortes d'héritiers & successeurs de celui qui délibere; que l'héritier qui ne fait point d'inventaire, renonce ou accepte dans trois mois du jour qu'il a cu connoissance que la succession est ouverte à son profit; que s'il veut faire inventaire, il doit le commencer dans treme jours au plûtard, & le finir dans les soixante jours suivans: que si les héritiers ne sont pas dans le lieu où sont les biens, ils auront un an pour faire inventaire; que le prince peut accorder délai d'un an, & le juge de neufinois seulement.

L'ordonnance de 1667, tit. vij. porte que l'héritier aura trois mois depuis l'ouverture de la succession, pour faire inventaire, & quarante jours pour délibérer; que si l'inventaire a été fait avant les trois mois, le délai de quarante jours commencera du jour qu'il a été achevé.

Celui qui est assigné comme héritier en action nouvelle ou en reprise, n'a aucun délai pour délibérer, lorsqu'avant l'échéance de l'assignation il y a plus de quarante jours que l'inventaire a été fait, en sa présence ou de son procureur, ou lui dûement appellé.

Si au jour de l'échéance de l'assignation les délais de trois mois pour faire inventaire, & de quarante jours pour délibérer, n'étoient pas encore expirés, l'héritier en ce cas a le reste du délai, soit pour faire inventaire, soit pour faire sa déclaration; & si les délais étoient expirés, il n'aura aucun délai pour délibérer, quand même il n'auroit point été fait d'inventaire.

Cependant si l'héritier justifioit que l'inventaire n'a pû être fait dans les trois mois, pour n'avoir point eu connoissance du décès du défunt, ou à cause des oppositions ou contestations survenues, ou autrement, on doit lui accorder un délai convenable pour faire inventaire, & quarante jours pour déli<cb-> bérer; & ce délai doit être réglé à l'audience, sans que la cause puisse être appointée.

Enfin l'ordonnance veut que la veuve assignée en qualité de commune, ait les mêmes délais que l'héritier, & sous les mêmes conditions, pour faire inventaire & pour délibérer.

Quand on dit que l'héritier & la veuve ont quarante jours après l'inventaire pour délibérer s'ils accepteront ou s'ils renonceront à la communauté, cela doit s'entendre lorsqu'ils sont poursuivis pour prendre qualité; car hors ce cas l'héritier peut en tout tems renoncer à la succession, & pareillement la veuve à la communauté, pourvû que les choses soient entieres, c'est - à - dire qu'ils ne se soient point immiscés. Voyez Heritier, Inventaire, Renonciation, Communauté, Veuve . (A)

Délibérer (Page 4:783)

Délibérer, en termes de Manege, se dit d'un cheval qu'on accoûtume, qu'on résout, qu'on détermine à certains airs, comme au pas, au trot, au galop, ou à quelques maneges relevés. Il ne faut point délibérer un cheval à caprioles, qu'on ne l'ait bien délibéré au manege de guerre & au terre - à - terre. Il ne faut point faire lever le devant d'un cheval qu'il ne soit délibéré, & n'obéisse à la main & aux aides du talon; qu'il n'échappe de vîtesse & forme bien son arrêt. Voyez Arrêt. Chambers. (V)

DÉLICAT (Page 4:783)

* DÉLICAT, adj. (Gramm.) se dit au simple & au figuré. On dit au simple qu'un ouvrage est délicat, lorsque les parties qui le composent sont déliées, fragiles, & n'ont pû être travaillées qu'avec beaucoup de peine, d'adresse & d'attention de la part de l'ouvrier: en ce sens, rien n'est si délicat que ces petites chaînes qui nous viennent d'Allemagne, rien n'est si délicat que les montres en bague du sieur Jodin. On dit encore au simple, d'un ouvrage, que le travail en est délicat; alors le mot délicat ne concerne pas les parties de l'ouvrage qui peuvent être très - solides, mais la main d'oeuvre qui a exécuté sur ces parties des ornemens, des formes qui montrent une grande légereté de dessein, de burin, de lime, & un goût exquis. Au figuré, on dit d'une pensée qu'elle est délicate, lorsque les idées en sont liées entr'elles par des rapports peu communs qu'on n'apperçoit pas d'abord, quoiqu'ils ne soient point éloignés; qui causent une surprise agréable; qui réveillent adroitement des idées accessoires & secrettes de vertu, d'honnêteté, de bienveillance, de volupté, de plaisir, & qui insinuent indirectement aux autres la bonne opinion qu'on a ou d'eux ou de soi. On dit d'une expression qu'elle est délicate, lorsqu'elle rend l'idée clairement, mais qu'elle est empruntée par métaphore d'objets écartés, que nous voyons tout - d'un - coup rapprochés, avec plaisir & surprise. On dit qu'une table est délicatement servie, lorsque les mets en sont recherchés & pour la qualité & pour l'assaisonnement. Faire entre les objets des distinctions délicates, c'est y remarquer des différences fines qui échappent, même aux bons yeux, & qui ne frappent que les excellens.

Délicat (Page 4:783)

Délicat, adj. en Peinture, est une façon de peindre & de dessiner, qui approche du mesquin, sans qu'on puisse cependant lui reprocher ce vice. On dit en éloge, cela est délicatement touché, délicatement exprimé, rendu avec délicatesse, ce qui pour lors a rapport à l'esprit. (R)

DÉLICIEUX (Page 4:783)

* DÉLICIEUX, adj (Gramm.) ce terme est propre à l'organe du goût. Nous disons d'un mets, d'un vin, qu'il est délicieux, lorsque le palais en est flatté le plus agréablement qu'il est possible. Le délicieux est le plaisir extrème de la sensation du goût. On a généralisé son acception; & l'on a dit d'un séjour qu'il est délicieux, lorsque tous les objets qu'on y rencontre reveillent les idées les plus douces, ou excitent les sensations les plus agréables. Le suave extrème est [p. 784] le délicieux des odeurs. Le repos a aussi son délice; mais qu'est - ce qu'un repos délicieux? Celui - là seul en a connu le charme inexprimable, dont les organes étoient sensibles & délicats; qui avoit reçu de la nature une ame tendre & un tempérament voluptueux; qui joüissoit d'une santé parfaite; qui se trouvoit à la fleur de son âge; qui n'avoit l'esprit troublé d'aucun nuage, l'ame agitée d'aucune émotion trop vive; qui sortoit d'une fatigue douce & legere, & qui éprouvoit dans toutes les partiès de son corps un plaisir si également répandu, qu'il ne se faisoit distinguer dans aucun. Il ne lui réstoit dans ce moment d'enchantement & de foiblesse, ni mémoire du passé, ni desir de l'avenir, ni inquiétude sur le présent. Le tems avoit cessé de couler pour lui, parce qu'il existoit tout en lui - même; le sentiment de son bonheur ne s'affoiblissoit qu'avec celui de son existence. Il passoit par un mouvement imperceptible de la veille au sommeil; mais sur ce passage imperceptible, au milieu de la défaillance de toutes ses facultés, il veilloit encore assez, sinon pour penser à quelque chose de distinct, du moins pour sentir toute la douceur de son existence: mais il en jouissoit d'une jouissance tout - à - fait passive, sans y être attaché, sans y réflechir, sans s'en rejouir, sans s'en féliciter. Si l'on pouvoit fixer par la pensée cette situation de pur sentiment, où toutes les facultés du corps & de l'ame sont vivantes sans être agissantes, & attacher à ce quiétisme délicieux l'idée d'immutabilité, on se formeroit la notion du bonheur le plus grand & le plus pur que l'homme puisse imaginer.

DELICOTER (Page 4:784)

DELICOTER (se), Manége. se dit d'un cheval, qui étant attaché avec son licol, trouve moyen de l'ôter de sa tête, & auquel il faut mettre une sousgorge. Voyez Sous - gorge. (V)

DÉLIÉ (Page 4:784)

* DÉLIÉ, adj. (Gramm.) il se dit au simple, de tout ce qui a très - peu d'épaisseur relativement à sa longueur, un fil délié, un trait délié, &c. & au figuré, d'un esprit propre aux affaires épineuses, fertile en expédiens, insinuant, fin, souple, caché, qualités qui lui sont communes avec l'esprit fourbe & méchant; cependant on peut être délié sans être ni méchant ni fourbe. Un discours délié, est celui dont on ne démêle pas du premier coup d'oeil l'artifice & la fin. Il ne faut pas confondre le délié avec le délicat. Les gens délicats sont assez souvent déliés; mais les gens déliés sont rarement délicats. Répandez sur un discours délié la nuance du sentiment, & vous le rendrez délicat. Supposez à celui qui tient un discours délicat, quelque vûe intéressée & secrette, & vous en ferez à l'instant un homme délié. Quoi qu'il en soit de toutes ces distinctions, il seroit à souhaiter que quelqu'un à qui la langue fût bien connue, & qui eût beaucoup de finesse dans l'esprit, s'occupât à définir toutes ces sortes d'expressions, & à marquer avec exactitude les nuances imperceptibles qui les distinguent. Tel sait développer toutes les regles de la syntaxe, qui ne feroit pas une ligne de cette grammaire. Outre une grande habitude de penser & d'écrire, elle exige encore de la délicatesse & du goût. On sent à chaque instant des choses pour lesquelles on manque de termes, & l'on est forcé de se jetter dans les exemples.

Délié (Page 4:784)

Délié, adj. pris subst. (Ecriture.) il se prend dans cet art par opposition à plein. On dit les déliés & les pleins de l'écriture: les déliés sont les parties fines & menues des lettres; les pleins sont les parties grosses & fortes. Les déliés se tracent communément par l'action d'un des becs de la plume, & les pleins par l'action des deux.

DELIES (Page 4:784)

DELIES, adj. pris subst. (Hist. anc. & Mythol.) delia, fête qui se célebroit à Athenes en l'honneur d'Apollon, surnommé delius. La principale cérémonie de cette fête étoit une ambassade des Athéniens à l'Apollon de Délos, ou bien un pélerinage qu'ils y faisoient faire tous les cinq ans. Ils choisissoient pour cela un certain nombre de citoyens, qu'on chargeoit de cette commission; c'est pourquoi on les appelloit Déliastes, DHLIAS2AI, ou Théores, QEWROI c'est - à - dire les voyans, ceux qui vont voir. Le chef de l'ambassade ou de la députation s'appelloit archithéore, ARXIQEWROS2. On y joignoit quatre personnes de la famille des Ceryques, prêtres descendans de Mercure, qui demeuroient à Délos toute l'année pour y servir dans le temple. Toute cette députation partoit sur cinq vaisseaux, qui portoient tout ce qui étoit nécessaire pour la fête & les sacrifices.

Le vaisseau qui portoit les déliastes ou théores, étoit appellé Déliade, DHLIAS2 ou Théoride; les quatre autres vaisseaux sacrés qui l'accompagnoient se nommoient le Parale, l'Antigonide, la Ptolemaïde, l'Ammonide. Cette circonstance a donné lieu à plusieurs disputes entre les savans qui se repaissent des niaiseries de la critique.

Les déliastes qui montoient le premier vaisseau, étoient couronnés de laurier. Quand ils étoient arrivés, ils offroient d'abord un sacrifice à Apollon, après lequel de jeunes filles dansoient autour de l'autel une danse nommée en grec GERANON, & dans laquelle, par leurs mouvemens embarrassés & la maniere dont elles figuroient ensemble, elles représentoient les tours & les détours du labyrinthe. V. Danse. Quand les déliastes revenoient, le peuple alloit au - devant d'eux, & les recevoit avec de grandes acclamations & de grands cris de joie. Ils ne quittoient point leur couronne que toute leur commission ne fût terminée, après quoi ils les alloient consacrer à quelque divinité dans son temple.

Tout le tems que duroit l'allée & le retour, & toute la cérémonie, s'appelloit les délies; & pendant tous ces jours - là les lois défendoient d'exécuter aucun criminel, privilége singulier de cette fête d'Apollon, & que n'avoient pas même celles de Jupiter; car Plutarque remarque que ce fut un jour consacré à Jupiter, qu'on fit prendre à Phocion le poison auquel il avoit été condamné; & on attendit au contraire trente jours pour le donner à Socrate, parce que c'étoient les délies, & que le vaisseau envoyé à Délos n'étoit point encore de retour.

Thucydide dit que ce fut pendant l'hyver de la sixieme année de la guerre du Péloponnese, que les Athéniens instituerent les délies, après qu'ils eurent expié l'île de Délos, & en eurent ôté tous les tombeaux, & ordonné que personne n'y naîtroit & n'y mourroit dans la suite, mais que l'on transporteroit tous les moribonds dans une petite île appellée Rhenie, qui touche presqu'à Delos. Long tems avant ce tems - là, les Ioniens & les insulaires voisins de l'Ionie faisoient des especes de délies, c'est - à - dire des fêtes & des jeux semblables aux éphesies qu'ils célebrerent dans la suite. Dict. de Trév. & Chambers. (G)

DELIAQUE (Page 4:784)

DELIAQUE, (Hist. anc.) Les déliaques chaponnoient les coqs, engraissoient la volaille; & on les appelloit ainsi, parce que c'étoit les habitans de l'île de Délos, qui les premiers avoient inventé cette sorte de pratique. Ils vendoient aussi les oeufs, comme il paroît par Cicéron dans ses questions académiques, lib. IV. Pline, lib. X. cap. xxx. & Columelle, lib. VIII. cap. viij. parlent aussi des déliaques.

Problème déliaque, problema deliacum, fameux problème chez les anciens, sur la duplication du cube. Voyez Cube & Duplication. (G)

DELILERS (Page 4:784)

DELILERS, s. m. pl. (Hist. mod.) espece de hussards Turcs, qu'on tire de la Servie, de la Bulgarie, & de la Croatie. Ce sont de vieux soldats robustes & expérimentés, fort adroits à manier le cimeterre qu'ils portent pendu à l'arçon de la selle. Ils sont armés d'ailleurs d'un bouclier & d'une lance plus lon<pb->

Next page


The Project for American and French Research on the Treasury of the French Language (ARTFL) is a cooperative enterprise of Analyse et Traitement Informatique de la Langue Française (ATILF) of the Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), the Division of the Humanities, the Division of the Social Sciences, and Electronic Text Services (ETS) of the University of Chicago.

PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.