ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"745"> liers sont ceux que chaque monastere députe au chapitre provincial, pour y tenir le définitoire dans lequel se reglent les affaires de la province.

L'usage des différens ordres religieux n'est pas uniforme pour l'élection, ni pour le nombre & les prérogatives des définiteurs.

Dans plusieurs ordres & congrégations, les définiteurs sont ordinairement choisis en nombre impair de sept, neuf, quinze, & plus grand nombre: dans l'ordre de Cîteaux il y en a vingt - cinq, dans celui de Cluny quinze, dans la congrégation de S. Maur neuf, dans celle de S. Vanne il n'y en a que sept.

Dans cette derniere congrégation, ils sont choisis par tous ceux qui composent le chapitre, soit supérieurs, soit députés des communautés; mais ces derniers ne peuvent être élûs définiteurs, ils n'ont que voix active.

L'élection des définiteurs, dans la congrégation de S. Maur, se fait par les seuls supérieurs qui sont députés au chapitre général par des assemblées particulieres qui se font avant la tenue du chapitre, & qu'on appelle dietes.

Dans l'ordre de Cluny, ils sont choisis par ceux qui étoient définiteurs au chapitre précédent, & ainsi successivement d'un chapitre à l'autre; en sorte que ceux qui étoient définiteurs au chapitre précédent, n'ont plus au chapitre suivant que voix active, & ne peuvent être choisis pour être de nouveau définiteurs. Comme il y a deux observances dans l'ordre de Cluny, des quinze définiteurs, huit sont de l'ancienne observance, & sept de l'étroite; ils s'unissent tous pour connoître des affaires communes à l'ordre, & se séparent pour connoître ce qui regarde chaque observance; tous les réglemens, statuts, &c. sont rapportés ensuite dans un seul corps au définitoire commun, & sont signés de tous les définiteurs. Dans l'intervalle d'un chapitre à l'autre, il n'y a ni droit ni prérogative attachée au titre de définiteur, si ce n'est celui d'assister au chapitre suivant.

Les chanoines réguliers de la congrégation de France s'assemblent tous les trois ans par députés dans l'abbaye de sainte Genevieve, pour y faire l'élection d'un abbé général: ce chapitre, composé de vingt - huit députés, est partagé en trois chambres.

La premiere & principale, qu'on appelle le définitoire, & à laquelle préside l'abbé, est composée de dix définiteurs choisis par suffrages secrets parmi les députés. Ils sont ainsi nommés, parce qu'ils mettent la derniere main aux réglemens qui doivent être observés dans cette congrégation, & nomment les supérieurs des maisons: leur fonction ne dure, de même que dans les autres ordres dont on a parlé, que pendant la tenue du chapitre, qui est ordinairement d'environ douze ou quinze jours.

La seconde chambre, appellée des decrets, est celle où l'on forme d'abord les réglemens, qui sont ensuite portés au définitoire, lequel les adopte ou rejette, & y met la derniere main.

La troisieme chambre enfin, qu'on appelle chambre des comptes, est celle où l'on examine les comptes des maisons. Les députés qui composent cette chambre, après un examen des comptes, en font le rapport au définitoire, c'est - à - dire en la chambre des définiteurs, lesquels reglent ces comptes.

Pour être définiteur dans cette congrégation, il faut avoir au moins neuf années de priorature. Les définiteurs ont la préséance sur les autres députés pendant la tenue du chapitre.

Suivant les constitutions de l'étroite observance pour les réformés de l'ordre des Carmes, approuvées & confirmées par Urbain VIII. avec les articles ajoûtés par Innocent X. publiées par decret du chapitre général tenu à Rome en 1645, dont la troisie<cb-> me partic traite du chapitre provincial, aprés avoir parlé de la maniere en laquelle doit être tenu ce chapitre provincial: voici ce qui s'observe par rapport aux définiteurs, suivant le chap. iij. intitulé de electione definitorum:

Il est dit que l'on élira pour définiteurs ceux qui seront les plus recommandables par leur prudence, expérience, doctrine & sainteté: qu'ils seront les aides du provincial, lequel sera tenu de se servir de leur secours & de leur conseil pour le gouvernement de la province, de maniere qu'il ne pourra point sans raison s'écarter de leur avis: que cette élection sera faite par tous ceux qui sont de gremio: que les suffrages seront secrets; & que l'on choisira quatre des religieux, aussi du même ordre, qui n'ayent point été définiteurs au dernier chapitre: que celui qui aura le plus de voix, sera le premier; celui qui en aura ensuite le plus, sera le second, & ainsi des autres: que si plusieurs se trouvent avoir égalité de suffrages, le plus ancien en profession sera définiteur.

L'élection étant faite, elle doit être publiée par le président du chapitre, lequel déclare que les définiteurs élûs ont autorité de décider toutes les affaires qui se présenteront pendant la tenue du chapitre; ensorte que ces définiteurs ainsi élûs ont tout pouvoir de la part du chapitre, excepté lorsqu'il s'agit de faire des réglemens qui concernent toute la province: car en ces matieres, tous ceux qui sont du chapitre ont droit de suffrage; & l'on y doit même procéder par suffrages secrets, si cela paroît plus convenable.

Les définiteurs ainsi élûs & annoncés commencent aussi - tôt à être comme assistans auprès du provincial & du président. On publie aussi les noms de ceux qui ont eu après eux le plus de suffrages, & on les inscrit dans le livre de la province, selon le nombre des suffrages que chacun d'eux a eus, afin que l'on puisse en prendre parmi eux pour suppléer le nombre des définiteurs, si quelqu'un d'eux venoit à être élû provincial ou à decéder, ou se trouvoit absent par quelqu'autre empêchement.

Aucun ne peut être élû définiteur, qu'il ne soit prêtre, qu'il n'ait cinq années accomplies de profession, qu'il ne soit âgé de trente ans au moins.

Pendant le chapitre & les congrégations ou assemblées annuelles, les définiteurs tiennent le premier rang après le provincial; hors le chapitre, ils ont rang après le prieur, le soûprieur & le maître des novices: dans leurs couvens, ils sont néanmoins soûmis en tout, & doivent recevoir de leurs prieurs les monitions & corrections, comme les autres religieux, auxquels ils doivent l'exemple. Les constitutions ne veulent pas qu'on les appelle définiteurs dans le couvent, mais ce dernier article ne s'observe pas.

Ceux qui ont eu voix dans l'élection du discret ou religieux qui accompagne le prieur ou vicaire au chapitre provincial, ne peuvent avoir voix dans le chapitre pour l'élection des définiteurs, excepté le président & son assistant, qu'il choisira lui - même selon sa conscience, pourvû qu'il soit de la province, & du nombre de ceux qui observent ces statuts. Enfin le président & son assistant doivent avoir voix & séance dans le chapitre, quoiqu'ils ayent eu voix dans l'élection de quelque discret.

Telles sont les regles prescrites pour les définiteurs par les constitutions dont on vient de parler. On n'entrera pas ici dans un plus grand détail de ce qui se pratique à cet égard dans les autres ordres; les exemples que l'on vient de rapporter suffisent pour en donner une idée. (A)

DEFINITIF (Page 4:745)

DEFINITIF, (Jurisp.) est ce qui finit & termine une contestation. Un arrêt définitif, une sentence [p. 746] définitive, sont opposés aux jugemens préparatoires ou interlocutoires, & qui ordonnent seulement quelque chose pour l'instruction, ou en attendant le jugement du fond des contestations. (A)

DEFINITION (Page 4:746)

DEFINITION, s. f. en Logique, est une énumération que l'on fait des principales idées simples dont est formée une idée composée, pour déterminer ou expliquer sa nature & son caractere.

Les philosophes de l'école donnent des notions fort imparfaites de la définition. Quelques - uns la définissent la premiere notion ou idée que l'on a d'une chose, qui sert à la distinguer de toute autre, & de laquelle on peut déduire tout ce que l'on sait & que l'on conçoit de cette chose. Mais on la définit plus ordinairement oratio explicans quid res est, un discours qui explique ce qu'une chose est, c'est - à - dire un discours qui détaille les attributs par lesquels la nature d'une chose est déterminée: car expliquer n'est autre chose que détailler séparément les parties qui étoient auparavant mentionnées implicitement & conjointement; de sorte que toute explication a toûjours un rapport à tout.

Or comme on peut distinguer dans une chose des parties de différente nature, savoir des parties physiques, des parties métaphysiques, &c. on peut donner aussi différentes définitions d'une même chose; ainsi on peut définir l'homme un animal composé de corps & d'ame, ou bien un animal raisonnable.

Il y a, ajoûte - t - on, deux sortes de définitions; l'une nominale, ou de nom; l'autre réelle, ou de chose.

La définition de nom est celle qui explique le sens ou la signification propre d'un mot; ou, comme le dit plus exactement M. Wolf, c'est l'énumération qu'on fait d'un certain nombre de marques ou de caracteres suffisans pour faire distinguer la chose qu'on définit, d'avec toute autre; de sorte qu'il ne reste point de doute sur ce que c'est que la chose qu'on a voulu faire entendre & désigner par le nom.

Telle est la définition qu'on donne d'un quarré, en disant que c'est une figure de quatre côtés égaux, &c. qui font entr'eux des angles droits. Par la définition de nom on veut faire connoître ou les idées qu'on attache à un mot dans l'usage ordinaire, ou bien les idées particulieres qu'on a dessein d'y attacher, c'est - à - dire le sens particulier dans lequel on veut qu'un mot soit entendu, pour l'employer en ce sens dans la suite du discours.

La définition de chose est proprement une énumération qu'on fait des principaux attributs d'une chose, pour expliquer & faire connoître sa nature.

Ainsi on définit un cercle, une figure dont tous les points à la circonférence sont également éloignés du centre.

M. Wolf dit que la définition de chose est une notion distincte qui explique la génération de cette chose, c'est - à - dire la maniere dont elle est faite ou dont elle se fait. Telle est la définition qu'on donne d'un cercle, quand on dit que c'est une figure formée par le mouvement d'une ligne droite autour d'une de ses extrémités. Sur ce pié, la définition précédente que nous venons de donner d'un cercle, ne seroit plus une définition de chose, mais simplement une définition de nom.

La notion que nous avons donnée de la définition de chose, d'après plusieurs philosophes, suffit pour faire connoître en quoi elle differe de la définition de nom. Mais quoique cette notion ait de son côté l'avantage de l'analogie, de la clarté & de la convenance, cependant comme elle n'est elle - même qu'une définition de nom, c'est - à - dire une définition du mot, c'est sous ce point de vûe principalement que nous devons la considérer, en la regardant comme une idée attachée arbitrairement à ce mot, & que l'auteur doit toûjours y conserver attachée dans toute la suite de son ouvrage. Mais cette notion ne renferme point en effet le sens ou la signification ordinaire qu'on a coûtume de donner à ce mot, & qui est beaucoup moins juste & moins distincte; & c'est à cette signification ordinaire que nous devons principalement avoir égard.

Ainsi, quoique les définitions d'une chose ne soient que des explications du mot qui la signifie, il y a cependant de la différence entre définir la chose & définir le mot. L'une & l'autre définition à la vérité n'est que l'explication de la signification d'un mot; mais la définition de mot est l'explication d'un mot établi par l'usage reçû, conformément aux idées qu'il a plû aux hommes d'y attacher: au lieu que la définition de la chose est l'explication d'un mot supposé arbitraire, dont je me sers à mon gré, en sorte que j'attache à ce mot, selon qu'il me plaît, le nombre & la qualité d'idées que je déclare avoir actuellement dans l'esprit.

Au reste cette définition d'un mot pris même arbitrairement, peut en un sens très - légitime s'appeller la nature de la chose définie: car alors la définition exprime parfaitement la nature de la chose que je définis, telle que je la concois; mais ce que je conçois alors n'est pas toûjours la nature effective des choses.

Mais pour le bien comprendre, il faut expliquer les différentes idées qui sont attachées au mo nature. 1°. Il signifie l'assemblage de tous les êtres que l'esprit humain est capable de connoître: 2°. le principe universel qui les forme & qui les conduit. 3°. Il signifie la constitution particuliere & intime qui fait chaque être en particulier ce qu'il est: 4°. la disposition qui se trouve dans les êtres, independamment de notre industrie ou de la volonté humaine; & en ce sens - là ce qui est naturel est opposé à l'artificiel. Ainsi disons - nous que la chûte de l'eau qui tombe dans une cascade de jardin, est artificielle, entant qu'elle a été disposée par l'industrie humaine pour tomber de la sorte. 5°. Enfin le mot nature signifie l'idée que nous nous formons de ce que nous jugeons de plus intime en chaque chose, & que nous exprimons par la définition: c'est ce qui s'appelle dans les écoles, essence métaphysique. V. Nature.

Ces divers sens qu'on donne au mot nature, étant ainsi fixés & déterminés, il est aisé de comprendre quel est le sens que les philosophes donnent à la nature des choses, lorsqu'ils prétendent l'expliquer par leurs définitions. Comme ils entendent par la nature des choses, la constitution particuliere & intime qui fait chaque être en particulier ce qu'il est, il est évident que toutes leurs définitions sur la nature des substances, sont vaines & frivoles; elles seront toûjours défectueuses, par l'impuissance où ils sont de connoître les essences des substances; impuissance dont ils ne se doutent pas, parce qu'ils se préviennent pour des idées abstraites qu'ils réalisent, & qu'ils prennent ensuite pour l'essence même des choses. Ce qui les a engagés dans cette méprise, c'est 1° qu'ils ont crû qu'en Mathematiques la notion de la chose emporte la connoissance de son essence; 2° qu'ils ont conclu précipitamment qu'il en étoit de même en Physique, & se sont imaginés connoître l'essence même des substances. Au lieu de s'amuser à les définir par leur genre & par leur différence la plus prochaine, ils auroient dû plûtôt faire une analyse exacte de toutes les idées simples qui peuvent leur appartenir, en un mot développer l'origine & la génération de toutes leurs notions abstraites. Mais il est bien plus commode de supposer dans les choses une réalité dont on regarde les mots comme les véritables signes; d'entendre par ces noms, homme,animal, &c. une entité qui détermine & distingue ces choses, que de faire attention à toutes les idées simples qui entrent dans la notion qu'on s'en forme.

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