ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"729"> jours par la célébration des SS. mysteres, & par des discours sur le but & la fin de cette cérémonie. Eusebe nous a conservé la description des dédicaces des églises de Tyr & de Jérusalem. On jugea depuis cette consécration si nécessaire, qu'il n'étoit pas permis de célébrer dans une église qui n'avoit pas été dédiée, & que les ennemis de S. Athanase lui firent un crime d'avoir tenu les assemblées du peuple dans une pareille église. Depuis le neuvieme siecle, on a observé diverses cérémonies pour la dédicace, qui ne peut se faire que par un évêque; elle est accompagnée d'une octave solennelle, dans chaque jour de laquelle un évêque officie dans les grandes villes, & un prédicateur parle sur le sujet de la fête. Il y a cependant beaucoup d'églises, surtout à la campagne, qui ne sont pas dédiees, mais seulement bênites: comme elles n'ont point de dédicaces propres, elles prennent celles de la cathédrale ou de la métropole du diocèse dont elles sont. On faisoit même autrefois la dédicace particuliere des fonts - baptismaux, comme nous l'apprenons du pape Gelase dans son sacramentaire.

La fête de la dédicace, ou plûtôt du patron d'une église, est appellée par les Anglois, dans leurs livres de droit, dedicaze; & avant la réformation elle n'étoit pas seulement célébrée chez eux par les habitans de la paroisse ou du lieu, mais encore par ceux des villages voisins qui avoient coûtume d'y venir. Ces sortes d'assemblées étoient autorisées par le roi: ad dedicationes, ad synodos, &c. venientes summa pax. On conserve encore en Angleterre quelques restes de cet usage sous le nom de wakes, veilles, ou vigils, vigiles. Voyez Veilles & Vigiles.

Les Juifs célébroient tous les ans pendant huit jours la fête de la dédicace du temple; & c'est ce que nous trouvons appellé, dans la version vulgate du nouveau Testament, encoenia: cet usage fut établi par Judas Machabée & par toute la svnagogue, l'an de l'ere syromacédonienne 148, c'est - à - dire 164 ans avant Jesus Christ, à l'occasion que nous avons dit, & pour célébrer la victoire que les Machabées remporterent sur les Grecs. Léon de Modene remarque sur ce sujet, dans son traité des cérémonies des Juifs, qu'ils allument dans leurs maisons une lampe le premier jour de cette fête, deux le second, & ainsi successivement jusqu'au dernier qu'ils en allument huit; le même rabbin ajoûte, qu'ils célebrent aussi pendant cette fête la mémoire de Judith, & qu'ils mettent dans leurs repas quelque coûtume différente de celles qu'ils observent ordinairement. Liv. III. c. jx.

Les Payens faisoient aussi des dédicaces des temples, des autels, & des images de leurs dieux. Nabuchodonosor fit faire une dédicace solennelle de sa statue, comme on le voit dans le prophete Daniel, cap. iij. v. 2. Pilate dédia à Jérusalem des boucliers d'or en l'honneur de Tibere, au rapport de Philon de Legat. Pétrone dans la même ville dédia une sta tue à l'empereur. lb. p. 791. & Tacite hist. lib. IV. cap. liij. parle de la dédicace du capitole, après que Vespasien l'eut fait rebâtir. Ces dédicaces se célébroient par des sacrifices propres à la divinité à laquelle on rendoit ces honneurs, & on ne les faisoit jamais sans une permission bien authentique. On ne voit point par qui elle étoit donnée chez les Grecs: mais c'étoient des magistrats qui l'accordoient chez les Romains. Voici les principales cérémonies que ceux - ci observoient dans la dédicace de leurs temples. D'abord on entouroit le nouveau temple de guirlandes & de festons de fleurs: les vestales y entroient portant à la main des branches d'olivier, & arrosoient d'eau lustrale les dehors du temple: celui qui dédioit le temple s'approchoit, accompagné du pontife qui l'appelloit pour tenir le poteau de la porte, & il répétoit mot pour mot d'après le pontife; c'eût été le plus mauvais augure du monde, que d'y omettre ou changer une seule syllabe: ensuite il offroit une victime dans le parvis; & en entrant dans le temple, il oignoit d'huile la statue du dieu auquel le temple étoit dédié, & la mettoit sur un oreiller (pulvinar) aussi frotté d'huile. La cérémonie étoit marquée par une inscription qui portoit l'année de la dédicace, & le nom de celui qui l'avoit faite, & l'on en renouvelloit tous les ans la mémoire à pareil jour, par un sacrifice ou quelqu'autre solennité particuliere. Rosin, antiq. rom. & Chambers. (G)

DÉDIT (Page 4:729)

DÉDIT, s. m. (Commerce.) peine stipulée dans un marché contre celui qui ne veut pa le tenir. C'est ordinairement une somme d'argent convenue, que paye celui qui manque à fa parole. (G)

DÉDOCTOIRE (Page 4:729)

DÉDOCTOIRE, s. m. (Vénerie.) bâton de deux piés, dont on se servoit autrefois pour parer les gaulis. On se sert à - présent du manche du foüet.

DÉDOUBLER (Page 4:729)

DÉDOUBLER, v. act. il se dit des pierres dont on peut séparer les lits, selon toute leur longueur, avec des coins de fer. Il faut scier ou couper celles qu'on ne peut dédoubler; travail fort long. Entre les différentes pierres qu'on tire des carrieres voisines de Paris, il n'y a, à ce qu'on dit, que la lambourde ou le franc - ban qui se dédouble. Les autres n'ont point de lit ou litage assez marqué pour comporter cette manoeuvre.

DÉDUCTION (Page 4:729)

DÉDUCTION, s. f. (Philosophie.) ce mot se prend en notre langue dans deux sens différens.

En matiere de calcul, d'affaires, &c. il signifie soustraction, l'action d'écarter, de mettre à part, &c. comme quand on dit: ce bénéfice, déduction faite des charges, des non - valeurs, des réparations, vaut 10000 livres de revenu: cette succession, déduction faite des dettes & legs, monte à 200000 liv. & ainsi des autres.

En matiere de Sciences, & sur - tout de Logique, déduction se dit d'une suite & d'une chaîne de raisonnemens, par lesquels on arrive à la preuve d'une proposition: ainsi une déduction est formée d'un premier principe, d'où l'on tire une suite de conséquences. Donc, pour qu'une déduction soit bonne, il faut 1°. que le premier principe d'où l'on part soit ou évident par lui - même, ou reconnu pour vrai: 2°. que chaque proposition ou conséquence suive exactement de la proposition ou conséquence précédente: 3°. on peut ajoûter que pour qu'une déduction soit bonne, non - seulement en elle - même & pour celui qui la fait, mais par rapport aux autres, il faut que la liaison entre chaque conséquence & la suivante puisse être facilement apperçûe, ou du moins que cette liaison soit connue d'ailleurs. Par exemple, si dans une suite de propositions on trouvoit immédiatement l'une après l'autre ces deux - ci: les planetes gravitent vers le Soleil en raison inverse du quarré des distances: donc elles décrivent autour du Soleil des ellipses. Cette conséquence, quoique juste, ne seroit pas suffisamment déduite, parce qu'il est nécessaire de faire voir la liaison par plusieurs propositions intermédiaires: ainsi on ne pourroit s'exprimer ainsi que dans un ouvrage dont le lecteur seroit supposé connoître d'ailleurs la liaison de ces deux vérités.

D'où il s'ensuit en général, que pour juger de la bonté d'une déduction, il faut connoître le genre d'ouvrage où elle se trouve, & le genre d'esprits & de lecteurs auxquels elle est destinée. Telle déduction est mauvaise dans un livre d'élémens, qui seroit bonne ailleurs.

Les ouvrages de Géométrie sont ceux où l'on peut trouver plus facilement des exemples de bonnes déductions; parce que les principes de cette science sont d'une évidence palpable, & que les conséquences y sont rigoureuses: par conséquent s'il faut un certain degré plus ou moins grand de patience, d'attention [p. 730] & même de sagacité, pour entendre la plûpart de nos livres de Géométrie tels qu'ils sont, il en faudroit très - peu, & même si peu qu'on voudroit pour les entendre tels qu'ils pourroient être; car il n'y a point de proposition mathématique si compliquée qu'elle soit en apparence, de laquelle on ne puisse former une chaîne continue jusqu aux premiers axiomes. Ces axiomes sont évidens pour les esprits les plus bornés, & la chaîne peut être si bien serrée que l'esprit le plus médiocre apperçoive immédiatement la liaison de chaque proposition à la suivante. Chaque proposition bien entendue est, pour ainsi dire, un lieu de repos où il prend des forces pour passer aux autres, en oubliant, s'il veut, toutes les propositions précédentes. On pourroit donc dire qu'en matiere de Sciences exactes, les esprits ne different que par le plus ou le moins de tems qu'ils peuvent mettre à comprendre les vérités: je dis à comprendre, car je ne parle ici que de la faculté de concevoir, & non du génie d'invention, qui est d'un genre tout différent.

On pourroit demander ici, si dans une déduction l'esprit apperçoit ou peut appercevoir plusieurs propositions à la fois. Il est certain d'abord qu'il en apperçoit au moins deux; autrement il seroit impossible de former un raisonnement quelconque: & pourquoi d'ailleurs l'esprit ne pourroit - il pas appercevoir deux propositions à la fois, comme il peut avoir à la fois deux sensations, par exemple celle du toucher & de la vûe, ainsi que l'expérience le prouve? mais l'esprit apperçoit - il ou peut - il appercevoir à la fois plus de deux propositions? C'est une question que la rapidité des opérations de notre esprit rend très - difficile à décider. Quoi qu'il en soit, il suffit pour une déduction quelconque, qu'on puisse appercevoir deux vérités à la fois, comme nous l'avons prouvé.

A toutes les qualités que nous avons exigées pour une bonne déduction, on pourroit ajoûter encore qu'afin qu'elle soit absolument parfaite, il est nécessaire qu'elle soit le plus simple qu'il est possible, c'est - à - dire que les propositions y soient rangées dans leur ordre naturel; ensorte qu'en suivant tout autre chemin, on fût obligé d'employer un plus grand nombre de propositions pour former la déduction. Par exemple, les élémens d'Euclide sont un exemple de bonne déduction, mais non pas de déduction parfaite; parce que l'ordre des propositions auroit pû être plus naturel & plus simple. Voyez sur cela les différens élémens de Géométrie, & l'art de penser. Voyez aussi Élémens, Géométrie, &c. (O)

DÉDUIRE (Page 4:730)

DÉDUIRE, v. act. (Commerce.) soustraire, diminuer, rabattre, retrancher. Un négociant ne peut dire que son fonds est à lui, s'il n'a entierement déduit ses dettes passives. Voyez l'article Déduction. (G)

DEE (Page 4:730)

DEE, (Géog. mod.) il y a trois rivieres de ce nom, deux en Ecosse, une en Angleterre qui se jette dans la mer d'lslande.

DÉESSE (Page 4:730)

DÉESSE, s. f. (Myth.) fausse divinité du sexe féminin. Voyez Dieu.

Les anciens avoient presque autant de déesses que de dieux: telles étoit Junon, Diane, Proserpine, Vénus, Thétis, la Victoire, la Fortune, &c. Voyez Fortune.

Ils ne s'étoient pas contentés de se faire des dieux femmes, ou d'admettre les deux sexes parmi les dieux; ils en avoient aussi d'hermaphrodites: ainsi Minerve, selon quelques savans, étoit homme & femme, appellée Lunus & Luna. Mithra chez les Perses, étoit dieu & déesse; & le sexe de Vénus & de Vulcain, étoit aussi douteux. De - là vient que dans leurs invocations ils disoient: si vous êtes dieu, si vous êtes déesse, comme Aulugelle nous l'apprend. Voyez Hermaphrodite.

C'étoit le privilége des déesses d'être représentées toutes nues sur les médailles: l'imagination demeuroit dans le respect en les voyant. Dictionnaire de Trévoux & Chambers.

Les déesses ne dédaignoient pas de s'unir quelquefois avec des mortels. Thétis épousa Pelée, & Vénus aima Anchise, &c. Mais c'étoit une croyance commune, que les hommes honorés des faveurs des déesses ne vivoient pas long - tems; & si Anchise paroît avoir été excepté de ce malheur, il en fut, diton, redevable à sa discrétion. (G)

Déesses - meres (Page 4:730)

Déesses - meres, (Litt. Antiq. Insc. Myth. Hist.) divinités communes à plusieurs peuples, mais particulierement honorées dans les Gaules & dans la Germanie, & présidant principalement à la campagne & aux fruits de la terre. C'est le sentiment de M. l'abbé Banier, qu'il a étayé de tant de preuves dans le VI. volume des mémoires de l'académie des Belles - Lettres, qu'on ne peut s'y refuser.

Les surnoms que les déesses - meres portent dans les inscriptions, semblent être ceux des lieux où elles étoient honorées: ainsi les inscriptions sur lesquelles on lit matribus Gallaicis, marquoient les déesses - meres de la Galice; ainsi les Rumanées sont celles qui étoient adorées à Rhumaneim dans le pays de Juliers, &c.

Leur culte n'étoit pas totalement borné aux choses champêtres, puisqu'on les invoquoit non - seulement pour la santé & la prospérité des empereurs & de leur famille, mais aussi pour les particuliers.

Les déesses - meres étoient souvent confondues, & avoient un même culte que les Suleves, les Commodeves, les Junons, les Matrones, les Sylvatiques, & semblables divinités champêtres. On le justifie parn grand nombre d'inscriptions qu'ont recueillies Spon, Gruter, Reynesius, & autres antiquaires.

Il n'est pas vraissemblable que les déesses - meres tirent leur origine des Gaules ou des Germains, comme plusieurs savans le prétendent, encore moins que leur culte ne remonte qu'au tems de Septime Sévere. On a plusieurs inscriptions qui prouvent que ces déesses étoient connues en Espagne & en Angleterre; & il est probable que les uns & les autres avoient reçu le culte de ces déesses, soit des Romains, soit des autres peuples d'Italie, qui de leur côté le devoient aux Grecs, tandis que ceux - ci le tenoient des Egyptiens & des Phéniciens par les colonies qui étoient venues s'établir dans leurs pays. Voilà la premiere origine des déesses - meres, & de leur culte: en effet il paroît par un passage de Plutarque, que les Crétois honoroient d'un culte particulier, même dès les premiers tems, les déesses - meres, & personne n'ignore que les Crétois étoient une colonie phénicienne.

C'est donc de la Phénicie que la connoissance des déesses - meres s'est répandue dans le reste du monde. Sil'on suit les routes des fables & de l'idolatrie, on les trouvera partir des peuples d'Orient qui en se dispersant altérerent la pureté du culte qu'ils avoient reçu de leurs peres. D'abord ils rendirent leurs hommages à ce qui parut le plus parfait & le plus utile, au Soleil, & aux astres; de leur adoration, on vint à celle des élémens, & finalement de toute la nature. On crut l'univers trop grand pour être gouverné par une seule divinité; on en partagea les fonctions entre plusieurs. Il y en eut qui présiderent au ciel, d'autres aux enfers, d'autres à la terre; la mer, les fleuves, la terre, les montagnes, les bois, les campagnes, tout eut ses divinités. On n'en demeura pas là: chaque homme, chaque femme, eurent leurs propres divinités, dont le nombre, dit Pline, excédoit finalement celui de la race humaine. Les divi<pb->

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