ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"651"> sont un grand accablement. On ne peut expliquer ces effets que par la communication des nerfs; mais comme cela ne satisfait guere, il faut se borner à savoir le fait sûr, & à y chercher des remedes.

La premiere cause mentionnée de la débilité, est prouvée par les symptomes passés ou présens des grandes évacuations, comme sont la durée de la maladie; les hémorrhagies, effets de la maladie ou de l'art; les sueurs, les urines abondantes, la salivation, la diarrhée, le défaut de nourriture par quelque cause que ce soit, la pâleur, la maigreur, la petitesse du pouls, l'affoiblissement des vaisseaux, l'élasticité des muscles. L'imméabilité des liquides gluans, visqueux ou inflammatoires, se maniseste par les signes qui lui sont propres, selon ses différentes qualités. Il en est de même de l'obstruction, dont on peut voir le diagnostic en son lieu. La compression du cerveau & du cervelet, comme cause de foiblesse, se fait connoître, s'il y a en même tems des autres symptomes relatifs, comme le délire & l'assoupissement, le tremblement, le vertige, &c. Pour ce qui est de la débilité des fibres du coeur, qui peut produire la foiblesse générale de tout le corps, on ne peut en juger que par les signes du mouvement circulaire rallenti. On a lieu de soupçonner que la foiblesse est l'effet de quelqu'humeur venéneuse, ou de quelque poison dans l'estomac, lorsquerien n'indique aucune des causes précedentes, & que le malade éprouve certain sentiment qui lui fait croire que le siége du mal est dans la région épigastrique, qu'il désigne en disant qu'il est autour du coeur.

La curation de la foiblesse doit être différente, selon ses différentes causes: celle qui provient d'un épuisement à la suite de quelque grande évacuation, doit être traitée avec des alimens liquides, de bons sucs de facile digestion, qui se changent aisément en sang; des gelées douces tirées des animaux & des végétaux, rendues un peu actives par le vin & les aromats mêlés avec art, dont on fera user souvent & à petite dose. On employera les frictions extérieures modérées, qui servent à distribuer le suc nourricier. On aura attention de choisir une nourriture qui soit de nature à servir de correctif au vice de minant.

La foiblesse qui est causée par l'immeabilité des fluides, doit être traitée sclon la nature de celle - ci; si elle est froide, visqueuse, les legers incisifs, les délayans pénétrans, les cordiaux, conviennent; si elle est inflammatoire, on doit employer les remedes contre l'inflammation qui vient d'obstruction. Voyez Inflammation, Obstruction.

Ces derniers sont également indiqués dans les cas où il y a compression du cerveau; on peut y joindre utilement les moyens propres à détourner ailleurs l'humeur qui se jette sur cette partie, en faisant des applications émollientes autour de la tête, en humectant les narines, la face, la bouche par des fomentations; en appliquant aux piés des épispastiques.

On ne peut guere corriger le vice du coeur débile, sur - tout lorsque c'est son propre tissu qui est relâché: alors il est très - difficile de connoître ce mal; & quand on le connoîtroit, il ne se présenteroit guere d'indications à remplir pour y remédier. Le repos seroit utile dans ce cas; mais cet organe doit être dans un mouvement continuel, ce qui augmente toûjours plus le vice de ses fibres, qui sont continuellement tiraillées.

Le vomissement, comme on l'a dit ci - dessus, guérit ordinairement la foiblesse qui provient d'un embarras de nature maligne dans l'épigastre.

Il suit de tout ce qui vient d'être dit, que les cordiaux ne sont pas toûjours le remede convenable contre la foiblesse; qu'ils doivent être employés avec beaucoup de ménagement dans les cas où ils conviennent, & qu'il est bien rare qu'ils puissent être employés avec sûreté dans les maladies aigues. Il résulte encore de - là, que la foiblesse dans les fievres est souvent un symptome très - difficile à guérir. Extrait de Boerhaave & de Wanswieten. Voyez Fievre. (d)

DÉBILLARDER (Page 4:651)

DÉBILLARDER, v. act. est, dans la coupe des bois, enlever une partie en forme de prisme triangulaire ou approchant, qui empêche que l'une des faces de la piece de bois ne soit perpendiculaire à celle qui lui est contigue. (D)

DÉBILLER (Page 4:651)

DÉBILLER, v. n. terme de Riviere, détacher les chevaux qui tirent les bateaux sur les rivieres. On est obligé de débiller quand on trouve un pont.

DÉBIT (Page 4:651)

DÉBIT, s. m. (Musique.) maniere rapide de rendre un rôle de chant. Le débit ne doit jamais prendre sur l'articulation; il est une grande partie du chant françois: sans le débit, la scene la mieux faite languit & paroît insipide.

La lenteur est un des grands défauts du chant françois de scene, qu'on nomme aussi déclamation. Il faut cinq minutes pour débiter en expression trente vers, voyez Récitatif. On parleici pour les chanteurs qui possedent le mieux le débit. Voilà le principe de l'ennui que cause une trop grande quantité de récitatif. Quelque bien modulé qu'on le suppose, s'il a quelquefois en sa faveur l'expression, il a aussi contre lui une sorte de monotonie dont il ne sauroit se défaire, parce que les traits de chant qui le composent sont peu variés. Le plaisir & l'ennui ont toûjours des causes physiques: dans les arts agréables, le moyen sûr de procurer l'un & d'éviter l'autre, est de rechercher ces causes avec soin, & de se régler en conséquence lorsqu'on les a trouvées.

Le débit diminue la langueur du chant, & jette du feu dans l'expression; mais il faut prendre soin d'y mettre beaucoup de variété. Le débit sans nuances est pire que la lenteur qu'on auroit l'art de nuancer. Mademoiselle Lemaure n'avoit point de débit, la lenteur de son chant étoit excessive; mais l'éclat, le timbre, la beauté de son organe, la netteté de son articulation, la vérité, le pathétique, les graces de son expression, dédommageoient de cette lenteur. Voyez Récitatif. (B)

Débit, (Page 4:651)

Débit, terme de Teneur de livres; il se dit de la page à main gauche du grand titre ou livre d'extrait ou de raison, qui est intitulé doit, où l'on porte toutes les parties ou articles que l'on a fournis ou payés pour un compte, ou tout ce qui est à la charge de ce compte; ainsi l'on dit: Je vous ai débité, je vous ai donné débit, j'ai passé à votre débit une telle somme que j'ai payée pour vous. Voyez les dictionn. de Comm. & de Trév. & Chambers. (G)

Débit, (Page 4:651)

Débit, (Comm.) se dit aussi de la vente prompte & facile des marchandises: quelquefois leur bonne qualité, & quelquefois aussi le bon marché, en facilite le débit. Id. ibid. (G)

Débit du bois, (Page 4:651)

* Débit du bois, (OEconom. rust.) c'est l'art de connoître sa destination, & de le couper, fendre, tailler, façonner en conséquence. On débite le bois ou pour la charpente, ou pour le sciage, ou pour le charronnage, ou pour le foyer, ou pour le four à charbon. Le taillis peut donner la falourde, le fagot, du charbon, du cotteret, de la bourée; rarement des pieces de fente, de sciage ou de charpente: c'est des futayes qu'on les tire. Le tronc des arbres de haute - futaye se débite en bois de fente, de sciage & de charpente; sa tige en falourdes, bois de corde, bois de cotteret, bois de charbon, bourées; & les grosses branches quelquefois en bois d'équarrissage, de sciage, de fente, &c. Il y a des échantillons auxquels il faut s'assujettir, de quelque maniere qu'on débite le bois; sans cette attention il ne seroit pas de vente. Il faut aussi consulter la con<pb-> [p. 652] sommation; c'est cette connoissance qui déterminera en tel endroit & en telle circonstance à débiter son bois d'une maniere; & dans un autre endroit & dans une autre circonstance, à le débiter autrement.

DEBITANT (Page 4:652)

DEBITANT, s. m. (Comm.) terme en usage dans l'exploitation de la ferme du tabac. On entend par ce mot ceux qui font en détail le débit du tabac, qu'ils vont chercher en gros dans les bureaux généraux du tabac. On fait aux débitans une remise de quelqu'once ou demi - once par livre de tabac, suivant la qualité de cette marchandise, à cause du déchet que produit le trait, quand on la pese par petite partie.

Les débitans de Paris ont ordinairement un compte ouvert avec le receveur du bureau. On ne peut être débitant sans permission du fermier, sous peine d'amende & de consiscation. Dict. de Comm. de Trév. & Chambers. (G)

DEBITER (Page 4:652)

DEBITER, verbe act. (Musique.) terme d'opera; rendre avec vivacité, nuances & précision un rôle de déclamation.

Le débit est le contraire de la lenteur; ainsi débiter est chanter un rôle avec rapidité, en observant les tems, en répandant sur le chant l'expression, les nuances nécessaires; en faisant sentir les choses de sentiment, de force, de tendresse, de vivacité, de noblesse, & tout cela sans manquer à la justesse & à l'articulation, & en donnant les plus beaux sons possibles de sa voix. Voyez Débit, Tems, Déclamation.

La scene d'opera languit, si elle n'est pas débitée; l'acteur qui ne sait point débiter, quelque bien qu'il chante, en affoiblit l'intérêt & y répand l'ennui.

Il faut bien cependant se garder de croire que rendre un rôle avec rapidité, sans le nuancer, sans y mettre des tems, &c. soit la même chose que le débiter. Une actrice qui n'est plus, & dont on peut maintenant parler sans scrupule, parce que la vérité, qui ne sauroit plus nuire à sa personne, peut servir au progrès de l'art, chantoit très - rapidement ses rôles, faisoit faire à ses bras de très - grands mouvemens, & malgré tout cela ne débitoit point, parce qu'elle ne nuançoit point son chant, & qu'elle manquoit de justesse.

Elle a fait pendant long - tems sur ce point illusion au gros du public; on la loüoit sur cette partie qu'elle n'avoit point, parce qu'elle chantoit avec beaucoup de rapidité, mais sans aucun agrément & sans nulle sorte de variété. Si Thevenard débitoit, comme on ne sauroit le disputer; que ceux qui ontvû l'acteur & l'actrice, & qui doivent être maintenant de sang - froid sur ces points, jugent s'il est possible qu'elle débitât.

Mais comme l'actrice dont on parle étoit supposée débiter, en conséquence de cette prévention on la donnoit pour modele. Tel est le pouvoir de l'habitude, que sa figure mal dessinée, colossale & sans graces, passoit pour théatrale: on prenoit pour de la noblesse, une morgue insupportable; pour gestes d'expression, des mouvemens convulsifs qui n'étoient jamais d'accord avec les choses qu'elle devoit exprimer; & pour une voix propre à la déclamation, des sons durs, presque toûjours forcés, & souvent faux. De toutes ces erreurs, que d'inconvéniens n'ont pas dû naître!

On s'accoûtume par degrés aux disgraces des acteurs que l'on voit tous les jours; on les juge souvent corrigés des mêmes défauts qui avoient d'abord choqué, qu'ils ont encore, & dont ils ne se déferont jamais, parce que les spectateurs ont eu la bonté de s'y faire. Les étrangers cependant arrivent de sang froid, nous leur parlons de notre opera, & ils y courent; mais ils ouvrent envain les yeux & les oreilles, ils n'y voyent & n'y entendent rien de ce que nous croyons y voir & y entendre: ils se parlent, nous examinent, nous jugent, & prennent pour défaut d'esprit & pour prévention, quelquefois même pour orgueil, ce qui n'est réellement l'effet que de l'habitude, de l'indifférence pour le progrès de l'art, ou peut - être d'un fond de bonté naturelle pour les personnes qui se dévoüent à nos plaisirs.

Débiter est donc à l'opera une partie essentielle à l'acteur; & débiter est rendro un rôle de chant avec rapidité, justesse, expression, grace & variété. Prodiguons des éloges & des applaudissemens aux acteurs qui par leur travail auront acquis cette partie très - rare. Par cette conduite nous verrons infailliblement l'art s'accroître, & nos plaisirs devenir plus piquans. Voyez Chanteur, Débit, Déclamation, Récitatif. (B)

Débiter, (Page 4:652)

Débiter, terme d'Architecture, c'est scier de la pierre pour faire des dales ou du carreau. (P)

Débiter le cable, (Page 4:652)

Débiter le cable, (Marine.) c'est détacher un tour que le cable fait sur la bitte. (Z)

Débiter (Page 4:652)

Débiter une partie, un article, sur un livre, dans un compte, (Commerce.) c'est la porter à la page à main gauche du livre, qu'on appelle le côté du débit. Voyez Débit. (G)

Débiter, (Page 4:652)

Débiter, se dit aussi des marchandises que l'on vend facilement & avec promptitude. C'est un grand talent dans un marchand, que de savoir bien débiter sa marchandise. Dictionn. de Comm. & Trév. (G)

Débiter, (Page 4:652)

Débiter, (OEcon. rustiq.) se dit dans une forêt de l'exploitation des bois en planches, en cerceaux, en échalas, en merrein, lattes, chevrons, poteaux, solives, poutres, gouttieres, & autres. (K)

Débiter (Page 4:652)

Débiter du bois, (Menuiserie.) c'est, après qu'il est tracé, le couper à la scie suivant les longueurs & largeurs convenables aux ouvrages qu'on en veut faire.

Débiter (Page 4:652)

Débiter (à la Monnoie), c'est l'action de couper les flancs de lames de métal avec l'instrument appellé coupoir; les monnoyeurs au lieu de dire couper une lame en flancs, se servent du terme débiter. Voy. l'article Coupoir.

DEBITEUR (Page 4:652)

DEBITEUR, s. m. (Jurisprud.) est celui qui est tenu de payer quelque chose en argent, grain, liqueur, ou autre espece, soit en vertu d'un jugement ou d'un contrat écrit ou non, d'un quasi - contrat, délit ou quasi - délit.

Le débiteur est appellé dans les lois romaines debitor ou reus debendi, reus promittendi, & quelquefois reus simplement; mais il faut prendre garde que ce mot reus quand il est seul, signifie quelquefois le coupable ou l'accusé. L'Ecriture défend au créancier de vexer son débiteur, & de l'opprimer par des usures. Exod. xxij. v. 25.

Ce précepte a cependant été bien mal pratiqué chez plusieurs nations; chez les Juifs, par exemple, le créancier pouvoit, faute de payement, faire emprisonner son débiteur, même le faire vendre, lui, sa femme, & ses enfans: le débiteur devenoit en ce cas l'esclave de son créancier.

La loi des douze tables étoit encore plus severe, car elle permettoit de déchirer en pieces le débiteur, & d'en distribuer les membres aux créanciers, par forme de contribution au sol la livre. Cette loi leur donnoit aussi l'option d'envoyer vendre leur débiteur comme esclave hors du pays, & d'en partager le prix; s'il n'y avoit qu'un créancier, il ne pouvoit ôter la vie à son débiteur, ni même la liberté qui lui étoit plus chere que la vie. On ne trouve même pas d'exemple que des créanciers ayent été assez inhumains pour mettre en pieces leur débiteur, il se trouvoit toûjours quelqu'un des créanciers qui aimoit mieux que le débiteur fût vendu que tué, pour en tirer de l'argent; desorte qu'il arrivoit ordinairement

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