ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

RECHERCHE Accueil Mises en garde Documentation ATILF ARTFL Courriel

Previous page

"623"> au cercle de basse Saxe, sur le Tetze. Long. 29. 20. lat. 53. 18.

DANOIS (Page 4:623)

DANOIS, (impôt.) Hist. mod. c'étoit une taxe annuelle imposée anciennement sur les Anglois, qui n'étoit d'abord que d'un schelin, & ensuite de deux, pour chaque mesure de 40 arpens de terre par tout le royaume, pour entretenir un nombre de forces que l'on jugeoit suffisantes à nettoyer les mers de pirates Danois, qui auparavant desoloient les côtes d'Angleterre.

Ce subside fut d'abord imposé comme une taxe annuelle sur toute la nation, sous le roi Ethelred, l'an 991: « Ce prince, dit Cambden, in Britannia, étant réduit à de grandes extrémités par les invasions continuelles des Danois, voulut se procurer la paix, & fut obligé de charger son peuple de ces taxes appellées impot danois. Il paya d'abord 10000 liv. ensuite 16000 l. après 24000 l. puis 36000 l. & enfin 48000 l.»

Edouard le Confesseur remit cette taxe; les rois Guillaume I. & II. la continuerent. Sous le regne d'Henri I. on mit cet impôt au nombre des revenus fixes du royaume; mais le roi Etienne le supprima entierement le jour de son couronnement.

Les biens d'église ne payoient rien de cet impôt; parce que le peuple d'Angleterre, comme on le voit dans une ancienne loi saxonne, avoit plus de confiance aux prieres de l'Eglise, qu'à la force des armes. Voyez ci - devant Dane - Gelt, & le dictionn. de Chambers. (G)

DANS, EN (Page 4:623)

DANS, EN, synonymes, (Gram.) ces mots different en ce que le second n'est jamais suivi - des articles le, la, & ne se met jamais avec un nom propre de ville; & que le premier ne se met jamais devant un mot d'où l'article est retranché. On dit, je suis en peine, & je suis dans la peine; je suis dans Paris, & j'y suis en charge. (O)

DANSE (Page 4:623)

DANSE, s. f. (Art & Hist.) mouvemens reglés du corps, sauts, & pas mesurés, faits au son des instrumens ou de la voix. Les sensations ont éte d'abord exprimées par les différens mouvemens du corps & du visage. Le plaisir & la douleur en se faisant sentir à l'ame, ont donné au corps des mouvemens qui peignoient au - dehors ces différentes impressions: c'est ce qu'on a nommé geste. Voyez Geste.

Le chant si naturel à l'homme, en se développant, a inspiré aux autres hommes qui en ont été frappés, des gestes relatifs aux différens sons dont ce chant étoit composé; le corps alors s'est agité, les bras se sont ouverts ou fermés, les piés ont formé des pas lents ou rapides, les traits du visage ont participé à ces mouvemens divers, tout le corps a répondu par des positions, des ébranlemens, des attitudes aux sons dont l'oreille étoit affectée: ainsi le chant qui étoit l'expression d'un sentiment (Voyez Chant) a fait développer une seconde expression qui étoit dans l'homme qu'on a nommée danse. Et voilà ses deux principes primitifs.

On voit par ce peu de mots que la voix & le geste ne sont pas plus naturels à l'espece humaine, que le chant & la danse; & que l'un & l'autre sont, pour ainsi dire, les instrumens de deux arts auxquels ils ont donné lieu. Dès qu'il y a eu des hommes, il y a eu sans doute des chants & des danses; on a chanté & dansé depuis la création jusqu'à nous, & il est vraissemblable que les hommes chanteront & danseront jusqu'à la destruction totale de l'espece.

Le chant & la danse une fois connus, il étoit naturel qu'on les fit d'abord servir à la démonstration d'un sentiment qui semble gravé profondément dans le coeur de tous les hommes. Dans les premiers tems où ils sortoient à peine des mains du Créateur tous les êtres vivans & inanimés étoient pour leurs yeux des signes éclatans de la toute - puissance de l'Être suprême, & des motifs touchans de reconnoissance pour leurs coeurs. Les hommes chanterent donc d'abord les loüanges & les bienfaits de Dieu, & ils danserent en les chantant, pour exprimer leur respect & leur gratitude. Ainsi la danse sacrée est de toutes les danses la plus ancienne, & la source dans laquelle on a puisé dans la suite toutes les autres. (B)

Danse sacrée (Page 4:623)

Danse sacrée, c'est la danse que le peuple Juif pratiquoit dans les fêtes solennelles établies par la loi, ou dans des occasions de réjoüissance publique, pour rendre graces à Dieu, l'honorer, & publier ses loüanges.

On donne encore ce nom à toutes les danses que les Egyptiens, les Grecs, & les Romains avoient instituées à l'honneur de leurs faux dieux, & qu'on exécutoit ou dans les temples, comme les danses des sacrifices, des mysteres d'Iris, de Cérès, &c. ou dans les places publiques, comme les bachanales; ou dans les bois, comme les danses rustiques, &c.

On qualifie aussi de cette maniere les danses qu'on pratiquoit dans les premiers tems de l'église dans les fêtes solennelles, & en un mot toutes les danses qui dans les différentes religions faisoient partie du culte reçu.

Après le passage de la mer Rouge, Moyse & sa soeur rassemblerent deux grands choeurs de musique, l'un composé d'hommes, l'autre de femmes, qui chanterent & danserent un ballet solennel d'actions de graces. Sumpsit ergo Maria prophetissa soror Aaron tympanum in manu sua. Egressoeque sunt omnes mulieres cum tympanis & choris, quibus precinebat, dicens: cantemus Domino, quoniam gloriose magnificatus est; equum & ascensorem dejecit in mare, &c.

Ces instrumens de musique rassemblés sur le champ, ces choeurs arrangés avec tant de promptitude, la facilité avec laquelle les chants & la danse furent exécutés, supposent une habitude de ces deux exercices fort antérieure au moment de l'exécution, & prouvent assez l'antiquité reculée de leur origine.

Les Juifs instituerent depuis plusieurs fêtes solennelles, dont la danse faisoit une partie principale. Les filles de Silo dansoient dans les champs suivant l'usage, quand les jeunes gens de la tribu de Benjamin, à qui on les avoit refusées pour épouses, les enleverent de force sur l'avis des vieillards d'Israel. Lib. Jud. cap. ult.

Lorsque la nation sainte célébroit quelque évenement heureux, où le bras de Dieu s'étoit manifesté d'une maniere éclatante, les Lévites exécutoient des danses solennelles qui etoient composées par le sacerdoce. C'est dans une de ces circonstances que le saint roi David se joignit aux ministres des autels, & qu'il dansa en presence de tout le peuple Juif, en accompagnant l'arche depuis la maison d'Obededon jusqu'à la ville de Bethléem.

Cette marche se fit avec sept corps de danseurs, au son des harpes & de tous les autres instrumens de musique en usage chez les Juifs. On en trouve la figure & la description dans le premier tome des commentaires de la bible du P. Calmet.

Dans presque tous les pseaumes on trouve des traces de la danse sacrée des Juifs. Les interpretes de l'Ecriture sont sur ce point d'un avis unanime. Existimo (dit l'un des plus célebres) in utroque psalmo nomine chori intelligi posse cum certo instrumento homines ad sonum ipsius tripudiantes; & plus bas: de tripudio seu de multitudine saltantium & concinentium minime dubito. Lorin, in psalm. cxljx. v. 3.

On voit d'ailleurs dans les descriptions qui nous restent des trois temples de Jérusalem, de Garisim, ou de Samarie, & d'Alexandrie, bâti par le grand-prêtre Onias, qu'une des parties de ces temples étoit formée en espece de théatre, auquel les Juifs donnoient le nom de choeur, Cette partie étoit oc<pb-> [p. 624] cupée par le chant & la danse, qu'on y exécutoit avec la plus grande pompe dans toutes les fêtes lolennelles.

La danse sacrée telle qu'on vient de l'expliquer, & qu'on la trouve établie chez le peuple Hébreu dans les tems les plus reculés, passa sans doute avec les notions imparfaites de la divinité chez tous les autres peuples de la terre. Ainsi elle devint parmi les Egyptiens, & successivement chez les Grecs & les Romains, la partie la plus considérable du culte de leurs faux dieux.

Celle que les prêtres d'Egypte inventerent pour exprimer les mouvemens divers des astres, fut la plus magnifique des Egyptiens. Voyez Danse astronomique. Et celle qu'on inventa en l'honneur du boeuf Apis fut la plus solennelle.

C'est à l'imitation de cette derniere, que le peuple de Dieu imagina dans le desert la danse sacrilége autour du veau d'or. S. Grégoire dit que plus cette danse a été nombreuse, pompeuse, & solennelle, plus elle a été abominable devant Dieu, parce qu'elle étoit une imitation des danses impies des idolatres.

Il est aisé de se convaincre par ce trait d'histoire de l'antiquité des superstitions égyptiennes, puisqu'elles subsistoient long - tems avant la sortie du peuple Juif de l'Egypte. Les prêtres d'Osiris avoient d'abord pris des prêtres du vrai Dieu une partie de leurs cérémonies, qu'ils avoient ensuite déguisées & corrompues. Le peuple de Dieu à son tour entraîné par le penchant de l'imitation si naturel à l'homme, se rappella après sa sortie de l'Egypte les cérémonies du peuple qu'il venoit de quitter, & il les imita.

Les Grecs dûrent aux Egyptiens presque toutes leurs premieres notions. Dans le tems qu'ils étoient encore plongés dans la plus stupide ignorance, Orphée qui avoit parcouru l'Egypte & qui s'étoit fait initier aux mysteres des prêtres d'Isis, porta, à son retour, dans sa patrie leurs connoissances & leurs erreurs. Aussi le système des Grecs sur la religion n'étoit - il qu'une copie de toutes les chimeres des prêtres d'Egypte.

La danse fut donc établie dans la Grece pour honorer les dieux, dont Orphée instituoit le culte; & comme elle saisoit une des parties principales des cérémonies & des sacrifices, à mesure qu'on élevoit des autels à quelque divinité, on inventoit aussi pour l'honorer des danses nouvelles, & toutes ces danses différentes étoient nommées sacrées.

Il en fut ainsi chez les Romains, qui adopterent les dieux des Grecs. Numa, roi pacifique, crut pouvoir adoucir la rudesse de ses sujets, en jettant dans Rome les fondemens d'une religion; & c'est à lui que les Romains doivent leurs superstitions, & peut - être leur gloire. Il forma d'abord un collége de prêtres de Mars; il régla leurs fonctions, leur assigna des revenus, fixa leurs cérémonies, & il imagina la danse qu'ils exécutoient dans leurs marches pendant les sacrifices, & dans les fêtes solennelles. Voyez Danse des Saliens.

Toutes les autres danses sacrées qui furent en usage à Rome & dans l'Italie, dériverent de cette premiere. Chacun des dieux que Rome adopta dans les suites eut des temples, des autels, & des danses. Telles étoient celles de la bonne déesse, les saturnales, celles du premier jour de Mai, &c. Voyez - les à leurs articles.

Les Gaulois, les Espagnols, les Allemands, les Anglois, eurent leurs danses sacrées. Dans toutes les religions anciennes, les prêtres furent danseurs par état; parce que la danse a été regardée par tous les peuples de la terre comme une des parties essentielles du culte qu'on devoit rendre à la divinité. Il n'est donc pas étonnant que les Chrétiens, en purifiant par une intention droite une institution aussi ancienne, l'eussent adoptée dans les premiers tems de l'établissement de la foi.

L'Eglise en réunissant les fideles, en leur inspirant un dégoût légitime des vains plaisirs du monde, en les attachant à l'amour seul des biens éternels, cherchoit à les remplir d'une joie pure dans la célébration des fêtes qu'elle avoit établies, pour leur rappeller les bienfaits d'un Dieu sauveur.

Les persécutions troublerent plusieurs fois la sainte paix des Chrétiens. Il se forma alors des congrégations d'hommes & de femmes, qui à l'exemple des Thérapeutes se retirerent dans les deserts: là ils se rassembloient dans les hameaux les dimanches & les fêtes, & ils y dansoient pieusement en chantant les prieres de l'Eglise. Voyez l'histoire des ordres monastiques du P. Heliot.

On bâtit des temples lorsque le calme cut succédé aux orages, & on disposa ces édifices relativement aux différentes cérémonies, qui étoient la partie extérieure du culte reçu. Ainsi dans toutes les églises on pratiqua un terrein élevé, auquel on donna le nom de choeur: c'étoit une espece de théatre séparé de l'autel, tel qu'on le voit encore à Rome aujourd'hui dans les églises de S. Clément & de S. Pancrace.

C'est - là qu'à l'exemple des prêtres & des lévites de l'ancienne loi, le sacerdoce de la loi nouvelle formoit des danses sacrées en l'honneur d'un Dieu mort sur une croix pour le salut de tous les hommes, d'un Dieu ressuscité le troisieme jour pour consommer le mystere de la rédemption, &c. Chaque mystere, chaque fête avoit ses hymnes & ses danses; les prêtres, les laïcs, tous les fideles dansoient pour honorer Dieu; si l'on en croit même le témoignage de Scaliger, les évêques ne furent nommés proesules, dans la langue latine à proesiliendo, que parce qu'ils commençoient la danse. Les Chrétiens d'ailleurs les plus zélés s'assembloient la nuit devant la porte des églises la veille des grandes fêtes; & la pleins d'un zele saint, ils dansoient en chantant les cantiques, les pseaumes, & les hymnes du jour.

La fête des agapes ou festins de charité, instituée dans la primitive église en mémoire de la cene de Jesus - Christ, avoit ses danses comme les autres. Cette fête avoit été établie, afin de cimenter entre les Chrétiens qui avoient abandonné le Judaisme & le Paganisme une espece d'alliance. L'Eglise s'efforçoit ainsi d'affoiblir d'une maniere insensible l'éloignement qu'ils avoient les uns pour les autres, en les réunissant par des festins solennels dans un même esprit de paix & de charité. Malgré les abus qui s'étoient déjà glissés dans cette fête du tems de S. Paul, elle subsistoit encore lors du concile de Gangres en l'année 320, où on tâcha de les réformer. Elle fut ensuite totalement abolie au concile de Carthage, sous le pontificat de Grégoire le grand en 397.

Ainsi la danse de l'Eglise, susceptible comme toutes les meilleures institutions, des abus qui naissent toûjours de la foiblesse & de la bisarrerie des hommes, dégénera après les premiers tems de zele en des pratiques dangereuses qui allarmerent la piété des papes & des évêques: de - là les constitutions & les decrets qui ont frappé d'anathême les danses baladoires, celles des brandons. Voyez ces deux mots à leurs articles. Mais les PP. de l'Eglise, en déclamant avec la plus grande force contre ces exercices scandaleux, parlent toûjours avec une espece de vénération de la danse sacrée. S. Grégoire de Nazianze prétend même que celle de David devant l'arche sainte, est un mystere qui nous enseigne avec quelle joie & quelle promptitude nous devons courir vers les biens spirituels; & lorsque ce pere reproche à Julien l'abus qu'il faisoit de la danse, il lui dit avec la véhémence

Next page


The Project for American and French Research on the Treasury of the French Language (ARTFL) is a cooperative enterprise of Analyse et Traitement Informatique de la Langue Française (ATILF) of the Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), the Division of the Humanities, the Division of the Social Sciences, and Electronic Text Services (ETS) of the University of Chicago.

PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.