ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"617"> une espece de bascule de la longueur d'un pié & demi, plus ou moins, dont une partie enveloppe le rouleau. On suspend à son extrémité un poids d'une grosseur proportionnée à la longueur de la bascule; on tient la toile tendue en tournant le rouleau opposé, sur lequel l'étoffe se plie à mesure qu'on la travaille, & au moyen d'une roue de fer & d'une gachette dont l'extrémité entre dans les dents de la roue: quand on a forcé le rouleau de derriere à se devider, on tient la chaîne toûjours tendue.

Cette maniere d'étendre la chaîne des étoffes faconnées est très - commode, sur - tout pour les étoffes riches dont la chaîne est continuellement chargée d'une quantité de petites navettes; mais n'est - elle pas sujette à un inconvénient, en ce que les grandes secousses que les cordes donnent à la chaîne pendant le travail de l'étoffe, jointes aux coups de battant, & à la liberté que la bascule accorde au rouleau de derriere de devider, sont à chaque instant lâcher un peu plus ou un peu moins la chaîne, qui perdant de son extension, la fait perdre également à l'étoffe fabriquée, d'où naît le défaut qu'on remarque à certains damas qui paroissent froissés en quelques endroits, lorsqu'ils sont levés de dessus le rouleau, ce qui s'appelle en manufacture griper; gripure qui n'a point lieu quand on s'y prend autrement pour tendre la chaine.

Les Génois n'ont ni corde, ni bascule, ni chien, ni gâchette pour tendre les chaînes; ils n'employent à cela que deux chevilles de bois; l'une de deux piés de longueur ou environ entre dans un trou de deux pouces en quarré fait au rouleau de devant qui est percé en croix en deux endroits de part en part, & attaché par le bout à une corde qui tient au pié du métier. Le rouleau de derriere est percé de mème; & quand il s'agit d'étendre la chaîne, on fiche dans une des quatre ouvertures des deux trous qui traversent de part en part le rouleau & qui se croisent, une cheville longue de trois piés & demi au moins, à l'aide de laquelle on donne l'extension qu'on veut à la chaîne, en attachant le bout de la cheville à une corde placée au - dessus de l'endroit où répond le bout de la cheville. Des manufacturiers habiles m'ont assûré que cette façon de tenir la chaîne tendue n'étoit sujette à aucun inconvénient; qu'on ne donnoit à la chaîne que ce qu'elle demandoit d'extension; que la sécheresse & l'humidité n'avoient plus d'action qu'on ne pût réparer sur le champ; qu'on n'appercevoit plus dans l'étoffe ni froissement, n gripure; que l'effet des secousses étoit autant anéanti qu'il étoit possible; & que ce moyen donnoit même lieu à une espece d'aprêt que la chaîne recevoit pendant la fabrication, & qu'on ne remarquoit qu'aux damas de Genes & autres fabriqués de la même maniere.

Cela supposé, il ne faudroit pas attribuer seulement la différence des damas de Gênes & de Lyon, à la différence des soies: nous pouvons avoir, & nous avons même d'aussi bonnes soies; nos ouvriers ne le cedent en rien aux leurs; nous avons plus de goût: il ne s'agit donc que de conformer nos métiers aux leurs, tant pour le velours que pour le damas. Quelque legere que puisse paroître cette observation sur l'extension des chaînes, il faut considérer qu'elle a lieu depuis le commencement du travail jusqu'à sa fin.

Nous n'avons fait aucune mention jusqu'à présent du nombre de brins dont l'organsin doit être composé; mais on conçoit bien que les damas faits avec des organsins à trois brins, doivent être plus beaux que ceux qui ne sont fabriqués qu'avec des organsins à deux brins.

Outre les damas dont nous avons parlé ci - dessus, il y en a encore d'autres sortes dont nous allons dire un mot.

Il y a le damas caffart; étoffe qui imite le vrai da<cb-> mas, dont la trame est ou poil, ou fleuret, ou fil, ou laine, ou coton, & qui se fabrique de différentes largeurs. Le damas de la Chine ou des Indes; il y en a de toutes couleurs; ils sont meilleurs que les nôtres; ils conservent leur beauté après le dégraissage; les nôtres la perdent; ils prennent aussi beaucoup mieux la teinture. Le damas d'Abbeville, qui se travaille comme le damas de soie, qui a fond & fleur, mais dont la chaîne & la trame sont fil. Le damas de Caux, qui ne differe du damas d'Abbeville qu'en ce qu'il est à raie & non à fleurs. Il y a encore le damas de Hollande, qui n'est qu'une étoffe en soie plus legere que nos damas.

Damas (Page 4:617)

Damas, s. m. On appelle ainsi un sabre d'un acier très - fin, très - bien trempé, & fort - tranchant. Les premiers ont été faits à Damas en Syrie, d'où est venu leur nom.

Damas (Page 4:617)

Damas, (Géog. mod.) ville d'Asie, capitale de la Syrie. Elle est renommée par ses raisins, ses manufactures en soie, ses sabres, & ses couteaux: elle est située sur la riviere de Paradi. Long. 54. 53. lat. 33.

DAMASONIUM (Page 4:617)

DAMASONIUM, s. m. (Hist. nat. bot.) genre de plante à fleur en rose, composée pour l'ordinaire de trois pétales disposés en rond. Il sort du calice un pistil, qui devient dans la suite un fruit fait en forme d'étoile, qui est composé de plusieurs capsules, & qui renferme des semences ordinairement oblongues. Tournefort, inst. rei herb. Voyez Plante. (I)

DAMASQUETTES (Page 4:617)

DAMASQUETTES, s. f. ce sont des étoffes à fleur d'or & d'argent, ou seulement à fleur de soie. Elles se fabriquent à Venise, & se débitent au Levant. Dict. du Comm. & de Trév.

DAMASQUIN (Page 4:617)

DAMASQUIN, s. m. (Comm.) on le nomme plus communément rotte; c'est un poids dont on se sert dans le Levant, & particulierement à Seyde.

Le damasquin ou rotte est de six cents dragmes, ou de quatre livres onze onces de Marseille. Cent damasquins font trois cents quatre - vingt livres de Paris. Voyez Rotte. Voyez les dict. du Comm. de Trév. Chamb. & Dish. (G)

DAMASQUINER (Page 4:617)

DAMASQUINER, v. act. (Cisel.) c'est l'art d'enjoliver le fer ou l'acier, &c. en lui donnant une façon qui consiste à le tailler ou graver, puis à remplir les raies qu'on y fait d'un fil d'or ou d'argent. C'est une espece de mosaïque: aussi les Italiens lui donnent - ils le même nom tausia, qu'à la marqueterie. Cette sorte de travail a pris son nom de la ville de Damas, où il s'est fait quantité de beaux ouvrages dans ce genre, aussi - bien qu'en plusieurs autres endroits du Levant. Les anciens s'y sont beaucoup appliqués. C'est un assemblage de filets d'or ou d'argent, dont on fait des ouvrages plats ou des bas reliefs sur du fer. Les ornemens dont on les enrichit sont arabesques, moresques, ou grotesques. Voyez ces mots à leurs articles. Il se trouve encore des anneaux antiques d'acier avec des figures & des feuillages travaillés de cette maniere, & qui sont parfaitement beaux. Mais dans ces derniers tems on a fait des corps de cuirasie, des casques damasquinés, enrichis de moresques & d'arabesques d'or, & même des étriers, des harnois de chevaux, des masses de fer, des poignées, & des gardes d'épées, & une infinité d'autres choses d'un travail très - exquis. Depuis qu'on a commencé à faire en France de ces sortes d'ouvrages (c'est sous le regne d'Henri IV.), on peut dire qu'on a surpassé ceux qui s'en sont mêlés auparavant. Cursinet fourbisseur à Paris, qui est mort il y a environ cent ans, a fait des ouvrages incomparables dans cette sorte de travail, tant pour le dessein que pour la belle maniere d'appliquer son or & de ciseler par - dessus.

Quand on veut damasquiner sur le fer, on le met au feu pour lui donner le passe violet, qui est ce qu'<pb-> [p. 618] on appelle couleur d'eau; puis on dessine legerement dessus ce qu'on veut figurer, & on le taille avec un couteau à tailler de petites limes; ensuite avec un fil d'or ou d'argent fort délié, on suit le dessein, & on remplit de ce fil les endroits qu'on a marqués pour former quelques figures, le faisant entrer dans les hachûres avec un petit outil qu'on nomme ciseau; & avec un matoir on amatit l'or. Voyez Matoir.

Si l'on veut donner du relief à quelques figures, on met l'or & l'argent plus épais, & avec des ciselets on forme dessus ce qu'on veut.

Mais quand avec la damasquinure on veut mêler un travail de rapport d'or ou d'argent, alors on grave le fer profondément en - dessous & à queue d'aronde, puis avec le marteau & le ciselet on fait entrer l'or dans la gravure; après en avoir taillé le fond en forme de lime très - déliée afin que l'or y entre, & y demeure plus fortement attaché.

Cet or s'employe aussi par filets, & on le tourne & manie comme en damasquinant suivant le dessein qu'on a gravé sur le fer.

Il faut avoir attention que les filets d'or soient plus gros que le creux qu'on a gravé, afin qu'ils y entrent par force avec le marteau. Quand l'or ou l'argent est bien appliqué, on forme les figures dessus, soit avec les burins ou ciselets, soit par estampes avec des poinçons gravés de fleurons, ou autres objets qui servent à imprimer ou estamper ce que l'on veut. Voyez Ciselure, & la figure 14. du Ciseleur - Damasquineur, qui représente une plaque de métal sur laquelle est une feuille taillée & damasquinée en partie.

Cet article est tiré du dict. du Com. qui l'a emprunté du dictionnaire des principes de l'Architecture, Peinture, & Sculpture. Nous n'y avons rien changé, parce qu'il nous a paru contenir ce qu'il y avoit d'essentiel à remarquer sur cet art, plus difficile à pratiquer qu'à entendre.

DAMASSE (Page 4:618)

DAMASSE, adj. (Manufact. en fil.) il se dit d'une sorte de linge très - sin destiné au service de la table, où l'on remarque un fond & un dessein; d'où l'on voit qu'il n'a été appellé damassé que parce que le travail en est le même que celui du damas. On lui donne encore le nom de petite Venise. V. Damas.

DAMASSER (Page 4:618)

DAMASSER, v. act. en termes de Vannier, c'est faire à une piece de lasséré des ornemens en losange, en croix, ou autres figures semblables à celles qu'on voit sur les serviettes damassées.

DAMASSIN (Page 4:618)

* DAMASSIN, s. m. (Manuf. en soie.) petit damas moins garni de chaîne & de trame que les damas ordinaires.

DAMATER (Page 4:618)

* DAMATER, (Myth.) surnom de Cérès. Les Grecs appelloient Damatrius le dixieme de leur mois, qui répondoit à - peu - près à notre mois de Juillet: c'étoit le tems de leurs moissons, ou de la récolte des dons dont ils rendoient graces à Cérès.

DAMBÉE (Page 4:618)

DAMBÉE, (Géog. mod.) province d'Abyssinie en Afrique, sur un grand lac de même nom proche le Nil.

DAME (Page 4:618)

DAME, f. f. (Hist. nat.) Voyez Pie.

Dame (Page 4:618)

Dame, s. f. (Hist. mod.) titre autrefois très - distingué, très - honorable parmi nous, & qu'on n'accordoit qu'aux personnes du premier rang. Nos rois ne le donnoient dans leurs lettres qu'aux femmes des chevaliers; celles des écuyers les plus qualifiés étoient simplement nommées mademoiselle: c'est pourquoi Françoise d'Anjou étant demeurée veuve avant que son mari eût été fait chevalier, n'est appellée que mademoiselle. Brantome ne donnoit encore que le titre de mademoiselle à la sénéchale de Poitou sa grand - mere. Il parleroit différemment aujourd'hui que la qualification de madame est devenue si multipliée, qu'elle n'a plus d'éclat, & s'accorde même à de simples femmes de bourgeois. Tous les mots qui désignent des titres, des dignités, des charges, des prééminences, n'ont d'autre valeur que celle des lieux & des tems, & il n'est pas inutile de se le rappeller dans les lectures historiques. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

Dame du Palais (Page 4:618)

Dame du Palais, (Hist. de France.) titre d'office chez la reine de France avec pension. François I. introduisit les femmes à la cour, & la reine Catherine de Médicis, les filles d'honneur qu'elle employa comme un moyen des plus propres à servir ses desseins, à amuser les grands, & à découvrir leurs secrets. Enfin en 1673 la triste aventure de mademoiselle de * * * * *, une des filles d'honneur de la reine mere Anne d'Autriche, dont le malheur est connu par le sonnet de l'avorton, donna lieu à un nouvel établissement. « Les dangers attachés à l'état » de fille dans une cour galante & voluptueuse, dit M. de Voltaire dans ses Anecdotes de Louis XIV. « déterminerent à substituer aux douze filles d'honneur qui embellissoient la cour de la reine, douze dames du palais; & depuis, la maison des reines de France fut ainsi composée ». Article de M. le Chevalier df Jaucourt.

Dame (Page 4:618)

Dame, en Architecture: on appelle ainsi dans un canal qu'on creuse, les digues du terrein qu'on laisse d'espace en espace pour avoir de l'eau à discrétion, & empêcher qu'elle ne gagne les travailleurs.

On nomme aussi dames de petites langues de terre couvertes de leur gazon, qu'on pratique de distance en distance pour servir de témoins de la hauteur des terres qu'on a fouillées afin d'en toiser les cubes; alors on les appelle témoins. (P)

Dame (Page 4:618)

Dame ou Demoiselle, (Fortification.) est une piece de bois ayant des bras, que l'on tient à deux mains, pour battre & refouler la terre ou le gazon qui se mettent dans le mortier. Voyez Mortier.

Les paveurs se servent du même instrument pour affermir les pavés des rues & des cours après qu'ils sont placés. Celui - ci est un gros bloc de bois dont l'extrémité est un peu allégie; sa tête est ceinte d'une bande de fer, & armée en - dessous de gros clous de fer.

Dame est encore une partie de terre qui reste comme isolée entre les fourneaux des mines qui ont joüé. (Q)

Dame Jeanne (Page 4:618)

Dame Jeanne, s. f. (Marine.) Les matelots appellent ainsi une grosse bouteille de verre couverte de hattes, qui sert à mesurer sur les vaisseaux marchands les rations de la boisson de l'équipage; elle tient ordinairement la douzieme partie d'une barique, c'est - à - dire dix - sept à dix - huit pintes. (Z)

Dame Lopre (Page 4:618)

Dame Lopre, s. f. (Marine.) On donne ce nom en Hollande à une sorte de petit bâtiment dont on se sert dans ce pays pour naviguer sur les canaux & sur les autres eaux internes.

Cette sorte de bâtiment a ordinairement cinquante ou cinquante - cinq piés de long de l'étrave à l'étambord, sur une largeur de onze à douze piés. On lui donne quatre pieds de creux depuis les vaigres du fond jusqu'au bordage où les dalots sont percés, & cinq pieds derriere le côté du banc où le mât touche, qui regarde l'arriere.

A l'égard de la queste qu'on donne à ces sortes de bâtimens, le charpentier se regle à la vûe; cependant le plus qu'on leur en peut donner est le meilleur.

On fait la quille d'une seule piece, d'un pié de large sur quatre à cinq pouces d'épais. (Z)

Dame (Page 4:618)

* Dame, s. f. (grosses forges.) c'est une piece d'environ un pié de hauteur, qui ferme la porte du creuset qui donne dans la chambre, à la réserve d'un espace d'environ sept à huit pouces, qu'on appelle la coulée & par lequel passe toute la fonte contenue dans le creuset.

Dame (Page 4:618)

* Dame (Jeu.) On donne ce nom à de petites

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