ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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une espece de bascule de la longueur d'un pié & demi, plus ou moins, dont une partie enveloppe le rouleau. On suspend à son extrémité un poids d'une grosseur proportionnée à la longueur de la bascule; on tient la toile tendue en tournant le rouleau opposé, sur lequel l'étoffe se plie à mesure qu'on la travaille, & au moyen d'une roue de fer & d'une gachette dont l'extrémité entre dans les dents de la roue: quand on a forcé le rouleau de derriere à se devider, on tient la chaîne toûjours tendue.

Cette maniere d'étendre la chaîne des étoffes faconnées est très - commode, sur - tout pour les étoffes riches dont la chaîne est continuellement chargée d'une quantité de petites navettes; mais n'est - elle pas sujette à un inconvénient, en ce que les grandes secousses que les cordes donnent à la chaîne pendant le travail de l'étoffe, jointes aux coups de battant, & à la liberté que la bascule accorde au rouleau de derriere de devider, sont à chaque instant lâcher un peu plus ou un peu moins la chaîne, qui perdant de son extension, la fait perdre également à l'étoffe fabriquée, d'où naît le défaut qu'on remarque à certains damas qui paroissent froissés en quelques endroits, lorsqu'ils sont levés de dessus le rouleau, ce qui s'appelle en manufacture griper; gripure qui n'a point lieu quand on s'y prend autrement pour tendre la chaine.

Les Génois n'ont ni corde, ni bascule, ni chien, ni gâchette pour tendre les chaînes; ils n'employent à cela que deux chevilles de bois; l'une de deux piés de longueur ou environ entre dans un trou de deux pouces en quarré fait au rouleau de devant qui est percé en croix en deux endroits de part en part, & attaché par le bout à une corde qui tient au pié du métier. Le rouleau de derriere est percé de mème; & quand il s'agit d'étendre la chaîne, on fiche dans une des quatre ouvertures des deux trous qui traversent de part en part le rouleau & qui se croisent, une cheville longue de trois piés & demi au moins, à l'aide de laquelle on donne l'extension qu'on veut à la chaîne, en attachant le bout de la cheville à une corde placée au - dessus de l'endroit où répond le bout de la cheville. Des manufacturiers habiles m'ont assûré que cette façon de tenir la chaîne tendue n'étoit sujette à aucun inconvénient; qu'on ne donnoit à la chaîne que ce qu'elle demandoit d'extension; que la sécheresse & l'humidité n'avoient plus d'action qu'on ne pût réparer sur le champ; qu'on n'appercevoit plus dans l'étoffe ni froissement, n gripure; que l'effet des secousses étoit autant anéanti qu'il étoit possible; & que ce moyen donnoit même lieu à une espece d'aprêt que la chaîne recevoit pendant la fabrication, & qu'on ne remarquoit qu'aux damas de Genes & autres fabriqués de la même maniere.

Cela supposé, il ne faudroit pas attribuer seulement la différence des damas de Gênes & de Lyon, à la différence des soies: nous pouvons avoir, & nous avons même d'aussi bonnes soies; nos ouvriers ne le cedent en rien aux leurs; nous avons plus de goût: il ne s'agit donc que de conformer nos métiers aux leurs, tant pour le velours que pour le damas. Quelque legere que puisse paroître cette observation sur l'extension des chaînes, il faut considérer qu'elle a lieu depuis le commencement du travail jusqu'à sa fin.

Nous n'avons fait aucune mention jusqu'à présent du nombre de brins dont l'organsin doit être composé; mais on conçoit bien que les damas faits avec des organsins à trois brins, doivent être plus beaux que ceux qui ne sont fabriqués qu'avec des organsins à deux brins.

Outre les damas dont nous avons parlé ci - dessus, il y en a encore d'autres sortes dont nous allons dire un mot.

Il y a le damas caffart; étoffe qui imite le vrai da<cb-> mas, dont la trame est ou poil, ou fleuret, ou fil, ou laine, ou coton, & qui se fabrique de différentes largeurs. Le damas de la Chine ou des Indes; il y en a de toutes couleurs; ils sont meilleurs que les nôtres; ils conservent leur beauté après le dégraissage; les nôtres la perdent; ils prennent aussi beaucoup mieux la teinture. Le damas d'Abbeville, qui se travaille comme le damas de soie, qui a fond & fleur, mais dont la chaîne & la trame sont fil. Le damas de Caux, qui ne differe du damas d'Abbeville qu'en ce qu'il est à raie & non à fleurs. Il y a encore le damas de Hollande, qui n'est qu'une étoffe en soie plus legere que nos damas.

Damas

Damas, s. m. On appelle ainsi un sabre d'un acier très - fin, très - bien trempé, & fort - tranchant. Les premiers ont été faits à Damas en Syrie, d'où est venu leur nom.

Damas

Damas, (Géog. mod.) ville d'Asie, capitale de la Syrie. Elle est renommée par ses raisins, ses manufactures en soie, ses sabres, & ses couteaux: elle est située sur la riviere de Paradi. Long. 54. 53. lat. 33.

DAMASONIUM

DAMASONIUM, s. m. (Hist. nat. bot.) genre de plante à fleur en rose, composée pour l'ordinaire de trois pétales disposés en rond. Il sort du calice un pistil, qui devient dans la suite un fruit fait en forme d'étoile, qui est composé de plusieurs capsules, & qui renferme des semences ordinairement oblongues. Tournefort, inst. rei herb. Voyez Plante. (I)

DAMASQUETTES

DAMASQUETTES, s. f. ce sont des étoffes à fleur d'or & d'argent, ou seulement à fleur de soie. Elles se fabriquent à Venise, & se débitent au Levant. Dict. du Comm. & de Trév.

DAMASQUIN

DAMASQUIN, s. m. (Comm.) on le nomme plus communément rotte; c'est un poids dont on se sert dans le Levant, & particulierement à Seyde.

Le damasquin ou rotte est de six cents dragmes, ou de quatre livres onze onces de Marseille. Cent damasquins font trois cents quatre - vingt livres de Paris. Voyez Rotte. Voyez les dict. du Comm. de Trév. Chamb. & Dish. (G)

DAMASQUINER

DAMASQUINER, v. act. (Cisel.) c'est l'art d'enjoliver le fer ou l'acier, &c. en lui donnant une façon qui consiste à le tailler ou graver, puis à remplir les raies qu'on y fait d'un fil d'or ou d'argent. C'est une espece de mosaïque: aussi les Italiens lui donnent - ils le même nom tausia, qu'à la marqueterie. Cette sorte de travail a pris son nom de la ville de Damas, où il s'est fait quantité de beaux ouvrages dans ce genre, aussi - bien qu'en plusieurs autres endroits du Levant. Les anciens s'y sont beaucoup appliqués. C'est un assemblage de filets d'or ou d'argent, dont on fait des ouvrages plats ou des bas reliefs sur du fer. Les ornemens dont on les enrichit sont arabesques, moresques, ou grotesques. Voyez ces mots à leurs articles. Il se trouve encore des anneaux antiques d'acier avec des figures & des feuillages travaillés de cette maniere, & qui sont parfaitement beaux. Mais dans ces derniers tems on a fait des corps de cuirasie, des casques damasquinés, enrichis de moresques & d'arabesques d'or, & même des étriers, des harnois de chevaux, des masses de fer, des poignées, & des gardes d'épées, & une infinité d'autres choses d'un travail très - exquis. Depuis qu'on a commencé à faire en France de ces sortes d'ouvrages (c'est sous le regne d'Henri IV.), on peut dire qu'on a surpassé ceux qui s'en sont mêlés auparavant. Cursinet fourbisseur à Paris, qui est mort il y a environ cent ans, a fait des ouvrages incomparables dans cette sorte de travail, tant pour le dessein que pour la belle maniere d'appliquer son or & de ciseler par - dessus.

Quand on veut damasquiner sur le fer, on le met au feu pour lui donner le passe violet, qui est ce qu'<pb->

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