ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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Le momentum de la douleur & de la peine, est le produit instantané (MONO/XRONON de la durée par le degré.

Ce sont les sommes des momentum de peine & de plaisir passés, qui donnent le rapport du malheur au bonheur de la vie.

Les Cyrénaïques prétendoient que le corps fournissoit plus que l'esprit dans la somme des momentum de plaisir.

Que l'insensé n'étoit pas toûjours mécontent de son existence, ni le sage toûjours content de la sienne.

Que l'art du bonheur consistoit à évaluer ce qu'une peine qu'on accepte doit rendre de plaisir.

Qu'il n'y avoit rien qui fût en soi peine ou plaisir.

Que la vertu n'étoit à souhaiter qu'autant qu'elle étoit ou un plaisir présent, ou une peine qui devoit rápporter plus de plaisir.

Que le méchant étoit un mauvais négociant, qu'il étoit moins à - propos de punir que d'instruire de ses intérêts.

Qu'il n'y avoit rien en soi de juste & d'injuste, d'honnête & de deshonnête.

Que de même que la sensation ne s'appelloit peine ou plaisir qu'autant qu'elle nous attachoit à l'existence, ou nous en détachoit; une action n'étoit juste ou injuste, honnête ou deshonnête, qu'autant qu'elle étoit permise ou défendue par la coûtume ou par la loi.

Que le sage fait tout pour lui - même, parce qu'il est l'homme qu'il estime le plus; & que quelque heureux qu'il soit, il ne peut se dissimuler qu'il mérite de l'être encore davantage.

Aristippe eut deux enfans, un fils indigne de lui qu'il abandonna; une fille qui fut célebre par sa beauté, ses moeurs, & ses connoissances. Elle s'appelloit Areté. Elle eut un fils nommé Aristippe dont elle fit elle - même l'éducation, & qu'elle rendit par ses leçons digne du nom qu'il portoit.

Aristippe eut pour disciples Théodore, Synale, Antipater, & sa fille Areté. Areté eut pour disciple son fils Aristippe. Antipater enseigna la dectrine cyrénaïque à Epimide; Epimide à Peribate; & Peribate à Hégésias & à Anniceris, qui fonderent les sectes Hegesiaques & Annicériennes dont nous allons parler.

Hegesias surnommé le Pisithanate, étoit tellement convaincu que l'existence est un mal, préféroit si sincerement la mort à la vie, & s'en exprimoit avec tant d'éloquence, que plusieurs de ses disciples se défirent au sortir de son école. Ses principes étoient les mêmes que ceux d'Aristippe; ils instituoient l'un & l'autre un calcul moral, mais ils arrivoient à des résultats différens. Aristippe disoit qu'il étoit indifférent de vivre ou de mourir, parce qu'il étoit impossible de savoir si la somme des plaisirs seroit à la fin de la vie, plus grande ou plus petite que la somme des peines; & Hegesias qu'il falloit mourir, parce qu'encore qu'il ne pût être démontré que la somme des peines seroit à la fin de la vie plus grande que celle des plaisirs, il y avoit cent mille à parier contre un qu'il en arriveroit ainsi, & qu'il n'y avoit qu'un fou qui dût joüer ce jeu - là: cependant Hegesias le joüoit dans le moment même qu'il parloit ainsi.

La doctrine d'Anniceris différoit peu de celle d'Epicure; il avoit seulement quelques sentimens assez singuliers. Il pensoit, par exemple, qu'on ne doit rien à ses parens pour la vie qu'on en a reçûe; qu'il est beau de commettre un crime pour le salut de la patrie; & que de souhaiter avec ardeur la prospérité de son ami, c'est craindre secrettement pour soi les suites de son adversité.

Théodore l'athée jetta par son pyrrhonisme le trouble & la division dans la secte Cyrénaïque. Ses adversaires trouverent qu'il étoit plus facile de l'é<cb-> loigner que de lui répondre; mais il s'agissoit de l'envoyer dans quelque endroit où il ne pût nuire à personne. Après y avoir sérieusement refléchi, ils le reléguerent du fond de la Lybie dans Athenes. Les juges de l'Aréopage lui auroient bientôt fait préparer la ciguë, sans la protection de Démétrius de Phalere. On ne sait si Théodore nia l'existence de Dieu, ou s'il en combattit seulement les preuves; s'il n'admit qu'un Dieu, ou s'il n'en admit point du tout: ce qu'il y a de certain, c'est que les magistrats & les prêtres n'entrerent point dans ces distinctions subtiles; que les magistrats s'apperçurent seulement qu'elles troubloient la société; les prêtres, qu'elles renversoient leurs autels; & qu'il en couta la vie à Théodore & à quelques autres.

On a attribué à Théodore des sentimens très - hardis, pour ne rien dire de plus. On lui fait soûtenir que l'homme prudent ne doit point s'exposer pour le salut de la patrie; parce qu'il n'est pas raisonnable que le sage périsse pour des fous; qu'il n'y a rien en soi ni d'injuste ni de deshonnête; que le sage sera dans l'occasion voleur, sacrilége, adultere; & qu'il ne rougira jamais de se servir d'une courtisane en public. Mais le savant & judicieux Bruckher traite toutes ces imputations de calomnieuses; & rien n'honore plus son coeur que le respect qu'il porte à la mémoire des anciens philosophes, & son esprit, que la maniere dont il les défend. N'est - il pas en effet bien intéressant pour l'humanité & pour la philosophie, de persuader aux peuples que les meilleurs esprits qu'ait eus l'antiquité, regardoient l'existence d'un Dieu comme un préjugé, & la vertu comme un vain nom!

Evemere le cyrénaïque fut encore un de ceux que les prêtres du Paganisme accuserent d'impiété, parce qu'il indiquoit sur la terre les endroits où l'on avoit inhumé leurs dieux.

Bion le boristhénite passa pour un homme d'un esprit excellent & d'une piété fort suspecte. Il fut cynique sous Cratès; il devint cyrénaïque sous Théodore; il se fit péripatéticien sous Théophraste, & finit par prendre de ces sectes ce qu'elles avoient de bon, & par n'être d'aucune. On lui remarqua la fermeté d'Antisthene, la politesse d'Aristippe, & la dialectique de Socrate. Il étoit né de parens trèsobscurs, & ne s'en cachoit pas. On l'accuse d'avoir traité de sottise la continence de Socrate avec Alcibiade; mais on n'a qu'à consulter l'auteur que nous avons déjà cité, pour connoître quel degré de foi il faut accorder à ces anecdotes scandaleuses, & à quelques autres de la même nature. Les prêtres du Paganisme ne pouvoient supporter qu'on accordât de la probité aux inconvaincus de leur tems: ou ils leur reprochoient comme des crimes les mêmes foiblesses qu'ils se pardonnoient; ou ils en accusoient leur façon de penser, quoiqu'avec des sentimens plus orthodoxes ils ne fissent pas mieux qu'eux; ou ils les calomnioient sans pudeur, lorsqu'ils en étoient réduits à cette ressource: C'est toûjours montrer de la piété envers les dieux, disoient - ils, que de dénigrer à - tort & à - travers ces hommes pervers.

Tels furent les principaux Philosophes cyrénaïques. Cette secte ne dura pas long - tems. Et comment auroit - elle duré? Elle n'avoit point d'école en Grece; elle étoit divisée en Lybie, soupçonnée d'atheisme par les prêtres, accusée de corruption par les autres philosophes, & persécutée par les magistrats. Elle exigeoit un concours de qualités, qui se rencontrent si rarement dans la même personne, qu'il n'y a jamais eu que son fondateur qui les ait bien réunies; & elle ne se soûtenoit que par quelques transfuges des Stoïciens, que la douleur desabusoit de l'apathie. Voy. Bruck. Stanl. hist. de la Phil.

CYRÉNE (Page 4:605)

CYRÉNE, (Géog. mod.) ville autrefois célebre [p. 606] d'Afrique dans la Barbarie, au royaume de Barca, dans la province de Mestrata, autrefois appellée la Lybie Cyrénaïque.

CYRICENES (Page 4:606)

CYRICENES, s. f. pl. (Hist. anc.) étoient chez les anciens Grecs des especes de salles de festin fort magnifiques, qui étoient toûjours tournées vers le nord, & qui ordinairement avoient vûe sur des jardins.

Elles avoient pris leur nom de Cyrique, ville fort considérable par la grandeur de ses bâtimens, & située dans une île de Mysie qui portoit le - même nom. Les cyricenes étoient chez les Grecs ce que les triclinia & les coenacula étoient ch z les Romains, des salles à manger ou salles de festin. (G)

CYRNA (Page 4:606)

CYRNA, (Géog. mod.) ville & territoire de la Pologne dans le palatinat de Mazovie.

CYST - HÉPATIQUE (Page 4:606)

CYST - HÉPATIQUE, (conduit) Anatomie, est un canal par où le pore biliaire décharge partie de sa bile dans la vésicule du fiel. Voyez Vésicule du fiel.

Ce canal a été décrit pour la premiere fois par Glisson; & long - tems après, Perrault a prétendu en avoir fait la découverte. Voyez. Pl. anat. (Splanc.) fig. 5. lett. cc.

Vetheyen, dans son traité sur la bile, renverse le nom; & au lieu d'appeler ce canal cyst - hépatique, il l'appelle hépaticystique, ce qui est mieux. Voyez Hépaticystique. Ce conduit n'a pas encore été découvert dans l'homme. Chambers. (L)

CYSTIQUE (Page 4:606)

CYSTIQUE, adj. en Anatomie, se dit des arteres & des veines qui se distribuent à la vésicule du fiel. Voyez Pl. Anatom. (Angéiol.) fig. 1. n°. 34. Voyez aussi Vesicule du fiel.

Les arteres cystiques sont des branches de l'hépatique qui aboutissent à la vésicule du fiel & y fournissent du sang. Les veines cystiques reportent ce qui reste de ce sang dans la veine - porte. Voyez Porte.

Par remedes cystiques on désigne les remedes contre les maladies de la vessie. Voyez Pierre, Lithontriptique, &c.

Le canal cystique est un conduit biliaire de la grosseur d'une plume d'oie, qui se joint au canal hépatique à environ deux doigts de distance de la vésicule du fiel; les deux réunis formant ensemble le conduit commun ou canal cholidoque. Voyez Planc. Anatom. (Splanch.) fig. 1. lett. d. fig. 5. lett. gg. Voy. aussi Fiel. (L)

CYTHÉRÉE (Page 4:606)

* CYTHÉRÉE, adj. (Myth.) surnom de Vénus, ainsi appellée de Cythere à présent Curgo, île située vis - à - vis de la Crete, où elle avoit un temple qui passoit pour le plus ancien de la Grece, & sur les bords de laquelle on croyoit qu'elle avoit été portée par les Zéphirs au milieu des Amours, des Tritons, & des Néréides, couchée mollement sur une conque marine; l'écume de la mer venoit à peine de la former. On donna le nom de Cythériades aux Graces qui l'attendoient sur le rivage, & qui ne la quitterent plus que dans des occasions où Vénus aimoit mieux se faire accompagner des Plaisirs.

CYTHERONIUS (Page 4:606)

* CYTHERONIUS, adj. (Myth.) surnom de Jupiter, ainsi appellé d'une montagne qui sépare la Béotie de l'Attique, qui est consacrée aux Muses & à Bacchus, où les Poëtes ont placé le sphinx, dont ils ont fait le lieu des scenes d'Acteon, d'Amphyon, &c. & où Jupiter étoit particulierement adoré.

CYTISE (Page 4:606)

CYTISE, s. m. (Hist. nat. bot.) cytisus; genre de plante à fleur papilionacée: le pistil sort du calice, & devient dans la suite une silique fort applatie qui s'ouvre en deux parties, & qui renferme des semences plates & oblongues. Ajoûtez aux caracteres de ce genre qu'il y a trois feuilles sur un seul pédicule. Tournefort, inst. rei herb. Voyez Plante. (I)

Cytise - genet (Page 4:606)

Cytise - genet, (Hist. nat. bot.) cytiso - genista; genre de plante qui differe du genêt & du cytise, en ce que les unes de ses feuilles naissent une à une, & les autres trois à trois. Tournefort, inst. rei herb. Voyez Cytise, Genet, Plante . (I)

Le cytise est un arbrisseau qui a la feuille en trefle, & la fleur légumineuse. On en connoît à présent de beaucoup d'especes, qui varient entre elles pour la hauteur de l'arbrisseau, pour la couleur des fleurs, la verdure du feuillage, & pour être plus ou moins robustes. Tous les cytises craignent le trop grand froid; aussi n'en voit - on aucun dans les pays du nord: la plûpart au contraire se trouvent dans les contrées méridionales, & quelques - uns s'accommodent des climats tempérés; d'où il s'ensuit que dans la partie septentrionale de ce royaume il faut leur suppléer différentes températures. Les uns, tels que ceux qui sont originaires des Alpes, résistent aux plus grands froids de ce climat. La plûpart peuvent aussi passer en pleine terre dans les hyvers ordinaires; d'autres ont besoin de l'orangerie, & quelques - uns veulent la serre chaude. Il regne aussi une grande différence dans le volume de ces arbrisseaux: il y en a de diverses tailles, depuis le cytise rampant qui s'éleve à peine à un pié, jusqu'au cytise des Alpes qui fait un arbre. Il n'y a pas moins de variété dans la couleur des fleurs, qui sont blanches ou pourprées dans quelques especes, ou jaunes dans la plûpart; & dans la verdure de leur feuillage qui est de bien des nuances, depuis le verd le plus foncé jusqu'au plus blanchâtre. Mais il est peu de ces arbrisseaux dont on puisse tirer quelqu'utilité; un peu plus que l'on cultive pour l'agrément, & le plus grand nombre sert tout au plus d'amusement à quelques curieux qui veulent faire des collections de tout, & qui se trouveront les plus intéressés au détail qui suit.

Le plus grand, le plus beau, & le plus utile des cytises, c'est le faux ébenier ou le cytise des Alpes: il s'éleve à dix - huit ou vingt piés, & il prend avec de la culture & du tems jusqu'à trois piés de tour: il donne au mois de Mai une grande quantité de grapes de fleurs jaunes qui ont souvent un pié de long, & qui sont d'une si belle apparence qu'on admet cet arbre dans la plûpart des plantations que l'on fait pour l'agrément. Son bois qui est fort dur, & qui se noircit dans le coeur en vieillissant, lui a fait donner le nom d'ébenier: on s'en sert à faire des palis & des échalas qui durent très - long - tems. Cet arbre se plaît dans les expositions les plus découvertes; Il vient dans tous les terreins, & réussit le mieux dans ceux qui sont médiocres. Il se multiplie fort aisément & de plusieurs façons, dont la plus courte est de semer la graine. Il croît si promptement dans sa jeunesse, qu'en deux ans il s'éleve à six ou sept piés: mais la grande quantité de fleurs qu'il donne bientôt rallentit son accroissement. Il est si robuste, que les hyvers les plus rigoureux ne lui portent aucune atteinte dans ce climat. Sa jeunesse est le tems où la transplantation lui réussit le mieux. Il ne craint point la taille, par le moyen de laquelle on peut le palisser ou lui faire une tête réguliere. Il a de plus l'avantage de n'être point sujet aux attaques des insectes, & de supporter l'ombre des autres arbres, qui peuvent même le dominer sans lui nuire. Cependant cet arbre qui est de tout agrément au printems, n'en a plus aucun en automne, par rapport à la grande quantité de graines qui le couvrent, & qu'il retient pendant tout l'hyver. On distingue plusieurs variétés dans les cytises des Alpes.

L'un a la feuille large; c'est celui qui s'éleve le plus: on le trouve aussi à feuille panachée de blanc.

Un autre a la feuille étroite, & la grape de ses fleurs plus longue: c'est celui qui a le plus d'agrément.

Et un troisieme qui a les grapes de ses fleurs plus courtes: c'est le moindre de tous.

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