ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"438"> conde fois le payement, sauf leur recours contre celui qui a reçû.

On appelle lettre de créance, une lettre qu'un banquier ou marchand donne à un homme qui voyage, pour lui servir de lettre de change quand il aura besoin d'argent: c'est proprement une lettre de crédit.

On appelle aussi créance à la chambre des comptes, le rapport qui est fait verbalement à la chambre, de ce qui s'est passé en quelque députation ou autre commission. (A)

Créance, (Page 4:438)

Créance, (Fauconnerie & Venerie.) c'est un nom qu'on donne à la filiere óu ficelle avec laquelle on retient l'oiseau qui n'est pas bien assûré. On appelle un oiseau de peu de créance, celui qui n'est ni bon ni loyal, qui est sujet à s'essorer ou à se perdre: on dit aussi un chien de créance, de celui auquel on peut se fier.

CRÉANCIER (Page 4:438)

CRÉANCIER, s. m. (Jurispr.) est celui auquel il est dû quelque chose par un autre, comme une somme d'argent, une rente, du grain, ou autre espece.

Pour pouvoir se dire véritablement créancier de quelqu'un, il faut que celui qu'on prétend être son débiteur soit obligé, du moins naturellement.

On devient créancier en vertu d'un contrat ou quasi - contrat, en vertu d'un jugement, d'un délit, ou d'un quasi - délit.

Tous créanciers sont chirographaires ou hypothécaires, & les uns & les autres sont ordinaires ou privilégiés. Voyez ci - devant au mot Créance.

Un créancier peut avoir plusieurs actions pour la même créance, savoir une action personnelle contre l'obligé & ses héritiers, une action réelle s'il s'agit d'une charge fonciere, une action hypothécaire contre les tiers détenteurs d'héritages hypothéqués à la dette.

Il est permis au créancier, pour se procurer son payment, de cumuler toutes les contraintes qu'il a droit d'exercer, comme de faire des saisies & arrêts, & en même tems de saisir & exécuter les meubles de son débiteur, même de saisir réellement les immeubles, s'il s'agit d'une somme au moins de 200 liv. & d'user aussi de la contrainte par corps, si le titre de la créance y autorise.

Mais il n'est pas permis au créancier de se mettre de son autorité en possession des biens de son débiteur; il faut qu'il les fasse saisir & vendre par autorité de justice.

Les créanciers sont en droit, pour la conservation de leur dû, d'exercer les droits de leur débiteur, comme de saisir & arrêter ce qui lui est dû, de former opposition en sous - ordre sur lui, de prendre de son chef des lettres de rescision contre un engagement qu'il a contracté à son préjudice, & de faire révoquer tout ce qu'il a fait en fraude des créanciers; enfin d'accepter en son nom une succession malgré lui, en donnantcaution de l'acquiter des charges.

On ne peut pas contraindre un créancier de morceler sa dette, c'est - à - dire de recevoir une partie de ce qui lui est dû, ni de recevoir en payement une chose pour une autre, ni d'accepter une delégation & de recevoir son payement dans un autre lieu que celui où il doit être fait.

Lorsque plusieurs prêtent conjointement quelque chose, chacun d'eux n'est censé créancier que de sa part personnelle, à moins qu'on n'ait expressément stipulé qu'ils seront tous créanciers solidaires, & que chacun d'eux pourra seul pour tous les autres exiger la totalité de la dette.

La qualité de créancier est un moyen de reproche contre la déposition d'un témoin; ce seroit aussi un moyen de récusation contre un arbitre & contre un juge.

Il faut encore remarquer ici quelques usages sin<cb-> guliers qui se pratiquoient autrefois par rapport au créancier.

A Bourges, un bourgeois qui étoit créancier pouvoit se saisir des effets de sa caution, & les retenir pour gages sans la permission du prevôt ou du voyer.

En poursuivant le payement de sa dette, à Orléans, le créancier ne payoit aucun droit comme étranger.

Enfin au Périgord & dans le Quercy, le créancier qui avoit obtenu des lettres royaux pour appeller ses débiteurs devant les juges royaux, n'étoit pas obligé de faire les sergens royaux porteurs de ces lettres; ce qui est contraire à l'usage présent, selon lequel l'huissier ou sergent doit être porteur de tous les titres en vertu desquels il instrumente. Voyez cidevant Créance, Hypotheque, Priorité, Privilége, Saisie. (A)

CRÉAT (Page 4:438)

CRÉAT, s. m. (Manége.) gentilhomme qui est élevé dans une académie pour se mettre en état d'enseigner l'art de monter à cheval. Il sert aussi de sousécuyer. Dictionn. de Trév. (V)

CRÉATEUR (Page 4:438)

CRÉATEUR, s. m. (Gramm.) est celui qui tire un être du néant. Il ne se dit proprement que de Dieu; mais il se transporte par métaphore aux inventeurs originaux, sur - tout d'un genre. Voyez Création.

CRÉATION (Page 4:438)

CRÉATION, sub. f. (Métaphys.) La création est l'acte d'une puissance infinie qui produit quelque chose, sans la tirer d'une matiere préexistante. C'est une question assez problématique, si le dogme de la création a été soûtenu par quelques philosophes payens, ou si les docteurs Juifs & les Chrétiens sont les premiers qui l'ayent enseigné. Les savans sont partagés là - dessus: le sentiment de ceux qui soûtiennent la négative par rapport aux payens, paroît le plus vraissemblable. Nous ne craindrons point d'avancer sur la foi de leurs ouvrages, que tous les philosophes anciens ont crû que la matiere premiere avoit été de toute éternité. Cela paroît en ce qu'ils n'avoient même aucun terme dans leurs langues, ni aucune façon de parler, qui exprimassent la création & l'anéantissement. « Y a - t - il un seul physicien, demande Cicéron, qui saisisse, qui conçoive ce que c'est que créer & qu'anéantir »? Aristote, en poussant ses spéculations plus loin, ajoûte que les premiers habitans du monde ont toûjours jugé que la matiere existoit par elle - même, & sans dépendre d'aucune cause extérieure. Si elle en dépendoit, disoient - ils, on ne pourroit la connoître que par quelqu'idée qui lui seroit étrangere, qui n'auroit aucun rapport avec elle; & cette idée dégraderoit certainement la matiere du titre de substance qui lui appartient. L'éternité de la matiere leur servoit à sauver la bonté de Dieu aux dépens de sa puissance, & à expliquer d'une maniere en apparence moins révoltante l'origine du mal moral & du mal physique. « Peut - on croire, disoit Platon dans son Timee, que ce qui est mauvais & déreglé soit l'ouvrage de Dieu? N'est - il pas le principe & la source de toute vertu, tant en lui - même que hors de lui? S'il avoit trouvé plus de docilité dans la terre, plus de disposition à l'ordre, sans doute qu'il l'auroit remplie de toute sorte de bien. Tel est en effet son caractere, à moins qu'il ne trouve des obstacles invincibles ». Ils étoient persuadés en général, que si Dieu avoit tiré la matiere du néant, il l'auroit aisément pliée à sa volonté, au lieu de trouver en elle un sujet rébelle. Il avoit fait cependant, disoient - ils, pour mettre l'ordre dans le monde, tout ce qui pouvoit dépendre de sa sagesse; mais elle se trouva trop contrariée, & ne put empêcher cet amas de desordres qui inondent l'univers, & de miseres, & de disgraces, auxquelles les hommes sont assujettis.

L'histoire de la création du monde étant la base de la loi de Moyse, & en même tems le sceau de sa mis<pb-> [p. 439] sion, il est naturel de croire que ce dogme étoit universellement reçu parmi les Juifs: on regardoit même comme des hérétiques, comme des gens indignes de vivre dans le sein d'Israel, tous ceux qui disoient que la matiere est de niveau avec l'Etre souverain, qu'elle lui est coéternelle, & qu'elle ne tient point de lui son existènce. Cependant comme malgré les censures, & même les punitions corporelles encore plus puissantes que les censures, il y a toûjours des esprits novateurs & incapables de plier, trois sortes de novateurs s'étoient glissés parmi les Juifs; mais ils n'oserent bien se déclarer qu'après la captivité de Babylone, où apparemment ils apprirent à déguiser moins leurs sentimens. Le commerce des gens hardis, & qui pensent librement, inspire je ne sai quelle témérité qu'on n'auroit point de soi - même. Les uns soûtenoient qu'un monde plus imparfait avoit précédé celui - ci; que celui - ci sera relevé successivement par une infinité d'autres, mais toûjours en diminuant de perfection: la durée de chaque monde doit être de 7000 ans; & la preuve qu'ils en apportoient, preuve tres - vaine, très - frivole, c'est que Moyse a commencé la Genese par la lettre beth, qui est la seconde de l'alphabet hébreu, comme pour annoncer qu'il donnoit l'histoire à lui seul connue du second monde. Les autres insinuoient le même système, auquel Spinosa a depuis donné l'apparence géométrique. Les derniers novateurs enfin, plus délicats que les autres, convenoient à la vérité que les anges, les hommes, avec le monde sublunaire, avoient été créés; mais en même tems ils disoient qu'il y a plusieurs mondes, tous sortis de Dieu par voie d'émanation, tous composés de la lumiere céleste fort épaissie. Ce qu'il y avoit de plus remarquable dans ce systeme, c'est qu'on avançoit les deux propositions suivantes: l'une, que Dieu n'a pû se dispener de créer plusieurs mondes, parce que sans cela il n'auroit point rempli toute l'étendue, ni du nom de Jehovah, qui signifie celui qui existe, ni du nom d'Adonaï, qui signifie celui qui commande à des sujets: l'autre, que l'origine de tous ces mondes n'a pû être ni avancée ni reculée, parce qu'ils devoient tous paroître dans le tems même où ils ont paru.Mais le moment marqué par la sagesse de Dieu, est le seul moment où il soit digne de lui d'agir. Tous ces systèmes enfantés par le libertinage d'esprit, sont infiniment au - dessous de la noble simplicité que Moyse a sû mettre dans son histoire.

Cependant quelques peres de l'Eglise ont jugé à propos d'ajoûter quelques réflexions au récit du législareur des Juifs; les uns, pour mieux faire connoître la toute - puissance divine; les autres, prévenus de je ne sai quelles propriété; des nombres. « Quand Moyse assûre, dit S. Augustin, lib. II. de civit. Dei, que le monde fut créé en six jours, on auroit tort de s'imaginer, & que ce tems eût été nécessaire à Dieu, & qu'il n'eût pû le créer tout à la fois; mais on a seulement voulu par - là marquer la solennité de ses ouvrages ». En effet, six a une dictinction particuliere; c'est le premier des nombres qui te compose de ses parties aliquotes, 1, 2, 3: il y a même des Juifs qui ont adopte ce sentiment; & Philon, auteur d'une assez grande réputation, & habile dans la connoissance de la loi judaïque, a traité de ridicule l'opinion qui admet la distinction des journées, qui n'est rapportée par Moyse que pour marquer quelqu'ordre qui donne une idée de génération.

Cette dispute ne faisant rien au fond de la religion, chacun peut indifféremment embrasser le sentiment qui lui paroîtra le phis probable, & pour lequel il aura plus d'inclination. Cependant je crois qu'à examiner avec un esprit philosophique les difrentes opinions de la création momentanée ou de la successive, celle de la création dans un instant donne une plus grande idée de la puissance de Dieu, qui n'a pas besoin, comme un vil artisan, du tems & de la matiere pour perfectionner un ouvrage: il n'a qu'à dire que la lumiere se fasse, & la lumiere est saite; siat lux, & facta est lux. C'est dans cette prompte obéissance de la chose créée, que se manifeste la puissance du Créateur.

Sur ce principe on pourroit se persuadet que tout ce que Dieu créa fut créé en un instant, ensemble, dans l'état le plus accompli où il devoit être créé. O Seigneur, dit un auteur inspiré, vous avez parlé, & toutes choses ont été produites; vous avez envoyé votre esprit, & toutes choses ont été animées: nul ne résiste à votre voix. Pour la narration de Moyse, elle est liée avec tant d'ordre & de sy mmétrie, qu'elle pourroit aussi s'interpréter de cette maniere: Tout reçut en même tems la vie & l'existence. Mais si Dien avoit voulu que les choses se succédassent les unes aux autres, après leur avoir imprimé la quantité de mouvement qui devoit subsister tant que le monde subsisteroit; voici comme elles se seroient débrouillées, distribuées, arrangées. Ainsi les six jours ne sont que les six mutations par où passa la matiere pour former l'univers, tel que nous le voyons aujourd'hui. D'ailleurs le mot de jour, dans presque toute la Genese, ne doit point se prendre pour ce que nous appellons jour artificiel, mais seulement pour un certain espace de tems: ce qui est encore à observer en d'autres endroits de l'Ecriture, où les noms d'année, de semaine, de jour, ne doivent point être reçus au pié de la lettre. Ce qui peut donner encore du poids à ce sentiment, c'est que Moyse, après avoir fait séparément l'énumération des choses qui furent créées en six jours divers, il les réduit ensuite toutes à une seule journée, ou plûtôt à un seul instant fixe. En ce jour - la, dit - il, Dieu sit le ciel & la terre, & l'herbe des champs, &c.

Pour les docteurs Chrétiens, on peut dire en général que quelques - uns des premiers siecles ne sont pas bien clairs sur cet article. Saint Justin martyr, Tertullien, Théophile d'Antioche, ont soûtenu que dans la formation du monde, Dieu n'avoit fait que rappeller les choses à un meilleur arrangement: comme il est la bonté même, dit S. Justin, il a travaillé sur un sujet rébelle, informe, & il en a fait un ouvrage utile aux hommes. Quoique tous les philosophes modernes soient persuadés de la vérité de la création, il y en a cependant quelques - uns qui regardent la question, si Dieu a fait le monde de rien, ou s'il y a employé une matiere qui existoit éternellement, plûtôt comme une question philosophique, que comme une question de religion: ils soûtiennent que la révélation ne s'est point exprimée là - dessus d'une maniere positive. C'est le sentiment de deux auteurs anglois, dont l'un est Thomas Burnet, & l'autre Guillaume Whiston. Ils ont avancé que le premier chapitre de la Genese ne contenoit que l'histoire de la formation de la terre, & non du reste de l'univers qui subsistoit déjà. « En effet, remarque M. Whiston, lorsque Moyse raconte que pour manifester sa puissance Dieu créa le ciel & la terre, il n'entendoit que la terre que nous habitons & le ciel aérien, l'atmosphere qui l'enveloppe à une certaine distance. Moyse raconte ensuite que la terre étoit informe & toute nue, que les ténebres couvroient la face de l'abysme.: quelle description plus énergique peut - on avoir du chaos? Cette planete ainsi dépouillée passa par six revolutions avant que de recevoir la forme qui lui séoit le mieux. Une preuve démonstrative que l'écriture n'avoit en vûe que la formation de la terre, c'est que dans tous les endroits où elle parle de la fin du monde, ces passages ne doivent absolument s'interpréter que de la dissolution de cette même terre, & de la couche

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