ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"434"> bes plus courtes que les autres grenouilles; sa peau est tuberculeuse & parsemée de taches de couleur cendrée; ses yeux sont saillans & verdâtres, &c.

Les crapauds passent communément pour des animaux venimeux, sur - tout le crapaud de terre; on prétend qu'il est plus dangereux, lorsqu'il habite dans des lieux secs & froids. On a rapporté, dans les éph. des cur. de la nat. Déc. 1. an. 1. qu'il étoit arrivé de funestes accidens à des gens pour avoir manié des pierres avec lesquelles on avoit écrasé des crapauds. On dit que l'eau dans laquelle ces animaux vivent & l'air qui les environne, sont un poison pour les personnes qui se baignent dans cette eau, ou qui respirent cet air; & que les fraises ou les autres plantes qui sont infectées de la bave ou de l'urine du crapaud, produisent de mauvais effets lorsqu'on les mange sans qu'elles ayent été lavées. On croit que cet animal darde son urine lorsqu'il est poursuivi. On raconte qu'un charlatan ayant reçû de cette urine dans sa bouche, en mourut une demi - heure après, quoiqu'il eût pris du contre - poison; & qu'une autre personne eut les yeux fort malades, parce qu'il y étoit tombé de l'urine du même animal. Eph. cent. 4. Il arriva à une autre de dangereux accidens, pour avoir tenu la tête d'un crapaud dans sa bouche. Enfin on a aussi attribué une qualité venimeuse au sang de cet animal, à ses oeufs lorsqu'on les avale, &c. Il seroit inutile de rapporter ici tout ce qui a été écrit des effets du venin des crapauds. Passions à d'autres observations, qui jettent beaucoup d'incertitude sur l'existence de ce prétendu venin. Voyez cependant Crapaud (Mat. med.)

Les canards mangent souvent des crapauds, & les fourmis se nourrissent de ceux que l'on jette dans les fourmilieres, sans qu'il paroisse que ni les uns ni les autres en ressentent aucun mauvais effet. On a éprouvé que l'urine du crapaud, soit qu'on l'avale ou qu'on l'applique à l'extérieur, n'a aucune qualité venimeuse; on a même reconnu que cette urine étoit bonne pour les yeux dans certains cas, au lieu d'être nuisible. Eph. des cur. de la nat. Déc. 3. ann. 7. On prétend que les excrémens du crapaud sont diurétiques: on dit que des gens ont mangé de ces animaux sans en ressentir aucun mal, & qu'ils les ont trouvé d'aussi bon goût que les grenouilles.

Tant de faits rapportés pour & contre l'existence du venin des crapauds, prouvent au moins que cet animal est suspect, & qu'on doit le fuir jusqu'à ce que des épreuves plus exactes & mieux constatées ayent décidé la question. Si dans les climats tempérés les excrémens des crapauds sont corrosifs, il y a lieu de croire qu'ils peuvent être venimeux dans les pays chauds; & que le crapaud de Surinam, qui est appellé curucu au Bresil, est aussi dangereux qu'on l'a dit dans différentes relations; cet animal est une fois aussi gros que les crapauds de ce pays - ci; il a aux deux côtés de la tête des excroissances semblables à de grosses verrues; son urine & sa bave sont, dit - on, très - venimeux, mais sur - tout son sang, sa graisse & son fiel.

On a vû en Italie, aux environs d'Aquapendente, un crapaud qui avoit plus d'un pié & demi de largeur, & qui étoit plus gros que la tête d'un homme. Eph. des cur. de la nat. Déc. 2. ann. 2. En effet il y a dans plusieurs régions des crapauds beaucoup plus gros que ceux de ce pays - ci: mais je crois que le crapaud de Surinam appellé pipa, est un des plus singuliers de tous, en ce que les oeufs éclosent sur le dos du mâle. Voyez Pipa. (I)

Crapaud, (Page 4:434)

Crapaud, (Hist. nat. insect. aquat.) Le crapaud des Antilles n'est proprement qu'une très - grosse grenouille grise, mouchetée, ayant la peau fine; elle se tient ordinairement dans les costieres sur le penchant des montagnes, & quelquefois au bord des petits ruisseaux. La chair de ce crapaud est blanche & délicate; on la prépare en fricassée de poulet. Deux de ces animaux suffisent pour former un bon plat. Article de M. le Romain.

Crapaud, (Page 4:434)

* Crapaud, (Mat. med.) on doute de la qualité venéneuse de notre crapaud. Je vais en raconter ce que j'en sai par expérience; on en conclura ce que l'on jugera à - propos. J'étois à la campagne vers le tems de la Quasimodo; j'apperçus sur un bassin, à l'extrémité d'un parc, une masse de crapauds collés les uns sur les autres: cette masse flottoit, & étoit suivie d'une foule d'autres crapauds; je l'attirai au bord du bassin avec une canne, puis je l'enlevai de l'eau avec une branche d'arbre fourchue, & je me mis à féparer ces animaux, au centre desquels j'apperçus une femelle, apparemment étouffée. Tandis que j'étois occupé à mon observation, je me sentis prendre au nez d'une vapeur très - subtile, qui me passa de la gorge dans l'estomac, & de - là dans les intestins; j'eus des douleurs de ventre, & je fus incommodé d'un crachement assez abondant qui dura trois ou quatre heures, au bout desquelles ces accidens cesserent avec l'inquiétude qu'ils me donnoient & à la personne avec laquelle je me trouvois: c'étoit M. l'abbé Mallet, maintenant professeur royal en Théologie alors curé de Pesqueux, village voisin de Vernouillet, lieu de la scene que je viens de raconter.

Il y en a qui prétendent que le crapaud réduit en poudre, soulage dans l'hydropisie; on l'ordonne depuis un scrupule jusqu'à deux; on fonde cette vertu sur une histoire singuliere. On raconte qu'une femme dont le mari étoit attaqué de cette maladie, l'en guérit en lui servant, on ne dit point à quelle sauce, des crapauds, auxquels elle supposoit au contraire une qualité venéneuse très - propre à la débarrasser de son hydropique.

On dit que le crapaud mort ou séché, s'enfle des humeurs peccantes qu'il attire, si on l'applique sous les aisselles, sur la tête, sur la région des reins, & sur les autres parties du corps, où ces humeurs pourront causer des embarras, obstructions, &c. Credat Judoeus.

Autre fable; c'est que si on le met mort ou vivant sur le lit d'une personne attaquée de quelque maladie maligne & venéneuse, il s'enflera du venin de la maladie par une espece d'attraction animale.

Crapaud - volant, (Page 4:434)

Crapaud - volant, (Hist. nat.) Voyez Têtechevre.

Crapaud, (Page 4:434)

Crapaud, (Hist. nat. bot. exotiq.) arbre qui croît dans les Antilles, principalement à la Grenade. Son bois est rouge, dur, très - pesant, & d'un fil mêlé, difficile à travailler. On en fait des planches de 12 à 14 pouces de large, qui ne sont bonnes qu'employées à couvert; elles sont sujettes à se fendre inégalement, sur - tout lorsqu'on les veut percer à la vrille, ou qu'on y enfonce des clous. Article de M. le Romain.

Crapaud, (Page 4:434)

Crapaud, (Maréchal.) les Maréchaux appellent ainsi une grosseur molle qui vient sous le talon du cheval: on l'appelle aussi fic. (V)

CRAPAUDAILLE (Page 4:434)

* CRAPAUDAILLE, s. f. (Manuf. en soie.) petite étoffe de soie tant en trame qu'en chaîne, fort legere, très - claire, & peu différente de la gase. Voy. les réglemens du Comm.

CRAPAUDIN (Page 4:434)

CRAPAUDIN, en termes de Friseur d'étoffes, est une plaque de fer creuse, dans laquelle tourne le pivot du grand roüet. Voyez grand Rouet; voy. X. fig. 1. Pl. X. de la Draperie. Il y en a aussi de petits de cuivre, dans lesquels tournent les fers à friser. Ainsi ces ouvriers appellent crapaudin, ce que les autres appellent crapaudines.

CRAPAUDINE (Page 4:434)

CRAPAUDINE, s. f. bufonites, dent de poisson pétrifiée. On a cru que cette pétrification venoit du [p. 435] crapaud, comme le nom le désigne; mais on sait à présent que c'est une vraie dent de dorade ou d'un poisson du Bresil, appellé le grondeur. Toute la surface intérieure des deux mâchoires de celui - ci, est couverte de tubercules inégaux posés les uns contre les autres, comme une sorte de pavé; chacun est une dent: les plus grosses sont placées dans le milieu d'un bout à l'autre, & les plus petites sur les côtés. Lorsqu'on les détache de la mâchoire, on voit qu'elles sont concaves en - dedans, & assez minces; & lorsqu'elles sont pétrisiées, on donne aux plus grosses le nom de crapaudines, & les plus petites sont appellées yeux de serpent. Voyez Yeux de Serpent. Mém. de l'acad. roy. des Sc. ann. 1723.

Il y a des crapaudines rondes; il y en a aussi de longues. Les premieres ressemblent à de petites calotes, qui ont environ un demi - pouce de diametre; les autres sont allongées comme une petite auge, elles ont le plus souvent un pouce de longueur sur quatre ou cinq lignes de largeur. Les crapaudines sont lisses au - dehors; leur grandeur varie de même que leurs couleurs. On en voit de grises, de brunes, de rousses, de noires, de blanches, de verdâtres, & elles ont quelquefois des taches blanchâtres, rougeâtres, roussâtres, &c. Traité univ. des drogues, &c. par M. Lémeri. Gemm. & lap. hist. Boetii de Boct. lib. II. cap. lxcjx. &c. (I)

Crapaudine, (Page 4:435)

Crapaudine, (Mat. med.) en latin bufonites; la pierre appellée crapaudine, a passé pour une excellente amulette portée au cou ou au doigt. Mais il y a long - tems qu'on ne croit plus à ces prétendues vertus. (b)

Crapaudine, (Page 4:435)

Crapaudine, (Hist. nat. bot.) sideritis, genre de plante a fleur monopétale labiée; la levre supérieure est relevée, & l'inférieure est découpée en trois parties. Le pistil sort du calice; il est attaché comme un clou à la partie postérieure de la fleur, & il est environné de quatre embryons, qui deviennent dans la suite autant de semences oblongues renfermées dans une capsule qui a servi de calice à la fleur: ajoûtez au caractere de ce genre, que les fleurs sont disposées en anneaux dans les aisselles des feuilles, qui sont ordinairement découpées en crête de coq dans ces endroits, & qui par - là different des autres feuilles. Tournefort, inst. rei herb. Voyez Plante. (I)

Crapaudine, (Page 4:435)

Crapaudine, (Machine.) est un morceau de fer ou de bronze creusé, qui reçoit le pivot d'une porte ou de l'arbre de quelque machine, & les fait tourner verticalement: on la nomme aussi couette ou grenouille. Voyez Couette & Grenouille. (P)

Crapaudine, (Page 4:435)

Crapaudine, en termes de Diamantaire, se dit d'une masse de fer, au milieu de laquelle est un trou dans lequel tourne un pivot: ce trou n'est point percé à jour. Voyez C C C, Pl. II. du Diamantaire.

Crapaudine, (Page 4:435)

Crapaudine, (Hydraul.) sont des especes de boites ou coffres de tole, de plomb, de bois, ou simplement des grilles de sil - d'archal, qui renferment les soûpapes pour les garantir des ordures inséparables des fontaines. Elles se placent encore au - devant des tuyaux de décharge, qui fournissent d'autres bassins ou qui vont se perdre dans des puisarts. On les perce de plusieurs trous, pour donner à l'eau un passage plus libre. (K)

Crapaudine, (Page 4:435)

Crapaudine, piece qui se trouye à quelques presses d'Imprimerie; elle est de fer, de la longueur environ de dix pouces sur un pouce d'épaisseur dans son milieu, qui est la partie la moins large; elle est percée d'un grand trou quarré pour recevoir le pié de la grenouille. La crapaudine est unie du côté par lequel elle est appliquée sur la platine, & de l'autre est en quelque façon convexe. Ses quatre extrémités se terminent en une espece d'ailes ou de jambes, auxquelles sont attachés quatre anneaux qui servent, avec les quatre crochets dépendant de la boîte, à lier la platine, & à la maintenir dans son état. Cette piece ne se trouve qu'à quelques presses dont la platine est de fer: aux presses dont la platine est de cuivre, la platine & la crapaudine ne sont qu'un seul & même morceau. Voyez Grenouille, Platine, Boîte.

Crapaudine, (Page 4:435)

Crapaudine, (Maréchall.) crevasse que le cheval se fait aux piés par les atteintes qu'il se donne sur la couronne, en croisant avec les éponges de ses fers. La crapaudine dégénere en ulcere. (V)

Crapaudine, (Page 4:435)

Crapaudine, (Cuisine.) maniere de préparer des pigeons; fendez - les sur le dos, écartez les parties ouvertes, applatissez - les, saupoudrez - les de sel & de poivre, faites - les rôtir sur le gril, mettez dessous une sauce piquante avec verjus, vinaigre, échalotes, capres, &c. & vous aurez préparé des pigeons à la crapaudine.

CRAPE (Page 4:435)

CRAPE, (Hist. nat.) Voyez Crabe.

CRAPONE (Page 4:435)

CRAPONE, (Géog. mod.) petite ville de France dans la province d'Auvergne. Il y en a encore une de ce nom au Languedoc dans le Vélay.

CRAPULE (Page 4:435)

* CRAPULE, s. f. (Morale.) débauche habituelle ou des femmes ou du vin. C'est le terme auquel aboutissent presque nécessairement ceux qui ont eu de bonne heure l'un de ces deux goûts dans un degré violent, & qui s'y sont livrés sans contrainte, la force de la passion augmentant à mesure que l'âge avance, & que la force de l'esprit diminue. Un homme crapuleux est un homme dominé par son habitude plus impérieusement encore que l'animal par l'instinct & les sens. Le terme de crapule ne s'appliquoit qu'à la débauche du vin; on l'a étendu à toute débauche habituelle & excessive. La crapule est l'opposé de la volupté; la volupté suppose beaucoup de choix dans les objets, & même de la modération dans la joüissance; la débauche suppose le même choix dans les objets, mais nulle modération dans la joüissance. La crapule exclud l'un & l'autre.

CRAQUELIN (Page 4:435)

CRAQUELIN, s. m. (Patissier.) espece de pâtisserie, qui ne differe de l'échaudé que par la forme. L'échaudé est fait en pain rond & petit; le craquelin est plus étendu, & il est figuré tantôt en écuelle, tantôt comme le signe dont les Astronomes se servent pour désigner le lion.

CRAQUELOT (Page 4:435)

CRAQUELOT, s. m. (Pêche.) on donne ce nom au hareng sor, lorsqu'il est encore dans sa primeur.

CRAQUER (Page 4:435)

* CRAQUER, v. n. produire le bruit d'un bois sec qui s'éclate. Il se dit, en Fauconnerie, de celui que la grue fait en fermant son bec, ou même de son cri; & dans les Arts, de tous ceux qui annoncent la rupture.

CRAQUETER (Page 4:435)

CRAQUETER, (Chasse.) terme par lequel on désigne le cri de la cicogne.

CRAQUETTE (Page 4:435)

CRAQUETTE, s. f. instrument de Tailleur, c'est un petit billot de fer d'un doigt d'épaisseur, garni des deux côtés de son plat de plusieurs rainures assez enfoncées, dans lesquelles on fait entrer les boutonnieres du morceau qu'on veut passer au carreau, afin de ne point les applatir. Cet instrument a un petit anneau de fer par où on le prend, & qui sert à l'accrocher.

CRASCHEN (Page 4:435)

CRASCHEN, (Géog. mod.) petite ville d'Allemagne en Silésie, dans la principauté de Wolau, près des frontieres de la Pologne.

CRASE (Page 4:435)

CRASE, s. f. terme de Grammaire; la crase est une de ces figures de diction qui regardent les changemens qui arrivent aux lettres ou aux syllabes d'un mot, relativement à l'état ordinaire du mot où il est sans figure. La figure qu'on appelle crase se fait lorsque deux voyelles se confondant ensemble, il en résulte un nouveau son; par exemple, lorsqu'au lieu de dire à le ou de le, nous disons au ou du, & de même le mois d'Oût au lieu du mois d'Août. Nos

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