ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

RECHERCHE Accueil Mises en garde Documentation ATILF ARTFL Courriel

Previous page

"432"> foibles lumieres d'une nature aussi cachée, aussi incompréhensible, que l'ame même. Art. de M. le Chevalier de Jaucourt.

Crane (Page 4:432)

Crane, (Blessures du) Chirurg. Il n'y a qu'un chirurgien bien instruit de la structure du crane, qui puisse être en état de traiter avec succès le grand nombre d'accidens auxquels cette partie du corps est exposée; accidens, qui sont souvent de la derniere importance pour la santé & pour la vie.

En effet, selon la variété de la cause vulnérante, & le degré de violence du coup, le crane peut être piqué, fendu, rompu, contus, enfoncé, ou privé d'une portion de sa substance; ce qui peut arriver dans l'une ou dans l'autre de ses tables, ou dans toutes les deux, & cela plus ou moins avant; les plus profondes plaies dans ces parties sont les plus difficiles à guérir.

Dans tous les coups portés au crane, on doit commencer par examiner soigneusement s'il n'a point été endommagé; & on n'y sauroit regarder de trop près, depuis qu'Hippocrate a reconnu avec cette candeur si digne de lui, qu'il se trompa dans un cas de cette nature.

L'on tâche de s'assûrer que le crane a été endommagé ou non, 1°. par la violence de la cause vulnérante, ce qu'on ne peut cependant pas toûjours savoir bien précisément.

2°. Par la grandeur de la plaie comparée avec la figure de la partie blessée. Il faut encore observer qu'on porteroit un jugement faux, en se fondant sur l'apparence de la plaie lorsqu'elle a été faite avec un instrument mousse, concave, ou qu'elle est petite, mais accompagnée de contusion considérable.

3°. Par la sonde mousse, polie, menue, & souple; le Chirurgien habile cherchera d'abord en tatonnant avec la sonde, si l'os est tout - à - fait découvert, ce qu'il connoîtra par le son que renverra la sonde sur le crane. S'il est découvert, il conduira sa sonde sur toute la surface pour sentir s'il n'y a rien de raboteux; si l'os paroît continu & poli, excepte dans les endroits où il est naturellement raboteux, il est vraissemblable qu'il n'est pas endommagé.

4°. En versant sur la partie quelque liqueur innocente colorée; mais comme la sonde par la rencontre des sutures & des aspérités peut induire en erreur, cette méthode de la sonde peut y induire de même, & à peu - près par les mêmes raisons; car la liqueur colorée s'insinue dans les interstices des sutures, & peut s'attacher aux inégalités du crane.

5°. Par l'étonnement que sent le malade dans la tête, en serrant quelque chose entre ses dents. Ce moyen donne quelques lumieres si la fracture est considérable; mais on ne pourrajamais découvrir une fente ou fissure au crane par cette méthode. Elle a été imaginée, parce que les muscles crotaphites qui partent des deux côtés de la partie latérale du crane, sont toûjours en action lorsqu'on mâche.

6°. En voyant le crane rompu, contus, pâle, ou bleuâtre en certains endroits, cette inspection découvrira les fissures ou fractures s'il y en a: mais s'il y a contusion, sans que l'os soit séparé, il sera plus difficile de le découvrir, comme Hippocrate l'a remarqué; ce signe tiré de l'altération de la couleur naturelle de l'os, & de sa pâleur, est très - décisif.

7°. Par le tact; mais il ne faut pas oublier qu'on peut ici par ce moyen tomber dans l'erreur, & croire souvent que l'os est affaissé, quoiqu'il ne le soit pas, parce que dans de violentes contusions, les tégumens du crane sont élevés par les parties subjacentes, & la membrane cellulaire se gonfle par les humeurs qui s'y déchargent.

8°. Par les accidens que souffrent les tégumens, par l'abscès qui se forme le septieme jour, plutôt ou plûtard, par la douleur, par la nature du pus icho<cb-> reux, fétide, par la malignité étrangere de la plaie, & qui ne lui est pas ordinaire quand il n'y a que les tégumens d'affectés. En effet, les simples plaies des tégumens sont bien plutôt guéries, mais les tristes symptomes ici détaillés prouvent seulement que le crane a été offensé, & que sa plaie a été inconnue ou mal traitée.

Telle est la nature des signes ici mentionnés; que si plusieurs concourent ensemble, ils fournissent un diagnostic certain, & ceux que nous rapporterons tout - à - l'heure, marquent infailliblement le danger arrivé au crane. Mais ce desordre caché se découvre souvent trop tard, pour qu'il soit encore tems de le guérir, au lieu que s'il eût été connu plutôt, on auroit pû y remédier.

Les effets de ce desordre sont 1°. la mortification ou la destruction d'une partie de l'os qui se sépare du reste. 2°. La corruption des parties voisines. 3°. Souvent la putréfaction ou la carie des tables externes & internes du crane. 4°. Celle du diploé. 5°. La corruption des membranes, & même du cerveau. 6°. La suite de ce dernier accident, sont tous les desordres qu'entraîne après soi celui de l'affection du cerveau, telle que les convulsions, l'assoupissement profond, la paralysie, & la mort.

Il est présentement facile de comprendre le prognostic qu'on peut déduire des blessures du crane; & l'on doit, en le formant, redouter tous les symptomes dont nous avons parlé, non pas qu'ils arrivent toûjours, mais seulement parce qu'il est possible qu'ils arrivent.

Les indications curatives sont 1°. de découvrir l'os endommagé, & seulement lorsqu'on le loupçonne violemment d'être endommagé; car il faut eviter ici les deux extrémités où l'on tombe d'ordinaire: 2°. nettoyer la plaie: 3°. trépaner l'os si la nécessité le requiert, & en ce cas conduire le trépan suivant les regles de l'art: 4°. procurer la régénération du périoste de l'os: 5°. consolider & guérir la plaie par les bandages & la méthode ordinaire.

On découvrira la partie, 1°. en faisant avec un bistouri fort & tranchant, aux tégumens blessés jusqu'au crane, une incision simple, droite, perpendiculaire, angulaire, cruciale, &c. On évitera autant qu'il sera possible, de toucher aux grosses arteres, nerfs, tendons, & sutures, dont il n'est pas permis au chirurgien d'ignorer la situation. Lorsqu'ils e trouve sous les tégumens des fragmens d'os rompus & vacillans, il taut beaucoup de prudence, & faire différemment cette incision, selon la variété du lieu offensé & de la plaie; 2°. en séparant du crane exactement avec un bistouri les tégumens coupés: 3°. en remplissant de charpie la plaie, de peur que les parties qu'on vient de séparer ne se joignent. Il est bon de prévenir en même tems l'inflammation.

On absorbe avec des éponges le sang, le pus, la sanie, & toutes les ordures qui empêcheroient de voir à découvert la superficie du crane; ensuite on doit chercher avec tout le soin possible s'il n'y a rien à ôter ou à rétablir, afin d'écarter tout ce qui peut gêner ou incommoder dans la cure. Pour les fragmens d'os, les petites esquilles, & les lames écailleuses qui se séparent d'elles - mêmes, il faut les regarder comme des corps hétérogenes nuisibles, les emporter avec des instrumens convenables, s'ils sont petits, & s'ils ne tiennent plus aux parties vives, ne pas tarder à les extirper; mais d'un autre côté ne pas les tirer avec violence s'ils tiennent encore aux membranes. C'est là ce qu'on appelle modification artificielle.

Si les fragmens, les esquilles, ou les lames écailleuses du crane sont considérables & fort adhérentes, ou qu'elles soient tellement cachées qu'on n'y puisse pas atteindre aisément, il faut les laisser; elles se sé<pb-> [p. 433] pareront d'elles - mêmes ou se réuniront aux autres parties. Voilà la mondification naturelle.

Si l'os paroît fendu, contus, blanc, brun, livide, alors on y fera, par le trépan, un grand nombre de petites perforations dans les regles, afin que ces vaisseaux vivans percent à - travers les trous, & se déchargent des humeurs putréfiées qui y sont en stagnation; car il se reformera par cette voie un nouveau périoste. On se conduira pour le surplus de la cure, comme dans les simples plaies des tégumens.

On conçoit par - là, pourquoi une fissure du crane est souvent d'une conséquence plus dangereuse qu'une grande contusion, ou même qu'une fracture. De plus, il est évident que cette conduite est préférable aux cauteres actuels, & aux rugines ou trépans exfoliatifs si douloureux dont les anciens se servoient; en effet, notre méthode a le double avantage de séparer promptement les parties gâtées, & de créer une nouvelle substance qui répare celle qui s'est perdue.

Quand le crane est enfoncé en - dedans dans les jeunes sujets sans fracture, & dans les adultes avec fracture, il en résulte nécessairement la compression du cerveau. Voyez Compression, Commotion, Contusion, Dépression , &c. Nous n'entrons ici que dans des généralités; nous renvoyons pour les détails aux mèilleurs traités sur cette matiere, & nous mettons Hippocrate à la tête.

N'oublions pas de remarquer qu'un segment du crane peut être enlevé & emporté tout - à - fait, ce qui arrive quand un instrument vulnérant coupe avec les tégumens une portion de l'os, c'est ce qu'on appelle dédolation ou section du crane: l'on ne manque pas d'exemples de blessés, qui malgré ce malheur ont été parfaitement guéris.

Enfin une partie du crane peut s'exfolier dans toute son épaisseur, & se séparer du reste; témoin cette femme de l'hôtel - Dieu dont parle Saviard (obs. xc.) qui demandoit l'aumône dans son crane. Objet touchant pour l'humanité! C'est cette même femme dont il est question dans l'hist. de l'acad. des Sc. in. 1700. p. 45. Comme elle avoit, dit M. Poupart. en conséquence de son accident, la moitié de la lure - mere découverte, un jour que quelqu'un la lui toucha légerement du bout du doigt elle jetta un grand cri, & dit qu'on lui avoit fait voir mille chandelles. Autre sujet de spéculation pour un anatomiste physicien! Art. de M. le Chevalier de Jaucourt.

Crane (Page 4:433)

Crane, (Mat. medic.) Le crane d'un jeune homme robusle mort de mort violente, est mis par plusieurs écrivains de la matiere médicale, au rang des grands remedes internes de l'apoplexie & de l'épilepsie en particulier. On le rapera & on le pulvérisera, disent - ils, sans le calciner pour n'en point détruire les vertus, & la dose sera depuis un scrupule jusqu'à trois. Il étoit en effet naturel en adoptant une fois des secours de cette espece contre ces terribles maladies du cerveau, de recourir plûtôt à la boîte osseuse qui le couvre & le défend, qu'à tout autre os fort éloigné. Il est vrai que le bon sens & l'expérience n'ont jamais trouvé de propriété medicinale dans aucun crane; il est vrai encore que l'analyse chymique n'en tire rien de différent des autres os, & que même la corne de cerf seroit préférable à tous égards: mais tous les os ensemble & la corne de cerf ne frappant pas l'imagination du vulgaire comme le crane de quelqu'un qu'on vient d'exécuter, ne pouvoient jamais faire fortune; cependant un auteur moderne par l'attention qu'il a eu d'avertir le public de prendre bien garde, à cause du danger immanquable où l'on s'exposeroit, d'employer par hasard, en guise de médicament, le crane d'une personne qui auroit été infectée de virus vénérien, a peut - être indiqué, sans le vouloir, le vrai secret de détourner de ce prétendu remede les gens qui seroient les plus portés à y mettre leur confiance. Ce que la raison ne sauroit opérer chez les hommes, la crainte du péril en vient à bout; c'est bien un autre agent dans la Nature. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

CRANENBOURG (Page 4:433)

CRANENBOURG, (Géog. mod.) petite ville d'Allemagne, au duché de Cleves, entre le Wahal & la Meuse.

CRANEQUIN ou PIÉ DE BICHE (Page 4:433)

CRANEQUIN ou PIÉ DE BICHE, s. m. (Hist. mod. & Art milit.) espece de bandage de fer qui se portoit à la ceinture, & dont on se servoit autrefois pour tendre l'arc, d'où l'on a fait le substantif cranequinier. Les cranequiniers étoient une sorte d'arbalétriers: il y en avoit à pié & à cheval; ils portoient des arbaletes legeres. Ces arbaletes furent d'abord de bois; on les fit ensuite de corne, & enfin d'acier. Le grand maître de l'artillerie a succédé à celui des arbalétriers & cranequiniers.

CRANGANOR (Page 4:433)

CRANGANOR, (Géog. mod.) petit royaume d'Asie, dans l'Inde, en - deèà du Gange, sur la côte de Malabar, dépendant du Samorin.

CRANGE (Page 4:433)

CRANGE, (Géog. mod.) ville d'Allemagne, dans la Pomeranie ultérieure, au duché de Wendeon, sur la riviere de Grabow.

CRANICHFELD (Page 4:433)

CRANICHFELD, (Géog. mod.) petite ville d'Arce, avec un territoire qui en dépend, dans la Thuringe, sur la riviere d'Ilm.

CRANSAC (Page 4:433)

CRANSAC, (Géog. mod. & Medecine.) lieu de France dans le bas - Roüergue, connu seulement par ses eaux minérales qui y attirent beaucoup de monde en Mai & Septembre. On puise ces eaux à deux fontaines, qui ne sont qu'à six piés l'une de l'autre, & qui sortent d'une montagne. On trouve au - dessus de ces deux fontaines des grottes qui sont des étuves très - salutaires pour les maladies du genre nerveux, les tremblemens qui en sont la suite, les paralysies legeres, & la sciatique. Les eaux de Cransac n'ont aucune odeur sensible; leur saveur est un peu âcre & vitriolique. Elles sont apéritives, purgatives, & présentement fort en vogue à Paris. On n'en a point encore donné d'analyse exacte & détaillée. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

CRAON (Page 4:433)

CRAON, (Géog. mod.) petite ville de France, dans la province d'Anjou, sur la riviere d'Oudon.

CRAONNE (Page 4:433)

CRAONNE, (Géog. mod.) petite ville de France, dans la généralité de Soissons, au diocèse de Laon.

CRAPAUD (Page 4:433)

CRAPAUD, s. m. animal amphibie Il y en a de deux sortes, le crapaud de terre, bufo rubeta, & le crapaud d'eau, rana palustris venenata.

Le crapaud de terre est plus gros que la grenouille; il a le corps épais, le dos large, le ventre gonflé, & il est si pesant, qu'il ne saute qu'à peine; & si lourd, qu'il ne marche que fort lentement. La peau est dure, couverte de tubercules, & de couleur livide, tachée de jaune sur le ventre. Cet animal se retire dans des lieux sombres & humides, & se cache dans des creux infectés de fange & de puanteur: il se nourrit de vers, d'insectes, de coquillages de terre. On a trouvé de ces animaux renfermés dans des troncs d'arbres, & même dans des blos de pierre, où ils devoient avoir passé grand nombre d'années sans autre aliment que l'eau qui pouvoit suinter à travers le bois ou la pierre. Les crapauds s'accouplent & pondent des oeufs comme les gienouilles, voyez Grenouille; mais leur cri est différent du croassement.

Le crapaud d'eau est plus petit que celui de terre. Rondelet a trouvé tant de ressemblance entre l'un & l'autre, qu'il n'a donné que la figure du crapaud d'eau, & qu'il y renvoye pour donner une idée de celle du crapaud de terre.

On donne encore le nom de crapaud à une sorte de grenouille que l'on trouve dans la terre & sous les fumiers; elle a le museau plus pointu & les jam<pb->

Next page


The Project for American and French Research on the Treasury of the French Language (ARTFL) is a cooperative enterprise of Analyse et Traitement Informatique de la Langue Française (ATILF) of the Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), the Division of the Humanities, the Division of the Social Sciences, and Electronic Text Services (ETS) of the University of Chicago.

PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.