ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"510"> qu'elle descend sur la poitrine, pectus. Les abbés & abbesses réguliers & régulieres en portent aussi. C'est une dévotion autorisée par plusieurs exemples de l'église greque & latine. Jean diacre nous représente S. Grégoire dans son mausolée, avec ce qu'il appelle filateria, c'est - à - dire un reliquaire d'argent pendu au cou. S. Grégoire expliquant lui - même ce terme, dit que c'est une croix enrichie de reliques. Innocent III. dit, que par cette croix les papes ont voulu imiter la lame d'or que le grand - prêtre des Juifs portoit sur le front. Les évêques ont depuis imité les papes. Thomassin. Ibid. (G)

Croix (Page 4:510)

Croix (Ordre de la) ou croisade. Ordre de chevalerie composé seulement de dames, & institué en 1668 par l'impératrice Eléonor de Gonzague femme de l'empereur Leopold, en reconnoissance de ce qu'elle avoit recouvré une petite croix d'or, dans laquelle étoient renfermés deux morceaux du bois de la vraie croix. Cette croix d'or avoit échappé à l'embrasement d'une partie du palais impérial, & fut retrouvée dans les cendres. Le feu, dit - on, avoit brûlé la boîte où elle étoit renfermée, & fondu le crystal, sans toucher au bois de la vraie croix. (G)

Croix de S. André; (Page 4:510)

Croix de S. André; c'est une croix composée de deux pieces de bois égales & passées en sautoir. On la nomme ainsi, parce qu'on prétend que ce fut avec une pareille croix que l'apôtre saint André fut martyrisé à Patras en Achaïe. La croix de S. André est l'instrument du supplice des assassins, voleurs de grand - chemin, & autres malfaiteurs que l'on condamne à la roüe. Le bourreau les étend & les lie sur cette croix posée sur un échafaut, & leur y brise les bras, les jambes, les cuisses, & les reins. V. Roue. (G)

Croix (Page 4:510)

Croix (Filles de la), Hist. ecclés. communauté de filles instituée en 1265 à Roye en Picardie, & répandue de - là à Paris & dans d'autres villes. Elles tiennent écoles & instruisent les jeunes personnes de leur sexe. Il y en a de deux sortes; les unes ont fait les trois voeux simples de pauvreté, de chasteté, & d'obéissance; les autres ont conservé toute leur liberté. Elles ont les unes & les autres chacune un supérieur qui gouverne toutes les maisons de leur congrégation.

Croix (Page 4:510)

Croix (Jugement de la), Hist. mod. il étoit en usage en France au commencement du jx. siecle, & consistoit à donner gain de cause à celui des deux parties qui tenoit le plus long tems ses bras élevés en croix. Il semble que cette maniere comique & folle de décider les différends des particuliers, ne pouvoit venir que dans l'esprit des Indiens du Paraguay nouvellement convertis au Christianisme. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

Croix (Page 4:510)

Croix, (Jurisprud.) est la marque que le procureur de celui qui est condamné aux dépens, met sur les articles de la déclaration dont il est appellant. Voyez ci - devant Croiser.

Croix de cens, signifie un sur - cens, comme qui diroit croît de cens, incrementum censûs. Dumoulin, sur le §. 51. de l'ancienne coûtume de Paris, gl. 1. n°. 17. & Loiseau, tr. du déguerpissement, liv. I. ch. v. n°. 7. se sont trompés en disant que le croix de cens n'a pas été ainsi nommé de l accroissement du cens, mais de ce qu'anciennement, & jusqu'au tems d'Henri II, toute la petite monnoie qui servoit à payer le cens étoit marquée d'une croix. On reconnoît le contraire par une ordonnance de Philippe de Valois, du 6 Janvier 1347, qui porte, art. jx. que tous cens & croix de cens se payeront, &c. On peut voir aussi ce que dit Brodeau dans son commentaire sur le tit. des censives de la coûtume de Paris, n. 23. le gloss. de M. de Lauriere, tom. II. p. 306. & 307. & la note de M. Secousse, sur l'ordonnance de 1347.

Croix (Page 4:510)

Croix, marquée par quelqu'un qui ne sait pas écrire, autrefois tenoit lieu de signature. Heribal, comte du palais sous le regne de Louis le Débonnaire, dans un cartulaire du monastere de Casaure, mit ainsi sa souscription, signum Heribaldi comitis sacri palatii, qui ibi fui, & proter ignorantiam litterarum signum S. crucis seci. Depuis que l'usage des lettres est devenu commun, cela ne se pratique plus guere que parmi des gens du peuple, & sur - tout de la campagne; mais une simple croix ou marque n'est plus regardée comme une signature qui ait l'effet de rendre un acte valable; ceux qui ne savent point signer ne peuvent s'obliger par écrit que pardevant notaire.

Croix (Page 4:510)

Croix, peine; autrefois, à S. Geniez dans le Languedoc, on bouchoit d'une croix la porte de ceux qui refusoient de payer la taille. Ordonnance du roi Jean, du 3 Mars 1356. (A)

Croix (Page 4:510)

Croix, en termes de Blason. On la définit une piece de l'écu composée de lignes quadruples, dont deux sont perpendiculaires, & les deux autres transversales; car il faut les imaginer telles, quoiqu'elles ne soient pas tracées exactement, mais qu'elles se rencontrent deux à deux en quatre angles droits près du point de fasce de l'écusson. Voyez Piece.

Elle n'occupe pas toûjours le même espace dans le champ de l'écu; car quand elle n'est point chargée, cantonnée ni accompagnée, elle ne doit occuper que la cinquieme partie du champ: mais si elle est chargée, elle doit occuper le tiers. V. Croisette.

Cette armoirie fut accordée originairement à ceux qui avoient exécuté ou au moins entrepris quelque action d'éclat pour le service de Jesus - Christ & pour l'honneur du nom chrétien, & est regardée par plusieurs comme la plus honorable de tout le Blason. Ce qui la rendit fort fréquente, ce furent sans doute les expéditions & les voyages multipliés qu'on fit en la Terre - sainte; car la plûpart de ceux qui en revinrent, chargerent leur écu d'une croix, & la croix devint une enseigne militaire.

On prétend que dans ces guerres saintes les Ecossois portoient la croix de S. André, les François une croix d'argent, les Anglois une croix d'or, les Allemands de sable, les Italiens d'azur, les Espagnols de gueules.

On compte trente - neuf différentes sortes de croix usitées dans le Blason, dont voici les noms; les descriptions des principales d'entr'elles termineront cet article: Croix vuidée, croix ondée - vuidée, croix patée - frangée, croix patée - fichée sur le pié, croix patée sur trois pates, & fichée sur la quatrieme; croix engrelée, croix patonnée, croix fleurie, croix patonnée - vuidée, croix avelane, croix patée avec l'ambel, croix fourchée, croix recroisettée, croix recroisettée - fichée en pointe, croix boutonnée, croix pommée, croix ordée, croix dégradéefichée, croix potencée, croix potencée - fichée, croix du calvaire, croix recroisettée à degrés, croix patriarchale, croix ancrée, croix moulinée, croix cléchée, croix fleurdelysée, croix double fichée, croix à seize pointes, croix moulinée, croix ragulée, croix pointée - vuidée, croix pallée, croix en tau, ou croix de S. Antoine, croix vuidée & coupée, croix coupéepercée, croix moulinée percée en losanges, croix moulinée percée en quatre, croix en sautoir, ou croix de S. André, dont on parlera plus en détail à son rang, aussi - bien que des autres.

La Colombiere fait mention de 72 sortes de croix différentes; nous n'en nommerons ici que celles que nous n'avons pas nommées plus haut, telles que la croix remplie, qui n'est autre chose qu'une croix chargée d'une autre croix; la croix partie, c'est - à - dire moitié d'une couleur & moitié d'une autre; la croix écartelée, c'est - à - dire dont les quartiers opposés sont de différentes couleurs; la croix de cinq pieces, c'est - à - dire celle qui est de cinq couleurs dif<pb-> [p. 511] férentes; la croix moussue & abaissée, la croix croissantée, la croix fourchée à trois pointes, la croix pometée de trois pieces, la croix rerenelée, la croix pointée, la croix ancrée & sur - ancrée, la croix ancrée avec des têtes de serpent, la croix ailée, la croix exhaussée, la croix rayonnante, ou qui répand à l'entour des rayons de gloire; la croix de Malte, la croix du S. Esprit, la croix fourchée à la maniere des anciennes fourchettes, la croix à huit pointes, la croix bourdonnée, la croix cramponnée & tournée, la croix cablée, lá croix inclinée, la croix de patenôtre, c'est - à - dire faite de grains de chapelet; la croix de treffle, la croix fleuronnée, la croix vuidée, cléchée & pommetée; la croix crenelée & baltillée, la croix à quatre branches pour chaque bras, la croix arrondie, la croix & demie, la croix étoilée ou en étoile, la croix cordée, la croix doublée de six pieces ensemble, la double croix fendue en pal, la longue croix coupée en pieces & démembrée, la croix coupée ou divisée en fasce, de deux couleurs contraires à celle du champ; le chevron surmonté d'une demi - croix, quatre queues d'hermine en croix, les bouts de l'hermine opposés l'un à l'autre au milieu; quatre pieces de vair disposées en croix, & contrepointées au centre; la croix ou l'épée de S. Jacques; une croix potencée cramponnée au bras dextre supérieur avec une potence vers le milieu de la fleche. Menetr. Trév. & Chambers.

Voilà toutes les différentes sortes de croix qu'on trouve dans les deux auteurs que nous avons cités. Elles peuvent n'être pas toutes usitées en France; mais le Blason est pour tous les pays, & il est bon d'en connoître au moins les termes.

Et ce n'est pas seulement par rapport aux croix qu'il y a unc si grande variété; il y en a tout autant par rapport à plusieurs autres pieces usitées, & singulierement par rapportaux lions & à leurs parties, dont la Colombiere compte quatre vingt - seize positions différentes. Leigls ne parle que de quarantesix croix différentes; Sylvanus Morgan, de vingt - six; Upton, de trente; Joannes de Bado - aureo, de douze; & plusieurs autres qu'il est inutile de nommer ici, différens nombres plus ou moins grands.

Upton à la vérité convient qu'il n'ose entreprendre de détailler toutes les différentes croix usitées dans les armoiries, parce qu'elles sont, dit - il, innombrables; c'est pourquoi il ne parle que de celles qu'il a vûes en usage de son tems. Voici les principales:

La croix ordinaire se nomme croix pleine, crux plena, comme celle de Savoie, &c.

Aspremont en Lorraine, de gueules à la croix d'argent. Elle est dite engrelée, quand elle a une espece de dentelle sur tous les bords.

D'Aillon du Lude, d'azur à la croix engrelée d'argent. Elle est dite patée, quand ses quatre extrémités s'élargissent, comme Argentré en Bretagne, d'argent à la croix patée d'azur. Elle est dite alezée, ou coupée, ou rétrécie, quand de nul de ses bouts elle ne touche aux bords de l'écu.

Aintrailles, d'argent à la croix alezée de gueules.

Celle des Squarciafichi, de Genes, est d'autant plus extraordinaire, qu'étant potencée, c'est - à - dire, terminée par quatre plates - bandes; elle est repotencée ou cramponnée en quatre endroits au bout droit d'en - haut, au droit du côté dextre, & aux deux d'en - bas.

Celle de Damas est ancrée, c'est - à - dire, crochue en ses extrémités, comme les ancres des vaisseaux.

Celle des Allegrains est non - seulement ancrée, mais partie de l'un à l'autre d'argent & de gueules, l'écu étant contreparti de même; ainsi on dit:

Allegrain, parti de gueules & d'argent, à la croix ancrée, contrepartie de l'une à l'autre.

Celle des Venasques, semblable à celle des comtes de Tolose, dont ils se disent descendus, est vuidée, c'est à - dire percée à jour; cléchée, c'est - à - dire qu'elle a ses quatre extrémités, comme les anciens anneaux de clés; & pommetée, c'est - à - dire qu'à chaque angle des anneaux il y a une pomme ainsi on blasonne ces armoiries d'or à la croix vuidée, cléchée & pommetée de gueules.

La croix des Sauteraux, de Dauphiné, est accompagnée de quatre oiseaux de proie d'argent, bequés, membrés & grilletés d'or: on dit bequé pour le bec, membré pour les jambes, grilleté pour les sonnettes.

La croix des Kaer en Bretagne, est dite en termes d'armoiries, gringolée, c'est - à - dire que ses extrémités se terminent en têtes de serpens, que le vulgaire nomme gargouilles, & par corruption, gringoles: ainsi il faut blasonner, Kaer en Bretagne, de gueules a la croix d'hermine gringolée d'or.

Celles de Des - Escures, en Bourbonnois, est ancrée, & chargée d'une étoile en coeur, c'est - à - dire au milieu ou au centre de la croix.

Des - Escures, de sinople à la croix ancrée d'argent, chargée en coeur d'une étoile de sable.

Il s'en peut faire de cordes & de cables, comme celle qu'Upton donne en Angleterre à un nouvel annobli, de deux tortils de cables. Ces croix se disent cablées.

Hurleston; en Angleterre, d'argent à une croix de quatre queues d'hermine aboutée.

Laurencs, d'argent à une croix écotée de gueules.

Bierley, d'argent à une croix recroisetée de gueules.

Villequier, de gueule à une croix fleurdelisée d'or, accompagnée de douze billettes de même.

Troussel, une croix patée & fleurdelisée.

Delisle, une croix pommetée.

Rubat, une croix potencèe.

La Chastre, une croix ancrée de vair.

La croix des Tohestke, en Silésie, est une croix que nous nommons croix de Lorraine, parce qu'une semblable croix est l'ancienne devise de la maison de Lorraine. C'est une croix greque alezée à double traverse; la traverse la plus haute, plus courte que la basse: ici la plus basse est cramponnée à senestre. Il faut donc dire, porte d'azur à la croix de Lorraine d'argent, cramponnée au flanc senestre de la traverse d'en - bas.

Celle de Saliceta, à Genes, est bretessée ou recroisetée à double.

Celle des Weyers, au pays du Rhin, est recercelée en ses extrémités, & chargée en coeur d'un écusson de sable à trois besans d'or.

Herschfelt, abbaye d'Allemagne, a pour armoiries une croix de Lorraine, dont le pié est enhendé: ce terme vient de l'espagnol enhendido, qui signifie refendu. Ces croix à refente sont communes dans les armoiries d'Allemagne.

Celle de Tigny est alezée, patée & écartelée.

Celle du Bosc, en Normandie, est échiquetée.

Celle des Truchses, fourchettée.

Celle de S. Gobert, trefflée.

Celle de la Riviere, frettée.

Des Ardinghelli, losangée.

De Viri, ouverte en fer de moulin.

Echaute, porte celle de Lorraine.

La croix longue sur un mont, avec une couronne d'épines & les clous, se nomme croix du calvaire. Les peres Théatins la portent ainsi, parce que leur congrégation commença le jour de l'exaltation de la sainte Croix.

Celle qui la suit, se dit perronnée.

Celle des Manfredi de Lucques est retranchée & pommetée.

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