ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"508"> Allemand dit qu'il y avoit quatorze monasteres de croisiers en Irlande, & qu'ils étoient venus de ceux d'Italie, puisque ceux de France & des Pays - Bas ne les reconnoissoient point.

Les croisiers de France & des Pays - Bas furent fondés en 1211, par Theodore de Celles, qui ayant été servir en Palestine en 1188, & y ayant trouvé quelques - uns des croisiers institués par S. Clet, conçut dès - lors le dessein d'en fonder une congrégation dans son pays. Ce qu'il y a de certain, c'est que Théodore étant de retour de la Palestine, s'engagea dans l'ordre ecclésiastique, & alla en qualité de missionnaire à la croisade contre les Albigeois. Etant retourné dans son pays en 1211, l'évêque de Liege lui donna l'église de S. Thibault près de la ville d'Hui, où avec quatre de ses compagnons il jetta les fondemens de son ordre, qu'Innocent III. & Honorius III. confirmerent. Théodore envoya de ses religieux à Toulouse, qui se joignirent à S. Dominique pour combattre les Albigeois, & cette congrégation s'établit & se multiplia depuis en France. Les papes ont voulu soûmettre les croisiers d'Italie à ceux de Flandres.

Les croisiers ou porte - croix avec l'étoile en Boheme, font remonter leur origine jusqu'au tems de S. Quiriace, puisqu'ils disent qu'ils sont venus de Palestine en Europe, où ils ont embrassé la regle de S. Augustin & bâti plusieurs monasteres. Ils ajoûtent que Ste Agnès de Boheme pour les distinguer des autres croisiers, obtint du pape Innocent IV. qu'ils ajoûteroient une étoile à la croix qu'ils portent. Mais ce que l'on dit de S. Quiriace n'a aucun fondement, & c'est Agnès fille de Primislas roi de Boheme, qui institua cet ordre à Pragues en 1234. Ils ont maintenant deux généraux, & sont en tres - grand nombre Voyez les dict. de Moreri & de Chambers. (G)

CROISIERE (Page 4:508)

CROISIERE, s. f. (Marine.) se dit des endroits & parages où l'on va croiser. On dit établir sa croisiere à l'oüest de la Manche, aux Açores, aux Canaries, &c. suivant les endroits où l'on va croiser. (Z)

CROISILLE (Page 4:508)

* CROISILLE, s. f. terme de Cordier, est une piece de bois taillée en portion de cercle, qui est sur le roüet des fileurs, & qui porte les molettes. Voyez la Planc. I. de la Corderie.

CROISILLONS (Page 4:508)

CROISILLONS, s. m. pl. en Bâtiment ou Architecture, sont des meneaux de pierre faits de dales fort minces, dont on partageoit autrefois la baie d'une fenêtre, comme il s'en voit au Luxembourg.

Croisillons de modernes, sont les nervures de pierre qui séparent les panneaux des vitraux gothiques. (P)

Croisillon (Page 4:508)

Croisillon, s. m. terme de Metteur en oeuvre; ce sont de petits chatons ou fleurons qu'ils placent entre les grands dans une croix. Voyez Croix.

CROISOIRE (Page 4:508)

* CROISOIRE, s. m. (Manufact. d'ourdissage.) espece de peigne de fer ou de boüis, à l'usage des Boulangers qui font le biscuit; ils s'en servent pour tracer des façons à sa surface.

CROISSANCE (Page 4:508)

CROISSANCE, s. f. (Jardinage.) On dit qu'un arbre prend bien de la croissance, lorsqu'il pousse vigoureusement; cependant cette croissance a des bornes: il vient un tems qu'un arbre a sa juste proportion suivant cette exacte symmetrie que le créateur a établie entre tous les êtres créés; alors cet arbre ne croît plus, il ne fait que s'entretenir. (K)

CROISSANT (Page 4:508)

CROISSANT, s. m. (Astron.) se dit de la Lune nouvelle, qui montre une petite partie éclairée de sa surface en aboutissant en pointes, quand elle commence à s'éloigner du Soleil; cette partie éclairée augmente jusqu'à ce que la lune soit pleine & dans son opposition. Voyez Lune.

Ce mot est latin, crescens, & vient de crescere, cresco, je crois, j'augmente. Les pointes ou extrémités du croissant s'appellent cornes; l'une est méridio<cb-> nale, l'autre boréale. Tertia, dit Virgile, jam lunoe se cornua lumine complent, pour dire voilà le troisieme mois.

On appelle aussi croissant, la même figure de la Lune en décours: mais alors ses pointes ou cornes sont tournées du côté de l'occident, au lieu que dans l'autre cas elles sont du côté de l'orient.

Peu avant ou après la nouvelle Lune, lorsque le croissant paroît assez foible & mince, on peut appercevoir, outre le croissant, le reste du globe de la Lune, à la vérité d'une lumiere beaucoup moins vive que le croissant. C'est qu'alors la partie éclairée de la Terre étant presque toute entiere tournée vers la Lune, renvoye à la Lune une certaine quantité de lumiere, qui est de nouveau réflechie par la Lune & renvoyée à la Terre. Plus la Lune approche des quadratures, plus cette lumiere s'affoiblit. (O)

Croissant (Page 4:508)

Croissant, adj. (Géom.) On appelle quantité croissante, une quantité qui augmente à l'infini ou jusqu'à un certain terme, par opposition à une quantité constante (voyez Constant) ou à une quantité décroissante. Ainsi dans l'hyperbole rapportée aux asymptotes, l'abscisse étant décroissante, l'ordonnée est croissante. De même dans un cercle l'abscisse prise depuis le sommet étant croissante, l'ordonnée est croissante jusqu'au centre, & ensuite décroissante, &c. (O)

Croissant (Page 4:508)

Croissant, (Hist. mod.) est le nom d'un ordre militaire, institué par René d'Anjou roi de Sicile, &c. en 1448 les chevaliers portoient sur le bras droit un croissant d'or émaillé, duquel pendoient autant de petits bâtons travaillés en forme de colonne, que le chevalier s'étoit trouvé de fois en bataille ou autres occasions périlleuses.

Ce qui donna occasion à l'établissement de cet ordre, c'est que René avoit pris pour dévise un croissant, sur lequel étoit écrit le mot los, ce qui en style de rébus vouloit dire los - en - croissant, c'est - à - dire qu'<-> en avançant en vertus on mérite des loüanges.

Les chevaliers portoient le manteau de velours cramoisi, le mantelet de velours blanc, avec la doublure & la soutane de même. L'ordre étoit composé de cinquante chevaliers, y compris le senateur ou président, c'est - à - dire le chef, & nul n'y pouvoit être reçu ni porter le croissant s'il n'étoit duc, prince, marquis, comte, vicomte, ou issu d'ancienne chevalerie, & gentilhomme de ses quatre lignées, & que sa personne fût sans vilain cas de r proche. D'anciens manuscrits de la bibliotheque de S. Victor nous ont conservé la formule du serment qu'ils prêtoient en vers de ce tems - là.

La messe oüir, ou pour Dieu tout donner, Dire de Notre - Dame, ou manger droit le jour Que pour le souverain, ou maitre, ou sa cour, Armer ses freres ou garder son honneur, Fête & dimanche doit le croissant porter, Obéir sans contredit toûjours au senateur.

Cet ordre étoit sous la protection de S. Maurice, & s'assembloit dans l'église de S. Maurice d'Angers. Favin, théat. d'honn. (G)

Croissant (Page 4:508)

Croissant. On appelle ainsi, en termes de Blason, une demi - lune. Les Ottomans portent de sinople au croissant montant d'argent.

Avant que les Turcs se fussent rendus maîtres de Constantinople, & de toute antiquité, la ville de Bysance avoit pris un croissant pour symbole, commeil paroît par les médailles des Bysantins, frappées à l'honneur d'Auguste, de Trajan, de Julia Domna, de Caracalla.

On appelle croissant montant, celui dont les pointes sont tournées en - haut vers le chef, qui est sa représentation la plus ordinaire. Les croissans adossés, sont ceux qui ont leurs parties les plus grosses & les [p. 509] plus pleines à l'opposite l'une de l'autre, & dont les pointes regardent le flanc de l'écu.

Le croissant renversé ou couché, est celui dont les pointes sont au rebours du montant. Les croissans tournés se posent comme les adossés: la différence est, qu'ils tournent toutes leurs pointes d'un même côté vers le flanc dextre de l'écu, soit en face, soit en bande; les croissans contournés, au contraire, ont leurs pointes vers le côté gauche de l'écu. Les croissans affrontés ou appointés ont leur assiette contraire à celle des adossés, parce que leurs pointes se regardent. Voyez le Dict. de Trév. Menet. & Chambers. (V)

Croissant (Page 4:509)

Croissant, (Bas au métier.) Il y a le croissant du bas de presse. Voyez l'article Bas au métier.

Croissant (Page 4:509)

Croissant, en terme de Boutonnier; c'est un outil aigu, plat, & creusé en forme de croissant; il est garni d'un manche, & sert à faire des coulans. Voyez Coulans.

Croissant (Page 4:509)

Croissant, outil de Jardinage. V. Jardinage.

Croissant (Page 4:509)

Croissant, (Maréchall.) suite de la fourbure. Voyez Fourbure. (V)

Croissant (Page 4:509)

Croissant, (Lutherie.) Les Facteurs d'orgue appellent ainsi des planches entaillées en demi - cercles concaves, dont l'usage, après qu'elles ont été affermies contre les montans des tourelles du fût d'orgue, est de soûtenir les grands tuyaux de montre par - derriere, & les tenir écartés les uns des autres à une distance convenable.

CROISSANTÉ (Page 4:509)

CROISSANTÉ, adj. terme de Blason: on dit d'une croix qu'elle est croissantée, lorsqu'elle a un croissant ou une demi - lune attachée à chacune de ses extrémités. Voyez Croix. (V)

CROISSER (Page 4:509)

CROISSER. Voyez Renette.

CROIST du bétail (Page 4:509)

CROIST du bétail, (Jurisprud.) se dit pour accroissement ou multiplication: les veaux & les agneaux qui proviennent des troupeaux de boeufs & de moutons sont le croist du bétail. Le droit du propriétaire du troupeau & du fermier ou cheptelier par rapport au croist du bétail, dépend de la coûtume ou usage du lieu, & aussi des clauses du bail à cheptel. Voyez Cheptel. (A)

CROISURE (Page 4:509)

* CROISURE, s. f. c'est le travail d'une étoffe croisée ou fabriquée à quatre marches. Ce terme est opposé à filure, qui se dit de la tissure des étoffes fabriquées à deux marches.

CROITRE, AUGMENTER (Page 4:509)

CROITRE, AUGMENTER, (Gram. & Synon.) ces mots désignent en général ce qui devient plus grand. Les enfans & les arbres croissent; le froid & la chaleur augmentent. (O)

CROIX (Page 4:509)

CROIX, s. f. (Hist.) instrument composé de deux pieces de bois, qui se coupent & se traversent ordinairement à angles droits.

Le pere Pezron fait venir le mot crux du celtique croug & crouas, quoique peut - être on puisse avec autant de raison dire que croug & crouas sont dérivés de crux.

La croix étoit anciennement le supplice des malfaiteurs & des esclaves. On la plantoit en differens endroits pour inspirer de la terreur aux scélérats, comme on faisoit autrefois les estrapades, & comme on fait encore aujourd'hui en quelques occasions les potences. Selon Sozomene, Constantin converti au Christianisme abolit le premier le supplice de la croix, qui jusque - là avoit toûjours été en usage chez les Romains. Il l'avoit aussi été chez les Assyriens, les Egyptiens, les Perses, les Carthaginois, & même les Grecs, comme il paroît par les auteurs profanes.

A l'égard du crucifiement ou de la maniere dont on attachoit les criminels à la croix, on peut voir ce que nous en dirons au mot Crucifiement.

Nous ajouterons seulement ici, que les critiques sont fort partagés sur cet article. Les principaux points de leur dispute consistent à savoir si on y attachoit le patient avec trois cloux ou avec quatre: si ses piés étoient immédiatement attachés à la croix ou s'ils étoient posés sur un petit tasseau qui servoit à les appuyer: si l'on commençoit par planter la croix en terre pour y attacher ensuite le patient par le moyen d'un échafaud élevé à la hauteur de l'endroit où ses piés devoient être placés, ou si l'on attachoit le patient à la croix avant que de l'élever & de la planter, comme les peintres le représentent dans le crucifiement de Jesus - Christ; enfin si le crucifié étoit entierement nud ou couvert. (G)

Croix (Page 4:509)

Croix (Invention de la sainte), fête très - ancienne dans l'Eglise, & qu'on célebre le 3 de Mai, en mémoire de ce que Ste Helene mere du grand Constantin trouva la croix de Jesus - Christ enfoncée en terre sous le mont Calvaire. Cette princesse fit bâtir une église au même endroit pour y conserver une partie de la croix, & fit porter le reste à Rome, où elle fut placée dans une église somptueuse que fit bâtir l'empereur, & qu'on nomma l'église de sainte croix de Jérusalem.

Théodoret dit qu'en creusant pour faire cette recherche, on trouva trois croix, celle de Jesus - Christ, & celles des deux voleurs qu'on avoit crucifiés avec lui, & qu'on trouva même le titre que Pilate avoit fait mettre au - dessus de la croix de Jesus - Christ, mais détaché, ensorte qu'on ne pouvoit découvrir quelle étoit celle du Sauveur, mais qu'on la reconnut par l'application qu'on en fit à une femme dangereusement malade qui fut guérie sur le champ. S. Paulin, dans son épître xxxj. à Severe, dit qu'on coucha un cadavre d'abord sur deux de ces croix, qui ne produisirent aucun effet, mais qu'il ressuscita lorsqu'on l'eut approché de la troisieme, qu'on reconnut à ce signe éclatant pour être celle de Jesus - Christ. (G)

Croix (Page 4:509)

Croix (Exaltation de la sainte), fête qu'on célebre dans l'Eglise Romaine le 14 de Septembre, en mémoire de ce que l'empereur Heraclius rapporta au Calvaire, l'an 642, la vraie croix qui en avoit été enlevée 14 ans auparavant par Cosroés roi des Perses, lorsqu'il prit Jérusalem sur l'empereur Phocas. Voyez Exaltation.

Croix (Page 4:509)

Croix (Porte - ), cruciger; c'est dans l'église Romaine un clerc ou chapelain d'un évêque, archevêque ou primat, qui porte une croix devant le prélat dans les occasions solennelles. Le pape a une croix qu'on porte devant lui partout. On porte aussi celle d'un patriarche partout devant lui, excepté à Rome. Les primats, métropolitains, ceux qui ont droit de porter le pallium, font porter la croix devant eux dans tous les lieux de leurs jurisdictions respectives. Cet usage ne remonte, pour les quatre patriarches d'Orient, qu'au concile de Latran, tenu en 1215 sous Innocent III, encore Grégoire IX. ne leur permit - il pas de la porter en présence des cardinaux. Depuis, les papes ont accordé la croix aux archevêques de Bourges, de Cologne, d'Auch, de Gnesne, de Cantorberi, d'York, &c. & enfin aux évêques. La croix de ceux - ci est simple, celle des archevêques a deux branches en - travers, & celle du pape en a trois. Il ne paroît pas que les archevêques Grecs ayent fait porter une croix devant eux. Mais comme on portoit une lampe allumée devant les empereurs, cette marque d'honneur fut accordée au patriarche de Constantinople, & ensuite, selon Balsamon, aux archevêques de Bulgarie & de Chypre, & à quelques autres métropolitains. C'est l'origine du bougeoir qu'on porte aux offices, & même à la messe, devant les évêques, & même devant les curés de Paris. Thomass. Discipl. ecclés. part. IV. liv. I. c. xxxjx. (G)

Croix pectorale; (Page 4:509)

Croix pectorale; c'est une croix d'or ou d'argent ou de quelqu'autre matiere précieuse, même de diamans, que les évêques, archevêques, &c. portent pendue au cou. On la nomme pectorale, parce

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