RECHERCHE | Accueil | Mises en garde | Documentation | ATILF | ARTFL | Courriel |
"502">
Crocodile (Page 4:502)
Crocodile (Page 4:502)
On a appellé cette maniere de raisonner crocodile,
à cause de l'histoire suivante imaginée par les Poëtes
ou par les Rhéteurs. Un crocodile, disent - ils, avoit
enlevé le fils d'une pauvre femme, lequel se promenoit
sur les bords du Nil; cette mere désolée supplioit
l'animal de lui rendre son fils; le crocodile repliqua
qu'il le lui rendroit sain & sauf, pourvû qu'elle même
répondît juste à la question qu'il lui proposeroit.
Veux - je te rendre ton fils ou non, lui demanda le crocodile: la femme soupçonnant que l'animal vouloit
la tromper, répondit avec douleur: tu ne veux pas
me le rendre; & demanda que son fils lui fût rendu,
comme ayant pénétré la véritable intention du crocodile. Point du tout, repartit le monstre, car si je te
le rendois, tu n'aurois point dit vrai; ainsi je ne puis te
le donner sans que ta premiere réponse ne soit fausse,
ce qui est contre notre convention. Voyez
On peut rapporter à cette espece de sophisme, les propositions appellées mentientes ou insolubles, qui se détruisent elles - mêmes; telle qu'est celle de ce poëte Crétois: omnes ad unum Cretenses semper mentiuntur; tous les Crétois, sans en excepter un seul, mentent toûjours. En effet, ou le poëte ment quand il assure que tous les Crétois mentent, ou il dit vrai. Or dans l'un ou l'autre cas il y a quelques Crétois qui ne mentent pas. La proposition générale est donc nécessairement fausse. (G)
CROCOTE (Page 4:502)
* CROCOTE, s. f. (Hist. anc.) habillement leger, de soie, & couleur de safran, à l'usage des comédiennes, des prêtres de Cybele, & des femmes galantes. Ceux qui teignoient les crocotes s'appelloient crocotaires, crocotarii, du mot crocota, crocote.
CROCUS (Page 4:502)
CROCUS. Voyez
CRODON (Page 4:502)
* CRODON, s. m. (Hist. anc.) une des principales idoles des anciens Germains. C'étoit un vieillard
CROIA (Page 4:502)
CROIA, (Géog.) ville forte de la Turquie, en Europe, dans l'Albanie, proche du golfe de Venise, sur l'Hisino. Long. 37. 18. lat. 41. 46.
CROIRE (Page 4:502)
* CROIRE, v. act. & neut. (Métaphysique.) c'est
être persuadé de la vérité d'un fait ou d'une proposition,
ou parce qu'on ne s'est pas donné la peine de
l'examen, ou parce qu'on a mal examiné, ou parce
qu'on a bien examiné. Il n'y a guere que le dernier
cas dans lequel l'assentiment puisse être ferme & satisfaisant.
Il est aussi rare que difficile d'être content
de soi, lorsqu'on n'a fait aucun usage de sa raison,
ou lorsque l'usage qu'on en a fait est mauvais. Celui
qui croit, sans avoir aucune raison de croire, eût - il
rencontré la vérité, se sent toûjours coupable d'avoir
négligé la prérogative la plus importante de sa
nature, & il n'est pas possible qu'il imagine qu'un
heureux hasard pallie l'irrégularité de sa conduite.
Celui qui se trompe, après avoir employé les facultés
de son ame dans toute leur étendue, se rend à
lui - même le témoignage d'avoir rempli son devoir
de créature raisonnable; & il seroit aussi condamnable
de croire sans examen, qu'il le seroit de ne pas
croire une vérité évidente ou clairement prouvée.
On aura donc bien reglé son assentiment, & on l'aura
placé comme on doit, lorsqu'en quelque cas & sur
quelque matiere que ce soit, on aura écouté la voix
de sa conscience & de sa raison. Si on eût agi autrement,
on eût péché contre ses propres lumieres, &
abusé de facultés qui ne nous été données pour aucune
autre fin, que pour suivre la plus grande évidence
& la plus grande probabilité: on ne peut contester
ces principes, sans détruire la raison & jetter l'homme
dans des perplexités fâcheuses. V.
CROISADES (Page 4:502)
* CROISADES, s. f. (Hist. mod. & ecclés.) guerres entreprises par les chrétiens, soit pour le recouvrement des lieux saints, soit pour l'extirpation de l'hérésie & du paganisme.
Croisades entreprises pour la conquête des lieux saints. Les fréquens pélerinages que les chrétiens firent à la Terre - sainte, après qu'on eut retrouvé la croix sur laquelle le fils de l'homme étoit mort, donnerent lieu à ces guerres sanglantes. Les pélerins, témoins de la dure servitude sous laquelle gémissoient leurs freres d'Orient, ne manquoient pas d'en faire à leur retour de tristes peintures, & de reprocher aux peuples d'Occident la lâcheté avec laquelle ils laissoient les lieux arrosés du sang de Jesus - Christ, en la puissance des ennemis de son culte & de son nom.
On traita long tems les déclamations de ces bonnes gens avec l'indifférence qu'elles méritoient, & l'on étoit bien éloigné de croire qu'il viendroit jamais des tems de ténebres assez profondes, & d'un étourdissement assez grand dans les peuples & dans les souverains sur leurs vrais intérêts, pour entraîner une partie du monde dans une malheureuse petite contrée, afin d'en égorger les habitans, & de s'emparer d'une pointe de rocher qui ne valoit pas une goutte de sang, qu'ils pouvoient vénérer en esprit de loin comme de près, & dont la possession étoit si étrangere à l'honneur de la religion. [p. 503]
Cependant ce tems arriva, & le vertige passa de la tête échauffée d'un pélerin, dans celle d'un pontife ambitieux & politique, & de celle - ci dans toutes les autres. Il est vrai que'cet évenement extraordinaire fut préparé par plusieurs circonstances, entre lesquelles on peut compter l'intérêt des papes & de plusieurs souverains de l'Europe; la haine des chrétiens pour les musulmans; l'ignorance des laïcs, l'autorité des ecclésiastiques, l'avidité des moines; une passion desordonnée pour les armes, & sur - tout la nécessité d'une diversion qui suspendît des troubles intestins qui duroient depuis long tems. Les laics chargés de crimes crûrent qu'ils s'en laveroient en se baignant dans le sang infidele; ceux que leur état obligeoit par devoir à les desabuser de cette erreur, les y confirmoient, les uns par imbécillité & faux zele, les autres par une politique intéressée; & tous conspirerent à venger un hermite Picard des avanies qu'il avoit essuyées en Asie, & dont il rapportoit en Europe le ressentiment le plus vif.
L'hermite Pierre s'adresse au pape Urbain II; il court les provinces & les remplit de son enthousiasme. La guerre contre les infideles est proposée dans le concile de Plaisance, & prêchée dans celui de Clermont. Les seigneurs se défont de leurs terres; les moines s'en emparent; l'indulgence tient lieu de solde: on s'arme; on se croise, & l'on part pour la Terresainte.
La croisade, dit M. Fleury, servoit de prétexte aux gens obérés pour ne point payer leurs dettes; aux malfaiteurs pour éviter la punition de leurs crimes; aux ecclésiastiques indisciplinés pour secoüer le joug de leur état; aux moines indociles pour quitter leurs cloîtres; aux femmes perdues pour continuer plus librement leurs desordres. Qu'on estime par - là quelle devoit être la multitude des croisés?
Le rendez - vous est à Constantinople. L'hermite Pierre, en sandales & ceint d'une corde, marche à la tète de quatre - vingts mille brigands; car comment leur donner un autre nom, quand on se rappelle les horreurs auxquelles ils s'abandonnerent sur leur route? Ils volent, massacrent, pillent, & brûlent. Les peuples se soulevent contr'eux. Cette croix rouge qu'ils avoient prise comme la marque de leur piété, devient pour les nations qu'ils traversent le signal de s'armer & de courir sur eux. Ils sont exterminés; & de cette foule, il ne reste que vingt mille hommes au plus qui arrivent devant Constantinople à la suite de l'hermite.
Une autre troupe qu'un prédicateur Allemand appellé Godescal traînoit après lui, coupable des mêmes excès, subit le même sort. Une troisieme horde composée de plus de deux cents mille personnes, tant femmes que prêtres, paysans, écoliers, s'avance sur les pas de Pierre & de Godescal; mais la fureur de ces derniers tomba particulierement sur les Juifs. Ils en massacrerent tout autant qu'ils en rencontrerent; ils croyoient, ces insensés & ces impies, venger dignement la mort de Jesus - Christ, en égorgeant les petits - fils de ceux qui l'avoient crucifié. La Hongrie fut le tombeau commun de tous ces assassins. Pierre renforça ses croisés de quelques autres vagabonds Italiens & Allemands, qu'il trouva devant Constantinople. Alexis Comnene se hâta de transporter ces enthousiastes dangereux au - delà du Bosphore. Soliman soudan de Nicée tomba sur eux, & le fer extermina en Asie, ce qui étoit échappé à l'indignation des Bulgares & des Hongrois, & à l'artifice des Grecs.
Les croisés que Godefroi de Bouillon commandoit furent plus heureux; ils étoient au nombre de soixante & dix mille hommes de pié, & de dix mille hommes de cheval. Ils traverserent la Hongrie. Cependant Hugues frere de Philippe I. roi de France,
Lorsque cette multitude fut arrivée dans l'Asie mineure, on en fit la revûe près de Nicée; & il se trouva cent mille cavaliers & six cents mille fantassins. On prit Nicée. Soliman fut battu deux fois. Un corps de vingt mille hommes de pié & de quinze mille cavaliers assiégea Jérusalem, & s'en empara d'assaut. Tout ce qui n'étoit pas chrétien fut impitoyablement égorgé; & dans un assez court intervalle de tems, les chrétiens eurent quatre établissemens au milieu des infideles, à Jérusalem, à Antioche, à Edesse, & à Tripoli.
Boemond posseda le pays d'Antioche. Baudoüin frere de Godefroi alla jusqu'en Mésopo>amie s'emparer de la ville d'Edesse; Godefroi commanda dans Jérusalem, & le jeune Bertrand fils du comte de Toulouse s'établit dans Tripoli.
Hugues frere de Philippe I, de retour en France avant la prise de Jérusalem, repassa en Asie avec une nouvelle multitude mêlée d'Allemans & d'Italiens; elle étoit de trois cents mille hommes. Soliman en défit une partie; l'autre périt aux environs de Constantinople, avant que d'entrer en Asie; Hugues y mourut presqu'abandonné.
Baudoüin regna dans Jérusalem après Godefroi; mais Edesse qu'il avoit quittée ne tarda pas à être reprise, & Jérusalem où il commandoit à être menacée.
Tel étoit l'état foible & divisé des chrétiens en Orient, lorsque le pape Eugene III. proposa une autre croisade. S. Bernard son maître la prêcha à Vezelai en Bourgogne, où l'on vit sur le même échafaud un moine & un souverain exhortant alternativement les peuples à cette expédition. Soixante & dix mille François se croiserent sous Louis le Jeune. Soixante & dix mille Allemans se croiserent peu de tems après sous l'empereur Conrad III, & les historiens évaluent cette émigration à trois cents mille hommes. Le fameux Fréderic Barberousse suivoit son oncle Conrad. Ils arrivent: ils sont défaits. L'empereur retourna presque seul en Allemagne; & le roi de France revint avec sa femme, qu'il répudia bien - tôt après pour sa conduite pendant le voyage.
La principauté d'Antioche subsistoit toûjours. Amauri avoit succédé dans Jérusalem à Baudoüin, & Gui de Lusignan à ce dernier. Lusignan marche contre Saladin, qui s'avançoit vers Jérusalem dans le dessein de l'assiéger. Il est vaincu & fait prisonnier Saladin entra dans Jérusalem; mais il en usa avec les habitans de cette ville de la maniere la plus honteuse pour les chrétiens, à qui il sçut bien reprocher la barbarie de leurs peres. Lusignan ne sortit de ses fers qu'au bout d'un an.
Outre la principauté d'Antioche, les chrétiens
d'Orient avoient conservé au milieu de ces desastres
Joppé, Tyr, & T>poli. Ce fut alors que le pape Clément III. rem>a la France, l'Angleterre, & l'Allemagne en leur faveur. Philippe Auguste régnoit en
France, Henri II. en Angleterre, & Fréderic Barberousse en Allemagne. Les rois de France & d'Angleterre cesserent de tourner leurs armes l'un contre
l'autre pour les porter en Asie; & l'empereur partit
à la tête de cent cinquante mille hommes. Il vainquit
les Grecs & les Musulmans. Des commencemens si
heureux présage>ent pour la suite les plus grands
succès, lorsque Ba>berousse mourut. Son armée réduite
à sept à huit mille hommes, alla vers Antioche
sous la conduite du duc de Soüabe son fils, se joindre
Next page
The Project for American and French Research on the Treasury of the French Language (ARTFL) is a cooperative enterprise of Analyse et Traitement Informatique de la Langue Française (ATILF) of the Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), the Division of the Humanities, the Division of the Social Sciences, and Electronic Text Services (ETS) of the University of Chicago.