ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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Personne n'ignore les usages de la craie pour le dessein, pour la fertilisation des terres; & l'on trouvera dans la Lithogéognosie de M. Pott, pag. 17 & suiv. les différens effets qu'elle produit dans le feu, lorsqu'on la fait entrer en fusion avec des matieres vitrifiables. ( - )

Craie (Page 4:428)

Craie, (Mat. med.) La craie est un alkali ou un absorbant terreux, qu'on peut employer comme succédanée du corail, des yeux d'écrevisse, de la magnésie, &c. Voyez Absorbant.

On trouve dans la pharmacopée de Bate une décoction simple & une décoction composée de craie: la premiere a beaucoup de rapport avec le decoctum album Sydenhami, qui est beaucoup plus en usage parmi nous. Voyez Decoctum album. (b)

Craie de Briançon (Page 4:428)

Craie de Briançon, (Hist. nat. Minéralogie.) c'est une pierre talqueuse, grasse au toucher, qui paroît composée de petites lames ou de feuillets; ce qui ne l'empêche point d'être assez solide & compacte. Sa couleur est ou blanche, ou tirant sur le verd; elle est réfractaire au feu, & ne se dissout point dans les acides.

On peut voit par ce qui a été dit à l'art. Craie, que c'est très - improprement qu'on a donné ce nom à la substance dont nous parlons, puisqu'elle n'est point soluble dans les acides, & ne se réduit point en chaux par l'action du feu, qui sont les deux caracteres distinctifs de la craie.

Les Tailleurs se servent de la craie de Briançon pour tracer des lignes legeres sur les étoffes.

Quelques medecins ordonnent la craie de Briançon comme absorbant, ou comme astringent; mais il paroît qu'elle ne peut nullement remplir ces vûes, puisque c'est une substance talqueuse, insoluble dans les acides des premieres voies, & incapable par conséquent de passer dans l'oeconomie animale, en s'unissant aux humeurs. ( - )

Craie (Page 4:428)

Craie, (Marine.) vaisseaux Suédois & Danois à trois mâts, sans hunier.

Craie (Page 4:428)

Craie; mettre en craie, c'est un terme de Plumassier, qui signifie plonger les plumes dans de l'eau chaude, où l'on a détrempé du blanc d'Espagne.

Craie (Page 4:428)

Craie, (Faucon.) infirmité qui survient aux oiseaux de proie; c'est une dureté des émeus si extraordinaire, qu'il s'y forme de petites pierres blanches de la grosseur d'un pois, lesquelles venant à boucher le boyau, causent souvent la mort aux oiseaux, si l'on n'a soin d'y remédier. Comme ce mal est causé par une humeur seche & épaisse, il faut l'humecter & l'atténuer en trempant la viande des oiseaux dans du blanc d'oeufs & du sucre candi battus & mêlés ensemble.

CRAIL (Page 4:428)

CRAIL, (Géog. mod.) petite ville d'Ecosse dans la province de Fife sur la Mera.

CRAILSHEIM (Page 4:428)

CRAILSHEIM, (Géog. mod.) ville d'Allemagne au cercle de Franconie, dans le Marggraviat d'Anspach sur la Iaxt.

CRAINBOURG (Page 4:428)

CRAINBOURG, (Géog. mod.) ville d'Allemagne dans la Carniole, sur la Save. Long. 31. 55. lat. 46. 30.

CRAINTE (Page 4:428)

CRAINTE, s. f. (Morale.) c'est en général un mouvement inquiet, occasionné dans l'ame par la vûe d'un mal à venir. Celle qui naît par amour de notre conservation, de l'idée d'un danger ou d'un péril prochain, je la nomme peur. Voyez Peur.

Ainsi la crainte est cette agitation, cette inquiétude de notre ame quand nous pensons à un mal futur quelconque qui peut nous arriver; c'est une émotion desagréable, triste, amere, qui nous porte à croire que nous n'obtiendrons pas un bien que nous desirons, & qui nous fait redouter un accident, un mal qui nous menace, & même un mal qui ne nous menace pas, car il regne ici souvent du délire. Un état si fâcheux affecte servilement à quelques égards plus ou moins tous les hommes, & produit la cruauté dans les tyrans.

Cette passion superstitieuse se sert de l'instabilité des évenemens futurs pour séduire l'esprit dont elle s'empare, pour y jetter le trouble & l'effroi. Prévenant en idée les malheurs qu'elle suppose, elle les multiplie, elle les exagere, & le mal qu'elle appréhende luit toûjours à ses yeux. « Elle nous tourmente, dit Charron, avec des marques de maux, comme l'on fait des fées aux petits enfans; maux qui ne sont souvent maux que parce nous les jugeons tels ». La frayeur que nous en avons les réalise, & tire de notre bien même des raisons pour nous en affliger. Combien de gens qui sont devenus misérables de peur de tomber dans la misere, malades de peur de l'être? Source féconde de chagrins, elle n'y met point de bornes ni d'adoucissement. Les autres maux se ressentent pendant qu'ils existent, & la peine ne dure qu'autant que dure la cause: mais la crainte s'étend sur le passé, sur le présent, sur l'avenir qui n'est point, & qui peut - être ne sera jamais. Ennemie de notre repos, non - seulement elle ne connoît que le mal, souvent à fausses enseignes, mais elle écarte, elle anéantit, pour ainsi dire, les biens réels dont nous joüissons, & se plaît à corrompre toutes les douceurs de la vie. Voilà donc une passion ingénieusement tyrannique, qui loin de prendre le miel des fleurs, n'en suce que l'amertume, & court de gayeté de coeur au - devant des tristes songes dont elle est travaillée.

Ce n'est pas tout de dire qu'elle empoisonne le bonheur de l'homme, il faut ajoûter qu'elle lui est à jamais inutile. Je sai que quelques gens la regardent comme la fille de la prudence, la mere de la précaution, & par conséquent de la sûreté. Mais y a - t - il rien de si sujet à être trompé que la prudence? mais cette prudence ne peut - elle pas être tranquille? mais la précaution ne peut - elle pas avoir lieu sans mouvemens de frayeur, par une ferme & sage conduite? Convenons que la crainte ne sauroit trouver d'apologie; & je dirois presque, avec mademoiselle Scudery, qu'il n'y a que la crainte de l'amour qui soit permise & loüable.

Celle que nous venons de dépeindre, a son origine dans le caractere, dans la vivacité inquiete, la défiance, la mélancholie, la prudence pusillanime, le manque de nerf dans l'esprit, l'éducation, l'exemple, &c.

Il faut de bonne heure rectifier ces malheureuses sources par de fortes réflexions sur la nature des biens & des maux; sur l'incertitude des évenemens, qui font naître quelquefois notre salut des causes dont nous attendions notre ruine; sur l'inutilité de cette passion; sur les peines d'esprit qui l'accompagnent, & sur les inconvéniens de s'y livrer. Si le peu de fondement de nos craintes n'empêche pas qu'elles soient attachées aux infirmités de notre nature; si leurs tristes suites prouvent combien elles sont dangereuses, quel avantage n'ont point les hommes philosophes qui les foulent aux piés? Ceux à qui l'imagination ne fait point appréhender tout ce qui est contingent & possible, ne gagnent - ils pas beaucoup à penser si sagement? Ils ne souffrent du moins que ce qui est déterminé par le présent, & ils peuvent alléger leurs souffrances par mille bonnes réflexions. Essayons donc notre courage à ce qui peut nous arriver de plus fâcheux; défions les malheurs par notre façon de penser, & saisissons les armes de la fortune: enfin, comme la plus grande crainte, la plus difficile à combattre, est celle de la mort, accoûtumons - nous à considérer que le moment de notre naissance est le premier pas qui nous mene à la destruction, & que le dernier pas, c'est celui du repos. L'intervalle qui les sépare, n'est qu'un point, eu [p. 429] égard à la durée des êtres qui est immense. Si c'est dans ce point que l'homme craint, s'inquiete, & se tourmente sans cesse, on peut bien dire que sa raison n'en a fait qu'un fou. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

Crainte (Page 4:429)

* Crainte, (Mythol.) La crainte étoit aussi une déesse du paganisme. Elle avoit un temple à Sparte, l'endroit du monde où les hommes avoient le plus de bravoure, & où ils étoient le moins dirigés dans leurs actions par la crainte, cette passion vile qui fit mépriser & le culte & les autels que Tullus Hostilius fit élever à la même déesse chez les Romains. La Crainte étoit fille de la Nuit; j'ajoûterois volontiers & du crime.

Crainte (Page 4:429)

Crainte, (Jurispr.) on en distingue en Droit de deux sortes, la crainte grave & la crainte legere.

La crainte grave, qu'on appelle metus cadens in constantem virum, est celle qui ne vient point de pusillanimité, mais qui est capable d'ébranler l'homme courageux; comme la crainte de la mort, de la captivité, de la perte de ses biens.

La crainte legere est celle qui se rencontre dans l'esprit de quelque personne timide, & pour un sujet qui n'ébranleroit point un homme courageux; comme la crainte de déplaire à quelqu'un, d'encourir sa disgrace.

On met au rang des craintes legeres, la crainte révérentielle, telle que la déférence qu'une femme peut avoir pour son mari, le respect qu'un enfant a pour ses pere & mere, & autres ascendans, soit en directe ou collatérale; celui que l'on doit avoir pour ses supérieurs, & notamment pour les personnes constituées en dignité; la soûmission des domestiques en vers leurs maîtres, & autres semblables considérations qui ne sont pas réputées capables d'ôter la liberté d'esprit nécessaire, pour donner un consentement valable, à moins qu'elles ne soient accompagnées d'autres circonstances qui puissent avoir fait une impression plus forte: ainsi le consentement qu'un fils donne au mariage que son pere lui propose, ne laisse pas d'être valable, quand même il seroit prouvé que ce mariage n'étoit pas du goût du fils, voluntas enim remissa tamen voluntas cst.

Les lois romaines nous donnent encore plusieurs exemples de craintes graves & legeres. Llles décident que la crainte de la prison est juste, & que la promesse qui est faite dans un tel lieu, est nulle de plein droit. Parmi nous, une promesse qui seroit faite pour éviter la prison, seroit en effet nulle; mais celui qui est déjà constitué prisonnier, peut s'obliger en prison, pourvû que ce soit sans contrainte: on observe seulement de le faire venir entre deux guichets, comme étant réputés lieu de liberté.

La crainte d'un procès mû ou à mouvoir, ne vitie pas la stipulation; il en est de même de l'appréhension que quelqu'un a d'être nommé à des charges publiques & de police; ce qui est fait pour obéir à justice, n'est pas non plus censé fait par crainte. Mais lorsqu'il y a du danger de la vie, ou que l'on est menacé de subir quelque peine corporelle, c'en est assez pour la rescision d'un acte, fût - ce même une transaction.

Un nouveau consentement, ou une ratification de l'acte, répare le vice que la crainte y avoit apporté.

Chez les Romains, aucun laps de tems ne validoit un acte qui avoit été fait par une crainte graye; mais dans notre usage il faut reclamer dans les dix années du jour qu'on a été en liberté de le faire, autrement on n'y est plus recevable. Voyez au ff. 4. tit. ij. l. 21. tit. jv. l. 22. au code 8. tit. xxxviij. l. 9. & liv. II. tit. jv. l. 13. tit. xx. l. 4. & l. 8. (A)

CRAION (Page 4:429)

CRAION, s. m. qu'on devroit écrire craiyon (Hist. nat. & Arts.) c'est un nom générique, par lequel on désigne plusieurs substances terreuses, pierreuses, & minérales, colorées, dont on se sert pour tracer des lignes, dessiner, peindre au pastel; telles sont la craie, la sanguine ou hématite, la pierre noire. Voyez ces mots, & Pastel.

On donne plus particùlierement le nom de craiyon à la blende, ou mine de plomb, molybdena, qui est un minéral contenant quelquefois du zinc, & qui résiste très - fort à l'action du feu. Voyez Blendè. On coupe la mine de plomb en morceaux quarrés longs & menus, pour les revêtir de bois & en faire les craiyons ordinaires, ou bien on les taille & on leur donne une forme propre à être mis dans un portecraiyon: cette substance se trouve en plusieurs endroits de l'Europe; cependant il y a du choix Les meilleurs craiyons sont ceux qui nous viennent d'Angleterre; on les sait avec une espece de blende, ou mine de plomb très - pure, non - mêlée de sable ou de matieres étrangeres; elle se taille aisément, & quand on l'a taillée, ellé ressemble à du plomb fraîchement coupé; celle qui n'a point ces qualités, n'est pas propre à faire de bons craiyons. La mine qui fournit le bon craiyon d'Angleterre, est dans la province de Cumberland, à peu de distance de Carlisle: elle est unique dans son espece, & le gouvernement en a pris un soin tout particulier. L'exportation de cette mine est défendue sous des peines très - rigoureuses, avant que d'être employée en craiyons. Personne n'ignore l'usage du craiyon dans le dessein, &c.

Craion rouge (Page 4:429)

Craion rouge: ce n'est que de la sanguine, ou de l'ochre rouge. Voyez ces articles. ( - )

CRAIONNER (Page 4:429)

CRAIONNER ou mieux CRAIYONNER, (Dessiner.) c'est tracer des lignes au craiyon.

On dit: il n'a fait qu'un leger craiyon de ce sujet, les craiyons de tel sont fort estimés; cette façon de parler est moins d'usage que les desseins de tel sont fort eslimés. Cela n'est que craiyonné, signifie cette idée est fort éloignée de la perfection. (R)

CRAMANI (Page 4:429)

CRAMANI, s. m. (Hist. mod.) c'est ainsi qu'on appelle aux Indes le premier juge d'une ville. Voyez les lettres édifiantes.

CRAMBE (Page 4:429)

CRAMBE, s. m. (Hist. nat. bot.) genre de plante à fleur en croix. Le pistil sort du calice, & devient dans la suite un fruit ou coque, composée d'une seube capsule qui s'ouvre en deux parties, & qui renferme une semence ordinairement oblongue. Tournefort, inst. rei herb. Voyez Plante. (I)

CRAMBORN (Page 4:429)

CRAMBORN, (Géog. mod.) ville d'Angleterre dans la province de Dorcester.

CRAMOISI (Page 4:429)

CRAMOISI, adj. pris subst. l'une des sept couleurs rouges de la teinture. Voyez Rouge & Teinture.

Ce mot vient de l'arabe kermesi, qui a été fait de kermès, qui signifie rouge. Les Bollandistes insinuent que cramoisi vient de Crémone, & est mis pour Crémonois. Voyez Kermès & Cochenille.

Les étoffes qu'on veut teindre en cramoisi, après avoir été dégorgées de leur savon & alunées fortement, doivent être mises dans un bain de cochenille chacune selon sa couleur. Voyez Pourpre & Teinture. Chamb. Distionn. de Trév. Etimol. & du Comm.

CRAMPE (Page 4:429)

CRAMPE, s. f. (Medecine.) espece d'engourdissement ou de convulsion, accompagnée d'une douleur violente, mais passagere, & que le simple frottement emporte. Les muscles de la jambe & de la cuisse sont les siéges les plus ordinaires de cette maladie. Voyez l'histoire générale des maladies convulsives ou spasmodiques, an mot Spasme. Ce mot vient de l'allemand krampff, qui signifie la même chose. (b)

Crampe (Page 4:429)

Crampe, (Maréchall.) même maladie que la précédente, qui prend au jarret des chevaux, qui leur fait traîner la jambe pendant cinquante à soixante pas en sortant de l'écurie, & qui se dissipe par le mouvement. (V)

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