ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"400"> me celui du grillon, & qu'il reste sous terre comme la taupe. Il est de la longueur & de la grosseur du petit doigt, & il ressemble en quelque façon à une sauterelle; il a auprès de l'anus deux filets garnis de poils; le corps est formé par huit anneaux écailleux, un peu velus, & de couleur de châtaigne; le ventre est mou, & moins foncé en couleur; le dos est recouvert par deux ailes terminées en pointe, le long desquelles il y a une ligne noirâtre; ces ailes sont plissées, & deux autres ailes déployées & marquetées par des stries noires, s'étendent jusqu'à la moitié des premieres: mais celles - ci se prolongent jusqu'à la moitié de la longueur de la queue. Cet insecte a quatre jambes, les deux dernieres sont les plus longues; elles sont attachées au premier anneau du corps, & composées de quatre parties jointes par des articulations. La premiere partie est une sorte de fémur; la seconde, un tibia dentelé; la troisieme correspond au tarse; & la quatrieme est terminée par un filet fourchu, au lieu de doigts. Les autres jambes ressemblent à celles - ci, quoique plus petites. La poitrine est revêtue d'un corcelet fort & velu, de couleur noirâtre en - dessus, & moins foncé en - dessous. Il y a de chaque côté de la tête, au lieu de bras, deux prolongemens durs comme les serres des crustacées: chacun est composé de quatre pieces; la premiere forme, pour ainsi dire, l'aisselle; la seconde est plus longue, plus large, & appliquée contre la poitrine. Cette partie a une sorte d'appendice, dans laquelle s'engage la troisieme, que l'on peut comparer à une main; elle a cinq pointes noirâtres qui tiennent la place des doigts, & deux autres au lieu de pouces: cette sorte de main se fléchit en - dehors, comme celle de la taupe. La tête est enfoncée en partie dans le corcelet; elle est velue; elle a deux antennes placées, comme celles des écrévisses, derriere le nez & au - dessous des yeux: il y a aussi des papilles blanchâtres, & une sorte de barbe. La queue de cet insecte est fourchue; les yeux sont durs, brillans & noirâtres. Ce qu'il y a de plus singulier dans les parties de l'intérieur, c'est qu'il s'y trouve plusieurs estomacs, comme dans les animaux ruminans. Descript. anat. grillotalp. D. J. de Muralto eph. nat. cur. dec. 2. ann. 1 & 2.

La courtiliere creuse en terre, comme la taupe, avec les deux sortes de mains dont il a été fait mention; elle se soûtient sur les jambes de devant, & saute à l'aide de celles de derriere; elle marche fort lentement, & son vol ne differe guere d'un saut. Cet insecte se loge dans la terre humide; mais il en sort pendant la nuit, & même au coucher du soleil: le bruit qu'il fait est assez fort pour être entendu de loin. La courtiliere ramasse des grains de froment, d'orge & d'avoine; elle les porte dans ses soûterreins; elle coupe la racine des plantes, & porte beaucoup de dommage aux jardins. Aldroyande lui donne le nom de vermis cucurbitarius, parce qu'on la trouve souvent en Italie sur une sorte de courge ou citrouille. On dit qu'elle enferme ses oeufs dans une petite motte de terre, jusqu'au nombre de cent cinquante, & qu'elle approche ce groupe de la surface du terrein lorsque l'air est doux, & que dans le froid elle descend jusqu'au - dessous de la profondeur à laquelle pénetre la gelée. Mouff. theat. ins. Aldr. de ins. Voyez Insecte. (I)

COURTINE (Page 4:400)

COURTINE, s. f. (Art milit. Fortificat.) est la partie de la muraille ou du rempart, comprise entre deux bastions, dont elle joint les flancs, comme E F, Pl. I. de Fortificat. fig. 1. Voyez Rempart & Bastion.

Ducange dérive ce mot du latin cortina, quasi minor cortis, petite cour entourée de murailles: il dit que c'est à leur imitation que l'on donnoit ce nom aux remparts & aux parapets qui enferment les villes comme une cour: il ajoute que les rideaux des lits tirent leur nom de la même origine; que cortis étoit le nom de la tente du général ou du prince, & que ceux qui en avoient la garde étoient appellés cortinarii & curtisarii. Dictionn. étimol. & de Trév.

La courtine est ordinairement bordée d'un parapet de 6 ou 7 piés de haut comme le reste de l'enceinte, qui sert à couvrir les soldats qui défendent le fossé & le chemin couvert. Voyez Parapet & Contrescarpe.

Les assiégeans s'avisent rarement d'attacher le mineur à la courtine, parce qu'elle est la partie de la place la mieux flanquée. Voyez Flanc. (Q)

COURTISAN (Page 4:400)

COURTISAN, (Morale.) que nous prenons ici adjectivement, & qu'il ne faut pas toûjours confondre avec homme de la cour; c'est l'épithete que l'on donne à cette espece de gens que le malheur des rois & des peuples a placés entre les rois & la vérité, pour l'empêcher de parvenir jusqu'à eux, même lorsqu'ils sont expressement chargés de la leur faire connoître: le tyran imbécille écoute & aime ces sortes de gens; le tyran habile s'en sert & les méprise; le roi qui sait l'être, les chasse & les punit, & la vérité se montre alors; car elle n'est jamais cachée que pour ceux qui ne la cherchent pas sincerement. J'ai dit qu'il ne falloit pas toûjours confondre courtisan avec homme de la cour, sur - tout lorsque courtisan est adjectif; car je ne prétens point, dans cet article, faire la satyre de ceux que le devoir ou la nécessité appellent auprès de la personne du prince: il seroit donc à souhaiter qu'on distinguât toûjours ces deux mots; cependant l'usage est peut - être excusable de les confondre quelquefois, parce que souvent la nature les confond; mais quelques exemples prouvent qu'on peut à la rigueur être homme de la cour sans être courtisan; témoin M. de Montausier, qui desiroit si fort de ressembler au misantrope de Moliere, & qui en effet lui ressembloit assez. Au reste, il est encore plus aisé d'être misantrope à la cour, quand on n'y est pas courtisan, que d'y être simplement spectateur & philosophe; la misantropie est même quelquefois un moyen d'y réussir, mais la philosophie y est presque toûjours déplacée & mal à son aise. Aristote finit par être mécontent d'Alexandre. Platon, à la cour de Denis, se reprochoit d'avoir été essuyer dans sa vieillesse les caprices d'un jeune tyran, & Diogene reprochoit à Aristippe de porter l'habit de courtisan sous le manteau de philosophe. En vain ce même Aristippe, qui se prosternoit aux piés de Denis, parce qu'il avoit, disoit - il, les oreilles aux piés, cherchoit à s'excuser d'habiter la cour, en disant que les philosophes doivent y aller plus qu'ailleurs, comme les medecins vont principalement chez les malades: on auroit pû lui répondre que quand les maladies sont incurables & contagieuses, le medecin qui entreprend de les guérir ne fait que s'exposer à les gagner lui - même. Néanmoins (car nous ne voulons rien outrer) il faut peut - être qu'il y ait à la cour des philosophes, comme il faut qu'il y ait dans la république des lettres des professeurs en Arabe, pour y enseigner une langue que presque personne n'étudie, & qu'ils sont eux - mêmes en danger d'oublier, s'ils ne se la rappellent sans cesse par un fréquent exercice. (O)

COURTISANE (Page 4:400)

COURTISANE, s. f. (Morale.) on appelle ainsi une femme livrée à la débauche publique, sur - tout lorsqu'elle exerce ce métier honteux avec une sorte d'agrément & de décence, & qu'elle sait donner au libertinage l'attrait que la prostitution lui ôte presque toûjours. Les courtisanes semblent avoir été plus en honneur chez les Romains que parmi nous, & chez les Grecs que chez les Romains. Tout le monde connoît les deux Aspasies, dont l'une donnoit des lecons de politique & d'éloquence à Socrate même; [p. 401] Phryné, qui fit rebâtir à ses dépens la ville de Thebes détruite par Alexandre, & dont les débauches servirent ainsi en quelque maniere à réparer le mal fait par le conquérant; Laïs qui tourna la tête à tant de philosophes, à Diogene même qu'elle rendit heureux, à Aristippe, qui disoit d'elle, je possede Laïs, mais Laïs ne me possede pas (grande leçon pour tout homme sage); enfin la célebre Léontium, qui écrivit sur la philosophie, & qui fut aimée d'Epicure & de ses disciples. Notre fameuse Ninon Lenclos peut être regardée comme la Léontium moderne; mais elle n'a pas eu beaucoup de semblables, & rien n'est plus rare parmi nous que les courtisanes philosophes, si ce n'est pas même profaner ce dernier nom que de le joindre au premier. Nous ne nous étendrons pas beaucoup sur cet article, dans un ouvrage aussi grave que celui - ci. Nous croyons devoir dire seulement, indépendamment des lumieres de la religion, & en nous bornant au pur moral, que la passion pour les courtisanes énerve également l'ame & le corps, & qu'elle porte les plus funestes atteintes à la fortune, à la santé, au repos & au bonheur. On peut se rappeller à cette occasion le mot de Démosthene, je n'achete pas si cher un repentir; & celui de l'empereur Adrien, à qui l'on demandoit pourquoi l'on peint Venus nue; il répondit, quia nudos dimittit.

Mais les femmes fausses & coquettes ne sont - elles pas plus méprisables en un sens, & plus dangereuses encore pour le coeur & pour l'esprit, que ne le sont les courtisanes? C'est une question que nous laisserons à décider.

Un célebre philosophe de nos jours examine dans son histoire naturelle, pourquoi l'amour fait le bonheur de tous les étres, & le malheur de l'homme. Il répond que c'est qu'il n'y a dans cette passion que le physique de bon; & que le moral, c'est - à - dire le sentiment qui l'accompagne, n'en vaut rien. Ce philosophe n'a pas prétendu que ce moral n'ajoûte pas au plaisir physique, l'expérience seroit contre lui; ni que le moral de l'amour ne soit qu'une illusion, ce qui est vrai, mais ne détruit pas la vivacité du plaisir (& combien peu de plaisirs ont un objet reel!) Il a voulu dire sans doute que ce moral est ce qui cause tous les maux de l'amour, & en cela on ne sauroit trop être de son avis. Concluons seulement de - là, que si des lumieres supérieures à la raison ne nous promettoient pas une condition meilleure, nous aurions beaucoup à nous plaindre de la Nature, qui en nous présentant d'une main le plus séduisant des plaisirs, semble nous en éloigner de l'autre parles écueils dont elle l'a environné, & qui nous a, pour ainsi dire, placés sur le bord d'un précipice entre la douleur & la privation.

Qualibus in tenebris vitoe quantisque periclis Degitur hoc oevi quodcumque est!

Au reste, quand nous avons parlé ci - dessus de l'honneur que les Grecs rendoient aux courtisanes, nous n'en avons parlé que relativemement aux autres peuples: on ne peut guere douter en effet que la Grece n'ait été le pays où ces sortes de femmes ont été le plus honorées, ou si l'on veut le moins méprisées. M. Bertin, de l'académie royale des Belles - lettres, dans une dissertation lûe à cette académie en 1752, & qu'il a bien voulu nous communiquer, s'est proposé de prouver contre une foule d'auteurs anciens & modernes, que les honneurs rendus aux courtisanes chez les Grecs, ne l'étoient point par le corps de la nation, & qu'elles étoient seulement le fruit de l'extravagante passion de quelques particuliers. C'est ce que l'auteur entreprend de faire voir par un grand nombre de faits bien rapprochés, qu'il a tirés principalement d'Athenée & de Plutarque, & qu'il oppose aux faits qu'on a coûtume d'alléguer en faveur de l'opinion commune. Comme le mémoire de M. Bertin n'est pas encore imprimé en Mars 1754 que nous écrivons ceci, nous ne croyons pas devoir entrer dans un plus grand détail, & nous renvoyons nos lecteurs à sa dissertation, qui nous paroît très - digne d'être lûe. (O)

COURT - MANCHER (Page 4:401)

COURT - MANCHER, v. act. terme de Boucher, c'est, avec une brochette de bois, tenir le manche d'une épaule de mouton rapproché du gros, afin de la parer & la rendre plus vénale.

COURTOISES (Page 4:401)

* COURTOISES,(armes) Hist. mod. armes innocentes & qui ne pouvoient blesser; c'est l'opposé d'armes à outrance: ce fut des premieres seulement qu'on usa d'abord dans les tournois; mais bientôt une valeur mal - entendue remit des fers aux lances, rendit des pointes aux épées, & ensanglanta des jeux où il n'étoit question que de montrer de l'adresse.

COURTOISIE (Page 4:401)

COURTOISIE, s. f. (Hist. mod.) en Angleterre, se dit d'une sorte de tenure de biens qu'un homme possede du chef de sa femme, après même qu'elle est décédée sans lui avoir laissé d'enfans, pourvû toutefois qu'elle soit accouchée d'un enfant qui soit né vivant; car en ce cas, quoique la mere & l'enfant soient morts, l'époux survivant reste en possession, pour sa vie, des héritages dont la femme est morte saisie & vêtue. & sera dit les tenir par courtoisie d'Angleterre; parce qu'en effet ce privilége n'a lieu qu'en Angleterre, si ce n'est aussi en Ecosse, où il est appellé curialité d'Ecosse, curialitas Scotioe.

Cette tenure a été introduite en Angleterre par Guillaume le Conquérant, qui l'apporta de Normandie, où elle s'observoit sous le nom de veuveté. Chambers. (G)

Courtoisie (Page 4:401)

Courtoisie, (Fauconn.) faire la courtoisie aux autours, c'est leur laisser plumer le gibier.

COURTON (Page 4:401)

COURTON, s. m. (Filassier.) c'est, après l'étoupe, la plus mauvaise espece de chanvre. On l'appelle ainsi, parce qu'elle est très - courte. Les autres especes sont le chanvre proprement dit, la filasse, & l'étoupe.

COURT - PLIS (Page 4:401)

COURT - PLIS, s. m. (Comm.) c'est dans l'aunage des toiles à voile, tout pli qui a moins d'une aune.

COURVETTE (Page 4:401)

COURVETTE, s. f. (Marine.) c'est une espece de barque longue, qui n'a qu'un mât & un petit trinquet, & qui va à voiles & à rames: on s'en sert pour aller à la découveite & pour porter des nouvelles; il y en a toûjours à la suite d'une armée navale. (Z)

COURTENAI (Page 4:401)

COURTENAI, (Géog. mod.) petite ville de France, dans l'île de France au Gâtinois. Long. 20. 45. lat. 48. 1.

COURTRAI (Page 4:401)

COURTRAI, (Géog. mod.) ville des pays - bas Autrichiens, dans la Flandre, sur la Lis. Long. 20. 58. lat. 51. 51.

COURZOLA (Page 4:401)

COURZOLA, (Géog. mod.) île dans le golfe de Venise, qui est près des côtes de Dalmatie, avec une ville de même nom, qui porte le titre d'un duché.

COUSIN (Page 4:401)

COUSIN, culex, sub. m. (Hist. nat. Insectolog.) insecte fort connu par sa piquûre & par son bourdonnement; on éprouve assez l'une & l'autre de ces incommodités, pour être curieux d'en connoître la cause, aussi nos plus grands observateurs n'ont - ils pas négligé cet insecte. Il n'est que trop multiplié: on en distingue dans ce pays - ci plusieurs especes de différentes grandeurs; aux environs de Paris on peut en reconnoître trois especes; ceux de la plus grande ont sur le corps des marques de blanc & de noir, & sur le corcelet des ondes brunes ou noires, mêlées avec des ondes blanches ou grisâtres; les yeux sont bruns. D'autres cousins moins grands ont le corps brun; le corcelet des plus petits, qui sont les plus communs, est de couleur rousse ou de feuille morte, & le corps blanchâtre; ils ont le ventre gris, excep<pb->

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