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Cet aiguillon est dans tous les cousins composé de plusieurs pieces, mais si fines, que les observateurs
L'aiguillon qui fait cette piquûre est si délié, qu'on a peine à l'appercevoir, & qu'on ne sait comment il est capable de causer de la douleur & des tumeursdans la peau: on a cru que ces symptomes venoient de ce que l'aiguillon avoit une figure particuliere; mais il y a là - dessus une autre opinion, c'est qu'il sort de la trompe une liqueur qui peut irriter la petite plaie. On a vû dans diverses circonstances de petites gouttes d'une liqueur claire au bout de la trompe, &c. cette eau sert peut - être à délayer le sang, & à le rendre assez fluide pour qu'il puisse entrer dans la trompe. On a comparé cette liqueur à la salive qui prépare les alimens à la digestion. Quoi qu'il en soit, il vaudroit encore mieux avoir un bon remede contre les piquûres du cousin, que de connoître la cause des accidens qu'elles font éprouver. On conseille de délayer avec de l'eau la liqueur que l'insecte a laissée dans la plaie, c'est - à - dire de laver la plaie aussi - tôt qu'on a été piqué, & même de la gratter pour l'aggrandir afin que l'eau y pénetre mieux. Pour l'ordinaire on ne la grate que trop, & l'enflûre n'en est que plus grande; mais je ne doute pas que l'eau, ou tout autre topique émollient & rafraîchissant, ne puisse non - seulement adoucir la demangeaison & prévenir l'enflûre, mais même faire disparoître la tumeur lorsqu'elle est déjà formée; & je crois qu'on ne doit pas négliger de traiter méthodiquement les piquûres de ces insectes, lorsqu'il y en a plusieurs sur une même partie. Il est à croire que le sang des animaux n'est pas un aliment nécessaire pour les insectes dont il s'agit, & que la plûpart vivent du suc des plantes, sans jamais sucer de sang.
Les cousins naissent dans les eaux croupissantes. On les trouve sous la forme de vers aquatiques dans les mares, depuis le mois de Mai jusqu'au commencement de l'hyver. Dans les années pluvieuses leur nombre est prodigieux: mais il est toûjours aisé d'en avoir; il suffit de laisser un baquet plein d'eau à l'air, au bout de quelques semaines il y a des vers de cousins. Ceux des différentes especes peuvent varier en quelque chose dans leur figure; mais ils se ressemblent tous pour les parties essentielles. Ces vers n'ont ni jambes ni dents; le corps est allongé; la tête bien détachée du premier anneau auquel elle tient par une espece de cou. Les anneaux sont au nombre de neuf; le premier est beaucoup plus gros & plus long que les autres; ils diminuent successivement de grosseur jusqu'au dernier, qui est le plus petit de tous: il y a une sorte de tuyau qui tient au dernier anneau, & qui pour l'ordinaire est dirigé obliquement en arriere & à côté: sa longueur est plus grande que celle [p. 403]
Le ver du cousin change trois fois de peau en quinze jours ou trois semaines. Avant que de se transformer à la quatrieme fois, il perd sa premiere forme, il se raccourcit & s'arrondit; le corps est contourné de façon que la queue est appliquée contre le dessous de la tête, & que le tout a une forme lenticulaire: une partie de sa circonférence est plus épaisse que l'autre; celle - là est à la surface de l'eau, & l'autre en - bas: on distingue sur la premiere deux sortes de cornes, ou plûtôt deux cornets qui ressemblent à des oreilles d'âne. Lorsque l'insecte nage, il déplie la partie du corps qui étoit recourbée en - dessous jusqu'auprès de la tête. Dans ce second état il peut être appelle nymphe ou chrysalide, parce qu'il a des qualités propres à l'une & à l'autre: alors il ne mange plus, mais il respire comme auparavant, quoique la situation des organes soit différente; l'air entre par les cornets qui s'élevent sur le corcelet, & qui se trouvent à la surface de l'eau. L'état de nymphe dure plus ou moins, selon le degré de chaleur. Quelquefois la seconde transformation se fait onze ou douze jours après la naissance du ver; & d'autres fois ce n'est qu'après quatre semaines.
Par cette transformation l'insecte passe de l'état de nymphe à celui d'insecte ailé, dans lequel nous lui donnons le nom de cousin. Pour y parvenir, il étend la partie postérieure du corps à la surface de l'eau, au - dessus de laquelle le corcelet paroît; alors l'enveloppe extérieure de la nymphe se fend assez près des deux cornets, ou même entre ces deux cornets; le corcelet se découvre, la fente s'aggrandit, & bientôt la tête du cousin s'éleve au - dessus des bords; le corps suit, & à mesure que l'insecte sort de son enveloppe, il se redresse, & parvient enfin à mettre son corps dans une direction presque verticale, s'appuyant sur sa partie postérieure qui porte dans le milieu de sa dépouille comme un mât dans le milieu d'un bateau. En effet, la dépouille lui sert de barque; & si par quelqu'accident l'insecte perd l'équilibre au point que l'eau passe par - dessus les bords de l'ouverture qu'il a faite dans sa dépouille lorsqu'il en est sorti, & qu'elle entre dans la cavité qui est restée vuide par le déplacement du corps de l'insecte, la barque est submergée, & il tombe dans l'eau où il périt à l'instant; ce qui arive à une grande quantité de ces insectes lorsqu'il fait du vent dans le tems de leur transformation. Cependant pour l'ordinaire la barque se soûtient, & en une minute la manoeuvre la plus difficile est achevée. Le cousin tire d'abord ses deux premieres jambes du fourreau, ensuite les deux suivantes, & les appuie sur l'eau en penchant son corps; enfin il déplie ses ailes; dans un instant elles se sechent, & l'insecte prend l'essor.
On ne sait pas comment, ni en quel lieu, ni en
quel tems se fait l'accouplement de ces insectes; ce
qu'il y a de certain, c'est qu'ils sont très - féconds;
une seule femelle produit deux cents cinquante ou
trois cents, & même jusqu'à trois cents cinquante
oeufs d'une seule ponte; & s'il ne faut que trois semaines
ou un mois pour chaque génération, il pourroit
y avoir six ou sept générations chaque année,
puisqu'on trouve des oeufs dans les mares depuis le
mois de Mai jusqu'à l'hyver. Dès que l'on a vû des
nymphes se transformer en cousins, dans un vase que
l'on a rempli d'eau & exposé à l'air, comme il a déjà
été dit, peu de jours après il se trouve dans le même
vase de nouveaux oeufs qui nagent sur la surface
de l'eau; ils sont oblongs, & plus gros à un bout
qu'à l'autre: tous ceux qui viennent d'une même femelle
sont rassemblés en un tas, situés verticalement
le gros bout en bas, & l'autre en haut à la surface de
l'eau. Ces oeufs sont collés les uns aux autres, &
disposés de façon qu'ils forment une sorte de radeau
dont la figure approche de celle d'un bateau plat
qui se soûtient sur l'eau; car si elle y entroit, les
oeufs n'éclorroient pas. Lorsqu'on les regarde à la
loupe, on voit que leur gros bout est terminé par
une sorte de cou: d'abord ils sont blancs; bien - tôt
ils deviennent verds, & en moins d'une demi - journée leur couleur change encore en grisâtre. Lorsque
le cousin femelle pond, il s'affermit avec ses quatre
jambes antérieures sur quelque corps solide, & étend
son corps sur la surface de l'eau, sans y toucher que
par l'avant - dernier anneau: le dernier est relevé enhaut,
& l'anus situé de façon que l'oeuf en sort de
bas en haut, & se trouve dans sa position verticale
tout près des autres oeufs déjà pondus, contre lesquels
il se colle, parce qu'il est enduit d'une matiere
gluante. Dans le commencement de la ponte, l'insecte
soûtient les premiers oeufs avec les jambes de
derriere en les croisant; il les écarte peu - à - peu à
mesure que le tas augmente; enfin il ne l'abandonne
qu'a la fin de la ponte. Ces oeufs ont sans doute été
fécondés dans le corps de la femelle. On la distingue
du mâle en ce que le corps de celui - ci est moins allongé
& plus effilé, & terminé par des crochets; au
lieu de ces crochets; la femelle a deux petites palettes.
Mém. pour servir à l'hist. des insect. tome IV. p.
573 & suiv. Voyez
Cousin (Page 4:403)
Les cousins paternels ou maternels sont en plusieurs degrés.
Le premier degré est des cousins germains, c'est - à - dire enfans de freres & soeurs.
Les cousins du second degré, qu'on appelle issus de germains, sont les enfans que les cousins germains ont chacun de leur côté.
Dans le troisieme degré on les appelle arriere - issus de germains; ce sont les enfans des cousins issus de germains.
Au quatrieme degré, on les appelle simplement cousins au quatrieme degré; & ainsi des autres degrés subséquens.
Les cousins peuvent se trouver en degré inégal;
par exemple, un cousin germain, & un cousin issu de
germain; en ce cas, on dit que le premier a le germain
sur l'autre, & c'est ce que l'on appelle oncle ou
tante à la mode de Bretagne. Si les deux cousins sont
encore plus éloignés d'un degré, en ce cas le plus
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