ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"263"> ques - unes qui se rencontrent en tout tems dans tous les corps naturels, & qui sont toûjours les mêmes; il y en a d'autres encore qui, quoiqu'elles soient toûjours dans les corps, ont pourtant des degrés d'augmentation ou de diminution. Celles de la premiere classe sont l'étendue, l'impénétrabilité, la force d'inertie, la mobilité, la possibilité d'être en repos, la figurabilité, &c. Celles de la seconde clasle sont la gravité ou pesanteur, & la force d'attraction.

Il ne s'est trouvé jusqu'à présent, selon M. Musschenbroeck, aucun corps, soit grand ou petit, solide ou liquide, qui ne renfermât en lui - même ces propriétés. Il n'a même jamais été possible d'ôter ou de faire disparoître par quelqu'art que ce soit, aucune de ces propriétés, que nous appellons pour cette raison propriétés communes. Plusieurs physiciens excluent pourtant la derniere. Voyez Attraction.

Les autres propriétés des corps sont la transparence, l'opacité, la fluidité, la solidité, la colorabilité, la chaleur, la froideur, la saveur, l'insipidité, l'odeur, le son, la dureté, l'élasticité, la mollesse, l'âpreté, la douceur, &c. Ces propriétés ne se remarquent que dans certains corps, & on ne les trouve pas dans d'autres, de sorte qu'elles ne sont pas communes.

Il y a encore une autre sorte de propriétés qui tiennent le milieu entre les premieres & les dernieres. Ces propriétes sont aussi communes, mais seulement à certains égards. Expliquons cela par un exemple. Tous les corps qui sont en mouvement, ont la force de mettre aussi en mouvement les autres corps qu'ils rencontrent; cette propriété doit être mise par conséquent au rang de celles qui sont communes. Cependant comme tous les corps ne sont pas en mouvement en tout tems, il s'ensuit que cette propriété commune ne devra avoir lieu, & ne pourra être regardée comme telle, que dans les cas où l'on suppose les corps en mouvement; mais les corps ne sont pas toûjours en mouvement, & par conséquent cette propriété ne peut passer pour commune, puisqu'elle n'est pas toûjours dans tous les corps.

Rien n'est plus propre que les observations, pour nous faire conclure que nous ne connoissons pas en effet la nature des corps; car si nous la conr oissions, ne pourrions - nous pas prédire par avance un grand nombre d'effets que les corps qui agissent l'un sur l'autre devroient produire? C'est ainsi que les Mathématiciens déduisent plusieurs choses de la natute du cercle. Mais nous ne connoissons d'avance aucun effet, il faut que nous en venions aux expériences pour faire nos découvertes. Dans tous les cas ou les observations nous manquent, nous ne pouvons pas commencer à raisonner sur ce que nous ne connoissons pas encore des corps; & si nous le faisons, nous nous exposons à tirer des conséquences sort incertaines. Nieuwenti a commencé à démontrer cette vérité dans ses Fondemens sur la certitude, & nous pourrions ausi confirmer la même chose par cent exemples. Ces philosophes qui croyent connoître la nature des corps, ont - ils jamais pû prédire par la seule réflexion qu'ils ont faite sur les corps, un seul des effets qu'ils produisent en agissant l'un sur l'autre? En effet, quand même on leur accorderoit que la nature des corps consiste dans l'étendue, ils n'en seroient pas pour cela plus avancés, parce que nous ne pouvons rien déduire de - là, & que nous ne pouvons rien prévoir de ce qui arrive dans les corps, puisqu'il faut que nous fassions toutes nos recherches en recourant aux expériences, comme si nous ne connoissions point du tout la nature des corps. Mussch. Essais de Physiq. l. I. ch. 1. Voyez Etendue & Impénétrabilité. Par rapport à la couleur des corps, voyez l'article Couleur. (O)

Corps (Page 4:263)

Corps, en Géométrie, signifie la même chose que solide. Voyez Solide. Nous avons expliqué dans le Discours préliminaire de cet Ouvrage, comment on se forme l'idée des corps géométriques. Ils different des corps physiques, en ce que ceux - ci sont impénétrables; au lieu que les corps géométriques ne sont autre chose qu'une portion d'étendue figurée, c'est - à - dire une portion de l'espace terminée en tout sens par des bornes intellectuelles. C'est proprement le phantôme de la matiere, comme nous l'avons dit dans ce discours; & on pourroit définir l'étendue géométrique, l'étendue intelligible & pénétrable. Voyez Etendue.

Les corps réguliers sont ceux qui ont tous leurs côtés, leurs angles & leurs plans égaux & semblables, & par conséquent leurs faces régulieres.

Il n'y a que cinq corps réguliers, le tétrahedre composé de quatre triangles équilatéraux; l'octaedre de huit; l'icosaedre de vingt; le dodécaedre de douze pentagones réguliers; & le cube de six quarrés. Quand on dit ici composé, cela s'entend de la surface; les figures que nous venons de dire, renferment ou contiennent la solidité, & composent la surface de ces corps. Voyez Régulier, Irrégulier, &c. (O)

Corps (Page 4:263)

Corps. (Physiq.) Corps élastiques, sont ceux qui ayant changé de figure parce qu'un autre corps les a frappés, ont la faculté de reprendre leur premiere figure; ce que ne sont point les corps qui ne sont point élastiques.

De quelque façon qu'on ploie un morceau d'acier, il reprendra sa premiere figure: mais un morceau de plomb reste dans l'état où on le met. Voyez Elasticité.

Corps mous, sont ceux qui changent de figure par le choc, & pe la reprennent point. Voy. Mollesse.

Corps durs, sont ceux que le choc ne sauroit faire changer de figure. Voyez Dureté.

Corps fluide, est celui dont les parties sont détachées les unes des autres, quoique contiguës, & peuvent facilement se mouvoir entre elles. Voyez Fluide. (O)

Corps (Page 4:263)

Corps, (Med.) dans les animaux, c'est l'opposé de l'ame, c'est - à - dire cette partie de l'animal qui est composée d'os, de muscles, de canaux, de liqueurs, de nerfs. Voyez Ame.

Dans ce sens, les corps sont le sujet de l'anatomie comparée. Voyez Anatomie.

Corps (Page 4:263)

Corps, dans l'OEconomie animale, partie de notre être étendue suivant trois dimensions, d'une certaine figure déterminée propre au mouvement & au repos. Boerhaave.

Quelques Medecins modernes Allemands ont admis pour troisieme partie un certain genre d'archée; mais je ne sais ce qu'ils veulent dire, & je pense qu'ils ne se sont pas entendus eux - mêmes. Voyez Archée.

Le corps humain est composé de solides & de fluides. Voyez Solide & Fluide.

Il y a quelques variétés dans les corps des hommes; c'est ce que prouvent les divers effets des remedes, sur - tout en différens pays: c'est de - là que vingt grains, par exemple, de jalap lâchent à peine le ventre, & dix suffisent dans un autre où l'on transpire moins. Il n'en faut pas conclure de - là qu'il y ait une diversité sensible, dans la nature même des parties qui le composent, & qu'ainsi on ne puisse compter sur aucune pratique générale. L'homme qui mange des alimens de toute espece, & le boeuf qui ne vit que d'herbe, ont à - peu - près le même sang: l'analyse chimique ne montre aucune différence que les sens puissent appercevoir, si ce n'est une odeur de poisson dans les brebis qui vivent de poisson au detroit de Perse, & dans les hommes qui vivent de même. Aussi Tabor dit - il que le sang de l'homme & du boeuf ont le même poids & les mêmes propriétés. Ceci [p. 264] s'accorde avec le mémoire que M. Homberg donna à l'académie des Sciences, an. 1712; & avec Baghis qui avant ce célebre chimiste, avoit observé très peu de différence dans la bile de l'homme & du mouton. Or toute cette analogie n'a rien qui doive surprendre les Physiciens, puisque les sucs des animaux ne different des végétaux que d'un seul degré, & que les nôtres ne sont pas différens de ceux des animaux. N'est - ce pas encore de la même maniere que les plantes ont toutes un suc qui leur est propre, & tout - à - fait différent des sucs qui les ont nourries & qui les ont fait croître? En effect les sucs de la terre qui forment l'aloès, la mélisse, & le cerfeuil, sont tous les mêmes; cependant telle est la vertu sêminale de chacune, que les uns deviennent amers, les autres doux & aromatiques. Dans cent mille végétaux, le même suc se change donc en autant de diverses liqueurs; comme notre corps de cent mille sucs différens, fait un chyle doux qui lui est propre. Il y a donc dans le corps humain un principe, qui au moyen de deux choses d'une nature étrangere, le pain & l'eau, forme les parties solides & liquides de ce corps; & si ce principe vient à manquer, jamais toutes les forces de l'univers réunies ensemble, ne pourroient faire les mêmes productions par les mêmes moyens. Boerhaave.

Comme il n'est rien de plus important pour les maladies que de bien connoître la situation des parties, & qu'on se sert très - souvent dans la description de ces parties des mots interne & externe, antérieur & postérieur, supérieur & inférieur, on doit pour éviter la confusion, concevoir le corps divisé par un plan que l'on suppose partager le corps en deux parties égales & symmétriques, de la tête aux piés; un autre plan sur la tête, & perpendiculaire sur le premier; un autre qui aille de la face vers les piés, & qui soit de même perpendiculaire au premier. Toutes les parties tournées vers le premier plan (le plan de division) sont dites internes, & on appelle externes toutes celles qui sont dans un sens opposé: de même on nomme supérieures toutes les parties qui regardent le plan sur la tête (horisontal) dans quelque attitude que le corps puisse être; inférieures, celles qui sont opposées à ces premieres: enfin on appelle antérieures, les parties tournées vers le troisieme plan (vertical); & postérieures, &c. On doit outre cela supposer les bras pendans sur les côtes, le dedans de la main tourné vers le plan de division.

L'anatomie étant une espece de géographie dans laquelle la précision est nécessaire, on a divisé le corps comme la terre, en plusieurs régions; mais comme je craindrois de fatiguer mon lecteur par un trop long détail, je le renvoye aux Pl. anatomiques, où il trouvera l'explication de ces différentes régions à côté de la figure.

On se sert aussi en Anatomie du mot corps, pour désigner quelques parties; telles que les corps bordés, les corps olivaires, les corps cannelés, les corps caverneux, le corps pyramidal, le corps réticulaire le corps pampinisorme, &c. Voyez Pyramidal, Réticulaire, &c.

Le corps humain étant considéré par rapport aux différentes motions volontaires qu'il est capable de représenter, est un assemblage d'un nombre infini de leviers tirés par des cordes; si on le considere par rapport aux mouvemens des fluides qu'il contient, c'est un autre assemblage d'une infinité de tubes & de machines hydrauliques; enfin si on le considere par rapport à la genération de ces mêmes fluides, c'est un autre assemblage d'instrumens & de vaisseaux chimiques, comme philtres, alembics, récipients, serpentines, &c. & le tout est un composé que l'on peut seulement admirer, & dont la plus grande partie échappe même à notre admiration. Le principal laboratoire chimique du corps est celui du cerveau Voyez OEconomie animale. (L)

Corps (Page 4:264)

Corps, (Hist. nat. des Ins.) Il y a tant de diversités dans la figure extérieure du corps des insectes (car il ne s'agit pas ici de l'intérieure ni des détails), qu'il seroit impossible d'épuiser cette variété. Contentons - nous donc de remarquer que le corps des uns, comme celui des araignées, est de figure à peu - près sphérique; & celui des autres, comme des scarabées de Sainte - Marie, ressemble à un globe coupé par le milieu: il y en a qui sont plats & ronds, comme le pou des chauve - souris; d'autres ont la figure ovale; un troisieme, comme le ver qu'on trouve dans les excrémens des chevaux, à celle d'un oeuf comprimé; & un quatrieme, comme le mille - piés rond, ressemble au tuyau d'une plume: beaucoup ont le corps quarré, plat; plusieurs sont courbés comme une faucille, & pourvûs d'une longue queue comme celle de la fausse guêpe. L'on ne remarque pas moins de diversité dans la couleur dont ils sont parés.

Quelques - uns de ceux qui n'ont point de piés, ont en divers endroits de petites pointes qui leur en tiennent lieu: ils s'en servent pour s'accrocher & se tenir fermes aux corps solides.

Le corps des insectes qui vivent dans l'eau, est naturellement couvert d'une espece d'huile qui empêche l'eau de s'y arrêter, & de retarder leur mouvement; d'autres, comme l'araignée blanche de jardin, ont le corps entouré d'un rebord rouge qui en fait le cercle; quelquefois ils ont de petits tubercules, qui non - seulement leur servent pour empêcher qu'en entrant & en sortant de leur trou le frottement ne les blesse, mais qui encore leur sont un ornement comme dans la chenille blanche à tache jaune, qui vit sur le saule. Ces tubercules ne sont pas tout - à - fait de la grandeur d'un grain de millet; cependant on y apperçoit un mêlange des plus belles couleurs, & ils ressemblent à ces petites boules remplies d'eau & diversement colorées. Enfin l'on en voit qui, comme les chameaux, ont une bosse sur le dos: telles sont les araignées.

De la partie postérieure du corps des insectes. Les uns l'ont unie, & les autres revêtue de poils. Les araignées y ont des mammelons, dont elles tirent leurs fils; quelques - uns ont le derriere couvert d'une espece d'écusson; d'autres ont dans le même endroit une membrane roide qui leur sert de gouvernail, pour se tourner en volant du côté qu'il leur plaît: elle est à ces insectes ce que la queue est aux oiseaux. L'on en trouve qui ont des soies au derriere; d'autres ont des especes de queues, qui sont ou droites, ou courbes, ou circonflexes. Il y en a encore qui ont des barbillons ou pointes, qui leur servent à différens usages, tantôt pour appercevoir ce qui les approche par derriere, tantôt pour s'accrocher, tantôt pour pousser leur corps en avant. La partie postérieure est encore le lieu de l'aiguillon de quelques insectes, ou de leur pincette faite en faucille. Enfin l'on trouve des insectes qui ont au derriere une fourche à deux dents.

Des parties de la génération des insectes. Les parties de la génération sont ordinairement placées au derriere dans les mâles; l'on en voit cependant qui les portent pardevant sous le ventre, même d'autres à la tête. Ces parties sont ordinairement couvertes d'un poil extrèmement fin, à cause de leur délicatesse infinie. La queue des femelles leur sert de conduit, pour pondre leurs oeufs dans les corps où elles veulent les introduire: cette queue ou ce conduit est creux en - dedans, & se termine en pointe. Comme les oeufs ne descendent point par la pression de l'air, la nature y a formé plusieurs demi - anneaux vis - à - vis l'un de l'autre, qui facilitent cette descente. Les

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