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Une corporation peut être établie de trois facons; savoir, par prescription, par lettres patentes, & par un acte du parlement.
Les corporations (corporation signifie ici communauté) sont ou ecclésiastiques ou laiques; les ecclésiastiques
sont ou régulieres, comme les abbayes,
les prieurés conventuels, les chapitres, &c. ou séculierés,
comme les évêchés, les doyennés, les archidiaconats,
les cures, &c & les universités, les
colléges & les hôpitaux. Voyez
De plus, une corporation est ou unique, ou un
composé de plusieurs; c'est cette derniere que les
jurisconsultes appellent un collége. Voyez
CORPOREITE (Page 4:261)
* CORPOREITE, s.f. terme de Métaphys. C'est la modification qui forme le degré différentiel dans la définition du corps, ou ce qui constitue un corps, une substance corporelle. Les Antropomorphites attribuoient à Dieu la corporéité.
CORPOREL (Page 4:261)
CORPOREL, adj. (Gramm.) se dit de tout ce qui est relatif au corps considéré sous cette relation; ainsi on dit des qualités corporelles, &c.
CORPORELLES (Page 4:261)
CORPORELLES, (Jurisprud.) choses corporelles.
Voyez au mot
Corporel (Page 4:261)
CORPS (Page 4:261)
CORPS, s.m. (Métaphys. & Physiq.) C'est une
substance étendue & impénétrable, qui est purement
passive d'elle - même, & indifférente au mouvement
ou au repos, mais capable de toute sorte de mouvement,
de figure & de forme. Voyez
Les corps, selon les Péripatéticiens, sont composés
de matiere, de forme & de privation; selon les
Epicuriens & les Corpusculaires, d'un assemblage d'atomes
grossiers & crochus; selon les Cartésiens,
d'une certaine portion d'étendue; selon les Newtoniens, d'un système ou assemblage de particules solides,
dures, pesantes, impénétrables & mebiles,
arrangées de telle ou telle maniere: d'ou résultent
des corps de telle ou telle forme, distingués par tel
ou tel nom. Voyez
Ces particules élémentaires des corps doivent être
infiniment dures, beaucoup plus que les corps qui en
sont composés, mais non si dures qu'elles ne puissent
se décomposer ou se briser. Newton ajoute que
cela est nécessaire, afin que le monde persiste dans
le même état, & que les corps continuent à être dans
tous les tems de la même texture & de la même nature.
Voyez
Il est impossible, selon quelques philosophes, de démontrer l'existence des corps. Voici, difent - ils, la suite d'argumens par laquelle nous pouvons arriver à cette connoissance.
Nous connoissons d'abord que nous avons des sensations; nous savons ensuite que ces sensations ne dépendent pas de nous, & de - là nous pouvons conclure que nous n'en sommes donc pas la causeabsolue, mais qu'il faut qu'il y ait d'autres causes qui les produisent; ainsi nous commençons à connoître que nous ne sommes pas les seules choses qui existent, mais qu'il y a encore d'autres êtres dans le monde conjointement avec nous, & nous jugeons que ces causes sont des corps réellement existans, semblables à ceux que nous imaginons. Le docteur Clarke prétend que ce raisonnement n'est pas une démonstration suffisante de l'existence du monde corporel. Il
En effet, quand même il seroit possible qu'il existât
des corps, c'est - à - dire des substances solides, figurées,
&c. hors de l'esprit, & que ces corps fussent
analogues aux idées que nous avons des objets extérieurs,
comment nous seroit - il possible avec cela
de les connoître ? Il faudroit que nous eussions cette
connoissance ou par les sens, ou par la raison. Par
nos sens, nous avons seulement la connoissance de
nos sensations & de nos idées; ils ne nous montrent
pas que les choses existent hors de l'esprit telles que
nous les appercevons. Si donc nous avons connoissance
de l'existence des corps extérieurs, il faut que
ce soit la raison qui nous en assûre, d'après la perception
des sens. Mais comment la raison nous montrera - t - elle l'existence des corps hors de notre esprit ?
Les partisans même de la matiere nient qu'il puisse
y avoir aucune connexion entr'elle & nos idées. En
effet on convient des deux côtés (& ce qui arrive
dans les songes, dans les phrénésies, les délires, les
extases, en est une preuve incontestable), que nous
pouvons être affectés de toutes les idées que nous
avons, quoiqu'il n'existe point hors de nous de corps
qui leur ressemblent. De - là il est évident que la supposition
des corps exterieurs n'est pas nécessaire pour
la production de nos idées. Si donc nous avons tort
de juger qu'il y ait des corps, c'est notre faute, puisque
Dieu nous a fourni un moyen de suspendre notre
jugement. Voici encore ce que dit à ce sujet le
docteur Berckley, Principes de la connoissance humaine,
p. 59.
Voilà en substance les raisons du docteur Berckley. Leibnitz ajoûte que quand nous examinons les propriétés des corps, telles que nous les concevons, ces propriétés paroissent renfermer contradiction. De quoi les corps sont - ils composés, peut - on se demander? Qu'on cherche tant qu'on voudra une réponse à cette question, on n'en trouvera point d'autre, sinon que les corps sont eux - mêmes composés d'autres petits corps. Mais ce n'est pas là répondre, car la difficulté reste toûjours la même, & on redemandera ce qui forme les corps composans. Il semble qu'il en faille venir à quelque chose qui ne soit point corps, & qui cependant forme les corps que nous voyons. Mais comment cela est - il possible? On peut faire la même objection sur la cause de la dureté, qui tient de près à celle de l'impénétrabilité. Ces deux propriétés, ainsi que le mouvement & la divisibilité de la matiere, sont sujettes à des difficultés très - fortes. Cependant le penchant que nous avons à croire l'existence des corps, sur le rapport de nos sensations, est si grand, qu'il seroit fou de ne s'y pas livrer, & c'est peut - être le plus grand argument par lequel on puisse prouver que ce penchant nous vient de Dieu même: aussi personne n'a - t - il jamais révoqué vraiment en doute l'existence des corps. Au reste cette opinion de Berckley est encore exposée dans un ouvrage intitulé Dialogues entre Hilas & Philonoüs (ami de l'esprit). Il a été traduit depuis quelques années en françois par un homme d'esprit, métaphysicien subtil & profond. On voit à la tête d'un de ces dialogues, une vignette du traducteur extrèmement ingénieuse. Un enfant voit son image dans un miroir, & court pour la saisir, croyant voir un être réel; un philosophe qui est derriere lui, paroît rire de la méprise de l'enfant; & au bas de la vignette on lit ces mots adressés au philosophe: Quid rides? fabula de te narratur.
Le principal argument du docteur Berckley, & proprement
le seul sur lequel roule tout l'ouvrage dont
nous parlons, est encore celui - ci:
Berckley se propose une autre difficulté qui n'est pas moins grande que celle de la révélation: c'est la création, dont le premier chapitre de la Genese nous fait l'histoire. S'il n'y a point de corps, qu'estce donc que cette terre, ce soleil, ces animaux que Dieu a créés? Berckley se tire de cette difficulté avec bien de la peine & avec fort peu de succès, & voilà le fruit de toute sa spéculation métaphysique; c'est de contredire ou d'ébranler les vérités fondamentales. Il est fort étrange que des gens qui avoient tant d'esprit, en ayent abusé à ce'point; car comment peut - on mettre sérieusement en question s'il y a des corps? Les sensations que nous en éprouvons ont autant de force que si ces corps existoient réellement: donc les corps existent; car eorumdem effectuum eadem sunt causoe. Mais nous ne concevons pas, dit - on, l'essence des corps, ni comment ils peuvent être la cause de nos sensations. Et concevez - vous mieux l'essence de votre ame, la création, l'éternité, l'accord de la liberté de l'homme & de la science de Dieu, de sa justice & du peché originel, & mille autres vérités dont il ne vous est pourtant pas permis de douter, parce qu'elles sont appuyées sur des argumens incontestables? Taisez - vous donc, & ne cherchez pas à diminuer par des sophismes subtils, le nombre de vos connoissances les plus claires & les plus certaines, comme si vous en aviez déjà trop.
Nous avons exposé, quoique fort en abrégé, dans leDiscours préliminaire de l'Ency clopédie, p. ij. comment nos sensations nous prouvent qu'il y a des corps. Ces preuves sont principalement fondées sur l'accord de ces sensations, sur leur nombre, sur les effets involontaires qu'elles produisent en nous, comparés avec nos réflexions volontaires sur ces mêmes sensations. Mais comment notre ame s'élance - t - elle, pour ainsi dire, hors d'elle - même, pour arriver aux corps? Comment expliquer ce passage? Hoc opus, hic labor est.
Nous avancerons donc dans cet article comme un principe inébranlable, malgré les jeux d'esprit des philosophes, que nos sens nous apprennent qu'il y a des corps hors de nous. Dès que ces corps se présentent à nos sens, dit M. Musschenbroeck, notre ame en reçoit ou s'en forme des idées qui représentent ce qu'il y a en eux. Tout ce qui se rencontre dans un corps, ce qui est capable d'affecter d'une certaine maniere quelqu'un de nos sens, de sorte que nous puissions nous en former une idée, nous le nommons propriété de ce corps. Lorsque nous rassemblons tout ce que nous avons ainsi remarqué dans les corps, nous trouvons qu'il y a certaines propriétés qui sont communes à tous les corps; & qu'il y en a d'autres encore qui sont particulieres, & qui ne conviennent qu'à tels ou tels corps. Nous donnons aux premieres le nom de propriétés communes; & quant à celles de la seconde sorte, nous les appellons simplement propriétés.
Parmi les propriétés communes il y en a quel<pb->
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