ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"257"> variété du précédent, dont il ne differe qu'en ce que sa fleur sort d'une enveloppe qui est rouge, & qui contribue à la beauté de cet arbrisseau.

Le petit cornouiller de Virginie. C'est en esset un petit arbrisseau qui ne s'éleve guere qu'à quatre ou inq piés, & qui n'est pas robuste. Il lui faut l'orangerie pour passer l'hyver, à moins que de le placer contre un mur bien exposé, où il ne pourroit toûjours résister qu'aux hyvers ordinaires. Sa feuille est grande, & sa fleur assez belle.

Le sanguin, est un arbrisseau très - commun dans les bois, dans les haies, & dans les places incultes, où je l'ai vû s'élever quelquefois à dix piés. Sa tige est droite, menue, & égale; l'écorce de ses jeunes rameaux est d'un rouge vif & foncé, qui a fait donner à cet arbrisseau le nom de sanguin. Sa fleur, qui est blanche, vient en ombelle au bout des nouvelles branches, & paroît au commencement du mois de Juin. Les baies qui succedent sont noires dans leur maturité, un peu ameres, & de fort mauvais goût; tout le parti qu'on en peut tirer, c'est d'en faire de l'huile qui est propre à brûler, suivant que je m'en suis assûré par plusieurs épreuvés. Son bois est blanc, compacte, pas si dur que celui du cornouiller, & bien moins volumineux. Cet arbrisseau vient partout, & se multiplie plus qu'on ne veut.

Voici les différentes especes de sanguin.

Le sanguin commun. C'est à cette espece qu'on doit appliquer ce qui vient d'être dit du sanguin en général.

Le sanguin à feuille panachée. C'est une variété de l'espece commune, dont on fait peu de cas.

Le sanguin à fruit blanc. Autre variété qui ne s'étend que sur la couleur du fruit.

Le sanguin de Virginie à feuille de laurier. On trouve dans tous les pays septentrionaux de l'Amérique cet arbrisseau, dont le fruit est d'une couleur bleueneirâtre. Il ne s'éleve qu'à la hauteur de notre sanguin commun.

Le sanguin de Virginie à feuille étroite. C'est une variété qui ne differe de l'arbrisseau précédent que par la figure de la feuille.

Le sanguin d'Amérique à feuille blanche. C'est un bel arbrisseau, qui peut infiniment contribuer à l'ornement cun jardin, par la blancheur singuliere de ses feuilles qui se font remarquer au printems, par les bouquets de fleurs blanches qui l'embellissent durant l'été, par les grandes grappes de ses baies bleues qui toute l'automne sont d'un bel aspect, & par la couleur rouge & vive de l'écorce de ses rameaux qui le distinguent pendant l'hyver. (c).

CORNOUILLES (Page 4:257)

CORNOUILLES, s.f. pl. (Mat. medic. & Diete.) Le fruit du cornouiller est aigre, acerbe, & styptique, lorsqu'il n'est pas parfaitement mûr. On peut l'employer dans cet état, sur - tout extérieurement, comme la plûpart des autres vrais styptiques tirés des végétaux. Il s'adoucit beaucoup en mûrissant; alors il n'est qu'aigrelet, & assez agréable à manger, & beaucoup de gens le croyent propre à arrêter le cours de ventre. Hippocrate, Dioscoride, & Pline, lui accordent cette propriété.

On peut préparer un rob de cornouilles qui aura les propriétés du fruit; mais cette préparation est peu en usage.

La pharmacopée de Paris met au nombre des eaux distillées celle des fruits du cornouiller; mais cette eau doit être absolument rangée dans la classe de celles qui sont exactement inutiles. Voyez Eau distillée. (b)

CORNU (Page 4:257)

CORNU, sub. m. (Comm. & Monnoie.) monnoie battue sous Philippe - le - Bel. Il y en avoit de deux sortes, le parisis & le tournois; celui - ci pesoit vingt - un grains, avoit trois deniers dix - huit grains de loi, & valoit un denier tournois; l'autre etoit de vingt grains, & de trois deniers douze grains de loi, & valoit un denier parisis. Voyez le dictionn. de Trév. & Ducange, au mot moneta.

Cornu (Page 4:257)

Cornu, adj. (Marechall.) un cheval cornu est celui dont les os des hanches s'élevent aussi haut que le haut de la croupe. Voyez Hanche & Croupe. (V)

CORNUAU (Page 4:257)

CORNUAU, s.m. (Pêche.) poisson très - ressemblant à l'alose, & qui remonte la Loire avec elle; il est seulement plus court; mais il s'en manque beaucoup que ce soit un aussi bon manger: l'alose est le mets des friands; le cornuau, celui des paysans & des ouvriers.

CORNUE (Page 4:257)

CORNUE, s.f. (Chimie.) La cornue est une sorte de vaisseau destiné à faire la distillation appellée per latus, d'une figure quelquefois ronde, & quelquefois un peu oblongue, & portant à sa partie supérieure un cou recourbé, de maniere que ce vase étant posé sur sa base dans le fourneau de reverbere ou sur le bain de sable, de limaille, &c. puisse excéder la paroi du fourneau de cinq ou six pouces, pour pouvoir entrer commodément dans un autre vaisseau appellé récipient. Voyez Récipient. On donne à la cornue assez communément le nom de retorte, sans doute à cause de la courbure du cou; & il y a grande apparence que le nom de cornue a été donné à ce vaisseau, ou parce que le cou a la figure d'une corne, ou bien parce que le vaisseau entier ressemble assez à une cornemuse. Voyez la Planche.

Les cornues sont ordinairement de terre ou de verre; on se sert quelquefois aussi de cornues de fer fondu.

Les cornues de terre sont de tous les instrumens chimiques celui dont l'usage est le plus fréquent, toutes les fois qu'on veut soûmettre à la distillation une substance qui demande le degré de feu supérieur à l'eau bouillante, pour donner les produits qu'on se propose d'en retirer; la retorte de terre est le vaisseau le plus propre à cette opération. Or le cas se présente très - communément dans l'analyse par le feu des substances végétales & animales, dans la préparation des huiles empyreumatiques végétales & animales, dans celle des sels volatils végétaux & animaux. C'est aussi avec cet instrument que l'on distille les acides minéraux, & l'acide végétal combiné avec une substance saline, terreuse, ou métallique, &c. que l'on retire le soufre de différentes pyrites, le mercure du cinnabre, l'arsenic du cobolt, le phosphore des matieres qui en fournissent, &c.

Les cornues de terre étant non - seulement destinées à être exposées à un degré de feu supérieur à l'eau bouillante, mais encore quelquefois à supporter ce dernier degré jusqu'à son extrème, c'est - à - dire le feu le plus violent que nous puissions faire dans nos fourneaux, doivent nécessairement être faites d'une matiere capable de résister à ce degré de feu qui vitrifie les métaux imparfaits, & généralement toutes les terres qui sont tant soit peu fusibles. Il faut pour cela qu'elles soient faites d'une bonne terre glaise, qu'elles soient aussi minces qu'il sera possible, & qu'elles soient cuites au point qui fait donner le nom de grais à la terre cuite. A la vérité tout grais ne seroit pas bon à être employé en cornue; celui qui est trop cuit, & presque vitrifié, est trop cassant; & malgré le lut dont on l'enduit, & les précautions qu'on prend pour l'échauffer peu - à - peu, on ne parvient que très - difficilement à lui faire soûtenir le feu. il faut donc que nos cornues soient suffisamment cuites (ce qui les empêche d'être poreuses, & les rend propres à supporter le plus grand feu), mais qu'elles ne soient pas trop vitrifiées. Celles qui nous viennent des environs de Beauvais en Picardie, sont excellentes; elles ne sont point du tout poreuses; elles s'échauffent assez facilement sans se fêler, & supportent le dernier degré de feu (M. Rouelle s'en sert [p. 258] pour faire le phosphore) sans se fendre & sans se rompre. C'est sans doute le défaut de pareilles cornues qui fait que les Allemands, qui vantent d'ailleurs tant leur terre de Hesse, n'employent que les cornues de verre dans presque toutes leurs opérations. M. Margraff s'est servi de cornues de verre pour la distillation du phosphore; Hoffman, pour la distillation de l'acide nitreux, fumant, &c. Nous faisons ces opérations bien plus commodément dans nos bonnes cornues de terre. Voyez Cornues de verre, dans la suite de cet article.

M. Rouelle a fait faire en Normandie des cornues qui étoient de la même espece de grais que les petits pots à beurre de Bretagne, que tout le monde connoît. Ce grais est très - bien cuit, & les cornues qui ont été faites de la même terre, & cuites au même feu, sont excellentes: mais comme elles sont sujettes à se fendre lorsqu'on commence à les échauffer, & à se casser dans le cours des distillations, pour peu que le feu se rallentisse & que l'air froid les frappe, on ne doit pas hésiter à leur préférer celles qui nous viennent de Picardie, qui n'ont pas à beaucoup près les mêmes inconvéniens que celles de Normandie. Nous aurons occasion de parler de ce grais de Normandie au mot creuset. Voyez Creuset.

Les cornues de Picardie sont non - seulement excellentes pour faire toutes les distillations dont nous avons parlé, mais comme elles peuvent souffrir le plus grand degré de feu, elles seront encore fort propres à toutes les expériences que l'on pourroit tenter sur certaines substances métalliques que l'on voudroit traiter à un grand feu, & sans le contact de l'air; ainsi on s'en servira très - bien pour la réduction des différentes chaux de zinc, & pour faire l'essai de la calamine, suivant le procédé qu'en a donné M. Margraff, dans un mémoire imprimé parmi ceux de l'acad. de Berlin, ann. 1746. Voyez Zinc.

Il y a une sorte de vaisseau de terre appellé cuine, qui ne differe de la cornue que parce qu'il a une base applatie, & le cou beaucoup plus court. Les distillateurs d'eau - forte s'en servent pour retirer l'acide du nitre & du sel marin. La cuine a été autrefois mise en usage par les Chimistes: mais comme c'est le propre des arts pratiques de rectifier & de retrancher tout ce que l'expérience nous apprend, ou ne rien valoir, ou du moins être peu commode, les Chimistes modernes l'ont absolument rejettée; & cela avec raison, ce vaisseau ayant de si grands défauts qu'il ne peut être employé dans aucune distillation qui demande de l'exactitude.

Pour ce qui est de la maniere d'employer la cornue de grais, de la luter, de l'appareiller, de l'échauffer, &c. & des précautions qu'il faut prendre pour la conserver & l'empêcher de se casser, lorsque l'opération étant finie on laisse tomber le feu; tout cela, dis - je, est détaillé exactement à l'article distillation (voyez Distillation), & au mot lut. Voyez Lut.

Les cornues de verre sont d'un usage tout aussiétendu que celles de grais ou de terre; elles nous fournissent un moyen commode de distiller un nombre infini de matieres, qui étant ou fort volatiles, ou du moins d'une médiocre fixité, n'ont pas besoin d'un très - grand degré de feu. Ce n'est pas qu'on ne puisse leur en faire soûtenir un plus grand, puisqu'on peut très - bien les faire rougir (on sait que le verre rougit longtems avant que de fondre), & par conséquent s'en servir pour la distillation de toute stibstance animale & végétale, ces deux regnes s'analysant à ce degré de feu. Voyez Végétaux & Animaux. Nous avons observé ci - dessus que les Allemands n'en employoient presque pas d'autres, même dans la plûpart des opérations qui demandent un feu très - long - tems continué à un degré beaucoup supérieur à l'eau bouillante, puisque M. Margraff s'en est fervi pour la distillation du phosphore. Nous examinerons au mot Phosphore, s'il a eu raison, & s'il n'en auroit pas tiré davantage en se servant d'une cornue de terre. Voyez Phosphore.

Les cornues de verre ont, outre la fragilité ordinaire à tous vaisseaux faits de cette matiere, le défaut de se fêler fort aisément, soit lorsqu'on commence à les échauffer, soit lorsqu'étant trop chaudes l'air froid vient à les frapper; inconvéniens auxquels on ne remédie qu'en prenant de grandes précautions, dont les principales sont 1°. d'avoir des cornues fort minces, & d'un verre bien égal, c'est - à - dire qui ne soit pas plus épais dans un endroit que dans un autre; 2°. de luter celles qu'on doit placer dans le fourneau de reverbere; 3°. de les chauffer peu - à - peu & également; 4°. de faire ensorte que la partie qui n'est point enfermée dans le fourneau, ou qui est recouverte de sable, soit à l'abri du contact de l'air; 5°. d'administrer à celles qui sont au bain de sable le feu avec prudence, l'art ne nous fournissant point d'autre moyen de diminuer la chaleur de ce bain une fois trop échauffé, qu'en faisant prendre l'air à la cornue; ce qui l'expose à se casser. Voyez Bain de sable & Distillation.

La plûpart des chimistes préferent dans bien des cas la cornue de verre à l'alembic de même matiere, & certainement avec raison; car outre que la cornue soûtient mieux le feu que l'alembic, elle a encore un avantage considérable, qui est de fournir un appareil qui a le moins de jointures qu'il est possible. Voyez tout ce qu'il y a à observer sur le manuel de la distillation, au mot Distillation.

Nous nous servons à Paris de deux sortes de cornues de verre, les unes connues sous le nom de verre de Lorraine, & les autres sous le nom de verre blanc.

Les cornues de Lorraine sont presque rondes, & d'un verre brun, qui quoiqu'assez mauvais, ne laisse pas que de supporter le feu nud lorsque la cornue a été bien lutée; aussi nous en servons - nous avec succès pour la concentration de l'acide vitriolique, qui exige un degré de feu assez fort. Voyez Acide vitriolique au mot Vitriol. Elies sont excellentes pour la rectification des autres acides & des huiles foetides, pour faire le beurre d'antimoine, celui d'arfenic, la liqueur fumante de Libavius: ce sont ces cornues que nous employons pour unir l'acide vitriolique au mercure, dans la préparation du turbith minéral; enfin ces cornues sont fort propres à la distillation d'une petite quantité de matieres résineuses, &c. en vûe d'analyse. On pourroit très bien s'en servir pour la distillation des acides minéraux à la façon de Glauber; mais il y auroit à craindre que la chaleur qui s'excite lorsqu'on vient à verser l'acide vitriolicue sur le nitre ou le sel marin, ne les fît casser: on fera donc mieux d'avoir recours à la cornue de grais.

L'autre espece de cornue dont nous nous servons communément à Paris, & que nous avons dit être connue sous le nom de veire blanc, est d'une figure presque ovale, d'un verre fort mince, très blanc, & ordinairement assez bien soufflé; nous n'employons ces sortes de cornues qu'au bain de sable, par le moyen duquel on peut leur donner un feu tres - supérieur à l'eau bouillante. Nous nous en servons pour distiller tout liquide très - volatil & précieux, comme l'éther, & pour rectifier l'huile animale de Dipellius, les huiles essentielles, & celle de succin, la premiere seule & sans intermede, les autres par le moyen de l'eau; voyez Huile animale, Huile essentielle, & Succin . Lorsque l'ovale de ces cornues est un peu allongé, nous appellons ces vaisseaux cornues à l'Angloise. L'élevation que cette forme leur donne, les rend très - propres à

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