ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS
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noisette; l'ouverture des narines est ronde & recouverte
par des soies noires & rabattues sur le bec.
Toutes les plumes de cet oiseau sont entierement
noires. Il y a vingt grandes plumes dans chaque aile;
la premiere ou l'extérieure est plus courte que la seconde;
la seconde est aussi plus courte que la troisieme,
& la quatrieme est la plus longue de toutes.
Les pattes sont noires; les ongles forts, & de la même
couleur que les pattes. Le doigt extérieur tient
au doigt du milieu, jusqu'au - dessus de la premiere
articulation; la queue est composée de douze plumes,
& elle a sept pouces & demi de longueur. La
corneille aime la chair de cadavres, d'animaux, surtout
quand ils commencent à se corrompre: mais
elle ne se contente pas de manger les animaux quand
ils sont morts; elle attaque & tue les oiseaux vivans,
de même que le corbeau, & elle est aussi avide de
fruits, de vers, & de toutes sortes d'insectes. La corneille niche au haut des arbres. La femelle fait quatre
ou cinq oeufs semblables à ceux du corbeau, mais
plus petits.
Aldrovande dit que la corneille apprend facilement
à parler. Pline fait mention d'un de ces oiseaux qui
prononçoit plusieurs mots de suite, & qui apprenoit
en peu de tems à en prononcer d'autres. Il n'y a que
la semelle qui couve les oeufs, & le mâle a soin de
lui apporter de la nourriture pendant le tems de l'incubation;
au lieu que parmi les autres oiseaux, le
mâle & la femelle couvent tour - à - tour. Willughby,
Ornith. Voyez Oiseau. (l)
Corneille émantelee,
(Page 4:251)
Corneille émantelee, cornix cinerea frugilega,
oiseau qui differe un peu de la corneille. Celui
qui a servi pour la description suivante, pesoit environ
une livre six onces; il avoit un pié six ou sept
pouces de longueur, depuis la pointe du bec jusqu'à
l'extrémité de la queue, & son envergure étoit de
trois piés. Le bec avoit deux pouces & demi de longueur,
depuis sa pointe jusqu'à l'angle de la bouche;
il est fort, sa surface est lisse, & sa couleur noire
dans toute son étendue, à l'exception de l'extrémité
qui est blanchâtre; la piece de dessus est un peu
plus longue que celle du dessous, & un peu crochue
par le bout, & convexe par le dessus. Les ouvertures
des narines sont rondes & recouvertes par des soies.
La langue est large, noire, fourchue, & déchiquetée
sur les côtés; l'iris des yeux est de couleur de noisette;
la tête, la gorge, le devant du cou, & les ailes,
sont de couleur noire avec quelque teinte de
bleu; le ventre, la poitrine, le dos, le derriere &
les côtés du cou, sont de couleur cendrée, à l'exception
des tuyaux des plumes qui sont noirâtres; la
couleur du ventre est plus claire que celle du dos;
les plumes qui se trouvent à l'endroit où la couleur
noire du devant du cou joint la couleur grise des côtés,
ont les barbes extérieures de couleur cendrée,
& les intérieures noires. Il y a vingt grandes plumes
dans les ailes; la premiere est fort courte, la troisieme
& la quatrieme sont les plus longues; dans
toutes celles qui sont placées après la sixieme, la
pointe du tuyau déborde au - delà des barbes. La
queue est composée de douze plumes; les deux du
milieu ont sept pouces & demi de longueur; les
autres sont moins longues, & diminuent par étage
jusqu'à la derniere de chaque côté. Le doigt de derriere
est grand; le doigt extérieur est égal à l'intérieur,
& la pointe des ongles de ces deux doigts ne
s'étend pas au - delà de l'origine de l'ongle du doigt
du milieu; ce doigt & l'extérieur sont unis à leur
base. La corneille émantelée se nourrit de froment,
d'orge, & d'autres graines; elle est sujette à avoir
des pous. Aldrovande dit qu'elle reste sur les hautes
montagnes pendant l'été, qu'elle y fait son nid,
& qu'en hyver elle descend dans les plaines. Willughby, Ornit. Pour ôter toute équivoque de noms,
on pourroit appeller cet oiseau bontecraye, qui signifie
en idiomes belgiques corneille de plusieurs couleurs.
Voyez Oiseau. (I)
Corneille,
(Page 4:251)
Corneille, oiseau. (Mat. med.) La fiente de corneille prise dans du vin, est recommandée dans la
cure de la dyssenterie. Dict. de Med. Dale, Schroeder, &c.
Corneille,
(Page 4:251)
Corneille, (Chasse & oecon. rust.) Ces oiseaux
font un grand dégât dans les terres nouvellement
ensemencées. Voici la meilleure maniere de les détruire.
On prend des fressures de boeuf coupées par
petits morceaux, que l'on mêle avec de la noix vomique
en poudre; on laisse le tout s'incorporer pendant
vingt - quatre heures à froid; on répand à la
pointe du jour ces morceaux de viande sur les terres
nouvellement ensemencées: dès que les corneilles en ont mangé, & que la viande est digérée, elles
tombent mortes. On peut leur sauver la vie, en
leur faisant boire de l'eau par force; & si quelque
chien a pris de la noix vomique, on le sauve pareillement
en lui faisant avaler du vinaigre.
On les prend à la glu, au rets saillant. Un des apas
que les corneilles aiment beaucoup, sont les feves
de marais; on les perce, quand elles sont vertes,
avec une aiguille ou épingle sans tête, qu'on laisse
dans la feve, & en hyver on les répand sur la terre.
Les corneilles les mangent; mais lorsqu'elles sont digérées,
ces corneilles languissent & meurent.
On en fait encore, à ce qu'on dit, une chasse singuliere
à Roumens, aux environs de Castelnaudari.
On va dans une forêt où il y en a beaucoup; on
ébranche plusieurs arbres; le soir on se couvre de
noir depuis la tête jusqu'aux piés; on a des corneilles de bois peint en noir; on met ces corneilles sur
les arbres ébranchés; on se place au milieu; d'autres
vont secoüer les arbres circonvoisins, & effaroucher
les corneilles: elles s'envolent, & trompées par
les corneilles peintes, elles se précipitent sur les arbres
ébranchés, où les chasseurs vêtus de noir &
perchés, les prennent à la main. Cette chasse commence
en Novembre, dure jusqu'en Mars, & se fait
pendant les nuits les plus obscures.
Corneille de mer,
(Page 4:251)
Corneille de mer, corvus sylvaticus. Aldrovande fait mention sous ce nom d'un oiseau qu'il ne
connoissoit que sur le rapport d'autrui. Il dit lui - même que la corneille de mer est peut - être un autre oiseau,
& que celui - ci n'est pas aquatique; qu'il se
trouve au contraire sur les montagnes & dans les
bois, & qu'il n'a point de membranes aux piés: cependant
il ajoûte qu'on l'a confondu avec le cormoran.
On a aussi donné le nom de corneille de mér à la
corneille émantelée. Voyez Oiseau. (I)
Corneille sauvage,
(Page 4:251)
Corneille sauvage, voyez Freus.
Corneille,
(Page 4:251)
Corneille, lysimachia, (Hist. nat. bot.) genre
de plante à fleur monopétale découpée en rayons.
Le pistil sort du calice; il est attaché comme un clou
à la partie moyenne de la fleur, & il devient dans la
suite un fruit ou une coque presque ronde qui s'ouvre
par la pointe, & qui renferme des semences attachées
à un placenta. Tournefort, Institus. rei herb.
Voyez Plante. (I)
Corneille jaune.
(Page 4:251)
Corneille jaune. (Medecine.) plante, lysimachia lutea major quoe Dioscoridis C.B. Pit. Tournefort.
Les semences sont d'un goût astringent. Elle contient
beaucoup de flegme, d'huile, & peu de sel.
Elle est fort astringente & vulnéraire; on s'en sert
pour la dyssenterie, pour les hémorrhagies, pour
nettoyer & consolider les plaies. James & Chamb.
CORNEMUSE
(Page 4:251)
* CORNEMUSE, s. f. (Lutherie & Musique.) instrument
à anches. Il y a de ces anches de plusieurs
sortes. La plus simple a (Planche VI. de Luth.) est un
chalumeau; l'autre b est un roseau. Les parties de la
cornemuse sont la peau de mouton qu'on enfle comme
un balon par le moyen du porte - vent, & les trois
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chalumeaux 2, 3, 4. Le chalumeau 2 est le bourdon;
le chalumeau 4 s'appelle le petit bourdon. Ces
deux bourdons sont à l'unisson. Le porte - vent a une
soûpape au - dedans de la peau qui permet au vent
d'entrer, mais qui ne lui permet pas de sortir, tandis
que le joüeur de cornemuse reprend haleine. Le
vent n'a d'issue que par les chalumeaux. Ils ont chacun
leur anche à leur partie inférieure; ces anches
sont prises dans des boîtes 5, 6, 7, sur lesquelles la
peau est bien appliquée. Quand on joüe de la cornemuse, le grand bourdon passe sur l'épaule gauche;
on enfle la peau par le porte - vent; la peau est pressée
sous le bras gauche; & les doigts sont sur les chalumeaux
que le vent fait resonner.
Le gros bourdon est de deux piés & demi, en y
comprenant son anche qui a deux pouces & demi,
dont la languette ou fente est de deux pouces de long
sur quatre lignes de large. Le petit bourdon a un pié,
en y comprenant son anche qui a deux pouces de
longueur. Le porte - vent a six pouces de long; on lui
en peut donner plus ou moins. Le chalumeau a treize
pouces avec son anche & sa boîte qui sont de deux
pouces & demi. Il a huit trous. Le premier est seul
en - dessous, à la distance de trois pouces & un tiers
du haut de l'anche; il n'y a que 2/3 de pouce de ce
trou au second; du second au troisieme il y a dix lignes;
autant du troisieme au quatrieme. Les autres
sont éloignés d'un pouce: ils sont presque tous de
même grandeur. La peau est d'un pié & demi de
long sur dix pouces de large. Le gros bourdon rend
l'octave au - dessous du petit; & le petit l'octave au - dessous
du chalumeau, quand tous les trous sont
bouchés, & sa quinzieme, quand ils sont ouverts.
Ainsi la cornemuse a trois octaves d'étendue. On
peut lui en donner davantage en forçant le vent.
Tout ce qu'on auroit à dire sur cet instrument concerne
particulierement les anches, dont le ton varie
selon les ouvertures qu'on leur donne. On se ménage
la commodité d'allonger ou de raccourcir les
bourdons par le moyen des boîtes, & par conséquent
celle de les rendre plus ou moins graves. Les
chalumeaux de la cornemuse étant mobiles dans ces
boîtés, on parvient à l'accorder. Voyez les articles
Anche, Musette,
&c.
Il y a une sorte de cornemuse qu'on appelle cornemuse de poicton. Elle ne differe de celle que nous venons
de décrire, qu'en ce qu'elle n'a point de petit
bourdon; son chalumeau a huit trous, dont le premier
s'ouvre & se ferme à clé.
La cornemuse s'appelle aussi chalemie. Cet instrument
est principalement d'usage au Nord; il n'y a
guere que les paysans qui en joüent parmi nous.
CORNESOLE
(Page 4:252)
CORNESOLE, voyez Cornaline.
CORNET
(Page 4:252)
CORNET, s. m. en Anatomie, nom de quelques
parties qui ressemblent à - peu - près à la figure d'un
morceau de papier qu'on roule en maniere de cofre,
& qu'on appelle cornet.
Les cornets de l'os éthmoïde sont ces trois lames
situées l'une sur l'autre, qu'on remarque à la partie
latérale interne & postérieure de chaque portion de
cet os. Voyez Ethmoïde.
Lés cornets inférieurs du nez, appellés aussi conques ou coquilles & lames spongieuses inférieures du nez,
sont au nombre de deux, situés dans les fosses nasales.
(L)
Cornet.
(Page 4:252)
Cornet. Voyez Calmar.
Cornets
(Page 4:252)
Cornets pour l'ouïe, (Acoustique.) instrumens
à l'usage de ceux qui ont l'oreille dure. Le son se
conserve dans ces instrumens, parce qu'en traversant
leurs parois il ne peut se répandre circulairement,
& le son ainsi ramassé frappe l'organe avec
plus de force. On peut encore augmenter l'effet du
son, en donnant à ces tuyaux une forme en partie
parabolique, parce que le son est refléchi & comme
ramassé en un seul point appellé foyer, où l'oreille
est placée. Voyez
Cabinets secrets, Echo,
&
Porte - voix. Ces cornets sont à - peu - près à l'égard
de l'oreille, ce que les lunettes d'approche sont par
rapport à la vûe. On peut les perfectionner comme
on fait les lunettes. Mais nous croyons avec M. de
Buffon, qu'il faut, pour que les cornets ayent tout
l'effet possible, que l'oreille soit dans un endroit desert,
ou du moins tranquille; autrement, comme le
son ne se propage pas en ligne droite ainsi que la lumiere,
le bruit des objets voisins frappant l'oreille
suivant toutes sortes de directions, altéreroit & affoibliroit
le bruit augmenté par le cornet. (O)
Cornet d'épisse,
(Page 4:252)
Cornet d'épisse, (Marine.) Voyez Epissoir.
(Z)
Cornet de mast,
(Page 4:252)
Cornet de mast, (Marine.) c'est une espece
d'emboîtement de planches vers l'arriere du mât de
divers petits bâtimens, qui est néanmoins ouvert
du côté de l'arriere où s'emboîte le pié du mât qui
se baisse du côté qui n'est point fermé, c'est - à - dire
vers l'arriere, & qui se releve autant de fois qu'il
en est besoin. (Z)
Cornet,
(Page 4:252)
* Cornet, (Luth. & Musiq.) instrument à vent
dont les anciens se servoient à la guerre. Les cornets
faisoient marcher les enseignes sans les soldats, &
les trompettes, les soldats sans les enseignes: les cornets & les clairons sonnoient la charge & la retraite;
& les trompettes & les cornets animoient les
troupes pendant le combat. Nous ne nous servons
plus guere du cornet dans les concerts; nous en allons
cependant expliquer la facture. Il y en a de plusieurs
sortes; celui qu'on voit Pl. VII. de Lutherie,
fig. 11. s'appelle dessus de cornet: il a sept trons. Ceux
qui se piquoient de bien joüer de cet instrument, lui
donnoient la même étendue avec six, & ne se servoient
pas du septieme. A est son bocal, il se sépare
de l'instrument, & on l'en voit séparé en A a. La
taille de cornet est entierement semblable au - dessus de
cornet, à l'exception d'un trou qu'on lui a ajoûté
en - bas, & qui s'ouvre & se ferme à clé. Elle se brise
en deux endroits pour la commodité. Elle a ses sept
trous. L'étendue du dessus de cornet est d'une seizieme;
il n'y a que trois pouces de l'extrémité de l'instrument
jusqu'au milieu du sixieme trou, & que dix
pouces du bocal jusqu'au milieu du premier trou. Les
trous sont éloignés de treize lignes, excepté le troisieme
& le quatrieme, dont la distance est de dixsept
lignes. Le diametre de chaque trou est de quatre
lignes; celui du fond du bocal n'est que d'une ligne.
Cet instrument va toûjours en s'élargissant depuis le
bocal jusqu'à sa patte, dont le diametre est d'un pouce.
La divergence des côtés est plus sensible du bocal
au premier trou, que du premier sur le reste de
la longueur. Il y en a qui pratiquent au derriere de
l'instrument, à treize lignes plus haut que le premier
trou d'en - haut, un autre trou. Il y a des dessus de
cornet & des tailles de cornet droites & d'autres courbes.
On les fait de cormier, de prunier, & autres
bois. Il faut que le bois soit sec. On le couvre de
cuir. Cet instrument est rude, & il faut le savoir
adoucir. Le dessus de cornet va du c sot ut à l's ut fa
de la troisieme octave. Le serpent est une vraie basse
de cornet; voyez Serpent.
Le dessus de cornet donne le c sol ut tous les trous
bouchés; on fait le re, le mi, &c. en débouchant les
trous les uns après les autres en montant. Sa tablature
est la même que celle du flageollet, voyez Flageollet. Quant à la basse de cornet, les trous en
sont éloignés d'un pouce & 2/3, excepré le troisieme
& le quatrieme qui sont éloignés de six pouces; le
sixieme & le troisieme de 6 pouces 2/3: il y a du septieme
à la patte 10 pouces plus 1/6 & du bocal au
premier trou un pré 7 pouces; la patte en est ouverte
de 2 pouces. Le diamctre du bocal est de 5 li<pb->
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