ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

RECHERCHE Accueil Mises en garde Documentation ATILF ARTFL Courriel

Previous page

"205">

La corde d'un arc A B, fig. 6. & le rayon C E étant donnés, trouver la corde de la moitié A E de cet arc. Du quarré du rayon C E, ôtez le quarré de la moitié A D de la corde donnée A B, le reste sera le quarré de o C; & tirant la racine quarrée, elle sera égale à C D: on la soustraira du rayon E C, & il restera D E: on ajoûtera les quarrés de A D & de E D, & la somme sera le quarré de A E; dont tirant la racine, on aura la corde de la moitié A E.

Ligne des cordes, c'est une des lignes du compas de proportion. Voyez Compas de proportion. Wolf & Chambers. (E)

Corde (Page 4:205)

* Corde, s. f. ouvrage du Cordier. C'est un corps long, flexible, résistant, rond, composé de filamens appliqués fortement les uns contre les autres par le tortillement. Il y a des - cordes de plusieurs especes, qu'on distingue par leur grosseur, leur fabrication, leurs usages & leurs matieres.

On peut faire des cordes avec le lin, le coton, le roseau, l'écorce de tilleul, la laine, la soie, le chanvre, &c. mais celles de chanvre sont les plus communes de toutes; elles ont plus de force que celles de roseau & d'écorce d'arbre, & les autres matieres ne sont pas assez abondantes pour qu'on en pût faire toutes les cordes dont on a besoin dans la société, quand il seroit démontré par l'expérience que ces cordes seroient meilleures que les autres.

Des cordes de chanvre. On fait avec le chanvre quatre sortes de cordes; les unes qui sont composées de brins, & qu'on ne commet qu'une fois, comme le merlin & le bitord, voyez Bitord & Merlin; d'autres qui sont composées de torons, & qu'on ne commet qu'une fois, comme les aussieres à deux, trois, quatre, cinq & six torons, voyez Aussieres & Torons, Il y en a de composées d'aussieres, & commises deux fois; on les appelle grelins, voyez Grelins. On peut commettre des grelins ensemble, & la corde qui en proviendra sera commise trois fois, & s'appellera archigrelins, voyez Archigrelins. Il y a encore une espece de corde plus menue par un bout que par l'autre, qu'on appelle par cette raison corde en queue de rat, voyez pour cette corde & pour la fabrication des précédentes, l'article Corderie.

Si l'on fabriquoit des cordes de coton, de crin, de brins, &c. on ne s'y prendroit pas autrement que pour celles de chanvre; ainsi on peut rapporter à cette main - d'oeuvre tout ce qui concerneroit celle de ces cordes. Mais il n'en est pas de même des cordes qu'on tire de substances animales, comme les cordes à boyau, les cordes de nerfs, les cordes d'instrumens de musique, &c. celles - ci demandent des préparations & un travail particuliers: nous en allons traiter séparément.

Des cordes à boyau, ou faites de boyaux mis en filets, tortillés & unis avec la presle. Il y en a de deux especes; les unes grossieres, qu'on employe soit à fortifier, soit à mouvoir des machines: nous en avons donné la fabrication à l'article Boyaudier, voyez Boyaudier. Elle se réduit au lavage, premiere opération. Ce lavage consiste à démêler à terre les boyaux; ce qui se fait avec quelque précaution, pour ne pas les rompre. A la seconde opération on les jette dans un baquet d'eau claire; on les lave réellement, & le plus qu'il est possible. A la troisieme on les vuide dans un autre baquet; à la quatrieme on les tire de ce baquet, & on les gratte en les faisant passer sous un couteau qui n'est tranchant que vers la pointe. Cette opération se fait sur un banc plus haut que le baquet d'un bout, & appuyé sur le baquet par le bout qui est plus bas: à la cinquieme on coupe les boyaux grattés, par les deux bouts & de biais, & on les jette dans une autre eau: à la sixieme on les en tire un à un, & on les coud avec une aiguille enfilée de filamens enlevés de la surface du boyau. On observe, pour empêcher la grosseur de la couture, que les biais des coupures se trouvent en sens contraires, c'est - à - dire l'une en dessus & l'autre en dessous. A la septieme on noue chaque longueur à un lacet qui tient à une cheville fixe, & l'on attache l'autre bout aux nelles du roüet, voyez Nelle, Rouet, Lacet , &c. A la huitieme on tord le boyau au roüet jusqu'à un certain point, on en tord toûjours deux à la fois: on a des brins de presle; on entrelace ces brins de presle entre les deux boyaux; on les serre entre cette presle, & on tire sur toute leur longueur la presle serrée, en les frottant fortement. A la neuvieme on leur donne plus de tors; on les frotte avec un frottoir; on les épluche ou l'on enleve leurs inégalités avec un couteau ordinaire, & on leur donne le troisieme & dernier tors. A la dixieme, on les détache des nelles; on les attache par un autre lacet à une autre cheville; on les laisse sécher; on les détache quand ils sont secs; on coupe la partie de chaque bout qui a formé les noeuds avec les lacets; on les endouzine, on les engrossit, & la corde est faite. Il faut travailler le boyau le plus frais qu'il est possible; le délai en été le fait corrompre; en tout tems il lui ôte de sa qualité. Il ne faut jamais dans cette manoeuvre employer d'eau chaude, elle feroit crisper le boyau. Il y a quelqu'adresse dans le travail de ces cordes, à estimer juste leur longueur, ou ce que le boyau perdra dans ses trois tors. On n'a jusqu'à présent fait des cordes à boyau que de plusieurs boyaux cousus. Le sieur Petit Boyaudier, qui a sa manufacture au Croissant rue Moufetard, prétend en fabriquer de bonnes de toute longueur, & sans aucune couture. Nous avons répeté ici la maniere de travailler le boyau, parce qu'en consultant plusieurs ouvriers, on trouve souvent une grande différence, tant dans la maniere de s'exprimer que dans celle d'opérer, & qu'il importe de tout savoir en ce genre, afin de connoître par la comparaisonde plusieurs mains - d'oeuvres, quelle est la plus courte & la plus parfaite. Voyez Endouziner, Engrossir, &c.

Des cordes à boyau propres à la Lutherie. On dit qu'il ne se fabrique de bonnes cordes d'instrumens qu'en Italie, celles qui viennent de Rome passent pour les meilleures; on les tire par paquets assortis, composés de 60 bottes ou cordes, qui sont toutes pliées en sept ou buit plis. On les distingue par numéro, & il y en a depuis le n°. 1. jusqu'au n°. 50. Ce petit art qui contribue tant à notre plaisir, est un des plus inconnus: les Italiens ont leur secret, qu'ils ne communiquent point aux étrangers. Les ouvriers de ce pays qui prétendent y entendre quelque chose, & qui font en effet des cordes d'instrumens, que les frondeurs jugeront assez bonnes pour la musique qu'on y compose, ont aussi leurs secrets qu'ils gardent bien, sur - tout quand ils sont consultés. Voici tout ce que nous en avons pû connoître avec le secours de quelques personnes qui n'ont pû nous instruire selon toute l'étendue de leur bonne volonté. On se pourvoit de boyaux grêles de moutons, qu'on nettoye, dégraisse, tord & seche de la maniere qui suit. On a un baquet plein d'eau de fontaine, on y jette les boyaux comme ils sortent du corps de l'animal; on ne peut les garder plus d'un jour ou deux, sans les exposer à se corrompre: au reste cela dépend de la chaleur de la saison, le mieux est de les nettoyer tout de suite. Pour cet effet on les prend l'un après l'autre par un bout, de la main droite, & on les fait glisser entre le pouce & l'index, les serrant fortement. On les vuide de cette maniere; & à mesure qu'ils sont vuidés, on les laisse tomber dans l'eau nette. On leur réitere cette opération deux fois en un jour, en observant de les agiter dans l'eau de tems en tems pendant cet intervalle, [p. 206] an de les mieux laver; on les passe ensuite dans de nouvelle eau de fontaine, pour y macérer pendant deux ou trois jours, selon la chaleur du tems: chacun de ces jours on les racle deux fois, & on les change d'eau trois fois. Pour les racler on les étend l'un après l'autre sur une planche ou banc incliné au bord du baquet, on a un morceau de roseau divisé longitudinalement; il faut que les côtés de la division ne soient pas tranchans, mais ronds. C'est avec ce roseau qu'on les ratisse, & qu'on parvient à les dépouiller de l'épiderme grasse qui les rend opaques; on les fait passer dans des eaux nouvelles à mesure qu'on les ratisse: alors le boyau est nettoyé, & le voilà en état d'être dégraissé. Les ouvriers font un premier secret de la maniere dont ils dégraissent les boyaux; mais il est constant qu'indépendamment de leur secret, si l'on n'apporte les plus grandes précautions au dégraissage des boyaux, les cordes n'en vaudront rien. Il faut préparer une lessive que les ouvriers appellent eau - forte, & qui s'employe au quart forte, au tiers forte, demi - forte, trois quarts forte, & toute forte. Pour la faire on a un vaisseau de grais ou cuve de pierre contenant demi - barrique, ou le poids de 250 liv. d'eau; on la remplit d'eau, on y jette environ deux livres & demie de cendres gravelées, qu'on y remue bien avec un bâton. N'y met - on que cela? Il y en a qui prétendent qu'il y entre de l'eau d'alun en petite quantité; mais on ne sait, par la maniere dont ils s'expriment, si l'eau d'alun sert avant le dégraissage, si elle entre dans la lessive du dégraissage, si elle y entre seule, ou en mêlange avec la cendre gravelée, ou si cette façon d'eau d'alun ne se donne pas après le dégraissage même avec la cendre gravelée. Quoi qu'il en soit, on a des tinettes ou terrines de grais, qui peuvent tenir environ dix livres d'eau; on met les boyaux par douzaines dans ces vaisseaux; on prend dans la cuve environ deux livres & demie de lessive: quelle que soit cette lessive, on la verse dans la tinette sur les boyaux, & on acheve de la remplir avec de l'eau de fontaine: on dit qu'alors les boyaux sont dans la lessive au quart, ce qui - signifie que le liquide dans lequel ils trempent, est composé d'une partie de lessive & de trois parties d'eau de fontaine. On les laisse blanchir dans cette eau une demi - journée dans un lieu frais; on les en retire l'un après l'autre, pour leur donner la façon suivante. On a à l'index une espece d'ongle de fer blanc qu'on met au doigt comme un dé à coudre; on nomme cet instrument dégraissoir. On applique le pouce contre le bord de son calibre, à son extrémité, & l'on presse le boyau contre ce bord, tandis qu'on le tire de la main droite: on le jette, au sortir de cette opération, dans une autre tinette ou terrine, dont la lessive est au tiers forte, c'est - à - dire de deux parties d'eau de fontaine, sur une partie de lessive. On revient à cette manoeuvre du dégraissoir quatre à cinq fois, & elle dure deux ou trois jours, suivant la chaleur de la saison. Chaque demi - journée on augmente la force de la lessive. Les boyaux se dégraissent plus promptement en été qu'en hyver. Les augmentations de la lessive en hyver sont du quart au tiers, du tiers au demi, du demi aux trois quarts, des trois quarts à l'eau toute forte; & en été du quart au demi, du demi aux trois quarts, & des trois quarts à l'eau toute forte. Dans le premier cas, les degrés d'eau se donnent en trois jours, & en deux jours dans le second; mais tantôt on abrege, tantôt on prolonge cette opération: c'est à l'expérience de l'ouvrier à le déterminer. Il faut avoir grande attention à ne point écorcher les boyaux avec le dégraissoir. Le dégraissage se fait sur un lavoir haut de deux piés & demi, large de deux, & long d'environ dix ou douze, suivant l'emploi de la fabrique; il est profond d'environ six pouces, & les eaux peuvent s'en écouler aux deux bouts par les ouvertures, & au moyen de la pente qu'on y a pratiquée. Après ce dégraissage, au sortir des lessives que nous avons dites, on en a une autre qu'on appelle double - forte; elle est composée de la même quantité d'eau de fontaine, c'est - à - dire de 250 livres ou environ; mais on y met cinq livres de cendres gravelées. Je demanderai encore: n'y met - on que cela? & l'on sera bien fondé à avoir sur cette lessive double forte, les mêmes doutes que sur la lessive simple forte. Au reste, on est bien avancé vers la découverte d'une manoeuvre, quand on connoît les expériences qu'on a à faire. On laisse les boyaux dans cette seconde lessive une demi - journée, une journée entiere, & même davantage, selon la saison, & toûjours par douzaines, & dans les mêmes tinettes ou terrines de grais. On les en tire, pour passer encore une fois sur le dégraissoir de fer, d'où on les jette dans de l'eau fraiche; les boyaux sont alors en état d'être tordus au roüet. On les tire de l'eau; il est encore incertain si cette eau est pure, ou si elle n'est pas un peu chargée d'alun, & tout de suite on les double. Les gros boyaux servent à faire les grosses cordes, les boyaux plus petits & plus clairs servent à faire les cordes plus petites; mais il est bon de savoir qu'on ne les tord presque jamais simples; la plus fine chanterelle est un double. On les fait environ de cinq piés & demi, ou huit pouces. Chaque boyau en fournit deux. Il peut arriver que le boyau double n'ait pas la longueur requise pour la corde. Alors on en prend deux qu'on assemble de cette maniere ; on porte un des bouts à un émerillon du roüet; on passe le boyau doublé sur une cheville de la grosseur du doigt, qui est fichée dans un des côtés d'un chassis, à quelque distance de l'émerillon, & qui fait partie d'un instrument appellé le talart ou l'attelier. Il faut observer que le bout de la corde qui est à l'émerillon, a aussi sa cheville, & que cette cheville est passée dans le crochet de l'émerillon. Si la corde est trop courte pour cet intervalle, on l'allonge, comme on l'a indiqué plus haut, en assemblant l'un des deux boyaux avec un autre boyau plus long; s'il y a du superflu, on le coupe, & l'on tord le boyau en douze ou quinze tours de roüet. La roüe du roüet a trois piés de diametre, & les bobines qu'elle fait mouvoir ont deux pouces. On détache les deux petites chevilles, l'une de l'émerillon, l'autre du côté du chassis, & on les transporte dans des trous faits exprès à l'autre extrémité du talart placé à côté du roüet. Le talart est un chassis de bois de sapin long de deux aunes, large de deux; à l'une de ses extrémités il y a vingt trous garnis d'autant de chevilles de la grosseur du doigt, & à l'autre quarante plus petites: ainsi un boyau tord pour un instrument de musique, & tendu sur le talart, a ses deux extrémités attachées, l'une à une des petites chevilles des quarante, & l'autre à une des vingt grosses. Voyez Planche V. de Corderie. b est le baquet où s'égoutte l'eau; d est une table avec rebords qui reçoit l'eau, & qui par sa pente & ses gouttieres conduit l'eau dans le baquet; c, c sont des treteaux qui la soûtiennent; u, rangées de chevilles où l'on attache les cordes quand on les tord; a, a, a, a, est un chassis oblong, de deux aulnes sur une de ses dimensions, & de deux piés & demi sur l'autre; x, sont des trous à recevoir les chevilles des cordes, lorsqu'elles sont tordues; z, corde que l'on tord à l'aide d'une roüe & de deux poulies, avec un petit crochet k, auquel on adapte la cheville qui doit remplir un des trous du chassis quand la corde sera torse. Mais la manoeuvre que nous venons de décrire ne suffit pas pour donner à la corde l'élasticité convenable, & lui faire rendre du son; il y a, dit on, encore un autre secret. C'est ce<pb->

Next page


The Project for American and French Research on the Treasury of the French Language (ARTFL) is a cooperative enterprise of Analyse et Traitement Informatique de la Langue Française (ATILF) of the Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), the Division of the Humanities, the Division of the Social Sciences, and Electronic Text Services (ETS) of the University of Chicago.

PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.