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Des cordes de nerfs, ou, pour parler plus exactement, de tendons ou de ligamens. Les anciens, qui faisoient grand usage de ces cordes dans leurs machines de guerre, désignoient en général les veines, arteres, tendons, ligamens, nerfs, par le mot de nerf,
Les outils de cette espece de corderie se réduisent à un marteau de fer, une pierre & un peigne. Le bloc de pierre doit être un cube, dont la surface polie du côté qu'il doit servir, ait huit à dix pouces en quarré. Le marteau peut peser une demi - livre, & le peigne a huit ou dix dents éloignées les unes des autres d'environ six lignes, & toutes dans la même direction. Le ligament ne doit point être dépouillé de ses membranes; on les bat ensemble jusqu'à ce qu'on s'apperçoive que la membrane est entierement séparée des fibres. Sept à huit ligamens battus & fortement liés ensemble, suffisent pour faire une poignée; on passe la poignée dans les dents du peigne: cette opération en sépare la membrane, & divise les fibres les unes des autres. Le point le plus important dans tout ce qui précede, est de bien battre, c'est de - là que dépend la finesse du nerf. Si le nerf n'est pas assez battu, on a beau le peigner; on l'accourcit en en rompant les fibres, sans le rendre plus fin. Le seul parti qu'il y ait à prendre dans ce cas, est de l'écharpir avec les mains, en séparant les fibres des brins qui ont résisté au peigne, pour n'avoir pas été suffisamment travaillés sous le marteau.
Quant au cordelage de cette matiere, il n'a rien
de particulier. On file le nerf comme le chanvre,
& on le commet soit en aussiere, soit en grelin. V.
l'article
On a substitué ces cordes aux ressorts des chaises de poste & d'autres voitures, & elles y ont très - bien réussi. Elles n'ont pas encore toute la vogue qu'elles méritent & qu'elles obtiendront, parce qu'il en est dans ce cas comme dans une infinité d'autres; on consulte toûjours des ouvriers intéressés à faire prévaloir les anciens usages. C'est à un serrurier qui fait des ressorts qu'on s'adresse pour savoir si les cordes de nerfs sont ou ne sont pas meilleures que les ressorts. M. de Lanore, dont M. le comte d'Herouville s'est particulierement servi, soit à recueillir ce que les anciens tacticiens grecs & latins avoient écrit des catapultes, ballistres, & autres machines de guerre auxquelles ils employoient les cordes de nerf, soit à fabriquer les premieres, en a obtenu le privilége exclusif; & il seroit à souhaiter que les ouvriers allassent prendre des instructions chez un homme à qui cet objet est très - bien connu, ils s'épargneroient aussi à eux - mêmes tout le tems & le travail qu'on perd nécessairement en essais.
On dit que ces cordes sont facilement endommagées par l'humidité, mais on peut les en garantir en très - grande partie par des fourreaux: on présume qu'une lessive, telle que celle que les ouvriers en cordes à boyau, soit pour machines, soit pour instrumens de musique, donnent à leurs boyaux avant que de les tordre, pourroit ajoûter & à l'élasticité & à la durée des cordes de nerf, si on faisoit passer par cette lessive le nerf, soit avant que de le battre, soit après qu'il est battu & peigné. Pourquoi ne suppléeroit - elle pas au roüir du chanvre, en séparant la membrane des fibres, de même que le roüir separe l'écorce de la chenevote. C'est à l'expérience à confirmer ou détruire cette idée qui nous a été communiquée par un homme que sa fortune & son état n'empêchent point de s'occuper de la connoissance & de la perfection des Arts; ainsi qu'il vient de le prouver par quelques vûes qu'il a communiquées au public sur le tirage des voitures; c'est de la même personne que nous tenons le dessein du roüet des faiseurs de cordes d'instrumens de musique, & des éclaircissemens sur l'art de les fabriquer.
Des cordes de cheveux. Les anciens ont aussi fait filer des cordes de cheveux, dans des circonstances fâcheuses qui les y déterminoient. Les dames de Carthage se couperent les cheveux, pour fournir des cordes aux machines de guerre qui en manquoient. Les femmes Romaines en firent autant dans une extrémité semblable: maluerunt pudicissimoe matronoe, deformato capite, liberè vivere cum maritis, quam hostibus, integro decore, servire. Je ne cite que ces deux exemples, entre un grand nombre d'autres que j'omets, & dont je ne ferois qu'un éloge très - modéré si je les rapportois, le sacrifice des cheveux me paroissant fort au - dessous de ce que des femmes honnêtes & courageuses ont fait en tout tems & font encore tous les jours.
Les Méchaniciens se proposent sur les cordes en général plusieurs questions, telles que les suivantes;
Corde (Page 4:208)
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Il rapporte des expériences qu'il a faites pour s'assûrer des proportions dans lesquelles ces différentes résistances augmentent; ces expériences apprennent que la roideur de la corde occasionnée par le poids qui la tire, augmente à proportion du poids, & que celle qui vient de l'épaisseur de la corde augmente à proportion de son diametre: enfin que celle qui vient de la petitesse des poulies autour desquelles elle doit être entortillée, est plus forte pour les petites circonférences que pour les grandes, quoiqu'elle n'augmente pas dans la même proportion que ces circonférences diminuent.
D'où il s'ensuit que la résistance des cordes dans
une machine, étant estimée en livres, devient comme
un nouveau fardeau qu'il faut ajoûter à celui que
la machine devoit élever: & comme cette augmentation
de poids rendra les cordes encore plus roides,
il faudra de nouveau calculer cette augmentation de
résistance. Ainsi on aura plusieurs sommes décroissantes,
qu'il faudra ajoûter ensemble comme quand
il s'agit du frottement, & qui peuvent se monter
très - haut. Voyez
En effet, lorsqu'on se sert de cordes dans une machine, il faut ajoûter ensemble toutes les résistances que leurs roideurs produisent, & toutes celles que le frottement occasionne; ce qui augmentera si considérablement la difficulté du mouvement, qu'une puissance méchanique qui n'a besoin que d'un poids de 1500 liv. pour en élever un de 3000 liv. par le moyen d'une moufle simple, c'est - à - dire d'une poulie mobile & d'une poulie fixe, doit, selon M. Amontons, en avoir un de 3942 livres, à cause des frottemens & de la résistance des cordes.
Ce que nous venons de dire des poulies doit servir de regle dans l'usage des treuils, des cabestans, &c. & des autres machines pour lesquelles on se sert de cordes: si on négligeoit de compter leur roideur, on tomberoit infailliblement dans des erreurs considérables, & le mécompte se trouveroit principalement dans les cas où il est très - important de ne se point tromper, je veux dire dans les grands effets; car alors les cordes sont nécessairement fort grosses & fort tendues.
C'est d'après ce principe, qu'on examine dans les
mémoires de l'académie de 1739, quelle est la meilleure
maniere d'employer les seaux pour élever de
l'eau. Car il est certain que de la maniere dont on
les employe ordinairement, le poids de la corde s'ajoute
à celui du seau; de sorte que si le puits a 150
piés, par exemple, de profondeur, on aura un plus
grand effort à faire au commencement de l'action ou
de l'élevation du seau que vers la fin, parce qu'au
commencement on aura à soûtenir le poids dú seau,
plus celui de toute la corde, qui, si elle pese deux
livres par toise, en pesera 50 pour ce puits de 25
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