ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

RECHERCHE Accueil Mises en garde Documentation ATILF ARTFL Courriel

Previous page

"115"> d'argent & de munitions pour son contingent. Pat le nouveau traité d'Hanovre il est stipulé qu'en cas de rupture avec l'empercur, les rois de Prusse & de la Grande - Bretagne fourniront leurs contingens comme vassaux de l'Empire, quoiqu'ils soient en guerre avec l'empereur. Chambers.

La lenteur ordinaire avec laquelle ces contingens sont reglés & fournis, fait échoüer la plûpart des entreprises que formeroit l'Empire, & facilite le succès de celles de ses ennemis. (G)

CONTINU (Page 4:115)

CONTINU, adj. (Physiq.) Nous appellons ainsi ce qui a des parties rangées les unes auprès des autres, ensorte qu'il soit impossible d'en ranger d'autres entre - deux dans un autre ordre; & généralement on conçoit de la continuité par - tout où l'on ne peut rien placer entre deux parties.

Ainsi nous disons que le poli d'une glace est continu, parce que nous ne voyons point de parties non polies entre celles de cette glace, qui en interrompent la continuité; & nous appellons le son d'une trompette continu, lorsqu'il ne cesse point, & qu'on ne peut point mettre d'autre son entre - deux. Mais lorsque deux parties d'étendue se touchent simplement & ne sont point liées ensemble, ensorte qu'il n'y a point de raison interne, comme celle de la cohésion ou de la pression des corps environnans, pourquoi l'on ne pourroit point les séparer & mettre quelque chose entre - deux, alors on les nomme contiguës. Ainsi dans le contigu la séparation des parties est actuelle, au lieu que dans le continu elle n'est que possible. Deux hémispheres de plomb, par exemple, sont deux parties actuelles de la boule, dont ils sont les moitiés; & ces deux parties seront contiguës, si on les place l'une auprès de l'autre, ensorte qu'il n'y ait rien entre - deux: mais si on joignoit les deux hémispheres ensemble, de maniere à former un seul tout, ce tout deviendroit un contina, & la contiguité de ses parties seroit alors simplement possible, en tant que l'on conçoit qu'il est possible de séparer cette boule en deux hémispheres, comme avant la réunion. Il résulte de - là, suivant quelques Métaphysiciens, que l'idée de l'espace absolu doit nous le représenter comme un continu; mais ce n'est qu'une abstraction. Voyez Estace & Contigu. Article de M. Formey.

Les Philosophes demandent si le continu est divisible à l'infini, c'est - à - dire, s'il est divisible dans une infinité de parties. Voyez Divisibilité.

Les anciens attribuoient l'élevation de l'eau dans les pompes, à l'amour de la nature pour la continuité, & à son horreur pour le vuide, la pesanteur & l'élasticité de l'air leur étant inconnues. Voy. Air & Vuide.

Les Mathématiciens divisent la quantité en discrete & continue. Voyez Quantité.

La quantité continue est l'étendue, soit des lignes, soit des surfaces, soit des solides; elle est l'objet de la Géométrie. Voyez Ligne & Géométrie.

La quantité discrete, c'est les nombres qui sont le sujet de l'Arithmétique. Voyez Nombre. L'étendue est une quantité continue, parce qu'on ne remarque point d'intervalle entre ses parties; qu'entre deux portions d'étendue on ne peut en imaginer une autre: au lieu que les nombres sont une quantité discrete, & dans laquelle il n'y a point de continuité: car il n'y a point de nombres si peu différens entre lesquels on n'en puisse imaginer un, plus grand que le moindre des deux nombres donnés, & plus petit que le plus grand.

La proportion continue, en Arithmétique, est celle dans laquelle le conséquent de la premiere raison est l'antécedent de la seconde, comme 3. 6:: 6. 12: Voyez Proportion.

Si au contraire le conséquent de la premiere rai<cb-> son est différent de l'antécedent de la seconde, la proportion s'appelle discrete, comme 3: 6:: 4. 8. (O)

CONTINUATEURS (Page 4:115)

CONTINUATEURS, s. m. pl. (Litt.) on appelle ainsi dans la Littérature, ceux qui continuent des ouvrages laissés imparfaits par leurs auteurs. On remarque que les continuations sont presque toûjours inférieures aux ouvrages commencés. La continuation de Dom Quichotte, celle du Roman comique, sont misérables; celle de l'Histoire universelle de M. Bossuet ne peut pas se lire. Il en est de même de beaucoup d'autres. Deux raisons font que les continuations sont presque toûjours mauvaises: la premiere, c'est que les ouvrages qu'on continue, & qui en valent la peine, sont pour l'ordinaire de bons ouvrages, faits par des hommes de génie ou de mérite, difficiles à remplacer: la seconde, c'est que le continuateur, même quand il est homme de mérite, se trouve gêné en travaillant d'après les idées d'autrui; on ne réussit guere qu'en travaillant d'après les siennes. Cela est si vrai, que souvent des ouvrages médiocres ont eu des continuateurs plus médiocres encore. Au reste on a continué quelquefois des ouvrages finis; témoin le treizieme livre ridiculement ajoûté à l'Enéide par un poëte moderne. (O)

CONTINUATION, SUITE (Page 4:115)

CONTINUATION, SUITE, (Gramm.) termes qui désignent la liaison & le rapport d'une chose avec ce qui la précede.

On donne la continuation de l'ouvrage d'un autre, & la suite du sien. On dit la continuation d'une vente, & la suite d'un procès: on continue ce qui n'est pas achevé; on donne une suite à ce qui l'est. (O)

Continuation du Mouvement, (Page 4:115)

Continuation du Mouvement, (Physiq.) c'est une loi de la nature, que tout corps une fois mis en mouvement par quelque cause, continue à se mouvoir de lui - même uniformément, à moins que quelque cause ne l'en empêche, en accélérant ou en retardant son mouvement primitif. Voyez Mouvement & Projectile. (O)

Continuation de Communauté, (Page 4:115)

Continuation de Communauté, voy. Communauté de biens. (A)

Continuation, (Page 4:115)

Continuation, (lettres de) c'est ainsi qu'on a quelquefois appellé des especes de lettres d'état. Dans une ordonnance du roi Jean du 28 Décembre 1355, il est accordé en faveur de ceux qui payeront l'aide octrové ci - devant, que toutes dettes seront poursuivies nonobstant lettres d'état, de répit, & de continuation, accordées par le roi, ses lieutenans, ou autres, pourvû qu'il paroisse que les débiteurs y ayent renoncé. (A)

CONTINUEL (Page 4:115)

* CONTINUEL, adj. (Gramm.) terme qui est relatif aux actions de l'homme & aux phénomenes de la nature, considérés par rapport à toute la durée successive du tems, ou seulement à une portion indéterminée de cette durée, & qui marque qu'il n'y a aucun instant de la durée prise sous l'un ou l'autre de ces aspects, pendant lequel l'action ou le phénomene ne subsiste pas. Un seul exemple suffira pour éclaircir cette définition. Quand on parle du mouvement continuel d'un corps céleste, on n'entend pas la même chose que quand on parle du mouvement continuel d'un enfant, il me semble qu'on rapporte l'un à une portion successive indéterminée de la durée, & l'autre à la durée en général. Il y a cette différence entre continu & continuel, que continu se dit de la nature même de la chose, & que continuel se dit de son rapport avec le tems; l'exemple en est évident dans un mouvement continu & un mouvement continuel.

CONTINUER (Page 4:115)

* CONTINUER, (Gramm. & verbe.) s'employe diversement, mais il a toûjours rapport à une chose commencée & à un tems passé. On dit: Il a commencé ses études, & il les continue; il a eu avec moi de bons [p. 116] procédès, & il continue, tout court, ou il continue d'en avoir; mais non il les continue. Cet ouvrage se continue; le bruit continue. Continuer peut être relatif à continué & à continu: quand il est relatif à continu, il ne marque point d'interruption; quand il est relatif à continué, il en peut marquer; car le continu n'a point cessé, & le continué a pû cesser.

Continuer (Page 4:116)

Continuer l'audience à un tel jour, (Jurisprud.) signifie que la cause commencée continuera d'être plaidée le jour qui est indiqué; ce qui est fort différent de remettre l'audience ou la cause à un tel jour, en ce qu'une remise ne fait pas que la cause soit réputée commencée, & n'est pas réputée une journée de la cause. Cette distinction est de conséquence dans certaines matieres, comme en retrait lignager, où il faut des offres à chaque journée de la cause. (A)

CONTINUITE (Page 4:116)

CONTINUITE, s. f. (Physiq.) se définit ordinairement, chez les scholastiques, la cohésion immédiate des parties dans un même tout. D'autres la définissent un mode du corps par lequel ses extrèmes ne deviennent qu'un: d'autres enfin, l'état d'un corps résultant de l'union intime de ses parties. Voyez Continu, &c.

Il y a deux sortes de continuité, l'une mathématique, & l'autre physique. La premiere est l'état d'un corps dont on suppose les parties immédiatement voisines les unes des autres, & se touchant par - tout: elle est purement imaginaire & de supposition, puisqu'elle suppose des parties réelles ou physiques où il n'y en a point. Voyez Pore.

La continuité physique est cet état de deux ou de plusieurs parties ou particules, dans lequel elles paroissent adhérer ou former un tout non interrompu ou continu, ou entre lesquelles nous n'appercevons aucun espace intermédiaire. Voyez Continu.

Les scholastiques distinguent encore deux sortes de continuité; l'une homogene, l'autre hétérogene: la premiere est celle où nos sens n'appercoivent pas les extrémités des parties, ou plûtôt leur distinction; telle est celle des parties de l'air & de l'eau: la seconde est celle où nos sens apperçoivent à la vérité l'extrémité de certaines parties, mais en même tems où ils découvrent que ces mêmes parties, soit par leur figure, soit par leur situation, sont étroitement enchaînées les unes avec les autres; c'est celle qu'on observe dans les corps des plantes & des animaux.

La continuité des corps est un état purement relatif à la vûe & au toucher; c'est - à - dire que si la distance de deux objets séparés est telle, que l'angle sous lequel on les voit soit insensible aux yeux, ce qui arrivera s'il est au - dessous de seize secondes, ces deux corps séparés paroîtront contigus. Or la continuité est le résultat de plusieurs objets contigus: donc si des objets visibles en nombre quelconque sont placés à une telle distance les uns des autres, qu'on voye leur distance sous un angle au - dessous de seize secondes, ils paroîtront ne former qu'un corps continu. Donc comme nous pouvons déterminer la distance à laquelle un espace quelconque devient invisible, il est aisé de trouver à quelle distance deux corps quelconques, quelque éloignés qu'ils soient, paroîtront comme contigus, & où plusieurs corps n'en formeront qu'un continu. Pour la cause physique de la continuité, voyez Cohésion. Chambers. (O)

Continuité, (Page 4:116)

Continuité, (loi de) c'est un principe que nous devons à M. Leibnitz, & qui nous enseigne que rien ne se fait par saut dans la nature, & qu'un êtrene passe point d'un état dans un autre, sans passer par tous les différens états qu'on peut concevoir entr'eux. Cette loi découle, suivant M. Leibnitz, de l'axiome de la raison suffisante. En voici la déduction. Chaque état dans lequel un être se trouve, doit avoir sa raison suffisante pourquoi cet être se trouve dans cet état plûtôt que dans tout autre; & cette raison ne peut se trouver que dans l'état antécédent. Cet état antécédent contenoit donc quelque chose qui a fait naître l'état actuel qui l'a suivi; ensorte que ces deux états sont tellement liés, qu'il est impossible d'en mettre un autre entre deux:car s'il y avoit un état possible entre l'état actuel & celui qui l'a précédé immédiatement, la nature auroit quitté le premier état, sans être encore déterminée par le second à abandonner le premier; il n'y auroit donc point de raison suffisante pourquoi elle passeroit plûtôt à cet état qu'à tout autre état possible. Ainsi aucun être ne passe d'un état à un autre, sans passer par les états intermédiaires; de même que l'on ne va pas d'une ville à une autre, sans parcourir le chemin qui est entre deux. Cette loi s'observe dans la Géométrie avec une extrème exactitude. Tous les changemens qui arrivent dans les lignes qui sont unes, c'est - à - dire dans une ligne qui est la même, ou dans celles qui font ensemble un seul & même tout; tous ces changements, dis - je, ne se font qu'après que la figure a passé par tous les changemens possibles qui conduisent à l'état qu'elle acquiert. Les points de rebroussement qui se trouvent dans plusieurs courbes, & qui paroissent violer cette loi de continuité, parce que la ligne semble se terminer en ce point, & rebrousser subitement en un sens contraire, ne la violent cependant point: on peut faire voir qu'à ces points de rebroussement il se forme des noeuds, dans lesquels on voit évidemment que la loi de continuité est suivie; car ces noeuds étant infiniment petits, prennent la forme d'un seul & unique point de rebroussement. Ainsi dans la fig. 104. de la Géométrie, si le noeud A D s'évanoüit, il deviendra le point de rebroussement T. Voyez Noeud & Rebroussement.

La même chose arrive dans la nature. Ce n'est pas sans raison que Platon appelloit le Créateur, l'éternel Géometre. Il n'y a point d'angles proprement dits dans la nature, point d'inflexions ni de rebroussemens subits; mais il y a de la gradation dans tout, & tout se prépare de loin aux changemens qu'il doit éprouver, & va par nuances à l'état qu'il doit subir. Ainsi un rayon de lumiere qui se réfléchit sur un miroir, ne rebrousse point subitement, & ne fait point un angle pointu au point de la réflexion; mais il passe à la nouvelle direction qu'il prend en se réfléchissant par une petite courbe, qui le conduit insensiblement par tous les degrés possibles qui sont entre les deux points extrèmes de l'incidence & de la réflexion. Il en est de même de la réfraction: le rayon de lumiere ne se rompt pas au point qui sépare le milieu qu'il pénetre & celui qu'il abandonne; mais il commence à subir une inflexion avant que d'avoir pénétré dans le nouveau milieu; & le commencement de sa réfraction est une petite courbe qui sépare les deux lignes droites qu'il décrit en traversant deux milieux hétérogenes & contigus.

Les partisans de ce principe prétendent qu'on peut s'en servir pour trouver les lois du mouvement. Un corps, disent - ils, qui se meut dans une direction quelconque, ne sauroit se mouvoir dans une direction opposée, sans passer de son premier mouvement au repos par tous les degrés de retardation intermédiaires, pour repasser ensuite par des degrés insensibles d'accélération du repos au nouveau mouvement qu'il doit éprouver. Presque toutes les lois du mouvement proposées par M. Descartes sont fausses, selon les Leibnitiens, parce qu'elles violent le principe de continuité. Telle est, par exemple, celle qui veut que si deux corps B & C se rencontrent avec des vîtesses égales, mais que le corps B soit plus grand que le corps C; alors le seul corps C retournera en arriere, & le corps B continuera son chemin, tous deux avec la même vîtesse qu'ils avoient avant le choc. Cette regle est démentie par l'expé<pb->

Next page


The Project for American and French Research on the Treasury of the French Language (ARTFL) is a cooperative enterprise of Analyse et Traitement Informatique de la Langue Française (ATILF) of the Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), the Division of the Humanities, the Division of the Social Sciences, and Electronic Text Services (ETS) of the University of Chicago.

PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.