ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"101"> sans aucune autre substance étrangere. Il n'a pas dit non plus, ce pain est mon corps, qui est l'autre explication de Luther; mais il a dit ceci est mon corps par un terme indéfini, pour montrer que la substance qu'il donne n'est plus du pain, mais son corps: & quand Luther expliquoit, ceci est mon corps, ce pain est mon corps réellement & sans figure, il détruisoit sans y penser sa propre doctrine. Car on peut bien dire avec l'Eglise Catholique, que le pain devient le corps au même sens que S. Jean a dit que l'eau fut faite vin aux noces de Cana en Galilée, c'est - à - dire par changement de l'un en l'autre. On peut dire pareillement que ce qui est pain en apparence, est en effet le corps de notre Seigneur; mais que du vrai pain en demeurant tel, fût en meme tems le vrai corps de notre Seigneur, comme Luther le prétendoit, les défenseurs du sens figuré lui soûtenoient, aussi - bien que les Catholiques, que c'est un discours qui n'a point de sens, & concluoient qu'il falloit admettre avec eux un simple changement moral, ou le changement de substance avec ceux que Luther appelloit Papistes. Contin. de Fleury, ad an. 1526. (G)

CONSUBSTANTIEL (Page 4:101)

CONSUBSTANTIEL, terme de Théologie; Coëssentiel, qui est de la même substance. Voyez Substance. Les orthodoxes croient que le fils de Dieu est consubstantiel à son pere. Voyez Trinité, Pere, &c.

Le terme OMODBIO\S2, consubstantiel, fut choisi & adopté par les peres du concile de Nicée, pour exprimer la doctrine de l'Eglise avec plus de précision, & pour servir de barriere & de précaution contre les erreurs & les surprises des Ariens qui convenoient de toutes choses, excepté de la consubstantialité. Voyez Arianisml & Homoousios.

Ils alloient jusqu'à reconnoître que le fils étoit véritablement Dieu, parce qu'il avoit été fait Dieu; mais ils nioient qu'il fût un même Dieu & une même substance que le pere. Aussi firent - ils toûjours tout ce qu'ils purent pour abolir l'usage de ce terme. On persécuta les défenseurs de ce terme. Constance fit tous ses efforts pour obliger les évêques à supprimer le terme de consubstantiel dans le symbele; mais la vérité triompha, & ce terme s'est conservé jusqu'aujourd'hui.

Sandius prétend que le terme de consubstantiel étoit inconnu avant le concile de Nicée; mais on l'avoit déjà proposé au concile d'Antioche, lequel condamna Paui de Samosate, en rejettant pourtant le mot de consubstantiel. Courcel au contraire a soûtenu que le concile de Nicée avoit innové dans la doctrine, en admettant une expression dont le concile d'Antioche avoit aboli l'usage.

Selon S. Athanase, le mot de consubstantiel ne fut condamné par le concile d'Antioche, qu'entant qu'il renferme l'idée d'une matiere préexistente, & antèrieure aux choses qui ont été formées, & que l'on appelle coëssentielles. Or en ce sens le pere & le fils ne sont point consubstantiels, parce qu'il n'y a point de matiere préexistente. Voyez le dict. de Trév. (G)

CONSUEGRA (Page 4:101)

CONSUEGRA, (Géog.) petite ville d'Espagne dans la nouvelle Castille, entre le Tage & la riviere de Guadiane.

CONSUL (Page 4:101)

* CONSUL, s. m. (Hist. anc.) ce fut, après l'expulsion de Tarquin le Superbe, le dernier roi, mais non le dernier tyran de Rome, le premier magistrat de la république. Cette dignité commença l'an 245 de la fondation de la ville. On créoit tous les ans deux consuls; ils gouvernoient ensemble la république. L. Junius Brutus, & L. Tarquinius Collatinus mari de Lucrece, furent les premiers honorés de cette dignité. Qu'il fut doux au peuple, qui avoit servi jusqu'alors comme un esclave, de se voir assemblé par centuries, en comices, se choisissant lui<cb-> même des magistrats annuels, amovibles, tirés de la masse commune par sa voix, & y retombant au bout de l'année! Cette élection fut conduite par un interrex selon quelques - uns; selon d'autres, par un préfet de la ville: mais ces deux fonctions qu'on vit réunies dans la personne de Sp. Lucretius Tricepetinus, n'étant point incompatibles, celui qui présida aux premiers comices libres du peuple Romain put les exercer ensemble. Les deux premiers consuls ne finirent point leur année; le peuple cassa Collatinus qui lui parut plus ennemi du roi que de la royauté; & Brutus & Aronce fils de Tarquin, s'entretuerent à coups de lance.

Le nom de consul rappelloit sans cesse à ce magistrat son premier devoir, & les limites de sa charge; c'est qu'il n'étoit que le conseiller du peuple Romain, & qu'il devoit en toute occasion lui donner le conseil qui lui sembloit le plus avantageux pour le bien public. On créa deux consuls, & on rendit leur dignité annuelle, afin qu'il ne restât pas même l'ombre de l'autorité royale, dont les caracteres particuliers sont l'unité & la perpétuité. Ils ne tenoient leur autorité que du peuple, & le peuple ne voulut point qu'ils pussent, sans son consentement, ni faire battre de verges, ni mettre à mort un citoyen. Il paroît cependant que ces limites n'étoient point encore assez étroites pour prévenir les vexations, puisque dès l'an 260, c'est - à - dire quinze ans après la création des consuls, le peuple fut obligé de se faire des protecteurs dans les tribuns. Leur autorité cessa l'an 302; on la remplaça par celle des decemvir legum scribendarum; elle reprit l'an 306; elle cessa encore en 310: la république eut alors ses tribuns militaires, consulari potestate. Après plusieurs révolutions, le consulat rétabli dura depuis l'année 388 de Rome jusqu'en 541 de J. C. qu'il finit dans la personne de Fl. Basilius dernier consul, qui l'étoit sans collegue. Ce fut Justinien qui en abolit le nom & la charge: cette innovation lui attira la haine publique, tant ce vieux simulacre étoit encore cher & respecté. Sa durée fut de 1047 ou 9 ans. Cette dignité ne conserva presque rien de ses prérogatives sous Jules César & ses successeurs. Les empereurs la conférerent à qui bon eur sembloit; on n'en étoit revêtu quelquefois que pour trois mois, six mois, un mois. Plus un homme étoit vil, plus son consulat duroit. Avant ces tems malheureux, l'élection des consuls se faisoit dans le champ de Mars. Un des consuls en charge étoit le président des comices: il les ouvroit en ces termes, quoe res mihi, magistratuique meo, populo plebique Romanoe seliciter eveniat, consules designo. Le peuple accompagnoit jusque chez eux, avec des acclamations, les consuls désignés. La désignation se faisoit ordinairement à la fin du mois de Juillet; les fonctions ne commencerent, du moins à compter depuis l'an 599 ou 600, qu'au premier de Janvier. On accordoit ce tems aux compétiteurs. Si l'on parvenoit à demontrer que la désignation étoit illégitime, qu'il y avoit eu de la brigue, des largesses, des corruptions, des menées basses, le désigné étoit exclu. Ce réglement étoit trop sage pour qu'il durât long - tems, & que l'observation en fût rigoureuse. Au premier de Janvier, le peuple s'assembloit devant la maison des désignés; il les accompagnoit au capitole; chaque consul y sacrifioit un boeuf; on se rendoit de - là au sénat; l'un des consuls prononçoit un discours de remerciment au peuple. Sous les empereurs, il se faisoit dans cette cérémonie des distributions de monnoie d'or & d'argent: il y eut jusqu'à cent livres d'or destinées à cet emploi. Valens & Marcian abolirent cet usage. Justinien le rétablit avec la restriction, qu'on ne distribueroit que de petites pieces d'argent. Mais les desordres occasionnés par cette espece de largesse, qui excluoit encore du consulat quelques [p. 102] honnêtes gens qui avoient plus de mérite que d'écus, comme cela arrive assez souvent, la sit entierement supprimer par l'empereur Léon: on donna seulement un repas aux sénateurs & aux chevaliers, & on leur envoya quelques présens qui s'appellerent munera consularia. Les consuls juroient immédiatement après leur élection de ne rien entreprendre contre les lois; ils haranguoient le peuple aux rostres; ils avoient preté serment devant le consul à leur désignation; à leur entrée en charge, ils le pretoient devant le peuple: tout ce cérémonial duroit cinq jours au plus. Les consuls furent d'abord tous patriciens; mais le peuple obtint par force en 388, qu'il y en auroit toûjours un de son ordre. L. Sextus Lateranus fut le premier de cette création. On ne pouvoit briguer le consulat avant quarante - un ans, & même quarante - trois. César enfreignit cette loi, appellée lex annuaria, en nommant consul Dolabella qui n'étoit âgé que de vingt - cinq. Les empereurs qui lui succederent firent des consuls qui n'avoient pas même de barbe; ils pousserent l'abus jusqu'à désigner leurs enfans avant qu'ils eussent l'usage de la parole. Dans ces tems où la dignité de consul n'étoit qu'un vain nom, il étoit assez indifférent à qui on la conférât. On n'avoit auparavant dérogé à cette sage institution que dans des cas extraordinaires, en faveur de personnages distingués, tels que le fils adoptif de Marius qui entra en charge à vingt - six ans, & Pompée à trente - quatre, avant que d'avoir été questeur. Il falloit avoir été préteur pour être consul; il y avoit même un interstice de deux ans, fixé entre le consulat & la dignité prétorienne, & un interstice de dix ans entre la sortie du consulat & la rentrée dans la même fonction. Le peuple s'étoit déjà relâché du premier de ces usages sous Marius; les empereurs foulerent aux piés l'un & l'autre; & le peuple, à qui ils avoient appris à souffrir de plus grandes avanies, n'avoit garde de se récrier contre ces bagatelles. Les faisceaux furent originairement les marques de la dignité consulaire; ils en avoient chacun douze, qui étoient portés devant eux par autant de licteurs. On ne les baissoit que devant les vestales. Cet appareil effaroucha le peuple; il craignit de ne s'être débarrassé d'un tyran, que pour s'en donner deux; & il fallut lui sacrifier une partie de cette ostentation de souveraineté: on portoit des faisceaux devant un des consuls; l'autre n'étoit précédé que par les licteurs. Ils eurent alternativement de mois en mois les licteurs & les faisceaux. Après la mort de Brutus, Valerius dont le peuple se méfioit, détermina même son collegue à quitter les faisceaux dans la ville, & à les faire baisser dans les assemblées. La loi Julienne décerna dans la suite les faisceaux au plus âgé des consuls; ils appartinrent aussi de préférence ou à celui qui avoit le plus d'enfans, ou à celui qui avoit encore sa femme, ou à celui qui avoit déjà été consul. Lorsque les haches furent supprimées, pour distinguer le consul en fonction, de son collegue, on porta les faisceaux devant celui - là, & on les porta derriere l'autre. Sous les empereurs, le consulat eut des intervalles d'éclat; & on lui conserva quelquefois les faisceaux. La chaire curule fut encore une des marques de la dignité consulaire: il ne faut pas oublier la toge prétexte, qui restoit le premier jour de leur magistrature devant les penates, & qui se transportoit le jour suivant au capitole pour y être exposée à la vûe du peuple; le bâton d'ivoire terminé par l'aigle; & sous les empereurs la toge peinte ou fleurie, les lauriers autour des faisceaux, les souliers brodés en or, & d'autres ornemens qui décoroient le stupide consul à ses yeux & aux yeux de la multitude, mais qui ne lui conferoient pas le moindre degré d'autorité. Le pouvoir du consulat fut très - étendu dans le commence<cb-> merst; il autorisoit à déclarer la guerre, à faire la paix, à former des alliances, & même à punir de mort un citoyen. Mais bientôt on appella de leur jugement à celui du peuple, & l'on vit leurs sentences suspendues par le vetamus d'un tribun. Il y avoit des circonstances importantes, où l'on étendoit leus priviléges; viderent ne quid detrimenti respublica caperet: mais ils ne furent jamais dispensés de rendre compte de leur conduite. Si les consuls étoient si petits en apparence devant le peuple, ils n'en étoient pas moins grands aux yeux des étrangers, & ils ont eu des rois parmi leurs cliens. Les autres magistrats leur étoient subordonnés, excepté les tribuns du peuple; ils commandoient en chef à la guerre, alors ils punissoient de mort; ils influoient beaucoup dans les élections des tribuns, des centurions, des préfets, &c. ils étoient tout - puissans dans les provinces; ils avoient droit de convoquer le peuple; ils faisoient des lois; ils leur imposoient leur nom; ils recevoient les dépêches des pays éloignés; ils convoquoient les autres magistrats; ils donnoient audience aux envoyés; ils proposoient dans les assemblées ce qui leur paroissoit convenable; ils recueilloient les voix. Sous les empereurs, ils affranchissoient les esclaves; ils avoient l'inspection du commerce & de ses revenus; ils présidoient aux spectacles, &c. Auparavant l'un d'eux restoit ordinairement à Rome, à la tête du sénat & des affaires politiques; l'autre commandoit les armées; leur magistrature étant de peu de durée, & chacun se proposant de fixer la mémoire de son année par quelque chose d'important, on vit & l'on dut voir par ce seul moyen les édifices somptueux, les actions les plus éclatantes, les lois les plus sages, les entreprises les plus grandes, les monumens les plus importans se multiplier à l'infini: telle fut la source de la splendeur du peuple Romain dans Rome; la jalousie du peuple & l'inquiétude de ses maîtres qui pour n'en être pas dévorés au - dedans étoient obligés de le lâcher au - dehors sur des ennemis qu'ils lui présentoient sans cesse, furent la source de ses guerres, de ses triomphes, & de sa puissance prodigieuse au - dehors. Après l'année du consulat, le consul faisoit une harangue aux rostres; il juroit avoir rempli fidelement ses fonctions; lorsque le peuple en étoit mécontent, il lui interdisoit ce serment; & Ciceron, nonobstant tout le bruit qu'il fit de son consulat, essuya cette injure publique. On passoit communément du consulat à la dignité de proconsul & à un gouvernement de province. Les gouvernemens se tiroient au sort, à moins que les consuls ne prissent entr'eux des arrangemens particuliers, ce qui s'appelloit parare cum collega ou comparare. C'est - là qu'ils se dédommageoient des dépenses qu'ils avoient faites pendant leur consulat. Les pauvres provinces pillées, desolées, payoient tout; & tel Romain s'étoit illustré à la tête des affaires, qui alloit se deshonorer en Asie, ou ailleurs, par des concussions épouventables. La création & succession des consul sont dans la chronologie des époques très - sûres. On a vû plus haut ce que c'étoit que l'état du consul désigné. Il y eut sous Jules César des consuls honoraires, consul honorarius: c'étoient quelques particuliers qu'il plaisoit à l'empereur d'illustrer, de ces gens qui croyoient sottement qu'il dépendoit d'un homme d'en faire un autre grand, en lui disant: sois grand, car telle est ma volonté. L'empereur leur conféroit les marques & le rang de la dignité consulaire. Ces titulaires sont bien dignes d'avoir pour instituteur un tyran. La race en fut perpétuée par les successeurs de Jules César. Celui des deux consuls qui étoit de service, & devant qui l'on portoit les faisceaux, dans le tems où on les distinguoit en les faisant porter devant ou derriere, s'appelloit consul major. Il y en a qui prétendent que l'épithete de major a une autre origine, & qu'on la

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