ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"864"> Roi, pour faire charger sur les vaisseaux qui sont en chargement des marchandises en détail.

Congé, (Page 3:864)

Congé, (Comm.) se dit pareillement dans les communautés des Arts & Métiers, des permissions par écrit que les garçons & compagnons sont tenus de prendre des maîtres chez qui ils travaillent lorsqu'ils en sortent, pour justifier que c'est de leur bon gré qu'ils les quittent, que le tems pour lequel ils se sont engagés chez eux est fini, & que les ouvrages qu'ils ont entrepris sont faits; & défenses faites aux autres maîtres, sous peine d'amende, de recevoir les compagnons sans ces congés. Dict. de Comm. (G)

Congé, (Page 3:864)

Congé, (aller au) chez les Rubanniers & autres Artisans. Lorsqu'un maître prend un nouvel ouvrier, il est obligé d'aller chez celui d'où l'ouvrier sort, s'informer du sujet du départ de l'ouvrier, savoir s'il n'est pas dû au maître qu'il quitte, s'arranger au gré de tous trois pour le payement, relativement au tems qu'il le gardera: sans cette précaution, le maître prenant un nouvel ouvrier se trouveroit chargé & responsable, en son propre & privé nom, de tout ce qu'il peut devoir au précédent maître qu'il a quitté depuis le dernier chez qui l'on a été au congé.

CONGÉABLE (Page 3:864)

CONGÉABLE, (Jurispr.) voyez Domaine congéable.

CONGÉDIER (Page 3:864)

CONGÉDIER, (Venerie.) voyez Abandonner.

CONGELATION (Page 3:864)

CONGELATION, s. f. terme de Physique, c'est la fixation d'un fluide, ou la privation de sa mobilité naturelle par l'action du froid; ou enfin c'est le changement d'une substance fluide en un corps concret, solide & dur, qu'on appelle glace. Voyez Glace & Froid.

Les Cartésiens définissent la congelation, le repos o'i l'immobilité d'un fluide durci par le froid. Cette définition suit assez naturellement de l'idée qu'ils ont de la fluidité, puisqu'ils supposent que c'est le mouvement continuel des parties du fluide entre elles qui la constitue. Voyez Fluide.

En effet, l'opinion de ces Philosophes sur la congelation est, que l'eau ne se congele que parce que ses parties perdent leur mouvement naturel, & adherent fortement les unes avec les autres. Voy. Solidité.

Les principaux phénomenes de la congelation sont 1°. Que l'eau & tous les fluides, excepté l'huile, se dilatent en se congelant, c'est - à - dire qu'ils occupent plus d'espace, & qu'ils sont spécifiquement plus legers qu'auparavant.

L'augmentation du volume de l'eau par la congelation fournit matiere à beaucoup d'expériences; & il est à propos d'examiner ici, & de suivre la nature dans cette opération.

Le vaisseau B D (Pl. de Pncum. figure 20.) rempli d'eau jusqu'à E, étant plongé dans un vase où il y ait de la glace mêlée avec du sel R S T V, l'eau s'éleve d'abord de E jusqu'en F; ce qui paroît venir de la condensation subite du vaisseau qui a été promptement plongé dans un milieu froid: bien - tôt après l'eau se condense à son tour, & descend continuellement de F jusqu'à ce qu'elle soit en G, où elle s'arrête pendant quelque tems; mais bien - tôt elle reprend des forces, venant à se dilater, elle s'éleve de G en H; de - là bien - tôt après, par un violent mouvement, elle s'éleve en I; & alors l'eau paroît en B toute trouble, ressemblant à un nuage, & c'est alors qu'elle commence à se congeler, & se convertit en glace. Il faut ajoûter que pendant que la glace se durcit de plus en plus, & qu'une partie de l'eau contiguë au cou du vaisseau B se congele, l'eau continue toûjours à s'élever de I vers D, & elle s'écoule enfin du vaisseau qui la contenoit.

2°. Que non - seulement les fluides perdent de leur pesanteur spécifique dans la congelation, mais qu'ils perdent aussi de leur poids absolu; de sorte qu'après qu'ils sont dégelés on les trouve sensiblement plus legers qu'avant leur congelation; ce qui peut venir de leur dissipation, parce qu'il y a lieu de croire qu'il se fait une espece de transpiration même des corps glacés.

3°. Que l'eau glacée n'est pas aussi transparente que quand elle est fluide, & que les corps se voyent moins nettement.

4°. Que l'eau s'évapore presqu'autant quand elle est glacée que quand elle est fluide.

5°. Que l'eau ne se congele point dans le vuide, & qu'elle demande pour se glacer la présence & le contact immédiat de l'air.

6°. Que l'eau bouillie & refroidie se congele aussi vîte que celle qui n'a pas bouilli.

7°. Que quand la surface de l'eau est couverte d'huile d'olive, elle ne se congele pas si promptement que quand il n'y en a point; & que l'huile de noix l'empêche de se glacer à un froid violent, ce que l'huile d'olive ne feroit point.

8°. Que l'esprit - de - vin, l'huile de noix, & l'huile de térébenthine, se congelent rarement.

9°. Que la surface de l'eau qui se congele paroît toute ridée; que ces rides sont quelquefois paralleles, & d'autres fois comme des rayons qui viennent tous d'un centre, & tendent à la circonférence.

Les théories & les hypotheses différentes par lesquelles on explique ce phénomene sont en grand nombre: les principes que différens auteurs ont posés là - dessus se réduisent à ceux - ci; savoir, ou que c'est quelque matiere étrangere qui s'introduit dans les interstices du fluide, & que par son moyen le fluide se fixe & augmente de volume, &c. ou que quelque matiere naturellement contenue dans le fluide en est chassée, & que le fuide est fixé par la privation de cette matiere, &c.

Selon d'autres, c'est une altération qui arrive aux particules qui composent le fluide, ou d'autres parties que le fluide contient.

Tous les systèmes connus sur la congelation peuvent se réduire à quelques - uns de ces principes: les Cartésiens qui l'attribuent au repos des parties du fluide qui étoient auparavant en mouvement, expliquent la congelation par la matiere subtile qui s'échappe de dedans les pores de l'eau; ils soùtiennent que c'est l'activité de cette matiere éthérée ou subtile qui mettoit auparavant en mouvement les particules des fluides, & que dès que cette matiere s'échappe il n'y a plus de fluidité.

Quelques autres philosophes de la même secte attribuent le changement de l'eau en glace, à une diminution de la force & de l'efficacité ordinaire de la matiere subtile, causée par le changement de la température de l'air; car cette matiere subtile ainsi altérée, n'aura plus assez d'énergie pour mertre en mouvement les parties du fluide comme de coûtume.

Les Gassendistes, & les autres philosophes corpusculaires, attribuent avec assez peu de clarté la congelation de l'eau à l'introduction d'une multitude de particules frigorifiques, qui s'introduisant en foule dans le fluide, & s'y distribuant de tous côtés, s'insinuent dans les plus petits interstices qui se trouvent entre les particules de l'eau, empêchent leur mouvement accoûtumé, & les fixent en un corps dur & solide qu'on appelle glace. C'est de l'introduction de ces particules que vient l'augmentation du volume de l'eau, & son plus grand froid, &c.

Ils supposent cette introduction des particules frigorifiques essentielle à la congelation, comme ce qui la caractérise & la distingue de la coagulation: la derniere est produite indifféremment par un mêlange chaud ou froid, tandis que la premiere ne doit son origine qu'à un mêlange froid, Voyez Coagulation. [p. 865]

Il est fort difficile de déterminer de quel genre sont les particules frigorifiques, & de quelle maniere elles produisent leur effet: c'est aussi cette difficulté qui a fait produire plusieurs systemes.

Quelques uns ont dit que c'etoit l'air commun qui dans la congelation s'introduisoit dans l'eau, & qui s'embarrassoit avec les particules de ce fluide, empêchoit leur mouvement, & formoit cette quantité de builes qu'on apperçoit dans la glace; que de cette façon il augmentoit le volume de l'eau, & par ce moyen la rendoit spécisiquement plus légere. Mais M. Boyle a combattucette opinion, en prétendant que l'eau gele dans les vaisseaux fermés hermétiquement, & dans lesquels l'air ne peut aucunement s'introduire cependant il y a autant de bulles que dans celle qui s'est congelée en plein air: il ajoûte que l'huile se condense en se gelant; d'où il conclud que l'air ne peut point être la cause de sa congelation.

D'autres, & c'est le plus grand nombre, veulent que la matiere de la congelation soit un sel, soutenant qu'un froid excessif peut bien rendre les parties de l'eau immobiles, mais qu'il ne se formera jamais de glace sans sel. Les particules salines, disent - ils, dissoutes & combinées dans une juste proportion, sont la cause principale de la congelation, car la congelation a beaucoup de rapport avec la crystallisation. Voyez Crystallisation.

Ils supposent que ce sel est du genre du nitre, & que l'air chargé, comme tout le monde en convient, d'une grande quantité de nitre, fournit ce sel.

Il est très - facile d'expliquer comment les particules d nitre peuvent faire perdre à l'eau sa fluidité. On suppose que les particules de ce sel sont des aiguiiles roides & pointuës; qu'elles entrent facilement dans les parties ou globules de l'eau; ces particules ainsi hérissées de pointes venant à se mêler, elles s'embarrassent les unes dans les autres, leur mouvement diminue peu - à - peu, & il se détruit enfin totalement.

Cet effet n'est produit que dans le plus sort de l'hyver: en voici la raison; c'est que dans ce tems, les pointes du nitre qui agissent pour diminuer le mouvement ont plus de force que la puissance ou que le principe qui met les fluides en mouvement, ou qui les dispose à se mouvoir. Voyez Fluide.

L'expérience si connue de la glace artificielle confirme cette opinion. On prend du salpêtre commun, on le mêle avec de la neige ou de la glace pilée, on fait fondre ce mêlange sur le feu, en plongeant une bouteille pleine d'eau dans ce mêlange; tandis qu'il se sond, l'eau contenue dans la bouteille & contiguë à ce mélange se congelora, quand même on feroit l'expérience dans un air chaud. On conclut de cette expérience, que les pointes du sel, par la pesanteur du mêlange & de l'atmosphere, sont introduites dans l'eau au - travers des pores du verre. Il paroit évident que cet effet est uniquement dû au sel, puisque nous sommes assûrés que les particules d'eau ne peuvent point passer par les pores du verre. Dans les congelations artificielles, à quelqu'endroit qu'on applique le mêlange, soit au fond, aux côtés ou vers la surface de l'eau contenue dans le verre, il s'y formera une petite lame de glace. Ce phénomene suit, de ce qu'il y a toûjours dans tout le mêlange une suffisante quantité de particules salines, capable d'empêcher l'action de la matiere ignée, au lieu que dans les congelations naturelles l'eau doit se congeler à sa surface, parce que les particules salines y sont en plus grande quantité.

L'auteur de la nouvelle conjecture pour expliquer la nature de la glace, fait plusieurs objections contre ce système. Il ne paroît point, dit - il, que le nitre entre dans la composition de la glace; car si cela étoit, on rendroit difficilement raison des principaux phé<cb-> nomenes. Comment, par exemple, les particules du nitre en s'introduisant dans les pores de l'eau, & en fixant toutes ses parties, pourroient - elles augmenter le volume de ce fluide & le rendre specifiquement plus leger qu'il n'étoit auparavant? elles devroient au contraire naturellement augmenter son poids. Cette difficulté, jointe à quelques autres, fait sentir la nécessité d'une nouvelle théorie. L'auteur donc propose la suivante, qui paroît satisfaire à l'explication des phénomenes d'une façon qui paroit d'abord beaucoup plus facile & beaucoup plus simple: elle est indépendante de cette introduction & expulsion de matieres étrangeres.

L'eau ne se congele que pendant l'hyver, parce qu'alors ses parties plus intimement unies ensemble s'embarrassent réciproquement l'une & l'autre, & perdent le mouvement qu'elles avoient auparavant. L'air, ou pour mieux dire l'altération de son élasticité & de sa force, sont la cause de son union plus étroite aux particules de l'eau. L'expérience démontre qu'il y a une quantité prodigieuse d'air grossier répandu entre les globules de l'eau: on convient que chaque particule d'air a une vertu élastique. L'auteur soutient que les petits ressorts de l'air grossier qui est mêlé avec l'eau, sont beaucoup plus forts & beaucoup plus tendus dans l'hyver que dans tout autre tems. Quand d'un côté ces ressorts viennent à se débander, tandis que de l'autre l'air continue à peser sur la surface de l'eau, les parties de l'eau pressées & rapprochées les unes des autres par cette double force, perdront leur fluidité & formeront un corps solide, qui restera tel jusqu'à ce que les petits ressorts de l'air, relâchés par une augmentation de chaleur, permettent aux parties du fluide de reprendre leurs premieres dimensions, & laissent assez d'espace entre les globules du fluide pour qu'ils puissent se mouvoir entr'eux. Mais ce système a son foible, & le principe sur lequel il est fondé peut être démontré ux. Le froid n'augmente point le ressort ni l'élasticité de l'air, au contraire il les diminue. L'air se raréfie par la chaleur, & se condense par le froid; & il est démontré en Aërométrie, que la force élastique de l'air raréfié, est à la force de ce même air, qui est dans un état de condensation, comme son volume, quand il est raréfié, est à son volume quand il est condensé. Voyez Elasticité & Air.

Je ne sais pas si c'est trop la peine de faire mention de l'hypothese de quelques auteurs, dans laquelle ils expliquent d'où vient l'augmentation du volume & la diminution de la gravité spécifique de l'eau convertie en glace. Ils soutiennent que les particules de l'eau dans leur état naturel, approchent de la figure cubique, & qu'ainsi il n'y a que très - peu d'interstices entre les parties des fluides; mais que ces petits cubes sont changés par la congelation en autant de spheres, qui laissent entr'elles beaucoup d'espace vuide. Les particules cubiques sont certainement beaucoup moins propres à constituer un fluide, que les particules sphériques; de même que les particules sphériques sont bien moins disposées à former un corps solide que ne le sont les cubiques; c'est ce que la nature de la fluidité & de la solidité nous suggere assez facilement.

Au fond, pour nous faire une théorie de la congelation, nous devons recourir, soit aux particules frigorifiques des Philosophes corpusculaires, considérées sous le jour & avec tous les avantages que leur a donné la philosophie de Newton, soit à la matiere subtile des Cartésiens, avec tous les correctifs de M. Gauteron, dans les mémoires de l'Académie royale des Sciences, année 1709.

Nous joindrons ici l'un & l'autre système, pour laisser au lecteur la liberté du choix. Je commence par le premier. Lorsqu'une quantité de particules

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