ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"648"> mens extrèmement curieux dans les jardins, mais d'une exécution très - difficile: nous n'en voyons presque que dans les jardins de Marly. L'orme mâle & le charme y sont plus propres que tous les autres arbres. (K)

COLONAILLES (Page 3:648)

COLONAILLES, s. f. (Vannerie.) ce sont des brins d'osier ou d'autre bois plus gros que ceux dont le reste de l'ouvrage est travaillé. Ils sont distribués à quelque distance les uns des autres, & fortifient l'ouvrage de la base duquel ils s'élevent paralleles les uns aux autres jusqu'à ses bords supérieurs.

COLONAISON (Page 3:648)

COLONAISON, s. f. terme d'Architecture dont plusieurs anciens architectes se sont servi pour signifier une ordonnance de colonnes.

COLONATE (Page 3:648)

COLONATE, (Myth.) surnom de Bacchus, ainsi appellé du temple qu'il avoit à Colone en Lucanie.

COLONEL (Page 3:648)

COLONEL, s. m. (Art milit.) officier qui commande en chef un régiment, soit de cavalerie, soit de dragons.

Skinner tire ce nom de colonie, prétendant que les chefs de colonies, appellés coloniales, pouvoient bien avoir donné le nom aux chefs militaires. Voy. Colonie.

Dans les armées de France & d'Espagne, le nom de colonel est particulierement affecté à l'infanterie & aux dragons, ceux qui commandent la cavalerie étant appellés mestres - de - camp.

Le titre de colonel est donné à celui qui commande un régiment de dragons, parce que les dragons sont réputés du corps de l'infanterie. On le donne aussi à celui qui commande un régiment de cavalerie étrangere. Il est pareillement donné à celui qui est le chef d'un régiment de la milice bourgeoise dans une ville. Il y a à Paris seize de ces sortes de colonels, & un colonel des archers de la ville.

Les colonels d'infanterie n'ont ce titre que depuis la suppression de la charge de colonel général de l'infanterie en 1661. Voyez Colonel Général de l'Infanterie Françoise.

Il y a des colonels en pié, des colonels réformés, & des colonels de commission.

Les colonels réformés ont à proportion dans les régimens d'infanterie les mêmes prérogatives, que les mestres - de - camp réformés dans les régimens de cavalerie.

Les colonels en pié ont aussi à proportion la même autorité sur leurs subalternes, que les mestres - decamp sur les officiers inférieurs dans les régimens de cavalerie: ils ont droit d'interdire les capitaines & les subalternes de leurs régimens quand ils manquent au service.

Lorsque dans une place fermée ou dans une garnison il se rencontre un colonel, c'est lui qui y commande, s'il n'y a pas de gouverneur ou de lieutenant de roi, ou quelqu'autre officier qui ait commission de commandant de la place.

Dans un arrangement de bataille le poste de colonel est à la tête du régiment trois pas avant les capitaines; mais dans le moment de combattre, il ne doit déborder que d'un pas environ le premier rang, pour voir plus aisément la disposition du régiment à droite & à gauche. Les armes du colonel sont l'épée, l'esponton, & les pistolets, & tout au plus, s'il veut suivre les ordonnances, la calote de fer dans le chapeau, & la cuirasse. Voyez Mestre - de - camp.

Colonel genéral de l'Infanterie Françoise, (Page 3:648)

Colonel genéral de l'Infanterie Françoise, étoit autrefois le premier officier de l'infanterie. Cette charge sut érigée en charge de la couronne par le roi Henri III. en faveur du duc d'Epernon.

Ce prince attribua au colonel général le pouvoir de nommer généralement à toutes les charges qui vaqueroient dans l'infanterie Françoise, sans excepter même celle de mestre - de - camp du régiment des gardes. Il lui donna aussi une justice particuliere pour juger de la vie & de l'honneur des gens de guerre, sans être obligé d'y appeller d'autres officiers que les siens. Il augmenta les appointemens de sa charge, & il y attacha de plus une grosse pension. Il tiroit outre cela six deniers pour livre sur tous les payments du régiment des gardes, ce qui montoit à une grosse somme. Les honneurs qu'on lui rendoit étoient extraordinaires: la garde étoit montée devant son logis par deux compagnies avec le drapeau, & le tambour battoit toutes les sois qu'il entroit ou sortoit. Toutes les prérogatives attributées à cette place, qui rendoient cet officier trop puissant, & maître, pour ainsi dire, de toute l'infanterie, donnerent lieu à la suppression de cette charge. Cette suppression arriva à la mort du second duc d'Epernon, en 1661. Feu M. le duc d'Orléans régent du royaume la fit rétablir en faveur de M. le duc d'Orléans son fils, en 1721; mais ce prince ayant prié sa Majesté d'accepter sa démission de cet office, il sut de nouveau supprimé par l'ordonnance du 8 Décembre 1730, & sa Majesté a ordonné que les mestres - de - camp de ses régimens d'insanterie Françoise & étrangere porteroient à l'avenir le titre de colonels.

Il y a en France trois colonels généraux, qui sont celui des Suisses & Grisons, celui de la cavalerie, & celui des dragons: mais outre que ces corps ne sont pas aussi considérables que celui de l'infanterie, ces colonels n'ont pas le même pouvoir sur leur corps que celui de l'infanterie en avoit sur l'insanterie. C'est le Roi qui nomme à toutes les charges; les officiers sont seulement obligés de prendre l'attache du colonel général. Dans les corps où il y a un colonel général, les commandans des régimens portent le titre de mestres - de - camp. V. Mestre - de - camp. (Q)

Colonel - lieutenant, (Page 3:648)

Colonel - lieutenant, c'est en France, dans les régimens des princes, l'officier qui a le régiment pour le commander en son absence. (Q)

COLONIA (Page 3:648)

COLONIA, (Jurispr.) dans le for ou coûtume de Béarn, rubrique de penas, art. 2. signifie dommages & intérêts (A)

COLONIE (Page 3:648)

COLONIE, s. f. (Hist. anc. mod. & Commer.) on entend par ce mot le transport d'un peuple, ou d'une partie d'un peuple, d'un pays à un autre.

Ces migrations ont été fréquentes sur la terre, mais elles ont eu souvent des causes & des effets différens: c'est pour les distinguer que nous les rangerons dans six classes que nous allons caractériser.

I. Environ 350 ans après le déluge, le genre humain ne formoit encore qu'une seule famille: à la mort de Noé, ses descendans, déjà trop multipliés pour habiter ensemble, se séparerent. La postérité de chacun des fils de ce patriarche, Japhet, Sem, & Cham, partagée en différentes tribus, partit des plaines de Sennaar pour chercher de nouvelles habitations, & chaque tribu devint une nation particuliere: ainsi se peuplerent de proche en proche les diverses contrées de la terre, à mesure que l'une ne pouvoit plus nourrir ses habitans.

Telle est la premiere espece de colonies: le besoin l'occasionna; son effet particulier sut la subdivision des tribus ou des nations.

II. Lors même que les hommes furent répandus sur toute la surface de la terre, chaque contrée n'étoit point assez occupée pour que de nouveaux habitans ne pussent la partager avec les anciens.

A mesure que les terres s'éloignoient du centre commun d'où toutes les nations étoient parties, chaque famille séparée erroit au gré de son caprice, fans avoir d'habitation fixe: mais dans les pays où il étoit resté un plus grand nombre d'hommes, le ftiment naturel qui les porte à s'unir, & la connoissance de leurs besoins réciproques, y avoient for<pb-> [p. 649] mé des sociétés. L'ambition, la violence, la guerre, & même la multiplicité, obligerent dans la suite des membres de ces sociétés de chercher de nouvelles demeures.

C'est ainsi qu'Inachus, Phénicien d'origine, vint fonder en Grece le royaume d'Argos, dont sa postérité sut depuis dépouillée par Danaüs, autre avanturier sorti de l'Egypte. Cadmus n'osant reparoître devant Agenor son pere roi de Tyr, aborda sur les confins de la Phocide, & y jetta les fondemens de la ville de Thebes. Cécrops à la tête d'une colonie Egyptienne bâtit cette ville, qui depuis sous le nom d'Athenes devint le temple des Arts & des Sciences. L'Afrique vit sans inquiétude s'élever les murs de Carthage, qui la rendit bientôt tributaire. L'Italie reçut les Troyens échappés à la ruine de leur patrie. Ces nouveaux habitans apporterent leurs lois & la connoissance de leurs arts dans les régions où le hafard les conduisit; mais ils ne formerent que de petites sociétés, qui presque toutes s'érigerent en républiques.

La multiplicité des citoyens dans un territoire borné ou peu fertile, allarmoit la liberté: la politique y remédia par l'établissement des colonies. La perte même de la liberté, les révolutions, les factions, engageoient quelquefois une partie du peuple à quitter sa patrie pour former une nouvelle société plus conforme à son génie.

Telle est entre autres l'origine de la plûpart des colonies des Grecs en Asie, en Sicile, en Italie, dans les Gaules. Les vûes de conquête & d'aggrandissement n'entrerent point dans leur plan: quoiqu'assez ordinairement chaque colonie conservât les lois, la religion, & le langage de la métropole, elle étoit libre, & ne dépendoit de ses fondateurs que par les liens de la reconnoissance, ou par le besoin d'une défense commune: on les a même vûes dans quelques occasions, assez rares il est vrai, armées l'une contre l'autre.

Cette seconde espece de colonies eut divers motifs; mais l'effet qui la caractérise, ce fut de multiplier les sociétés indépendantes parmi les nations, d'augmenter la communication entre elles, & de les polir.

III. Dès que la terre eut assez d'habitans pour qu'il leur devînt nécessaire d'avoir des propriétés distinctes, cette propriété occasionna des différends entre eux. Ces différends jugés par les lois entre les membres d'une société, ne pouvoient l'être de même entre les sociétés indépendantes; la force en décida: la foiblesse du vaincu fut le titre d'une seconde usurpation, & le gage du succès; l'esprit de conquête s'empara des hommes.

Le vainqueur, pour assûrer ses frontieres, dispersoit les vaincus dans les terres de son obéissance, & distribuoit les leurs à ses propres sujets; ou bien il se contentoit d'y bâtir & d'y fortifier des villes nouvelles, qu'il peuploit de ses soldats & des citoyens de son état.

Telle est la troisieme espece de colonies, dont presque toutes les histoires anciennes nous fournissent des exemples, sur - tout celles des grands états. C'est par ces colonies qu'Alexandre contint une multitude de peuples vaincus si rapidement. Les Romains, dès l'enfance de leur république, s'en servirent pour l'accroître; & dans le tems de leur vaste domination, ce surent les barrieres qui la défendirent longtems contre les Parthes & les peuples du Nord. Cette espece de colonie étoit une suite de la conquête, & elle en fit la sûreté.

IV. Les excursions des Gaulois en Italie, des Goths & des Vandales dans toute l'Europe & en Afrique, des Tartares dans la Chine, forment une quatrieme espece de colonies. Ces peuples chassés de leur pays par d'autres peuples plus puissans, ou par la misere, ou attirés par la connoissance d'un climat plus doux & d'une campagne plus fertile, conquirent pour partager les terres avec les vaincus, & n'y faire qu'une nation avec eux: bien différens en cela des autres conquérans qui sembloient ne chercher que d'autres ennemis, comme les Scythes en Asie; ou à étendre leurs frontieres, comme les fondateurs des quatre grands empires.

L'effet de ces colonies de barbares fut d'effaroucher les Arts, & de répandre l'ignorance dans les contrées où elles s'établirent: en même tems elles y augmenterent la population, & fonderent de puissantes monarchies.

V. La cinquieme espece de colonies est de celles qu'a sondées l'esprit de commerce, & qui enrichissent la métropole.

Tyr, Carthage, & Marseille, les seules villes de l'antiquité qui ayent sondé leur puissance sur le commerce, sont aussi les seules qui ayent suivi ce plan dans quelques - unes de leurs colonies. Utique bâtie par les Tyriens près de 200 ans avant la fuite d'Elissa, plus connue sous le nom de Didon, ne prétendit jamais à aucun empire sur les terres de l'Afrique: elle servoit de retraite aux vaisseaux des Tyriens, ainsi que les colonies établies à Malthe & le long des côtes fréquentées par les Phéniciens, Cadix, l'une de leurs plus anciennes & de leurs plus fameuses colonies, ne prétendit jamais qu'au commerce de l'Espagne, sans entreprendre de lui donner des lois. La fondation de Lilybée en Sicile ne donna aux Tyriens aucune idée de conquête sur cette île.

Le commerce ne fut point l'objet de l'établissement de Carthage, mais elle chercha à s'aggrandir par le commerce. C'est pour l'étendre ou le conserver exclusivement, qu'elle fut guerriere, & qu'on la vit disputer à Rome la Sicile, la Sardaigne, l'Espagne, l'Italie, & même ses remparts. Ses colonies le long des côtes de l'Afrique, sur l'une & l'autre mer jusqu'à Cerné, augmentoient plus ses richesses que la force de son empire.

Marseille, colonie des Phocéens chassés de leur pays & ensuite de l'île de Corse par les Tyriens, ne s'occupa dans un territoire stérile que de sa pêche, de son commerce, & de son indépendance. Ses colonies en Espagne & sur les côtes méridionales des Gaules, n'avoient point d'autres motifs.

Ces sortes d'établissemens étoient doublement nécessaires aux peuples qui s'adonnoient au commerce. Leur navigation dépourvûe du secours de la boussole, étoit timide; ils n'osoient se hasarder trop loin des côtes, & la longueur nécessaire des voyages exigeoit des retraites sûres & abondantes pour les navigateurs. La plûpart des peuples avec lesquels ils trasiquoient, ou ne se rassembloient point dans des villes, ou uniquement occupés de leurs besoins, ne mettoient aucune valeur au superflu. Il étoit indispensable d'établir des entrepôts qui sissent le commerce intérieur, & où les vaisseaux pussent en arrivant faire leurs échanges.

La forme de ces colonies répondoit assez à celles des nations commerçantes de l'Europe en Afrique & dans l'Inde: elles y ont des comptoirs & des forteresses, pour la commodité & la sûreté de leur commerce. Ces colonies dérogeroient à leur institution, si elles devenoient conquérantes, à moins que l'état ne se chargeât de leur dépense; il faut qu'elles foient sous la dépendance d'une compagnie riche & exclufive, en état de former & de suivre des projets politiques. Dans l'Inde on ne regarde comme marchands que les Anglois, parmi les grandes nations de l'Europe qui y commercent; sans doute, parce qu'ils y sont les moins puissans en possessions.

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VI, La découverte de l'Amérique vers la fin du

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