ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

RECHERCHE Accueil Mises en garde Documentation ATILF ARTFL Courriel

Previous page

"470">

Mais la premiere opinion paroît la plus plausible; car quand le placenta se détache de la matrice, en quelque tems que ce soit de la grossesse, il ne sort que du sang, & jamais de chyle. Outre que M. Mery a montré que la matrice n'a point du tout de glandes pour en fournir, deux autres observations de M. Mery, rapportées au même endroit, appuient encore le système commun. La surface intérieure de la matrice est revêtue de veines; d'ailleurs la surface externe du placenta n'est revêtue d'aucune membrane; & comme c'est par ces deux surfaces que le placenta & la matrice sont en quelque sorte coiés ensemble, il paroît qu'elles ne sont sans membranes que pour une communication immédiate des vaisseaux sanguins.

Ajoûtez à cela un fait dont M. Mery a été témoin oculaire. Une femme grosse, qui touchoit à son terme, se tue d'une chûte très - rude presque sur le champ. On lui trouve sept à huit pintes de sang dans la cavité du ventre, & tous les vaisseaux sanguins entierement épuisés. Son enfant étoit mort, mais sans aucune apparence de blessure, & tous ses vaisseaux étoient vuides de sang aussi bien que ceux de la mere. Le corps du placenta étoit encore attaché à toute la surface intérieure de la matrice, où il n'y avoit aucun sang extravasé. Par quelle route tout le sang de l'enfant pouvoit - il s'être vuidé dans la cavité du ventre de la mere? Il falloit nécessairement que ce fût par les veines de la matrice, & par conséquent ces veines rapportent à la mere le sang de l'enfant, ce qui seul établit la nécessité de tout le reste du système commun. Si la circulation ne se faisoit que du foetus au placenta, & non pas aussi à la mere, l'enfant mort auroit eû tout son sang.

De plus, le sang des poumons du foetus ne joüit d'aucun des avantages de l'air ou de la respiration, ce qui lui étant cependant nécessaire, la nature prend sans doute soin qu'il en reçoive quelques portions mêlées avec tout le sang de sa mere, lesquelles lui sont transmises par les vaisseaux ombilicaux pour se répandre dans son corps.

Ce qui confirme cette conjecture, c'est que si le cordon ombilical est trop serré, l'enfant meurt comme un homme étranglé; ce qu'il paroît qu'on ne peut attribuer à d'autres causes qu'à la privation de l'air; joignant sur - tout à cela qu'aussi - tôt que la mere cesse de respirer, le foetus expire.

Quant à la vîtesse du sang qui circule, & au tems que demande une circulation, on a fait là - dessus plusieurs calculs. Selon le docteur Keil, le sang est chassé du coeur avec une vîtesse capable de lui faire parcourir cinquante - deux piés par minute; mais cette vîtesse est toûjours diminuée à - travers toutes les nombreuses divisions ou branches des arteres, de façon qu'elle l'est infiniment avant que le sang arrive aux extrémités du corps. Le même auteur, d'après un rapport qu'il calcule des branches des arteres à leur tronc, prétend que la plus grande vîtesse du sang est à la plus petite dans une proportion plus grande que 10000, 00000, 00000, 00000, 00000, 00000, 00000, 00000, à 1.

L'espace de tems dans lequel toute la masse du sang fait ordinairement sa circulation, se détermine de différentes manieres. Quelquefois des auteurs modernes s'y prennent pour cela de cette sorte; ils supposent que le coeur fasse 2000 pulsations par heure, & qu'à chaque pulsation il chasse une once de sang comme la masse totale du sang n'est pas ordinairement estimée à plus de vingt - quatre livres, ils en concluent qu'il fait sept à huit circulations par heure. Voyez Sang. Voyez le traité du coeur de M. Senac, où tous les calculs sont analysés & appréciés.

On doit consulter le même traité, pour prendre une idée de la nécessité & des usages de la circula - tion pour la vie, de ceux que sa connoissance nous fournit pour le diagnostic & le traitement des maladies, & de l'avantage qu'elle donne aux Medecins modernes sur les anciens. (L)

Nous nous contenterons d'ajoûter ici, que personne n'a encore mieux décrit & mieux prouvé la circulation que Harvey lui - même; son traité est un chef - d'oeuvre. Il ne faut cependant point oublier qu'on tire un argument invincible en faveur de la circulation, de ce qu'on a dit depuis Harvey, sur la transfusion, voyez Transfusion & Injection, & les mots Pouls & Inflammation, où bien des questions qui ont un rapport singulier avec la circulation, sont examinées. Nous n'avons prétendu en faire ici qu'une exposition simple, qui peut suffire à ceux qui n'en ont point d'idee; les questions qu'on peut proposer à l'égard de cette fonction, tiennent à toute la Medecine, qu'il auroit fallu parcourir dans toutes ses parties pour les examiner, ce qui nous auroit mené trop loin.

Circulation, (Page 3:470)

Circulation, se dit en parlant de la seve. V. Seve & Végétation.

Circulation, (Page 3:470)

Circulation, (Chimie.) La circulation est une opération chimique qui consiste à appliquer un feu convenable à des matieres enfermées dans des vaisseaux disposés de façon que les vapeurs qui s'élevent de la matiere traitée, soient continuellement condensées, & reportées sur la masse d'où elles ont été détachées.

Les vaisseaux destinés à cette opération sont les cucurbites & les matras de rencontre, les jumeaux & le pélican. Voyez ces articles particuliers.

Les usages de la circulation sont les mêmes que ceux de la digestion, dont la circulation n'est proprement qu'un degré, voyez Digestion; & sa théorie est la même que celle de la distillation. Voyez Distillation. (b)

Circulation, (Page 3:470)

Circulation, en Géometrie. Le P. Guldin, Jésuite, appelle voie de circulation la ligne droite ou courbe, que décrit le centre de gravité d'une ligne ou d'une surface, qui par son mouvement produit une surface ou un solide. Voyez à l'article Centrobarique l'usage de la voie de circulation, pour déterminer les surfaces & les solides, tant curvilignes que rectilignes. Cette méthode fort ingénieuse en elle - même, n'est presque plus d'usage depuis la découverte du calcul intégral, qui fournit des méthodes plus aisées pour résoudre tous les problèmes de cette espece. Voyez Centre de gravité. (O)

CIRCULATOIRE (Page 3:470)

CIRCULATOIRE, (Chym.) est le vaisseau où on met le fluide auquel on veut faire souffrir l'opération de la circulation. Voyez Circulation. Il y a deux especes de circulatoires, savoir le pélican & les jumeaux, qui sont deux vaisseaux qui n'ont chacun qu'une ouverture, par laquelle ils se communiquent. Des vaisseaux de rencontre sont circulatoires: des vaisseaux de rencontre sont par exemple deux matras, dans l'un desquels est la liqueur qu'on veut faire circuler, & l'autre matras est renversé, de façon que son bec entre dans celui d'en - bas, qui est posé dans le bain de sable. Voyez Pélican. (M)

CIRCULER (Page 3:470)

CIRCULER, v. n. se dit proprement du mouvement d'un corps ou d'un point qui décrit un cercle; mais on a appliqué ce mot au mouvement des corps qui décrivent des courbes non circulaires, par exemple au mouvement des planetes, qui ne décrivent point autour du soleil des cercles, mais des ellipses. Voyez Planete. On l'a appliqué aussi au mouvement du sang, par lequel ce fluide est porté du coeur aux arteres, & revient au coeur par les veines. V. Circulation & Circuler, (Chimie.) En général ce mot circuler peut s'appliquer par analogie au mouvement d'un corps, qui, sans sortir d'un certain espace, fait dans cet espace un chemin quelconque, [p. 471] en revenant de tems en tems au même point d'où il est parti. (O)

Circuler, (Page 3:471)

Circuler, (Chimie.) verbe actif. Il se dit en Chimie, du mouvement des vapeurs d'une matiere tenue sur un feu doux, & enfermée dans des vaisseaux fermés, de sorte que les vapeurs qui s'élevent soient obligées d'y revenir, ne trouvant point d'issue, & le feu continuant d'agir, de s'élever de nouveau, & de revenir encore, & ainsi de suite. Voyez Circulation & Circulatoire (Chimie.)

CIRCUMAMBIANT (Page 3:471)

CIRCUMAMBIANT, adj. (Physique.) est la même chose qu'environnant: c'est une épithete (peu en usage) qui se dit d'une chose qui en entoure une autre. Voyez Ambiant.

Nous disons l'air ambiant ou circumambiant. Voyez Air, Atmosphere, &c.

Ce mot est formé des mots Latins, ambio, j'entoure, & circum, autour. (O)

CIRCUM - INCESSION (Page 3:471)

CIRCUM - INCESSION, s. f. terme de Théologie, par lequel les scholastiques expriment l'existence intime & mutuelle des personnes divines, l'une en l'autre, dans le mystere de la Trinité. Voyez Personne.

Les Théologiens de l'église Latine ne sont pas les premiers inventeurs de cette expression, S. Jean Damascene qui vivoit dans le viij. siecle s'étant servi du mot PERIXDRESIZ, qui signifie précisément la même chose, pour expliquer ces paroles, ego in patre, & pater in me est. Joann. c. xiv.

Cette circum - incession des personnes divines vient de l'unité de leur nature, qui a fait dire à Jesus - Christ: Ego & pater unum sumus. Quelques Théologiens distinguent deux sortes de circum - incessions, l'une parfaite, & l'autre imparfaite. La premiere est celle par laquelle deux choses existent inséparablement, de telle maniere que l'une n'est nulle part hors de l'autre. La seconde est celle où de ces deux choses coexistentes, l'une a cependant une existence plus étendue que l'autre. Telle est la circum - incession que quelques Peres & Théologiens admerttent entre la nature divine & la nature humaine dans Jesus - Christ. Wuitass. de Trinit. part. II. qust. viij. art. jv. (G)

CIRE (Page 3:471)

CIRE, s. f. (Hist. nat.) matiere tirée des végétaux, & élaborée dans le corps d'un animal. Les abeilles transforment en cire les poussieres des étamines des plantes; car les pelotes qu'elles forment avec cette poussiere, & qu'elles rapportent dans la ruche, comme il a été dit à l'article de l'Abeille, & que l'on appelle de la cire brute, n'est pas de la vraie cire; elle ne se ramollit ni ne se fond lorsqu'elle est échauffée; elle tombe au fonds de l'eau, au lieu de surnager, &c. Il faut, pour que cette matiere devienne de la vraie cire, que les abeilles la mâchent, l'avalent, & la digerent. On a vû à l'article Abeille, que ces insectes ont une bouche, des dents, une langue, & un estomac, c'est - à - dire des organes propres à toutes ces opérations. Lorsqu'une abeille arrive à la ruche avec des pelotes de cire brute, elle la mange quelquefois avant que d'entrer, mais pour l'ordinaire elle va sur les gâteaux en battant des aîles. Alors trois ou quatre autres abeilles viennent auprès de celle qui arrive, & mangent les pelottes dont elle 'est chargée. On prétend les avoir vûes distinctement mâcher & avaler; mais ce qui est encore plus certain, c'est qu'on a trouvé dans leur estomac & leurs intestins, de la cire brute bien reconnoissable par les grains de la poussiere des étamines dont elle est composée. Lorsque les abeilles apportent plus de cire brute qu'elles n'en peuvent manger, alors elles la déposent dans des alvéoles, où il n'y a'm ver ni miel; & dès qu'un de ces insectes y a fait tomber les deux pelotes dont il étoit chargé, il en vient un autre qui les étend dans l'alvéole, & quelquefois c'est le même qui les a apportées. Non seulement ils les rangent, mais encore ils les pétrissent, & les imbibent d'une liqueur qui paroît être du miel, parce qu'après cette opération la cire brute en a le goût; c'est peut - être ce qui la çonserve sans altération. On trouve dans les ruches des parties de gâteaux assez grandes, dont les cellules sont toutes remplies de cire brute. Il y en a aussi qui sont dispersées ou placées entre d'autres cellules, qui contiennent du ou des vers. Enfin les abeilles mangent la cire b lorsqu'elles l'ont apportée dans la ruche, ou s la déposent dans des alvéoles pour la manger dans un autre tems; mais on croit qu'il faut qu'elles la digerent pour la convertir en vraie cire, qu'une partie sert à la nourriture de l'insecte, qu'une autre sort par l'anus en forme d'excrémens, & que le reste revient par la bouche, & est employé à la construction des alvéoles, voyez Alvéole. On a vû une liqueur mousseuse, ou une espece de boüillie, sortir de la bouche dans le tems que l'abeille travaille à faire une cellule; cette pâte se seche dans un instant, c'est de la vraie cire. On prétend que les abeilles ne peuvent plus employer la cire dès qu'elle est entierement seche. Aussi lorsqu'on leur en présente auprès de leur ruche, elles ne s'en chargent pas, mais elles recherchent tout le miel qui peut y être mêlé; elles hachent quelquefois la cire par morceaux, & ne l'abandonnent que lorsqu'elles en ont enlevé tout le miel; & s'il n'y en avoit point, elles ne toucheroient pas à la cire. Lorsqu'on fait passer des abeilles dans une nouvelle ruche entierement vuide, & qu'on les y renferme au commencement du jour, avant qu'elles ayent pû ramasser de la cire brute, on trouve le soir des gâteaux de cire dans la nouvelle ruche. Il y a tout lieu de croire que la cire dont ces gâteaux sont formés, est venue de la bouche de ces insectes, en supposant qu'ils n'ont point apporté de cire brute attachée à leurs jambes. Cette matiere éprouve des changemens dans l'estomac, puisque la cire des alvéoles est blanche, quoique les pelotes de cire brute que les abeilles apportent dans la ruche soient de différentes couleurs, blanches, jaunes, orangées, rougeâtres, vertes. Les alvéoles nouvellement faits sont blancs, & ils jaunissent avec le tems & par différentes causes. Mais lorsqu'ils sont nouveaux, la teinte est à - peu - près la même dans toutes les ruches; s'il s'en trouve de jaunâtre, on peut croire que cette couleur vient d'une mauvaise digestion de la cire brute, que l'on a attribuée à un vice héréditaire que toutes les abeilles d'une ruche tiennent de leur mere commune. Ce qu'il y a de certain, c'est que toutes les cires ne sont pas également propres à recevoir un beau blanc dans nos blanchisseries. Mèm. pour servir à l'histoire des insectes, tom. V. (I)

Cire, (Page 3:471)

Cire, (Hist. anc. & mod.) Les hommes détruisent les cellules pour avoir la cire qui les forme, & l'on ne sauroit dire à combien d'usages ils l'ont employée de tout tems. Autrefois on s'en servoit comme d'un moule pour écrire, invention qu'on attribue aux Grecs. Pour cet effet, on faisoit de petites planches de bois à - peu - près comme les feuillets de nos tablettes, dont les extrémités tout - à - l'entour étoient revetues d'un bord plus élevé que le r, afin que la cire ne pût pas s'écouler. On répandoit ensuite sur ces tablettes de la cire fondue, on l'applanissoit, on l'égalisoit, & l'on ècrivoit sur cétte cire avec un poinçon. C'est pourquoi Plaute dit, dum scribo explevi totas cerns quaiuor. Les testamens même s'écrivoient sur de la cire ainsi préparée. De là vient qu'on leur donnoit aussi le simple non de cire, V. Suetone, dans le vis de César chap. lxxxiij. & dans la vie de Néron, chap. xvij. On se servoit encore de la cire pour cacheter des leur empêcher qu'

Next page


The Project for American and French Research on the Treasury of the French Language (ARTFL) is a cooperative enterprise of Analyse et Traitement Informatique de la Langue Française (ATILF) of the Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), the Division of the Humanities, the Division of the Social Sciences, and Electronic Text Services (ETS) of the University of Chicago.

PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.