ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"472"> les ne fussent lûes; c'est ce qui paroit par ce joli vers d'Ovide, lib. I. amor.

Catera fert blanda cera notata manu.

L'on donnoit à cette cire à cacheter toutes sortes de couleurs. Voyez Hein. de sigill. veter. page 1. cap. vj.

Aujourd'hui les particuliers se servent de lacque, voyez Cire à cacheter; mais les princes, les magistrats, les grands seigneurs, & tous ceux qui ont droit de sceller, font encore usage de la d'abeille pour imprimer leurs sceaux, & les attacher aux ordonnances & arrêts qu'ils publient, comme aussi à toutes les patentes & expéditions en chancellerie, que l'on scelle de cire jaune, rouge, verte, dont la consommation à cet égard est tres - considérable. V. Cire, Jurisprud. Chauffe - cire, &c.

La cire a autrefois aussi servi dans la Pointure, en lui donnant telle couleur que l'on vouloit, & on en faisoit des portraits qu'on endurcissoit par le moyen du feu; mais il n'y avoit chez les Romains que ceux qui avoient exercé des magistratures curules qui eussent le droit des images. Seneque nomme ces sortes de Peintures cereas apellineas. Plus les grands pouvoient étaler de tels portraits dans leur vestibule, & plus ils étoient nobles. De là vient que les poëtes se moquent de cette noblesse empruntée.

Nec te decipiant veteri cincta atria cerâ. dit Ovide, lib. I. amor. eleg. VIII. 65. Et Juvenal encore mieux:

Tota licèt veteres exornent undique cerce Atria: nobilitas sola est atque unica virtus. Satyr. VIII. 19.

Cet art a été poussé fort loin de nos jours. Tout le monde connoit le nom du sieur Benoît, & l'invention ingénieuse de ces cercles composés de personnages de cire, qui ont fait si long - tems l'admiration de la cour & de la ville. Cet homme, peintre de profession, trouva le secret de former sur le visage des personnes vivantes, même les plus belles & les plus délicates, & sans aucun risque, ni pour la santé, ni pour la beauté, des moules dans lesquels il fondoit des masques de cire, auxquels il donnoit une espece de vie, par des couleurs & des yeux d'émail, imités d'après le naturel. Ces figures revêtues d'habits, conformes à la qualité des personnes qu'elles représentoient, étoient si ressemblantes, que les yeux leur croyoient quelquefois de la vie; mais les figures anatomiques faites en cire par le même Benoît, peuvent encore moins s'oublier que la beauté de ses portraits.

Les modernes ont tellement multiplié les usages de la cire, qu'il seroit difficile de les détailler.

Ils commencent avant toutes choses pour s'en servir, à la séparer du miel par expression, à la purifier, à la mettre en pains que vendent les droguistes. Elle est alors assez solide, un peu glutineuse au toucher, & de belle couleur jaune, qu'elle perd un peu en vieillissant.

Pour la blanchir, on la purifie de nouveau en la fondant, on la lave, on l'expose à l'air & à la rosée: par ces moyens elle acquiert la blancheur, devient plus dure, plus cassante, & perd presque toute son odeur. Sa fonderie & son blanchissage réquierent beaucoup d'art; les Vénitiens ont apporté cet art en France. Voyez Blanchir.

On demande dans le Ménagiana (tom. III. p. 120) pourquoi les cires de Château - Gontier ne blanchissent point du tout. C'est parce que le fait n'est pas vrai. On propose en Physique cent questions de cette nature. Le blanchiment de Château - Gontier est précisément le premier de tous, & les cires de ce blanchiment sont en conséquence choisies pour les plus beaux ouvrages. Il en faut croire Pomet & Savary.

En fondant la cire blanche avec un peu de térébenthine, on en fait la cire jaune molle, qu'on employe en chancellerie. On la rougit avec du vermillon, ou la racine d'orcanette; on la verdit avec du verd - de - gris; on la noircit avec du noir de fumée: ainsi on la colore comme on veut, & on la rend propre à gommer avec de la poix grasse.

Il est certain que cette substance visqueuse réunit diverses qualités qui lui sont particulieres. Elle n'a rien de desagréable ni à l'odorat, ni au goût; le froid la rend dure & presque fragile, & le chaud l'amollit & la dissout: elle est entierement inflammable, & devient presque aussi volatile que le camfre par les procédés chimiques. Voy. Cire en Chimie, Pharmacie, Matiere medicale.

Elle est devenue d'une si grande nécessité dans plusieurs arts, dans plusieurs métiers, & dans la vie domestique, que le débit qui s'en fait est presque incroyable; sur - tout aujourd'hui qu'elle n'est plus uniquement réservée pour l'autel & pour le Louvre, & que tout le monde s'éclaire avec des bougies, l'Europe ne fournit point assez de cire pour le besoin qu'on en a. Nous en tirons de Barbarie, de Smyrne, de Constantinople, d'Alexandrie, & de plusieurs iles de l'Archipel, particulierement de Candie, de Chio & de Samos, & l'on peut évaluer dans ce seul royaume la consommation de cette cire étrangere, à près de dix mille quintaux par année.

Aussi le luxe augmentant tous les jours en France la grande consommation de la cire des abeilles, quelques particuliers ont proposé d'employer pour les cierges & les bougies, une cire végétale de Mississipi que le hasard a fait découvrir, & dont on a la relation dans les mém. de l'acad. des Scienc. an. 1722. & 1725. Voici ce que c'est.

De la cire de la Loüisiane. Dans tous les endroits tempérés de l'Amérique septentrionale, comme dans la Floride, à la Caroline, à la Loüisiane, &c. il y a un petit arbrisseau qui croît à la hauteur de nos cerisiers, qui a le port du myrthe, & dont les feuilles ont aussi à - peu - près la même odeur. Ces arbres portent des graines de la grosseur d'un petit grain de coriandre dans leur parfaite maturité, vertes au commencement, ensuite d'un gris cendré; ces graines renferment dans leur milieu un petit noyau osseux, assez rond, couvert d'une peau verte chagrinée, & qui contient une semence. Ce noyau est enveloppé d'une substance visqueuse, qui remplit tout le reste de la graine ou fruit: c'est - là la cire dont il s'agit. Cette cire est luisante, seche, friable, disposée en écailles sur la peau du noyau.

Il est très - aisé d'avoir cette cire: il n'y a qu'à faire bouillir des graines dans une quantité suffisante d'eau, & les écraser grossierement contre les parois du vaisseau pendant qu'elles sont sur le feu; la cire se détache des graines qui la renfermoient, & vient nager sur la superficie de l'eau. On la ramasse avec une cuillere, on la nettoye en la passant par un linge, & on la fait fondre de nouveau pour la mettre en pain.

Plusieurs personnes de la Loüisiane ont appris par des esclaves sauvages de la Caroline, qu'on n'y brûloit point d'autre bougie que celle qui se fait de cette cire. Dans les pays fort chauds où de la chandelle de suif se fondroit par la trop grande chaleur, il est sans comparaison plus commode d'avoir de la bougie, & celle - là seroit à bon marché, & toute portée dans les climats de l'Amérique qui en auroient besoin.

Un arbrisseau bien chargé de fruit, peut avoir en six livres de graine & une livre de fruit, un quart de livre de cire. Il est difficile de déterminer au juste combien un homme pourroit ramasser de graines en un jour; parce que ces arbres qui croissent sans cul<pb-> [p. 473] ture & sans art, sont répandus çà & là, tantôt plus tantôt moins écartés les uns des autres, selon que différens hasards les ont semés: cependant l'on juge à - peu - près, qu'un homme ramasseroit aisément en un jour seize livres de graines, ce qui donneroit quatre livres de cire. Cette grande facilité, qui deviendroit beaucoup plus grande par des plantations régulieres de ces arbres, & le peu de frais qu'il faut pour tirer la cire, seroit fort à considérer si cette matiere devenoit un object de commerce.

La cire qui se détache par les premieres ébullitions est jaune, comme celle qui vient de nos abeilles; mais les dernieres ébullitions la donnent verte, parce qu'alors elle prend la teinture de la peau dont le noyau est couvert. Toute cette cire est plus seche & plus friable que la nôtre. Elle a une odeur douce & aromatique assez agréable.

Nous avons vû à Paris des bougies vertes de cette cire, que le ministre avoit reçues du Mississipi, & qui étoient fort bonnes. Le tems nous apprendra si l'on regarde la matiere de ces bougies comme un objet assez considerable de commerce, pour nous dispenser de tirer des cires des pays étrangers, autant que nous le faisons pour notre consommation de cierges & de bougies.

De la cire des îles Antilles. On trouve aux îles Antilles dans des troncs d'arbres une cire assez singuliere, formee en morceaux ronds ou ovales de la grosseur d'une noix muscade. Cette cire est l'ouvrage d'abeilles plus petites, plus noires, & plus rondes que celles de l'Europe. Elles se retirent dans le creux des vieux arbres, où elles se fabriquent des especes de ruches de la figure d'une poire, dans le dedans desquelles elles portent toûjours un miel liquide de couleur citrine, de la consistance de l'huile d'olive, d'un goût doux & agréable. Leur cire est noire, ou du moins d'un violet foncé. Nous n'avons pas pû parvenir au secret de la blanchir, de la faire changer de couleur, ni de la rendre propre à la fabrique des bougies, parce qu'elle est trop molle. Les Indiens après l'avoir purisiée, s'en servent à en fure des bouchons de bouteilles: ils en font aussi de perits vaisseaux, dans lesquels ils recueillent le baume de Tolu, quand il découle par incision des arbres qui le répandent.

De la cire de la Chine. La cire blanche de la Chine est différente de toutes celles que nous connoissons, non - seulement par sa blancheur que le tems n'altere point, mais encore par sa texture: on diroit qu'elle est composée de petites pieces écailleuses, semblables à celles du blanc de baleine, que nous ne saurions mettre en pains aussi fermes que les pains de cire de la Chine. Autre singularité de la cire blanche de la Chine; c'est qu'elle n'est point l'ouvrage des abeilles: elle vient par artifice de petits vers, que l'on trouve sur un arbre dans une province de cet empire. Ils se nourrissent sur cet arbre; on les y ramasse, on les fait bouillir dans de l'eau, & ils forment une espece de graisse, qui étant figée, est la cire blanche de la Chine, sur laquelle il nous manque bien des détails. Art. de M. le Chevalier de Jaucourt.

Cire, (Page 3:473)

Cire, (Chimie, Pharm. & Mat. médic.) La premiere considération chimique sur la cire, c'est la théorie de son blanchissage, fondée sur la solubilité par la rosée ou par l'eau, de la partie colorante qui peut être aussi détruite ou volatilisée par les rayons du soleil & par l'air.

La cire distillée sans intermede, se résout en une matiere huileuse qui se fige à mesure qu'elle tombe dans le récipient, & qui est connue sous le nom de beurre de cire, & en un acide assez fort: ces produits ont une odeur très - forte & très - desagréable. Le beurre perd une partie de cette odeur & sa consistance, pa des rectifications réitérées qui le portent enfin à l'état de fluidité des huiles ordinaires; on sépare de ce beurre par chaque rectification, une petite portion d'acide; d'où l'on peut conclure que c'est à la présence de ce principe que le beurre de cire doit sa consistance. La cire blanche distillée sans intermede, ne laisse presque point de résidu; c'est le charbon de la matiere qui colore la cire jaune, qui augmente le résidu de la distillation de cette derniere<->

On peut déduire assez raisonnablement de cette observation seule, que la cire est un composé d'huile & d'acide; ce qui la fait rapporter par quelques chimistes, à la classe des matieres balsamiques & résineuses, dont elle differe pourtant par son insolubilité dans l'esprit - de - vin, & par l'odeur de ses produits.

La cire distillée avec le sable, ou avec tout autre intermede terreux, présente des phénomenes bien différens de ceux de la distillation sans intermede de la même substance. Cette différence a été peu observée par les Chimistes, qui n'ont décrit la plûpart que l'un ou l'autre de ces procédés. Lémeri, qui fait mention des deux, ne l'a pas apperçûe entierement. En un mot, la théorie de la distillation de la cire & des différences que les intermedes & quelques autres circonstances absolument indéterminées jusqu'à présent portent dans les produits de cette opération; cette theorie, dis - je, n'a pas été donnée jusqu'à présent. Voyez Intermede.

Le beurre & l'huile de la cire sont employés extérieurement avec succès pour les engelures, les crevasses, & les gersures du sein, des levres, des mains, pour les dartres vives, & surtout pour les brûlures.

Les usages pharmaceutiques de la cire sont trèsétendus; elle entre dans la plûpart des onguens & des emplàtres, dans quelques baumes: c'est la cire qui fait la base des cérats, qui sont des préparations auxquelles elle donne son nom. Voyez Cerat. (b)

Cire à cacheter. (Page 3:473)

* Cire à cacheter. Il faudra se pourvoir d'abord d'une plaque de marbre, avec une planche bien lisse, ou polissoire de ciergier; ou plûtôt d'une table quarrée, percée dans son milieu d'une ouverture: on couvrira l'ouverture d'une plaque de fer ou de cuivre bien unie: on tiendra sous cette plaque du feu allumé; & quand la plaque aura pris une chaleur convenable, on l'arrosera avec de l'huile d'olive, on y portera la matiere de la cire à cacheter toute préparée, ensorte qu'il n'y ait plus qu'à la mettre en bâtons bien égaux & bien unis, soit ronds, soit applatis: ce qu'on exécutera en la roulant avec la polissoire ou les mains contre la plaque chaude, jusqu'à ce qu'on l'ait étendue & réduite à la grosseur qu'on veut lui donner. Plus on la travaillera sur la plaque, plus on la rendra compacte, & meilleure elle sera. On rendra les bâtons ou canons de cire luisans, en les exposant à un feu modéré sur un réchaud Il y en a qui jettent la composition dans des moules, d'où les bâtons sortent faits & polis; d'autres, qui les font à la main sur la plaque, les vernissent avec une plume qu'ils trempent dans du cinnabre mêlé avec de la poix - résine fondue. Quant à la préparation de la cire, voici comment on s'y prendra selon les différentes couleurs.

Cire à cacneter rouge. Prenez de gomme lacque, demi - once; térébenthine, deux gros; colophone, deux gros; cinnabre, une drachme; minium, une drachme. Faites fondre sur un feu doux, dans un vaisseau bien net, la gomme lacque & la colophone: ajoûtez alors la térébenthine, puis le cinnabre & le minium peu - à - peu; triturez le tout avec soin, & le mettez en bâtons.

Ou prenez de gomme lacque, six gros; de térébenthine ou de colophone, de chacun deux gros; de cinnabre & de minium, de chacun une demi drachme; & achevez comme ci - dessus.

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