ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"468"> tits vaisseaux aux plus grands, des branches au tronc. Voyez Veine.

De tout cela il suit évidemment que toutes les arteres du corps portent continuellement le sang du ventricule gauche du coeur par le tronc des arteres dans les branches, de ces mêmes arteres & par ces branches dans toutes les parties du corps intérieures ou extérieures; & qu'au contraire toutes les veines, excepté la veine - porte, rapportent continuellement le sang des plus petites parties du corps dans les plus petites branches, pour passer ensuite dans de plus grandes, puis dans les troncs, puis dans la veinecave, & ensuite par le sinus veineux ou le tronc de cette veine, qui finit à la cavité de l'oreillette droite, dans le coeur.

Lorsque le sang y est arrivé, voiei comme sa circulation se continue.

Les oreillettes du coeur étant des muscles creux, garnis d'un double rang de fibres qui vont en sens contraire à deux tendons opposés, dont l'un est adhérent au ventricule droit & l'autre au sinus veineux, ainsi que d'un nombre infini de veines & d'arteres; la force de contraction de ces oreillettes pousse & chasse vivement le sang dans le ventricule droit, qui est disposé à le recevoir, & se remplit. Voyez Coeur.

Or si le ventricule droit rempli en cette maniere de sang, est pressé de nouveau par la contraction de ses fibres, le sang faisant effort contre les parois élevera les valvules tricuspidales, qui sont tellement liées aux colonnes charnues, qu'elles permettent le passage du sang de l'oreillette au ventricule, & en empêchent le retour de ce ventricule à cette même oreillette: le sang les élevera donc vers l'oreillette droite, jusqu'à ce que s'y étant jointes elles ferment parfaitement le passage du sang, & empêchent qu'il ne revienne dans l'oreillette; par conséquent le sang sera poussé dans l'artere pulmonaire, & pressera les valvules sémi - lunaires qui sont placées à l'origine de cette artere, & les appliquera contre ses parois, en sorte qu'elles ne s'opposeront pas à son passage.

Ainsi le sang veineux, c'est - à - dire le sang de tout le corps, est porté du sinus ou du tronc de la veinecave par l'oreillette droite dans le ventricule droit, d'où il est porté dans l'artere pulmonaire par un cours continuel, & dont il ne sauroit s'écarter.

Le sang porté par cette artere dans les poumons, & distribué dans ses branches dans toute l'étendue de leur substance, est d'abord reçû dans les extrémités de la veine pulmonaire, qui s'appelle artere veineuse, d'où passant dans quatre grands vaisseaux qui aboutissent à un même point, il est porté au sinus veineux gauche ou au tronc des veines pulmonaires, qui par sa structure musculeuse est capable de le chasser, & le chasse en effet dans le ventricule gauche, lequel se trouve alors relâché, & par conséquent disposé à le recevoir; d'autant que les valvules mitrales situées entre le ventricule gauche & l'oreillette du même côté, laissent au sang un passage libre de l'oreillette au ventricule, & l'empêchent de refluer dans cette oreillette. Le sang poussé par le ventricule gauche passe donc de ce ventricule dans l'aorte, à l'orifice de laquelle se trouvent trois valvules sémi - lunaires, situées de façon que le sang ne puisse refluer de cette artere dans le ventricule.

Voilà comme se fait la circulation; tout le sang est envoyé dans les poumons, & reçû ensuite dans le sinus veineux, l'oreillette gauche, & le ventricule gauche, d'où il est ensuite poussé continuellement dans l'aorte, qui au moyen de ses ramifications le répand avec force dans toutes les parties du corps.

Ce mouvement est accompagné dans les animaux vivans des phénomenes ou circonstances suivantes. 1°. Les deux sinus veineux sont remplis & se gonflent en même tems l'un & l'autre: 2°. les deux oreillettes s'affaissent & se remplissent en même tems du sang que la force contractive du sinus veineux musculaire correspondant y pousse: 3°. chaque ventricule se contracte & se vuide de sang dans un même tems, & les deux grosses arteres se remplissent & se dilatent aussi en même tems: 4°. aussi - tôt que le sang a été chassé par cette contraction, les deux ventricules étant vuides, le coeur devient plus long & plus large, & par conséquent plus flasque & d'une plus grande capacité: 5°. les fibres musculaires des deux sinus veineux se remplissent alors, & expriment le sang qu'elles contiennent dans les ventricules du coeur: 6°. les sinus veineux se remplissent en même tems de nouveau comme ci - dessus, & les oreillettes reviennent en leur premier état: 7°. ces changemens alternatifs continuent jusqu'à ce que l'animal commence à languir à l'approche de la mort, tems auquel les oreillettes & le sinus veineux font plusieurs palpitations pour une contraction du ventricule. C'est ainsi que le sang dans son cours de chaque point tant interne qu'externe du corps, est poussé par chaque point du coeur & de ses oreillettes dans le ventricule droit, de - là dans les poumons, puis dans le ventricule gauche, & enfin dans toute l'étendue du corps, d'où il revient ensuite au coeur.

Quant à la maniere dont le sang passe des arteres dans les veines pour pouvoir revenir au coeur, il y a là - dessus deux sentimens.

Suivant le premier, les veines & les arteres sont supposées s'ouvrir les unes dans les autres, ou être continues au moyen d'anastomoses ou inosculations de leurs extrémités. Voyez Anastomose.

L'autre suppose que les dernieres arteres capillaires déposent le sang dans les pores de la substance de leur partie, où une portion s'employe à leur nourriture, & le reste est reçû dans les bouches des veines capillaires.

On doit reconnoître que le passage du sang des arteres capillaires dans les veines capillaires, se fait de l'une & l'autre de ces deux manieres: en effet on voit dans quelques - uns des grands vaisseaux des anastomoses dont on ne sauroit douter, par exemple, celle de l'artere de la rate avec la veiné du même viscere; ce qui a fait conclure à plusieurs auteurs, que la même structure avoit lieu dans de plus petits vaisseaux, même dans les plus petits filets des extrémités du corps, où cependant l'oeil ne le découvre point.

La seconde opinion est fondée sur ce que si une portion du sang ne se perdoit pas dans la substance des parties, ces parties ne pourroient pas s'en nourrir; car tant que le sang est dans les vaisieaux, il porte à la vérité de la chaleur dans les parties où ces vaisseaux passent, mais non la nourriture; les vaisseaux eux - mêmes ne tirant pas leur nourriture du sang qui passe dans leur cavité, mais des vaisseaux qui composent leur propre substance.

Leuwenoeck sembloit avoir mis cette opinion hors de doute, au moyen de ses microscopes qui lui ont découvert des inosculations où des continuations des extrémités des veines & des arteres dans les poissons, dans les grenouilles, &c. mais il y a des auteurs qui doutent toûjours qu'il y ait une pareille inosculation entre les extrémités des veines & des arteres du corps humain, & de ceux des quadrupedes; les animaux où on l'a jusqu'ici observée étant ou des poissons, ou des animaux amphibies, qui n'ont qu'un ventricule dans le coeur, & dont le sang est froid; à quoi il faut ajoûter que dans cette espece d'animaux le sang ne peut circuler avec la même rapidité que dans ceux qui ont deux ventricules.

Cette différence dans les organes de la circulation [p. 469] a donné occasion à M. Cowper de faire des expériences sur d'autres animaux, dont les parties ont la même structure que celles de l'homme: il a vû dans l'omentum d'un chat le sang se mouvoir vivement àtravers les inosculations, & il a trouvé la même chose dans l'omentum & mieux encore dans le mesentere d'un chien. Il ajoûte que la diminution des diametres des extrémités des vaisseaux ne suit pas les mêmes proportions dans différens animaux.

Il a souvent observé dans la queue d'un tétard, entre les veines & les arteres, plusieurs communications, à - travers chacune desquelles deux globules pouvoient passer de front. Dans de jeunes poissons, & en particulier dans les petites anguilles, la branche communicante est si petite, qu'un globule de sang y peut à peine passer en une seconde de tems.

Il resteroit ici bien des questions à examiner sur les valvules des veines, la distribution des vaisseaux lymphatiques, la vîtesse du sang, sa circulation dans le foie & dans quelques autres visceres; mais nous renvoyons tout cela aux mots Veine, Artere, Sang, Foie, &c.

Les parties qui servent à la circulation ne sont pas tout - à - fait les mêmes dans le foetus que celles que nous venons de décrire; la cloison qui sépare les deux oreillettes du coeur est percée d'un trou qu'on appelle le trou ovale; le tronc de l'artere pulmonaire, peu après qu'elle est sortie du coeur, jette dans l'aorte descendante un canal que l'on appelle canal de communication: le foetus étant né, le trou ovale se ferme peu - à - peu, & le canal de communication se desseche, & devient un simple ligament. Voyez Trou, Ovale, &c.

Ce méchanisme une fois connu, il est aisé d'en appercevoir les usages; car tandis que le foetus est enfermé dans le sein de sa mere, ses poumons ne peuvent s'enfler & se desenfler comme ils feront après sa naissance, & après l'entrée libre de l'air: ils demeurent donc presque affaissés & sans mouvement; car leurs vaisseaux sont comme repliés en eux - mêmes, & ne permettent pas que le sang y circule ni en abondance ni avec facilité. La nature a donc dù épargner aux poumons le passage de la plus grande partie de la masse du sang: pour cela elle a percé le trou ovale, afin qu'une partie du sang de la veine cave reçû dans l'oreillette droite passât dans l'oreillette gauche, & par - là se trouvât, pour ainsi dire, aussi avancée que si elle avoit traversé le poumon.

Ce n'est pas tout: car le sang de la veine cave qui de l'oreillette droite tombe dans le ventricule droit, étant en trop grande quantité pour aller dans le poumon où il est poussé par l'artere pulmonaire, le canal de communication en intercepte une partie en chemin, & le verse immédiatement dans l'aorte descendante. Voyez Foetus, &c.

Tel est le sentiment de Harvey & de Lower, & de plusieurs autres Anatomistes: mais M. Mery, de l'Académie royale des Sciences, y a fait une innovation.

Il donne une autre usage au trou ovale, & il soûtient que de toute la masse du sang qui est portée par la veine cave au ventricule droit, une partie passe comme dans les adultes dans l'artere pulmonaire, d'où une partie est ensuite portée par le canal de communication dans l'aorte descendante, sans circuler par le poumon, & la partie qui traverse le poumon revient ensuite dans l'oreillette gauche, se partage encore en deux, dont l'une passe par le trou ovale dans le ventricule droit, sans avoir circulé par l'aorte & par tout le corps; l'autre est poussée à l'ordinaire par la contraction du ventricule gauche dans l'aorte, & dans tout le corps du foetus.

Toute la question se réduit donc à savoir si le sang qui passe par le trou ovale, passe du côté droit du coeur dans le gauche, selon l'opinion commune, ou du gauche dans le droit, selon M. Mery.

M. Duverney s'étoit déclaré pour l'ancien système; il soûtenoit qu'au trou ovale il y avoit une valvule disposée de façon à s'ouvrir lorsque le sang est chassé dans le ventricule droit, & à se fermer exactement lorsqu'il est poussé dans le gauche: mais M. Mery nie l'existence d'une pareille valvule.

De plus dans l'adulte, l'aorte devant recevoir tout le sang de la veine pulmonaire, se trouve de même grosseur que celle - ci; mais dans le foetus l'artere pulmonaire & l'aorte recevoient des quantités inégales de sang dans les deux systèmes.

Selon l'opinion ordinaire, l'aorte qui reçoit plus de sang que la pulmonaire, devroit être la plus grosse des deux; suivant le sentiment de M. Mery, l'aorte pulmonaire doit être au contraire la plus grande des deux, parce qu'il pense qu'elle doit recevoir une plus grande quantité de sang.

Pour juger lequel des deux systèmes est le vrai, il n'y a donc qu'à voir lequel de ces deux vaisseaux, l'aorte ou l'artere pulmonaire, a le plus de capacité dans le foetus.

M. Mery trouva toûjours que le tronc de l'artere pulmonaire étoit environ moitié plus gros que celui de l'aorte.

Et d'un autre côté M. Tauvry, éleve de M. Duverney, fit voir deux sujets dans lesquels l'artere pulmonaire étoit moindre que l'aorte, & les faits furent examinés des deux côtés par l'Académie.

M. Tauvry ajoûte que quoique l'artere pulmonaire soit plus grosse que l'aorte, cela ne prouve pas néanmoins qu'il passe plus de sang dans la premiere que dans la seconde de ces arteres, puisqu'on peut attribuer cette structure à la pression du sang qui est plus forte vers les poumons qu'il a de la peine à pénétrer, & qui par cette raison distend les parois de cette artere, & l'élargit très - facilement.

M. Littre en disséquant un adulte dans lequel le trou ovale étoit toûjours ouvert, & mesurant les capacités des vaisseaux de chaque côté, se déclara pour M. Mery. Ainsi la question est fort indécise.

Quant à la cause de la circulation du sang dans le foetus, les Anatomistes sont encore divisés là - dessus. L'opinion commune est que pendant la grossesse les arteres de la matrice versent leur sang dans le placenta, qui s'en nourrit; le surplus de ce sang entre dans les racines de la veine ombilicale, qui fait partie du cordon; de - là il est porté au foie du foetus dans le tronc de la veine - porte, d'où il passe dans la veine - cave & dans le ventricule droit du coeur, & se distribue comme ci - dessus. De plus le sang qui sort des arteres iliaques du foetus entre dans le cordon par les arteres ombilicales, de - là dans le placenta, où il est repris par les veines de la matrice qui le reportent à la mere, & peut - être aussi par les racines de la veine ombilicale, qui le remêlent avec de nouveau sang de la mere. Selon ce système, c'est uniquement le sang de la mere qui nourrit le foetus, qui n'est ici regardé que comme un membre particulier de la mere: le battement de son coeur lui envoye une portion de son sang, qui conserve le degré d'impulsion qu'il faut pour entretenir cette circulation languissante dont le foetus joüit, & qui lui donne probablement cette foible pulsation qu'on observe dans le coeur.

D'autres Anatomistes prétendent que le foetus ne se nourrit que du chyle qui lui est fourni par les glandes de la matrice, qui est encore plus travaillé, se change en sang dans les vaisseaux du foetus, & y circule sans autre communication avec la mere; ils n'admettent de circulation réciproque qu'entre le placenta & le foetus.

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