ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"549"> fiche de fer à la partie de ce ressort, qui répond au trou de la cloüiere: cette fiche doit entrer dans ce trou, & elle sert à chasser le clou hors de la cloüiere, ce qui se fait en frappant du marteau contre le ressort; ce qui n'a lieu que pour les petits clous.

On se sert pour les clous de fer en verge, de Berri & d'Anjou; les paquets sont ordinairement de cinquante livres. Pour commencer le travail des clous, on coupe chaque verge en deux, trois, ou quatre morceaux; comme le fer qu'on employe est cassant, on n'a pas beaucoup de peine à le couper; il suffit de poser l'endroit où on veut le casser, sur une des carnes de l'enclume & de frapper dessus un coup de marteau; on met chauffer dans la forge deux ou trois de ces morceaux à la fois, afin de travailler sans cesse, & que l'un soit chaud quand on quitte l'autre. Quand le fer est chaud, on l'étire: l'étirer, c'est le forger pour en faire la lame; c'est ainsi qu'on appelle la partie qui doit former le corps du clou. On prépare la lame sur la place, on en forme la pointe; & quand la pointe est faite, on pare: parer le clou, c'est l'unir & le dresser sur le pié - d'étape. Quand il est paré, on le coupe: le couper, c'est présenter le morceau de fer sur le tranchant du ciseau, & y faire entrer ce tranchant d'un coup de marteau assez vigoureux, pour qué la séparation soit presque faite. On frappe la partie coupée contre le pié - d'étape, pour en faciliter encore la rupture, & l'on met la partie coupée dans la cloüiere pour la rabattre: rabattre, c'est former la tête sur la cloüiere. La tête ne se fait pas de même dans tous les clous. Pour un clou à téte plate, on se contente de donner plusieurs coups sur la partie de fer qui excede la cioüiere, observant que tous les coups tombent perpendiculairement à cette partie. Pour un clou à tête ronde, après avoir frappé deux ou trois coups en tout sens, on se sert de l'étampe. Pour un clou à tête à diamant, chaque coup devant former une face, & toutes les faces de la tête étant inclinées les unes aux autres, il faut que les coups soient inclinés à la portion excédente qui doit former la tête; il est même évident que les inclinaisons différentes des coups de marteau donneront à la tête différentes formes. Pour un clou à deux têtes, on étire le clou à l'ordinaire, on applatit la partie qui doit former la tête, on la coupe, on la rabat, on lui donne quelques coups de marteau vers les extrémités, sans toucher au milieu. Pour les clous à glace, on étire, on pare, on coupe, & le clou est fait. Pour les clous à sabords, on étire, on pare, on coupe; on observe en coupant de laisser un peu forte la partie qui doit faire la tête; on place le clou dans une cloüiere à trou quarré; & comme la tête doit être à quatre faces & se terminer en une pointe assez aiguë, les coups qui la rabattent doivent être frappés très - inclinés: on appelle clous de sabords, ceux qui ont la forme qu'on voit aux clous de crucifix. Pour les clous à cheville, on s'y prend d'abord comme pour les clous à deux têtes, c'est - à - dire qu'on étire, qu'on applatit ce qui doit former la tête, qu'on coupe & qu'on rabat sur deux faces, sans frapper le milieu.

Tous les clous dont nous venons de parler, s'appellent clous d'une seule venue, & on les expédie d'une seule chaude. Il n'en est pas de même des clous à patte, à crochet, à crampons: ceux - ci demandent au moins deux chaudes. A la premiere, on les étire; & s'il s'agit d'un clou à patte, quand on l'a paré, on applatit la partie qui doit faire la patte, qu'on finit à la seconde chaude. D'un clou à crochet; on étire la pointe, on applatit l'autre extrémité, on rabat la partie applatie sur le pié - d'étape pour en commencer l'autre branche; on coupe le clou sur le ciseau, observant de ne pas le couper suivant sa plus grande face; on essaye de le séparer de sa branche; & la pre<cb-> miere opération est faite: la seconde consiste à le remettre au feu, à étirer la seconde branche, à la mettre en pointe, à l'étirer assez; à séparer le clou, à le parer un peu sur le pié - d'étape, & à le finir. D'un clou à crampon; on suit le même travail pour la premiere branche: quant à la seconde, au lieu de l'étirer, on l'applatit. D'un clou à gond; on arrondit la seconde branche, observant que son extrémité soit un peu plus petite que sa base, afin de faciliter l'entrée du gond. D'un clou à tête de champignon; on prend une cloüiere dont la petite éminence soit arrondie en forme de calote; & quand on rabat la tête, on frappe tout autour, & on lui fait prendre en - deisous la forme de la calote de la cloüiere.

Dans la fabrique de ces différens clous, on se sert de tenailles lorsque les bouts des baguettes sont trop courts; on resoude ces bouts, & on en refait une verge. Lorsque les clous sont achevés, on a une caisse plus élevée sur le fond que sur le devant; les cases y sont disposées en gradin, comme celles d'une Imprimerie: on nomme cette caisse l'assortissoire (Voyez dans la vignette), & on y répand les clous selon leurs qualités & leurs noms. On y met la broquette commune, celle qu'on estampe, le clou à ardoise, le clou à bardeau, le clou à crochet, le clou à caboche, à tête de diamant, le clou à river, le clou à champignon, le clou de cheval ordinaire, le clou de cheval à glace, le clou à bande commun, le clou à tête rabattue. Voyez ces différentes sortes, figures 1, 2, 3, 4, 5, 6, &c.

Especes principales de clous. Clou à ardoise, ce sont ceux avec lesquels on attache les ardoises; ils sont depuis deux jusqu'à trois livres au millier. Clou à bande & à tête rabattue; ils servent à attacher les bandes sur les roües des carrosses & charrettes: ceux pour les carrosses s'appellent clous à bande; ceux pour les charrettes, clous à tête rabattue: les plus petits sont de sept livres au millier, & les plus gros de douze livres au millier. Clous à bardeau ou clous legers; ils sonï à l'usage des Selliers, des Bahutiers, des Menuisiers, des Serruriers, &c. ils sont depuis trois jusqu'à quatre livres au millier; ils ont tous la tête fonde. La broquette sert au Tapissier, au Sellier, au Serrurier, &c. il y en a de quarre onces, de huit onces, de douze onces, d'une livre, de cinq quarts, de six quarts, de sept quarts, & de deux livres au millier. Clou à Chauderonnier, petites lames de cuivre coupées en losanges, & tournées en fer d'aiguillettes, dont les Chauderonniers cloüent leurs ouvrages: pour cet effet ils y pratiquent une tête avec une cloüiere. Voyez la Planche II. du Chauderonnier, fig. 15. C D. Clous à cheval, ce sont ceux dont on ferre les chevaux; ils sont ou ordinaires, ou à glace: les ordinaires ont la tête plate, les autres l'ont en pointe; ils sont depuis quatorze jusqu'à vingt - quatre liv. au millier. Clou à Couvreur, voyez Clous à ardoise & à latte. Clous à crochet, ils servent à suspendre; ils sont depuis six jusqu'à dix livres au millier: ceux - ci s'appellent legers, les gros s'appellent clous à crochet au cent; ils pesent dix à douze livres de plus au millier, que les legers: ceux qui sont au dessus s'appellent clous de cinquante. Le clou à crochet de 50, qui a le crochet plat, s'appelle clou à bec de canne ou à pigeon. Clou à latte, les Couvreurs s'en servent pour attacher les lattes: ils s'appellent aussi clous à bouche; ils sont depuis deux jusqu'à quatre livres & demie au millier. Clous à parquet, ils servent aux Menuisiers pour cloüer les parquets, dans lesquels ils se noyent facilement, parce qu'ils ont la tête longue; ils sont depuis dix jusqu'à trente - cinq livres au millier. Clous à river, ils sont à l'usage des Chauderonniers; ils ont une tête, mais point de pointe, & leur grosseur est la même par - tout. Clous à deux pointes ou à tête de champignon, ils servent aux Charpen<pb-> [p. 550] tiers dans les gros ouvrages: leur tête a la forme de champignon; on en voit aux portes cocheres & à celles des granges. Clous à Sellier, ils sont plus petits que les clous de Cordonnier; & ces ouvriers les employent à cloüer les cuirs sur les bois des carrosses, berlines, & autres voitures. Clous à Serrurier, ils sont depuis quatre jusqu'à huit livres au millier; ils ont la tête en pointe de diamant; ils sont faits comme les clous legers, mais ils pesent plus: on les appelle aussi clous communs; les clous communs pesent le double des clous legers; & les clous à Serrurier, le double des communs. Clous à soulier, ils servent aux Cordonniers pour ferrer les gros souliers des paysans, des porteurs - de - chaise, &c. il y en a qui pesent depuis deux livres jusqu'à quatre livres au millier, ce sont les plus legers; les lourds sont ou à deux têtes, ou à caboche. Clous à soufflets, ce sont de très gros clous à tête large, dont on se sert pour cloüer les soufflets des forgerons. Clous sans tête ou pointes; il y en a de legers ou à la somme, & de lourds ou au poids: les premiers sont depuis trois livres jusqu'à cinq livres au millier; les autres sont de six livres au millier: ils servent à ferrer les fiches, croisées, & guichets d'armoires. Clous à trois têtes, ils servent aux Cordonniers pour monter les talons des souliers: ils ont deux à trois pouces de long; la tête en est plate, elle a quatre à cinq lignes de hauteur, elle est divisée en trois par deux rainures; ces rainures servent à recevoir les tranchans de la tenaille, à les arrêter, & à faciliter l'extraction du clou. Voy. Soulier. Les Cordonniers ont d'autres clous de la même forme, mais moins forts. Voilà les sortes de clous les plus connues; ce ne sont pas les Cloutiers dont il s'agit ici qui les vendent tous: il y en a qui sont fabriqués & vendus par les Cloutiers d'épingles, qui sont des artistes très - distingués des précédens, comme on verra par ce que nous en dirons dans la suite de cet article.

Il y a encore les clous de rue: c'est ainsi que les Maréchaux appellent les pointes que les chevaux se fichent dans le pié, & qui les font boiter.

Les Lapidaires appellent clou, une cheville fichée dans la table du moulin, près de la roüe à travailler où l'on passe le bois & le cadran. Voyez r s, fig. 6. Planc. du Diamantaire: les Marbriers & Sculpteurs, les noeuds ou parties dures qui se rencontrent dans le marbre: les Bas - lissiers, une cheville ou pince de fer dont ils se servent pour faire tourner leurs ensuples, &c.

Des clous d'épingle. Voici quel est l'attelier & quels sont les outils de ce cloutier. Il a une S; c'est un fil - de - fer ou d'acier auquel on a donné différens contours, formant des espaces circulaires de différens diametres: ces espaces servent à déterminer le calibre & la grosseur des fils employés pour faire les clous d'épingle. Voyez la Planc. I. du Cloutier, fig. 1. Un engin ou dressoir, qu'on voit Planc. II. fig. 15. C'est une planche de chêne ou d'autre bois, sur laquelle on dispose des clous en zigzag, de maniere cependant que ceux de chaque rang soient tous sur une même ligne: les rangs doivent être paralleles, quoique diversement écartés. Pour se former une idée plus juste de cet instrument, il faut imaginer une planche sur laquelle on a tracé des paralleles à des distances inégales les unes des autres: si l'on suppose chaque ligne divisée en parties égales, & qu'en attachant les clous on ait l'attention de ne pas les faire correspondre à la même division sur les deux lignes correspondantes, & qu'on observe ce procedé sur toutes, on aura la planche préparée pour l'usage auquel on la destine. On fixe l'engin à une table ou à un banc, à l'aide de deux boulons garnis de leurs clavettes. Voyez la fig. 20. Une meule; l'assortissement de la meule est fait de deux forts poteaux fixés au plancher & dans la terre; on y en - arbre la roüe de maniere qu'elle puisse tourner librement: cette roüe communique à la meule par une corde qui passe dans une gorge creusée sur sa circonférence, de - là dans une poulie adaptée à l'axe de la meule. La meule est d'acier trempé, elle a depuis trois jusqu'à cinq pouces de diametre, sur deux à trois d'épaisseur; sa circonférence est taillée en lime. Cette meule & ses dépendances sont portées sur deux petits tourillons de cuivre ou de fer, placés dans deux petits montans ou poupées pratiquées à une base circulaire, qui est fixée fortement sur un bâti composé de deux tretaux & de quelques planches qu'on y attache; sur cette base, on ajuste une espece de caisse appellée tabernacle. Voyez Planche II. fig. 11. & 12. A, est la partie antérieure supérieure du tabernacle: on voit au milieu un petit chassis de bois garni d'un verre posé d'une maniere inclinée; il sert à empêcher les étincelles de feu qui s'échappent continuellement de la meule, de frapper les yeux de celui qui affile. La meule & tout son équipage se voyent fig. 11. & 12. on les voit seulement de face avec le banc qui sert de base, dans la fig. 12. Un banc à couper, qu'on a représenté en entier fig. 13. il est composé d'un fort banc & d'une grosse cisaille; à un des longs & à un des petits côtés, il y a de hautes planches qui servent à retenir les morceaux de fil - de - fer, à mesure qu'on les coupe; partout ailleurs il y a des rebords, excepté en un endroit qui sert à tirer les pointes: il faut que cet instrument soit disposé de maniere à fatiguer le moins qu'il est possible le coupeur. Un étau; il est de figure ordinaire: on le voit Plan. II. fig. 14. Un mordant, qu'on voit figure 16. c'est un composé de deux morceaux de fer, dont les têtes sont acérées: ces morceaux circulaires sont assemblés à charniere, & leur mouvement est libre; on a pratiqué à la tête de chaque branche & en - dehors, une retraite dont l'usage est de retenir le mordant toûjours dans la même situation, lors même qu'on l'ouvre pour en faire sortir la pointe dont on vient de faire la tête. A la partie supérieure & intérieure de la tête du mordant, il y a de petites cannelures propres à recevoir la pointe; elles sont faites de maniere que l'entrée en est plus large que le bas: ces cannelures se renouvellent à l'aide du poinçon qu'on voit fig. 17. 18. Pour abreger le travail de l'ouvrier, qui seroit contraint d'écarter les deux branches du mordant à chaque tête qu'il voudroit faire, on a placé entre elles un V d'acier dont les extrémités recourbées portent perpendiculairement contre les faces intérieures du mordant; on met sous le mordant une calote de chapeau, pour recevoir les clous à mesure qu'il en tombe. Voyez, figure 14. le mordant, l'étau, la calote, & le clou prêt à être frappé. Un vannoir, c'est un grand bassin de bois fort plat, qu'on voit Planche I. fig. 7. dans lequel on agite les pointes de laiton ou de fer pour les rendre claires. Un poinçon à étamper (Voyez Pl. II. fig. 21.); il est petit & quarré: on a pratiqué à sa base un trou fait en calote. Cela bien compris, il ne sera pas difficile d'entendre la maniere de fabriquer le clou d'épingle.

On appelle clou d'épingle, un petit morceau de fil - de - fer ou de laiton, aiguisé en pointe par un bout, & refoulé par l'autre bout. Il y en a de différentes grosseurs & longueurs. La premiere opération consiste à esser: esser le fil, c'est le présenter à un des espaces circulaires de l'S, pour connoître s'il est du calibre qu'on souhaite. Après l'avoir essé, on le dresse: pour le dresser, on le force à passer à - travers les rangs de pointes de l'engin; cette manoeuvre lui ôte toutes ses petites courbures. Quand il est dressé, on le coupe de la longueur de quinze à dix - huit pouces; on se sert pour cela de la cisoire, fixée sur

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