ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"114"> dé spiritueux & qui tient de la nature du feu. Si on dépouille le poivre de son huile essentielle, & cette huile essentielle de son esprit recteur, le reste est fade, & ce reste est une si grande partie du tout, qu'à peine l'analyse donne - t - elle quelques grains d'acre sur une livre de poivre. Ce qui est acre dans les aromatiques est donc un esprit & un esprit fort subtil. Si un homme mange de la canelle pendant quelques années, il est sur de perdre ses dents: cependant les aromatiques pris en petite quantité peuvent être remedes, maisleur abondance nuit. Le Docteur de Bontekoe dit que les parfums sont les mains des dieux; & le Commentateur de Boerhaave a ajoûté avec autant de vérité que d'esprit, que si cela étoit; ils auroient tué bien des hommes avec ces mains.

L'acrimonie, sensation, est l'action de cet esprit uni à d'autres élémens fur nos organes. Cette action est suivie de la soif, du dessechement, de chaleur, d'ardeur, d'irritation, d'accélération dans les fluides, de dissipation de ces parties, & des autres effets analogues.

Acrimonie dans les humeurs, est une qualité maligne qu'elles contractent par un grand nombre de causes, telles que le croupissement, le trop d'agitation, &c. Cette qualité consiste dans le développement des sels & quelque tendance à l'alkalisation, en conséquence de la dissipation extrème du véhicule aqueux qui les enveloppe; d'où l'on voit combien la longue abstinence peut être nuisible dans la plûpart des tempéramens.

ACROBATES (Page 1:114)

ACROBATES, s. m. (Hist. anc.) espece de danseurs de corde. Il y en avoit de quatre sortes: les premiers se suspendant à une corde par le pié ou par le col voltigeoient autour, comme une roue tourne sur son essieu; les autres voloient de haut en bas sur la corde, les bra & les jambes étendus, appuyés simplement sur l'estomac; la troisieme espece étoient ceux qui couroient sur une corde tendue obliquement, ou du haut en bas; & les derniers, ceux qui non - seulement marchoient sur la corde tendue horisontalement, mais encore faisoient quantité de sauts & de tours, comme auroit fait un danseur sur la terre. Nicéphore, Grégoras, Manilius, Nicétas, Vopiscus, Symposius, font mention de toutes ces différentes especes de danseurs de corde. (G)

ACROBATIQUE (Page 1:114)

ACROBATIQUE, adj. pris subst. (Architecture.) premier genre de machine dont les Grecs se servoient pour monter des fardeaux. Ils la nommoient acrobaticon. (P)

ACROCERAUNES (Page 1:114)

* ACROCERAUNES, (Géog. anc. & mod.) nom qu'on a donné à plusieurs hautes montagnes de différentes contrées: mais ce sont proprement celles qui sont en Epire qui donnent leur nom à un promontoire de la mer Adriatique.

ACROEA (Page 1:114)

* ACROEA, adj. f. (Myth.) surnom de Junon & de la Fortune. Ce surnom leur venoit des Temples qu'elles avoient dans des lieux élevés: on n'immoloit que des chevres dans celui que Junon avoit dans la citadelle de Corinthe.

ACROEUS (Page 1:114)

* ACROEUS, adj. m. (Myth.) surnom queles habitans de Smyrne donnerent à Jupiter, comme & par la même raison que Junon & la Fortune furent surnommées acroeoe par les habitans de Corinthe. V. Acroea.

ACROLITHOS (Page 1:114)

ACROLITHOS, s. (Hist. anc.) statue colossale que le Roi Mausole sit placer au haut du Temple de Mars en la ville d'Halicarnasse: cette statue fut faite par l'excellent ouvrier Telochares, ou comme quelques - uns estiment, par Timothée. (P)

ACROMION ou ACROMIUM (Page 1:114)

ACROMION ou ACROMIUM, s. en Anatomie est une apophise de l'omoplate produite par une éminence appellée épine. Voyez Omoplate.

Ce mot vient d'A'XRO, extrème, & d'W=MO, épaule, comme qui diroit l'extrémité de l'épaule, & non pas d'anchora, à raison de quelque ressemblance de figure de l'atromion avec une ancre, comme Dionis s'est imaginé.

Quelques - uns ont crû que l'acromion étoit d'une nature différente des autres os, parce que durant l'enfance il ne paroit que comme un eartilage qui s'ossifie peu - à - peu, & qui vers l'âge de vingt ans devient dur, ferme & continu avec l'omoplate. V. Epiphise, Ossification. (L)

ACRON (Page 1:114)

* ACRON, s. petit Roynume d'Afrique sur la côte d'Or de Guinée. Il est divisé en deux parties, l'une qu'on appelle le petit Acron, & l'autre le grand Acron.

ACRONYQUE (Page 1:114)

ACRONYQUE, adj. en Astronomie se dit du leyer d'une étoile au - dessus de l'horison lorsque le soleil y entre, ou de son coucher, lorsque le soleil en sort. Voyez Lever & Coucher.

La plûpart écrivent achronique, faisant venir cç mot de A' privatif & XRONO, tems, en quoi ils se trompent; car c'est un mot francisé du Grec A'XRONQXO, composé de A'XRON, extrémité, & NU\C, nuit: ideo acronychum quòd circa A'XRON TH= NUXO; aussi quelques Auteurs écrivent - ils même acronyctal au lieu d'acronychus; & cette façon de l'écrire est en effet tres - conforme à l'étymologie, mais contraire à l'usage.

Lever ou coucher acronyque est opposé à lever ou coucher cosmique & héliaque.

Comme dans la premiere antiquité la plûpart des peuples n'avoient pas tout - à - fait réglé la grandeur de l'année, parce qu'ils ne connoissoient pas encore assez le mouvement apparent du soleil, il est évident que si on eût fixé à certains jours du mois quelque évenement remarquable, on auroit eu trop de peine à découvrir dans la suite précisément le tems de l'année auquel cela devoit répondre. On se servoit donc de la méthode usitée parmi les gens qui vivoient à la campagne; car ceux - ci ne pouvoient se régler sur le calendrier civil, puisque les mêmes jours du mois civil ne répondoient jamais aux mêmes saisons de l'année, & qu'ainsi il falloit avoir recours à d'autres signes pour distinguer les tems & les saisons. Or les Laboureurs, les Historiens & les Poetes, y ont employé le lever & le coucher des astres. Pour cet effet ils distinguerent trois sortes de lever & de coucher des astres, qu'ils ont nommé acronyque, cosmique, & héliaque. Voyez Cosmique & Héliaque. Instr. Astr. de M. Le Monnier. (O)

ACROSTICHE (Page 1:114)

ACROSTICHE, s. f. (Belles - Lettres.) sorte de poësie dont les vers sont disposés de maniere que chacun commence par une des lettres du nom d'une personne, d'une devise ou tout autre mot arbitraire. Voyez Poeme, Poesie. Ce mot vient du Grec A'XRO, summus, extremus, qui est à une des extrémités, & SI\XO, vers.

Nos premiers Poëtes François avoient tellement pris goût pour les Acrostiches, qu'ils avoient tenté tous les moyens imaginables d'en multiplier les difficultés. On en trouve dont les vers, non - seulement commencent, mais encore finissent par la lettre donnée; d'autres où l'Acrostiche est marquée au commencement des vers, & à l'hémistiche. Quelques-uns vont à rebours, commençant par la premiere lettre du dernier vers, & remontant ainsi de suite jusqu'au premier. On a même eu des sonnets Pentacrostiches, c'est - à - dire, où le même acrostiche répeté jusqu'à cinq fois formoit comme cinq différentes colonnes. Voyez Pentacrostiche.

Acrostiche (Page 1:114)

Acrostiche, est aussi le nom que donnent quelques Auteurs à deux épigrammes de l'Anthologie, dont l'une est en l'honneur de Bacchus, & l'autre en l'honneur d'Apollon: chacune consiste en vingt - cinq vers, dont le premier est le précis de toute la piece; & les vingt - quatre autres sont remplis d'épithetes commençant toutes dans chaque vers par la même lettre de l'alphabet, c'est - à - dire par a dans le second vers, par b dans le troisieme, & ainsi de [p. 115] suite jusqu'à *W; ce qui fait pour chaque Dieu quatre - vingt - seize épithetes. Voyez Anthologie.

Il y a beaucoup d'apparence qu'à la renaissance des Lettres sous François I. nos Poëtes, qui se piquoient beaucoup d'imiter les Grecs, prirent de cette forme de poésie le dessein des Acrostiches, qu'on trouve si répandus dans leurs écrits, & dans ceux des rimeurs qui les ont suivis jusqu'au regne de Louis XIV. C'étoit affecter d'imposer de nouvelles entraves à l'imagination déja suffisamment resserrée par la contrainte du vers, & chercher un mérite imaginaire dans des difficultés qu'on regarde aujourd'hui, & avec raison, comme puériles.

On se servoit aussi dans la cabale des lettres d'un mot pour en faire les initiales d'autant de mots différens; & Saint Jerome dit que David employa contre Semeï, un terme dont chaque lettre signifioit un nouveau terme injurieux, ce qui revient à nos acrostiches. Mém. de l'Acad. t. IX. (G)

Acrostiche (Page 1:115)

Acrostiche, s. f. en Droit, s'est dit pour cens. Voyez Cens.

ACROSTOLION ou CORYMBE (Page 1:115)

* ACROSTOLION ou CORYMBE, s. m. (Hist. anc.) C'étoit l'extrémité de la proue des vaisseaux anciens. Le rostrum ou l'éperon étoit plus bas, & à fleur d'eau.

ACROTERES (Page 1:115)

ACROTERES, s. (Architecture.) Quelques-uns confondent ce terme avec amortissement, couronnement, &c. à cause qu'il vient du Grec A'XRWTHRION, qui signifie extrémité ou pointe: aussi Vitruve nommet - il acroteres de petits piés - d'estaux sans base, & souvent sans corniche, que les Anciens destinoient à recevoir les figures qu'ils plaçoient aux extrémités triangulaires de leurs frontons: mais dans l'Architecture françoise, ce terme exprime les petits murs ou dosserets que l'on place à côté des piés - d'estaux, entre le socle & la tablette des balustrades. Ces acroteres sont destinées à soûtenir la tablette continue d'un pié - d'estal à l'autre, & font l'office des de nibalustres, que quelques Architectes affectent dans leur décoration, ce qu'il faut éviter. Voyez Balustrades. (P)

ACROTERIA (Page 1:115)

* ACROTERIA (Hist. anc.) ce sont, dans les médailles, les signes d'une victoire, ou l'emblème d'une ville maritime; ils consistoient en un ornernent de vaisseau recourbé.

ACRU (Page 1:115)

ACRU, (Manége.) On dit monter à cru. V. Monter.

ACTAEA (Page 1:115)

* ACTAEA, s. (Bot. Hist. nat.) herbe dont Pline fait mention, & que Ray prend pour l'Aconitum racemosum ou l'herbe de Saint - Christophe. Tous les Botanistesregardent le suc de la Christophorienne comme un poison; cependant Pline dit qu'on en peut donner le quart d'une pinte dans les maladies internes des femmes. Il faut donc ou que l'Actoea ne soit pas la même plante que la Christophorienne; ou que la Christophorienne ne soit pas un poison; ou que ce soit une preuve des réflexions que j'ai faites à l'article Acmella. Voyez Acmella.

ACTEA (Page 1:115)

* ACTEA, n. p. (Myth.) une des cinquante Néréides.

ACTE (Page 1:115)

ACTE, s. m. (Bel. Lettres.) partie d'un Poëme Dramatique, séparée d'une autre partie par un intermede.

Ce mot vient du Latin actus, qui dans son origine, veut dire la même chose que le DRA=MA des Grecs; ces deux mots venant des verbes ago & DRAW, qui signifient faire & agir. Le mot DRA=MA convient à toute une piece de théatre; au lieu que celui d'actus en Latin, & d'acte en François, a été restraint, & ne s'entend que d'une seule partie du Poëme dramatique.

Pendant les intervales qui se rencontrent entre les actes, le théatre reste vacant, & il ne se passe aucune action sous les yeux des spectateurs; mais on suppose qu'il s'en passe hors de la portée de leur vûe quel<cb-> qu'une rélative à la piece, & dont les actes suivans les informeront.

On prétend que cette division d'une piece en plusieurs actes, n'a été introduite par les Modernes, que pour donner à l'intrigue plus de probabilité, & la rendre plus intéressante: car le spectateur à qui dans l'acte précédent on a insinué quelque chose de ce qui est supposé se passer dans l'entre - acte, ne fait encore que s'en douter, & est agréablement surpris, lorsque dans l'acte suivant, il apprend les suites de l'action qui s'est passée, & dont il n'avoit qu'un simple soupçon. Voyez Probabilité & Vraissemblance.

D'ailleurs les Auteurs dramatiques ont trouvé parlà le moyen d'écarter de la scene, les parties de l'action les plus seches, les moins intéressantes, celles qui ne sont que préparatoires, & pourtant idéalement nécessaires, en les fondant pour ainsi dire dans les entreactes, de sorte que l'imagination seule les offre au spectateur en gros, & même assez rapidement pour lui dérober ce qu'elles auroient de lâche ou de désagréable dans la représentation. Les Poëtes Grecs ne connoissoient point ces sortes de divisions; il est vrai que l'action paroît de tems en tems interrompue sur le théatre, & que les Acteurs occupés hors de la scene, ou gardant le silence, font place aux chants du choeur; ce qui produit des intermedes, mais non pas absolument des actes dans le goût des Modernes, parce que les chants du choeur se trouvent liés d'intérêt à l'action principale avec laquelle ils ont toûjours un rapport marqué. Si dans les nouvelles éditions leurs tragédies se trouvent divisées en cinq actes, c'est aux éditeurs & aux commentateurs, qu'il faut attribuer ces divisions, & nullement aux originaux; car de tous les Anciens qui ont cité des passages de comédies ou de tragédies Greques, aucun ne les a désignés par l'acte d'où ils sont tirés, & Aristote n'en fait nulle mention dans sa Poëtique. Il est vrai pourtant qu'ils considéroient leurs pieces comme consistant en plusieurs parties ou divisions, qu'ils appelloient Protase, Epitase, Catastase, & Catastrophe; mais il n'y avoit pas sur le théatre d'interruptions réelles qui marquassent ces divisions. Voyez Protase, Epitase, &c.

Ce sont les Romains qui les premiers ont introduit dans les pieces de théatre cette division par actes. Donat, dans l'argument de l'Andrienne, remarque pourtant qu'il n'étoit pas facile de l'appercevoir dans leurs premiers Poëtes dramatiques: mais du tems d'Horace l'usage en étoit établi; il avoit même passé en loi.

Neuve minor, neu sit quinto productior actu Fabula, quoe posci vult & spectata reponi.

Mais on n'est pas d'accord sur la nécessité de cette division, ni sur le nombre des actes: ceux qui les fixent à cinq, assignent à chacun la portion de l'action principale qui lui doit appartenir. Dans le premier, dit Vossius, Institut. Poët. Lib. II. on expose le sujet ou l'argument de la piece, sans en annoncer le dénouement, pour ménager du plaisir au spectateur, & l'on annonce les principaux caracteres: dans le second on développe l'intrigue par degrés: le troisieme doit être rempli d'incidens qui forment le noeud: le quatrieme prépare des ressources ou des voies au dénouement, auquel le cinquieme doit être uniquement consacré.

Selon l'Abbé d'Aubignac, cette division est fondée sur l'expérience; car on a reconnu 1°. que toute tragédie devoit avoir une certaine longueur; 2°. qu'elle devoit être divisée en plusieurs parties ou actes. On a ensuite fixé la longueur de chaque acte; il a été facile après cela d'en déterminer le nombre. On a vû, par exemple, qu'une tragédie devoit êtte environ de quinze ou seize cens vers partagés en plusieurs actes; que chaque acte de voit être environ de trois cens vers: on en a conclu que la tragédie devoit avoir cinq actes,

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