ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

RECHERCHE Accueil Mises en garde Documentation ATILF ARTFL Courriel

Previous page

"350">

Delrio entasse plusieurs raisons, pour prouver que l'Etat & l'Eglise ne doivent point tolérer ces diseurs de bonne aventure: mais la meilleure est que ce sont des vagabonds que l'oisiveté entraîne dans le crime, & dont la prétendue magie est le moindre défaut.

Le même auteur regarde encere comme une espece de chiromancie celle où l'on considere les taches blanches & noires qui se trouvent répandues sur les ongles, & d'où l'on prétend tirer des présages de santé ou de maladie; ce qu'il ne desaprouve pas absolument. Mais il traite cette pratique de superstitieuse dès qu'on s'en sert pour connoitre les évenemens futurs qui dépendent de la détermination de la volonté. Disquisit. magic. lib. IV. ch. iij. quast. 5. pag. 584. & suiv. (G)

CHIRONIEN (Page 3:350)

CHIRONIEN, adj. terme de Chirurgie, épithete qu'on donne aux ulceres malins & invétérés, dont les bords sont durs, calleux, & gonflés, qui jettent une sanie claire, sans pourriture; sans inflammation & sans grande douleur, & qui se cicatrisent difficilement; ou quand il y survient une cicatrice, elle est si mince, qu'elle se déchire facilement, & l'ulcere se renouvelle. Ces sortes d'ulceres attaquent principalement les piés & les jambes. On les appelle chironiens de Chiron ancien medecin chirurgien, qui est, à ce qu'on prétend, le premier qui les ait guéris, & qui s'en guérit lui - même. On les nomme aussi telephiens, de Telephe qui fut blessé par Achille, & dont la plaie dégénéra en ulcere de cette espece. (Y)

CHIRONOMIE (Page 3:350)

CHIRONOMIE, s. f. (Hist. anc.) mouvement du corps, mais sur - tout des mains, fort usité parmi les anciens comédiens, par lequel, sans le secours de la parole, ils désignoient aux spectateurs les êtres pensans, dieux ou hommes, soit qu'il fût question d'exciter le ris à leurs dépens, soit qu'il s'agît de les désigner en bonne part. C'étoit aussi un signe dont on usoit avec les enfans, pour les avertir de prendre une posture de corps convenable. C'étoit encore un des exercices de la gymnastique.

CHIROPONIES (Page 3:350)

CHIROPONIES, s. f. (Myt.) fête des Rhodiens, pendant laquelle les enfans mandioient en chantant XELIDONIZONTS2, comme s'ils eussent imité le chant des hirondelles.

CHIROTONIE (Page 3:350)

CHIROTONIE, s. f. XEIROTONI/A, (Théol.) impositions des mains qui se pratique en conférant les ordres sacrés.

L'origine de ce terme vient de ce que les anciens donnoient leur suffrage en étendant les mains; ce qu'exprime le mot XIROTONI/A, composé de XEIR, main, & de TEIVW, j'étens. C'est pourquoi chez les Grecs & les Romains, l'élection des magistrats s'appelloit XEIROTONI/X; comme il paroît par la premiere philippique de Demosthene, par les harangues d'Eschine contre Ctesiphon, & de Ciceron pour Flaccus: porrexerunt manus, dit ce dernier, & psephrima natum est.

Il est certain que dans les écrits des apôtres, ce terme ne signifie quelquefois qu'une simple élection, qui n'emporte aucun caractere, comme dans la seconde épître aux Corinthiens, ch. viij. . 18. Mais quelquefois aussi elle signifie une consécration proprement dite, & différente d'une simple élection, lorsqu'il est parlé de l'ordination des prêtres, des évêques, &c. comme dans les actes, ch. xjv. . 22. Cum constituissent illis per singulas ecclesias presbyteros (le Grec porte XIROTON/SA), & orassent cum jejunationibus.

Théodore de Beze a abusé de cette équivoque pour justifier la pratique des églises réformées, en traduisant ce passage par ces mots, cum per suffragia creassent presbyteros; comme si les apôtres s'étoient contentés de choisir des prêtres en étendant la main au milieu de la multitude, à peu - près comme les Athéniens & les Romains choisissoient leurs magistrats.

Mais les Théologiens catholiques, & entr'autres Fronton du Duc, M. de Marca, & les PP. Petau & Goar, ont observé que dans les auteurs ecclésiastiques XEIROTONI/A signifie proprement une consécration particuliere qui imprime caractere, & non pas une simple députation à un ministre extérieur, faite par le simple suffrage du peuple, & révocable à sa volonté. (G)

CHIRURGIE (Page 3:350)

CHIRURGIE, s. f. (Ord. encyclop. Entend. Rais. Philosoph. ou Science, Science de la nat. Physiq. Physique particul. Zoolog. Medec. Thérapeutiq. Chirurgie.) science qui apprend à connoître & à guérir les maladies extérieures du corps humain, & qui traite de toutes celles qui ont besoin pour leur guérison, de l'opération de la main, ou de l'application des topiques. C'est une partie constitutive de la Medecine. Le mot de Chirurgie vient du Grec XEIRRGI/A, manualis operatio, opération manuelle, de XEI/R, manus, main, & de RGON, opus, opération. Voyez Chirurgien.

Les maladies extérieures ou chirurgicales sont ordinairement rangées sous cinq classes, qui sont les tumeurs, les plaies, les ulceres, les fractures, & les luxations. Voyez les principes de Chirurgie de M. Col de Villars, & chacun de ces mots dans ce Dictionnaire.

« Selon M. Chambers, la Chirurgie a sur la Medecine interne l'avantage de la solidité dans les principes, de la certitude dans les opérations, & de la sensibilité dans ses effets; de façon que ceux qui ne croyent la Medecine bonne à rien, regardent cependant la Chirurgie comme utile.

La Chirurgie est fort ancienne, & même beaucoup plus que la Medecine, dont elle ne fait maintenant qu'une branche. C'étoit en effet la seule Medecine qu'on connût dans les premiers âges du monde, où l'on s'appliqua à guérir les maux exté. rieurs avant qu'on en vînt à examiner & à découvrir ce qui a rapport à la cure des maladies internes.

On dit qu'Apis roi d'Egypte, fut l'inventeur de la Chirurgie. Esculape fit après lui un traité des plaies & des ulceres. Il eut pour successeurs les philosophes des siecles suivans, aux mains desquels la Chirurgie fut uniquement confiée. Pythagore, Empedocles, Parmenide, Démocrite, Chiron, Peon, Cléombrotus qui guérit l'oeil d'Antiochus, &c. Pline rapporte, sur l'autorité de Cassius' Hemina, que Arcagathus fut le premier chirurgien qui s'établit à Rome; que les Romains furent d'abord fort satisfaits de ce vulnerarius, comme ils l'appelloient; & qu'ils lui donnerent des marques extraordinaires de leur estime: mais qu'ils s'en dégoûterent ensuite, & qu'ils le nommerent alors du sobriquet de carnifex, à cause de la cruauté avec laquelle il coupoit les membres. Il y a même des auteurs qui prétendent qu'il fut lapidé dans le champ de Mars: mais s'il avoit eu ce malheureux sort, il seroit surprenant que Pline n'en eût point parlé. Voyez Pline, hist. nat. liv. II. ch. j.

La Chirurgie fut cultivée avec plus de soin par Hippocrate, que par les medecins qui l'avoient précédé. On dit qu'elle fut perfectionnée en Egypte par Philoxene, qui en composa plusieurs volumes. Gerzias, Sostrates, Heron, les deux Appollonius, Ammonius d'alexandrie, & à Rome Triphon le pere, Evelpistus, & Meges, la firent fleurir chacun en leur tems.

M. Wiseman, chirurgien - major du roi d'Angleterre Charles II. a composé un volume in - fol. qui contient des observations - pratiques de plusieurs [p. 351] maladies, soit internes, soit externes, concernant chaque branche de cet art, & faites par lui - même sous le titre de différens traités de Chirurgie. Cet ouvrage a été suivi jusqu'à présent en Angleterre; & depuis qu'il a été publié en 1676, il a servi de fondement à plusieurs autres traités de Chirurgie.

La Chirurgie se divise en speculative & en pratique, dont l'une fait réellement ce que l'autre enseigne à faire ».

La théorie de la Chirurgie doit être distinguée en théorie générale, & en théorie particuliere.

La théorie générale de la Chirurgie n'est autre chose que la théorie ou la science de la Medecine même. Cette théorie est unique & indivisible dans ses parties; elle ne peut être ni sûe ni appliquée qu'autant qu'on en possede la totalité. La différence qui se trouve entre la Medecine & la Chirurgie, se tire uniquement de leur exercice, c'est - à - dire, des différentes classes de maladies, sur lesquelles chacune d'elles s'exerce. La Chirurgie possede toutes les connoissances, dont l'assemblage forme la science qui apprend à guérir: mais elle n'applique cette science qu'aux maladies extérieures. L'autre, c'est - à - dire la Medecine, possede également cette science; mais elle n'en fait l'application qu'aux maladies intérieures: de sorte que ce n'est pas la science qui est divisée, mais seulement l'exercice.

En envisageant avec la moindre attention l'objet de ces deux arts, on voit qu'ils ne peuvent avoir qu'une théorie commune. Les maladies externes qui font l'objet de la Chirurgie, sont essentiellement les mêmes que les maladies internes qui font l'objet de la Medecine; elles ne different en rien que par leur position. Ces objets ont la même importance, ils présentent les mêmes indications & les mêmes moyens de curations.

Quoique la théorie de la Medecine & de la Chirurgie soit la même, & qu'elle ne soit que l'assemblage de toutes les regles & de tous les préceptes qui apprennent à guérir, il ne s'ensuit pas que le medecin & le chirurgien soient des êtres que l'on puisse ou que l'on doive confondre. Un homme qu'on supposera pourvû de toutes les connoissances théoriques générales, mais en qui on ne supposera rien de plus, ne sera ni chirurgien ni medecin. Il faut pour former un medecin, outre l'acquisition de la science qui apprend à guérir, l'habileté d'appliquer les regles de cette science aux maladies internes: de même si on veut faire un chirurgien, il faut qu'il acquierre l'habitude, la facilité, l'habileté d'appliquer aussi ces mêmes regles aux maladies extérieures.

La science ne donne pas cette habileté pour l'application des regles; elle dicte simplement ces regles, & voilà tout: c'est par l'exercice qu'on apprend à les appliquer, & par l'exercice sous un maître instruit dans la pratique. L'étude donne la science; mais on ne peut acquérir l'art ou l'habitude de l'application des regles, qu'en voyant & revoyant les objets: c'est une habitude des sens qu'il faut acquérir; & ce n'est que par l'habitude de ces mêmes sens, qu'elle peut être acquise.

L'Anatomie, la Physiologie, la Pathologie, la Seméiotique, l'Hygiene, & la Thérapeutique, sont en Chirurgie comme en Medecine, les sources des connoissances générales. L'Anatomie développe la structure des organes qui composent le corps humain. La Physiologie en explique le jeu, la méchanique, & les fonctions; par elle on connoît le corps humain dans l'état de santé. On apprend par la Pathologie, la nature & les causes des maladies. La Seméiotique donne la connoissance des signes & des complications des maladies, dont le chirurgien doit étudier les différens caracteres. L'Hygiene fixe le régime de vie, & établit les lois les plus sages sur l'usage de l'air, des alimens, des passions de l'ame, des évacuations, du mouvement & du repos, du sommeil & de la veille. Enfin la Thérapeutique instruit le chirurgien des différens moyens curatifs; Il y apprend à connoître la nature, la propriété, & la façon d'agir des médicamens, pour pouvoir les appliquer aux maladies qui sont du ressort de la Chirurgie.

Toutes ces connoissances, quelques nécessaires qu'elles soient, sont insuffisantes; elles sont la base de la Medecine & de la Chirurgie, mais elles n'ont pas une liaison essentielle avec ces deux sciences, c'est - à - dire, une liaison qui ne permette pas qu'elles en soient séparées: elles ne sont véritablement liées avec l'art, que lorsqu'il s'est élevé sur elles comme sur ses fondemens. Jusque - là ces connoissances ne doivent être regardées que comme des préludes ou des préparations nécessaires: car des hommes curieux peuvent s'orner l'esprit de connoissances anatomiques, par exemple, sans atteindre à la Chirurgie ni à la Medecine; elles ne forment donc point ni le medecin ni le chirurgien; elles ne donnent donc au cun titre dans l'exercice de l'art.

Outre les connoissances communes dont nous venons de parler, il faut que le chirurgien dans la partie de la Medecine qu'il se propose d'exercer, acquierre un talent particulier: c'est l'opération de la main qui suppose une longue suite de préceptes & de connoissances scientifiques. Il faut d'abord connoître la façon & la nécessité d'opérer, le caractere des maux qui exigent l'opération, les difficultés qui naissent de la structure des parties, de leur action, de l'air qui les environne; les regles que prescrivent la cause & les effets du mal; les remedes que ce mal exige; le tems fixé par les circonstances, par les lois de l'oeconomie animale, & par l'expérience; les accidens qui viennent troubler l'opération, ou qui en indiquent une autre; les mouvemens de la nature, & son secours dans les guérisons; les facilités qu'on peut lui préter; les obstacles qu'elle trouve dans le toms, dans le lieu, dans la saison, &c. Sans ces préceptes détaillés, on ne formeroit que des opérateurs aveugles & meurtriers.

Ces connoissances si nécessaires pour conduire la main, ne renferment pas toutes celles qui forment le chirurgien. L'opération dont elles sont la regle, & qui frappe le plus le vulgaire, n'est qu'un point dans la cure des maladies chirurgicales. La connoissance des cas qui l'exigent, les accidens qui la suivent, le traitement qui doit varier selon la nature & les différences de ces accidens: tous ces objets sont les objets essentiels de la Chirurgie. Qu'il se présente, par exemple, une fracture accompagné d'une plaie dangereuse; la réduction, quoique soúvent très - difficile, n'est qu'une très - petite partie du traitement de cette maladie: les inflammations, les étranglemens, la gangrene, les dépôts, les suppurations, les fontes excessives, la fievre, les convulsions, le délire; tous ces accidens qui surviennent si souvent, demandent des ressources beaucoup plus étendues que celles qui sont nécessaires pour réduire les os à leur place naturelle. Un exercice borné, la connoissance de la situation des parties, l'industrie, & l'adresse, suffisent pour replacer des os. Mais des lumieres profondes sur l'oeconomie animale, sur l'état où sont les parties blessées, sur les changemens des liqueurs, sur la nature des remedes, sont à peine des secours suffisans pour remédier aux accidens qui suivent ces fractures. Les connoissances spéculatives communes n'offrent que des ressources foibles & insuffisantes dans ces cas. Il est une théorie particuliere, puisée dans la pratique de l'art; cette théorie qui est, si l'on ose le dire, une

Next page


The Project for American and French Research on the Treasury of the French Language (ARTFL) is a cooperative enterprise of Analyse et Traitement Informatique de la Langue Française (ATILF) of the Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), the Division of the Humanities, the Division of the Social Sciences, and Electronic Text Services (ETS) of the University of Chicago.

PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.