ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"380"> & implorerent leur secours contre des princes payens dont ils étoient opprimés.

Il est certain que les Chrétiens de S. Thomas sont des peuples naturels ou originaires de l'Inde. On les appelle autrement Nazaréens; mais comme la coûrume du pays a attaché à ce nom une idée de mépris, ils prennent celui de Mappuley, & au plutier, Mappuleymar.

Ils forment une tribu considérable, mais toûjours divisée par des factions & des inimitiés in vétérées. Elle est dispersée depuis Calecut jusqu'à Travencor, occupant en certains endroits une ville entiere, en d'autres n'en occupant qu'un quartier.

Ils se regardent comme étrangers dans leur pays. Leur tradition est que leurs peres sont venus d'une contrée voisine de la ville de Meilapur, où ils étoient persécutés. Quant au tems de leur transmigration, ils l'ignorent, n'ayant ni monumens ni archives.

Ils attribuent leur conversion, discipline, & doctrine, à S. Thomas; & il est dit dans leur breviaire que cet apôtre passa de leur pays à la Chine.

Nous n'entrerons pointici dans la question, si le S. Thomas fameux dans cette contrée est saint Thomas l'apôtre, ou quelqu'autre saint du même nom, ou un marchand Nestorien appellé Thomas; nous observerons seulement que les savans, en particulier M. Huet, pensent que ce n'est point l'apôtre.

La suite de l'histoire de cette église n'est pas moins difficile à développer que son origine: nous lisons dans nos auteurs que le patriarche d'Alexandrie envoya des évêques aux Indiens, & en particulier S. Pantænus, S. Fromentius, &c. mais on ne sait si ce fut précisément à ces peuples. Baronius est pour l'affirmative; le Portugais, auteur de l'histoire d'Ethiopie, donne au contraire ces missionnaires aux Ethiopiens. Le seul fait certain, c'est que depuis plusieurs siecles les Chrétiens de S. Thomas ont reçu des évêques du côté de Babylone ou de Syrie. Il y a encore aujourd'hui à Babylone une espece de patriarche qui continue cette mission.

On demande si leur apôtre leur ordonna quelques évêques dont l'ordre se seroit éteint dans la suite des tems, faute de sujets capables des fonctions épiscopales, ou si l'apôtre ne leur laissa point d'évêques ordonnés par ses mains: mais qui peut répondre à cette question?

L'église de ces Chrétiens, à la premiere arrivée des Portugais, étoit entierement gouvernée par ces évêques étrangers.

Ils faisoient leur office en Chaldéen, selon les uns; en Syriaque, selon d'autres: hors de - là ils parloient la langue de leurs voisins.

Ce furent vraissemblablement ces évêques qui introduisirent parmi eux la langue Chaldéenne & les erreurs répandues dans l'Orient dans les tems du Nestorianisme, de l'Eutychianisme, & d'autres hérésies.

Ce mêlange d'opinions, & l'interruption totale de l'ordre des évêques pendant plusieurs années consécutives, avoient mis leur religion dans une espece de chaos; leur maniere de célebrer l'eucharistie, lotsque les Portugais - arriverent chez eux, suffira pour en donner quelque idée.

On avoit pratiqué au - dessus de l'autel une espece de tribune ou galerie; pendant que le prêtre commençoit en - bas l'office à voix basse, on fricassoit au - dessus un gateau de fleur de ris dans de l'huile & du beurre; lorsque ce gateau étoit assez cuit, on le descendoit dans un panier sur l'autel, où le prêtre le consacroit. A l'égard des autres especes, au lieu de vin, ils usoient d'une eau - de - vie faite à la maniere du pays. Leurs ordinations n'étoient guere plus régulieres; l'archidiacre, qui étoit quelquefois plus respecté que l'évêque même, ordonnoit les prêtres.

Ils étoient dans une infinité d'autres abus: les Portugais travaillerent à les réformer; pour cet effet, ils eurent recours aux puissances séculiere & ecclésiastique: ils citerent les évêques de cette secte à des conciles assemblés à Goa; ils les instruisirent, & même les envoyerent en Portugal & à Rome, pour y apprendre la doctrine & les rits de l'église Romaine: mais ces évêques, à leur retour, retombant dans leurs premieres erreurs, les Portugais, convaincus de l'inutilité de leurs précautions, les exclurent de leurs dioceses, & les remplacerent par un évêque Européen; conduite qui les rendit très - odieux.

Dom Frey Aleixo de Menesès, archevêque de Goa, gouvernant les Portugais - Indiens par interim, & au défaut d'un viceroi, profita de cette occasion pour convoquer un concile dans le village de Diamper, où l'on fit un grand nombre de canons & d'ordonnances, & où l'on réunit les Chrétiens de S. Thomas à l'église Romaine. Il fut secondé dans ses opérations par les Jésuites; mais après sa mort, la plûpart de ces nouveaux convertis devinrent relaps, & continuerent d'être moitié catholiques, & moitié hérétiques.

On a une histoire Portugaise de leurs erreurs, composée par Antoine Govea, de l'ordre de S. Augustin; depuis traduite en Espagnol & en François, & imprimée à Bruxelles en 1609, sous le titre d'histoire orientale des grands progrès de l'église catholique, en la réduction des anciens Chrétiens, dits de S. Thomas.

Suivant cette histoire, les Chrétiens de S. Thomas, 1° soûtiennent avec opiniatreté les sentimens de Nestorius, & ne reçoivent aucune image, à l'exception de celle de la croix, qu'ils n'honorent pas même fort religieusement. 2°. Ils assûrent que les ames des saints ne verront Dieu qu'après le jour du jugement. 3°. Ils n'admettent que trois sacremens; savoir le baptême, les ordres, & l'eucharistie, mêlant de si grands abus dans l'administration du baptême, qu'en une même église il y a différentes formes de baptiser, ce qui rend le baptême nul. Aussi l'archevêque Menesès rebaptisa - t - il en secret la plûpart de ces peuples. 4°. Ils ne se servent point des saintes huiles dans l'administration du baptême, & ils oignent seulement les enfans d'un onguent composé d'huile de noix d'Inde, sans aucune bénédiction. 5°. Ils ne connoissent pas même les noms de confirmation & d'extrème - onction. 6°. Ils ont horreur de la confession auriculaire, excepté un petit nombre d'entr'eux qui sont voisins des Portugais. 7°. Leurs livres d'offices fourmillent d'erreurs. 8°. Ils se servent pour la consécration, de petits gateaux faits à l'huile & au sel, & pétris avec du vin, ou plûtôt d'eau où l'on a seulement détrempé des raisins secs. 9°. Ils disent la messe rarement. 10°. Ils ne gardent point l'âge requis pour les ordres; car ils font des prêtres à dix sept, dix - huit, ou vingt ans; & ceux - ci se ma<-> nt, même avec des veuves, & jusqu'à deux & trois fois. 11°. Leurs prêtres n'ont point l'usage de réciter le breviaire en particulier; ils se contentent de le dire à haute voix dans l'église. 12°. Ils commettent la simonie dans l'administration du baptême & de l'eucharistie, pour lesquels ils exigent certaines sommes. 13°. Ils ont un respect extraordinaire pour leur patriarche de Babylone, qui est schismatique, & chef de la secte des Nestoriens; ils ne peuvent souffrir au contraire qu'on nomme le pape en leurs églises, où ils n'ont le plus souvent ni curé ni vicaire; c'est le plus ancien laïque qui préside alors à leurs assemblées. On a remarqué que, quand on leur parloit de se soûmettre à S. Pierre, ou à l'église de Rome, ils répondoient qu'à la vérité S. Pierre étoit le chef de celle - ci, mais que S. Thomas étoit le chef de leur église, & que ces deux églises étoient indépendantes [p. 381] I'une de l'autre. Aussi leur soûmission & leur réunion au saint siége n'ont - elles jamais été ni sinceres ni durables. 14°. Ils assistent à la vérité tous les Dimanche à la messe, mais ils ne se croyent pas obligés en conscience d'y aller, ni sous peine de péché mortel. 15°. Ils mangent de la chair le jour du samedi. On trouve encore dans la même histoire divers autres erreurs ou abus, à la réformation desquels Menesès & les autres missionnaires travaillerent avec plus de zele que de fruit. M. Simon, da son histoire des nations du Levant, & dans ses remarques sur Gabriel de Philadelphie, ne convient pas de toutes ces erreurs, & croit que la réunion des Chrétiens de S. Thomas, avec l'église Romaine, n'est pas si difficile qu'on le pense. Histoire orientale des progrès de l'église catholique, &c. (G)

CHRETIENTÉ (Page 3:381)

* CHRETIENTÉ, s. f. signifioit autrefois le clergé: & l'on appelloit cour de chrétienté une jurisdiction ecclésiastique, & le lieu même où elle se tenoit. C'est aujourd'hui la collection générale de tous les Chrétiens répandus sur la surface de la terre, & considérés comme formant un corps d'hommes professant la religion de Jesus - Christ, sans aucun égard aux différentes opinions qui peuvent diviser ce corps en sectes. La chrétienté n'est pas renfermée dans la seule Eglise catholique, apostolique, & romaine; parce qu'il y a hors de cette Eglise & des hommes & des sociétés qui portent le nom Chrétien. Ce nom est destiné à remplir un jour toute la terre.

CHRIST (Page 3:381)

CHRIST, s. m. du Grec XRIS2OS2, qui signifie oint, consacré, dérivé du verbe XRIW, oindre.

Ce nom se dit par antonomase d'une personne en particulier qui est envoyée de Dieu, comme d'un roi, d'un prophete, d'un prêtre: ainsi, dans l'Ecriture, Saül est appellé le christ ou l'oint du Seigneur Cyrus est aussi appellé le christ ou l'envoyé de Dieu, pour la délivrance des Juifs captifs en Babylone.

Le nom de Christ se dit par excellence du Sauveur & du Redempteur du monde; & joint à celui de Jesus, il signifie le Verbe qui s'est incarné pour le salut du genre humain. Voyez Messie. (G)

Christ, (Page 3:381)

Christ, (Ordre de) Hist. mod. ordre militaire fondé l'an 1318 par Denis I. roi de Portugal, pour animer sa noblesse contre les Mores. Le pape Jean XXII. le confirma en 1320, & donna aux chevaliers la regle de S. Benoît. Alexandre VI. leur permit de se marier.

La grande maîtrise de cet ordre a été depuis inséparablement réunie à la couronne, & les rois de Portugal en ont pris le titre d'administrateurs perpétuels.

Les armes de l'ordre sont une croix patriarchale de gueules, chargée d'une croix d'argent. Ils faisoient autrefois leur résidence à Castromarin; ils la transférerent depuis dans la ville de Thomar, comme étant plus voisine des Mores d'Andalousie & de l'Estremadure. Voyez Hist. de Portug. de Lequint, & le dict. de Trév.

Christ est aussi le nom d'un ordre militaire en Livonie, qui fut institué en 1205 par Albert évêque de Riga. La fin de leur institut fut de défendre les nouveaux convertis de Livonie que les Payens persécu<-> oient. Ces chevaliers portoient sur leur manteau une épée & une croix par - dessus, ce qui les fit aussi nommer les freres de l'épée. Voyez Epée; voyez Hist. de Polog. de Longin, & le dict, de Trév.

CHRISTBOURG (Page 3:381)

CHRISTBOURG, (Géog.) petite ville de la Prusse Polonoise dans le Hockerland, sur la riviere de Sarguno.

CHRIST - CHURCH (Page 3:381)

CHRIST - CHURCH, (Géog.) petite ville d'Angleterre dans la province de Hampshire sur l'Avon. Long. 15. 45. lat. 50. 46.

CHRISTIANIA (Page 3:381)

CHRISTIANIA, (Géog.) ville de Norwege dans la partie méridionale de ce royaume, dans la pro<cb-> vince d'Aggerhus dont elle est la capitale, avec un port de mer.

CHRISTIANISME (Page 3:381)

CHRISTIANISME, s. m. (Théolog. & Politiq.) c'est la religion qui reconnoît Jesus - Christ pour son auteur. Ne le confondons point ici avec les diverses sectes de Philosophie. L'Evangile, qui contient ses dogmes, sa morale, ses promesses, n'est point un de ces systèmes ingénieux que l'esprit des Philosophes enfante à force de réflexions. La plûpart, peu inquiets d'être utiles aux hommes, s'occupent bien plus à satisfaire leur vanité par la découverte de quelques vérités, toûjours stériles pour la réformation des moeurs, & le plus souvent inutiles au genre humain. Mais Jesus - Christ en apportant au monde sa religion, s'est proposé une fin plus noble, qui est d'instruire les hommes & de les rendre meilleurs. C'est cette même vûe qui dirigea les législateurs dans la composition de leurs lois, lorsque pour les rendre plus utiles, ils les appuyerent du dogme des peines & des récompenses d'une autre vie: c'est donc avec eux qu'il convient plus naturellement de comparer le législateur des Chrétiens, qu'avec les Philosophes.

Le Christianisme peut être considéré dans son rapport, ou avec des vérités sublimes & révélées, ou avec des intérêts politiques; c'est - à - dire, dans son rapport ou avec les félicités de l'autre vie, ou avec le bonheur qu'il peut procurer dans celle - ci. Envisagé sous le premier aspect, il est entre toutes les Religions qui se disent révélées, la seule qui le soit effectivement, & par conséquent la seule qu'il faut embrasser. Les titres de sa divinité sont contenus dans les livres de l'ancien & du nouveau Testament. La critiçue la plus sévere reconnoît l'authenticité de ces livres; la raison la plus fiere respecte la vérité des faits qu'ils rapportent; & la saine Philosophie, s'appuyant sur leur authenticité & sur leur vérité, conclut de l'une & de l'autre, que ces livres sont divinement inspirés. La main de Dieu est visiblement empreinte dans le style de tant d'auteurs & d'un génie si différent, lequel annonce des hommes échauffés dans leur composition d'un autre feu que de celui des passions humaines; dans cette morale pure & sublime qui brille dans leurs ouvrages; dans la révélation de ces mysteres qui étonnent & confondent la raison, & qui ne lui laissent d'autre ressource que de les adorer en silence; dans cette foule d'évenemens prodigieux, qui ont signalé dans tous les tems le pouvoir de l'Être suprême; dans cette multitude d'oracles, qui perçant à - travers les nuages du tems, nous montrent comme présent ce qui est enfoncé dans la profondeur des siecles; dans le rapport des deux Testamens si sensible & si palpable par lui - même, qu'il n'est pas possible de ne pas voir que la révélation des Chrétiens est fondée sur la révélation des Juifs. Voyez Testamens (ancien & nouveau), Miracles, Prophéties.

Les autres législateurs, pour imprimer aux peuples le respect envers les lois qu'ils leur donnoient, ont aussi aspiré à l'honneur d'en être regardés comme les organes de la Divinité. Amasis & Mnévis, législateurs des Egyptiens, prétendoient avoir reçu leurs lois de Mercure. Zoroastre, législateur des Bactriens, & Zamolxis, législateur des Hétes, se vantoient de les avoir reçues de Vesta; & Zathraustes, législateur des Arimaspes, d'un génie familier. Rhadamante & Minos, législateurs de Crete, feignoient d'avoir commerce avec Jupiter. Triptoleme, législateur des Athéniens, affectoit d'être inspiré par Cérès. Pythagore, législateur des Crotoniates, & Zaleuchus, législateur des Locriens, attribuoient leurs lois à Minerve; Lycurgue, législateur de Sparte; à Apollon; & Numa, législateur & roi de Rome, se vantoit d'être inspiré par la déesse Egerie. Sui

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